Après s'être écrasé sur Terre à bord de son vaisseau spatial, Kainan est fait prisonnier par des vikings qui voient en lui le coupable d'un massacre perpétré dans un village voisin. En réalité, une bestiole extraterrestre agressive, n'ayant rien d'humanoïde, a élu domicile dans les parages et entend bien éliminer toutes traces des êtres humains qui se trouvent là !
D'après Howard McCain, le cinéaste a l'idée d'adapter l'œuvre littéraire Beowulf alors qu'il faisait ses études dans la section cinéma de l'université de New York au début des années 90. Quelques années plus tard, avec Dirk Blackman, il écrit un scénario dans lequel des éléments de science-fiction sont une façon astucieuse et inédite de développer la légende de Beowulf. Toutefois, les noms, celui du héros ou encore de la créature, seront finalement changés pour éviter de rattacher trop nettement l'histoire du film à celle de Beowulf. Mais ce scénario, s'il suscite de l'intérêt, va traîner quelques temps avant de se concrétiser. Pendant un temps, le réalisateur Renny Harlin s'intéresse au projet mais finalement cela n'aura pas de suite. Finalement, c'est Howard McCain qui en assumera la réalisation pour le compte de Ascendant Pictures. Cette maison de production a la particularité d'appartenir à Chris Roberts bien connu dans l'univers du jeu vidéo pour avoir créer la franchise Wing Commander mais aussi réalisé son adaptation cinématographique (WING COMMANDER, forcément). Se lançant comme une super production, des repérages sont fait en Nouvelle Zélande et Weta Workshop, la boîte ayant réalisé les effets spéciaux du SEIGNEUR DES ANNEAUX, est contactée. Mais le budget est revu à la baisse ce qui oblige finalement la production à tourner au Canada. Heureusement, le design de la créature va coûter moins cher que prévu puisque Patrick Tatopoulos, ami de Howard McCain, réalisera le concept gratuitement. Autre économie substantielle, en prenant la costumière Debra Hanson, la compagnie récupère au passage les costumes du film sur lequel elle a travaillé précédemment, BEOWULF & GRENDEL, qui serviront à habiller les figurants. Une fois terminé, le film va connaître une distribution assez limitée dans les salles américaines et il sortira directement en vidéo en France.
Que ce soit CRITTERS ou HIDDEN, la traque d'extraterrestres belliqueux sur notre planète par des chasseurs d'un autre monde n'a rien de bien neuf. De même que mélanger science-fiction, visiteurs venus d'ailleurs et ambiance médiévale est un cocktail déjà vu sur les écrans par exemple dans STAR KNIGHT, THE HIGH CRUSADE où, pourquoi pas, UN COSMONAUTE CHEZ LE ROI ARTHUR. Mais OUTLANDER innove, en quelque sorte, en mixant tout cela et en le rattachant à la légende Beowulf qui a d'ailleurs été adaptée à plusieurs reprises dernièrement. La recette est des plus alléchantes et annonce du grand spectacle. Tempérons un peu les ardeurs car si OUTLANDER affiche son lot d'images impressionnantes, le métrage manque un peu de souffle. Mais le plus gênant reste le traitement bien trop sérieux que donne Howard McCain à son histoire. C'est d'autant plus flagrant lorsque le cinéaste cherche à forcer le pathos à coups d'images évocatrices. Des scories qui alourdissent un peu un film qui aurait gagné à être traité de manière plus brutale ou, en tout cas, plus ouvertement cadré vers le cœur de son propos, l'action et l'aventure. Les séquences mouvementées sont d'ailleurs mises en image avec le même mal qui ronge une grande partie du cinéma d'action de ces dernières années. C'est à dire avec une lisibilité brouillonne en raison d'un montage épileptique. Mais si OUTLANDER a des défauts, il n'en demeure pas moins un film fort sympathique en s'inscrivant dans le registre du cinéma d'aventures. Le film de Howard McCain se paie ainsi quelques séquences spectaculaires telles qu'un flashback extraterrestre et offre pas mal de scènes d'action. On notera aussi une curieuse scène avec un chrétien qui éprouve sa foi face au «monstre», une séquence qui rappelle furieusement celle du DRAGON DU LAC DE FEU ou encore LA GUERRE DES MONDES (version Byron Haskin). De même, l'antre de la bête n'est pas sans rappeler par quelques détails celle du DRAGON DU LAC DE FEU. Mais au XXIème siècle, la créature a un garde manger beaucoup plus gores. OUTLANDER flirte, à cet effet, par endroit avec le film d'horreur en exposant un charnier sanglant plutôt impressionnant !
S'il fut un temps question de donner le rôle vedette à Karl Urban, l'acteur s'éclipsera finalement pour aller jour dans un autre film de viking, PATHFINDER. A sa place, ce sera donc Jim Caviezel qui interprétera le héros extraterrestre. Héros mais pas forcément moralement irréprochable si l'on décortique l'intrigue. Le film exprime les états d'âmes du personnage, peu fier de son passé, mais ne développera pas plus avant le fait qu'il est, en quelque sorte, lui-même le créateur de la menace à laquelle il se confronte. Evidemment, cette idée provient de l'histoire de Beowulf mais on ne pourra pas s'empêcher de tiquer sur le côté assez ambigu de la conclusion et ce dans le contexte colonialiste exposé par OUTLANDER. Il est, en tout cas, évident qu'il ne faut pas trop s'y attarder, le métrage ne cherche sûrement pas à développer de grandes idées politiques ou philosophiques. Face à Jim Caviezel, on pourra reconnaître John Hurt et Ron Perlman, ce dernier ayant un rôle assez court. Enfin, Sophia Myles apporte un charme non négligeable à son personnage de femme forte qui craquera sans surprise pour le héros. Sans être le meilleur métrage à propos de vikings, impossible de se comparer au mètre étalon LES VIKINGS de Richard Fleischer, ni même un chef d'œuvre du film de monstres, OUTLANDER est une honnête production d'aventures qui assure, en tout cas, un bon moment de divertissement !
Wild Side sort directement en vidéo OUTLANDER et a même fait labellisé THX cette édition DVD. Le disque propose le film dans son format cinéma avec un transfert 16/9 qui n'est, bizarrement, pas entièrement irréprochable. Car dès que l'on nous annonce THX, on se met à chercher la petite bête. Et on la trouve sur ce DVD de OUTLANDER lors de quelques rares passages très sombres où les à-plats laissent transparaître de petits défauts numériques. De menus soucis que tout le monde ne verra pas forcément mais qui tendent à prouver, une fois de plus, que le label de qualité THX paraît un peu surestimé. Côté son, OUTLANDER est présenté avec trois pistes audio. La version originale est en Dolby Digital 5.1 alors que le doublage français est proposé en Stéréo ou en DTS. Pour une fois, l'avantage va au doublage français et à la piste DTS, d'un point de vue purement technique, même si la piste originale en Dolby Digital 5.1 s'en sort bien.
Pas de making-of pour OUTLANDER et, à vrai dire, la création du film est totalement occultée en dehors de son design. La partie «La conception d'Outlander» est ainsi composée de plusieurs galeries dédiées aux dessins préparatoires. Une galerie de photos orientée plus directement vers le tournage est ajoutée à côté. En fait, les seuls suppléments vidéo du film sont sa bande-annonce et des scènes coupées. Ces dernières sont présentées de manière assez brute mixant parfois différentes sources aux effets spéciaux non finalisés. L'occasion de découvrir une ouverture différente du film levant plus explicitement le voile sur l'ancien souverain du village et donc les liens familiaux qui lient les personnages. De même, une séquence semble évoquer les ravages provoqués par la créature aux alentours avec un môme qui va sûrement terminer dans le garde manger de la bestiole. Rien de très enthousiasmant tout de même ! Le dernier supplément est disponible à ceux qui sont équipés d'un lecteur DVD-Rom sur leur ordinateur puisqu'il vous sera possible de voir le story-board du film au format PDF. A noter que des bandes-annonces d'autres titres de l'éditeurs sont visibles seulement à l'insertion du DVD.