Header Critique : DEMONS OF THE MIND

Critique du film et du DVD Zone 2
DEMONS OF THE MIND 1972

 

Jeune femme malade, Elizabeth revient à la demeure familiale où l'attend son père, le Baron Zorn. Homme autoritaire, il entend briser une terrible malédiction familiale en gardant à l'écart ses deux enfants et en demandant l'aide du professeur Falkenberg…

Au début des années 70, le scénariste Christopher Wicking s'est fait une petite réputation dans le milieu en travaillant en Grande Bretagne sur plusieurs films produits par l'A.I.P. (LE CERCUEIL VIVANT, LACHEZ LES MONSTRES…). C'est donc assez naturellement qu'il est amené à travailler avec la célèbre maison de production britannique, Hammer Film. Il va écrire le scénario de BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB ce qui l'amène à croiser Frank Godwin, ce dernier ayant travaillé sur la composition des paroles de la chanson utilisées dans LUST FOR A VAMPIRE. Les deux hommes ont ensemble l'idée d'un film évoquant la lycanthropie. Ils échafaudent une histoire de loup-garou en prenant le parti d'exploiter le thème sous l'angle de la maladie et de la superstition. Ils vont donc proposer un BLOOD WILL HAVE BLOOD aux dirigeants de la Hammer. Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils font croire que l'histoire se base sur une véritable légende bavaroise. Ce petit mensonge semble avoir fonctionné puisque la Hammer Film prend donc le parti de produire le film en collaboration avec EMI. De leur côté, la Hammer Film se permettra aussi de tordre la réalité puisque le dossier de presse original distribué en Angleterre sous-entendait que le métrage avait été tourné en partie en Bavière… L'équipe du film n'a pourtant jamais quitté le sol britannique ! Entre ces deux impostures, le film va connaître pas mal de métamorphoses pour devenir ce qu'il est aujourd'hui…

Sans être un flop, LA NUIT DU LOUP-GAROU, réalisé une dizaine d'années auparavant, n'a pas été le succès escompté pour la Hammer Film et ce malgré ses qualités. Aucun autre film de loup-garou ne sera produit par la suite au sein du studio et les dirigeants de la Hammer Film demandent à ce que toutes traces de lycanthropie soient gommées du script. Les éléments du scénario sont ainsi arrangés pour devenir une malédiction familiale toujours frappée de superstition. On notera d'ailleurs que Christopher Wicking avait co-écrit auparavant LES CROCS DE SATAN, pour le compte de l'A.I.P., où une malédiction forçait un jeune homme à se transformer en bête pour trucider les membres d'une famille de nobles. L'intrigue sera ici développée différemment en mêlant folie et superstition toujours au sein d'une famille de châtelain. A cela, Christopher Wicking a l'idée d'injecter un personnage très fortement inspiré par Franz-Anton Mesmer. Un médecin allemand dont les théories, au XVIIIème siècle, ne feront pas l'unanimité. Le récit, dans le film, s'égare hélas assez vite et propose au final un ensemble pas forcément très cohérent. Enormes coïncidences et rebondissements un peu artificiels semblent surtout être là pour mettre en relation les quelques bonnes idées d'origine.

Pour réaliser le film, Michael Carreras, producteur et fils du fondateur de la Hammer, a l'idée de contacter Peter Sykes après avoir vu VENOM, un thriller horrifique. Le réalisateur australien, expatrié en Grande Bretagne, ne se fait pas prier et prend donc les rennes d'un film qui doit mettre en vedette l'acteur Eric Porter. Ce dernier décidera finalement de s'éclipser en ne voulant pas s'enfermer dans ce type de rôle puisqu'il vient de jouer dans LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR. En quête d'une solide affiche, la Hammer propose le rôle principal à des acteurs d'une certaine stature. Paul+Scofield, Dirk Bogarde et même James Mason sont contactés mais ils vont tous poliment décliner l'offre. Curieusement, la production décidera de se rabattre sur Robert Hardy, acteur britannique à la renommée très relative au début des années 70. Plus étonnant encore, le rôle de la fille du châtelain aurait dû être interprété par Marianne Faithfull. Mais faute de trouver une compagnie encline à assurer la chanteuse et actrice en raison de ses problèmes de drogue, elle est remplacée par Gillian Hills. Cette dernière sera rejoint par deux autres acteurs qui ont participé, eux aussi, à ORANGE MECANIQUE de Stanley Kubrick. Virginia Wetherell et Patrick Magee qui incarnera le médecin très controversé adepte d'une forme d'hypnotisme très psychédélique. Enfin, Shane Briant mettra pour la première fois les pieds sur un tournage de la Hammer alors qu'il vient de signer un contrat le liant avec le studio pour quatre films (les trois suivants seront, dans l'ordre, STRAIGHT ON TILL MORNING, CAPTAIN KRONOS et FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L'ENFER). Après le tournage du film, la Hammer décide finalement d'abandonner le titre BLOOD WILL HAVE BLOOD, une tirade du Macbeth de Shakespeare, pour l'intituler DEMONS OF THE MIND. Une dernière modification avant que le film soit lancé dans les salles anglaises. Toutefois, EMI qui assure la distribution ne va faire aucun effort et n'offrira au métrage qu'une distribution limitée en compagnie de LA TOUR DU DIABLE. Aux Etats-Unis, ce ne sera guère mieux et DEMONS OF THE MIND sera distribué en double programme avec SUEUR FROIDE DANS LA NUIT.

Se déroulant sur seulement un peu moins d'une heure et demi, DEMONS OF THE MIND a bien du mal à faire cohabiter tous ses personnages et intrigues. Comme dit auparavant, cela produit un étrange imbroglio donnant un côté un peu obscur à une histoire finalement peu compliquée. Certains des protagonistes ainsi que leurs motivations semblent ainsi laissés un peu à l'abandon. De même que la résolution de l'histoire laissera tout de même quelques questions en suspens. Heureusement, DEMONS OF THE MIND a tout de même de bons côtés avec la séquence d'hypnotisme, les quelques passages violents légèrement esthétisés ou encore la mise en place d'une ambiance plutôt bizarre dans la première partie du métrage. Avec un traitement un peu plus cohérent, le film de Peter Sykes aurait bien pu être une bonne surprise dans le registre gothique alors qu'il n'est, au final, qu'une petite curiosité sympathique.

En France, le film de Peter Sykes n'a pas connu les honneurs d'une sortie en salles. D'ailleurs, le DVD édité par Studio Canal ne propose de voir le film que dans sa version originale anglaise qui se voit ici traduite via un sous-titrage français. DEMONS OF THE MIND est proposé dans une très belle copie au format cinéma respecté avec un transfert 16/9. L'image très cinéma se montre très détaillée et offre de bien belles couleurs. Le rendu global étant vraiment très satisfaisant.

En supplément, le disque ne propose qu'une galerie de photos. Celle-ci propose de faire défiler sept des photos d'exploitation anglaises datant de la sortie du film. Pour leur édition DVD parue en 2002, les Américains de Anchor Bay avait convié le réalisateur, le scénariste Christopher Wicking et l'actrice Virginia Wetherell à s'exprimer sur un commentaire audio. Cette piste bonus n'est bien évidemment pas reprise pas plus que la bande-annonce originale du film. Au moins, il est enfin possible de découvrir ce film peu connu avec un sous-titrage français et à un prix de vente assez bas pour ne pas freiner la curiosité des cinéphiles !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
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L'édition vidéo
DEMONS OF THE MIND DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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