Header Critique : FISSURES (ECOUTE LE TEMPS)

Critique du film et du DVD Zone 2
FISSURES 2005

ECOUTE LE TEMPS 

Alors qu'elle enregistre des sons à l'autre bout du monde pour un documentaire, Charlotte apprend le meurtre de sa mère. De retour en France, elle décide d'aller dans la maison maternelle pour y faire son deuil. Avec son attirail sonore, elle se met à enregistrer les craquements de la demeure. Mais parmi les sons qu'elle enregistre, elle capte des bribes du passé. Elle se met alors en tête de reconstituer les derniers jours avant la mort de sa mère, de façon à découvrir le meurtrier...

D'origine lituanienne, la réalisatrice Alanté Kavaïté ne se destine pas vraiment au cinéma puisqu'elle débute des études aux Beaux Arts à Paris. C'est là que l'un de ses professeurs lui conseillera de s'orienter vers le cinéma. Elle travaillera alors sur le montage de documentaires, avant de réaliser un premier court-métrage de fiction intitulé LA CARPE. A priori, les affinités d'Alanté Kavaïté n'ont pas grand chose à voir avec le Cinéma Fantastique puisqu'elle avoue être plus attirée par des cinéastes surréalistes, tel que Luis Bunuel ou Francisco Arrabal, et, dans un genre assez différent, les frères Dardenne. C'est d'ailleurs dans le cinéma de ces derniers qu'elle va découvrir, comme tout le monde, Emilie Dequenne dans ROSETTA. Au moment de l'écriture de son premier long métrage, elle gardera en tête cette actrice qui acceptera, par la suite, d'interpréter le rôle principal de ECOUTE LE TEMPS.

Datant manifestement de 2005, le film va commencer par faire le tour des Festivals en représentant assez souvent la francophonie à travers le monde dès la fin de l'année 2006. Il faudra pourtant attendre encore une année avant que le métrage ne soit distribué dans le courant 2007 de façon un peu anecdotique dans les salles françaises. Il faut croire que le film n'enthousiasme pas puisqu'il lui faudra encore une année et demie avant d'être édité en vidéo, et ce sous un nom différent. ECOUTE LE TEMPS emprunte ainsi son titre international de FISSURES pour son exploitation en DVD sur le marché français. Distribution tardive et tentative de recentrer le produit sont assez souvent la preuve de l'embarras d'un éditeur face à une œuvre difficile à commercialiser…

Même s'il s'inscrit dans le domaine du surnaturel, le film d'Alanté Kavaïté n'a pas grand chose à voir avec la vague de jeunes cinéastes qui se frottent à ce que l'on appelle communément «le cinéma de genre». A l'évidence, ce n'est de toute façon pas son truc. Car FISSURES ne cherche en rien à faire la nique au cinéma anglo-saxon mais se place directement dans un registre bien plus européen. Ainsi, le portrait des habitants d'une petite commune de province, avec leurs secrets, pourrait faire vaguement penser à certains films de Claude Chabrol. L'atmosphère rurale étant largement mise en avant dans l'ambiance générale du récit. Mais pour découvrir cet univers, le personnage principal, interprété par Emilie Dequenne va démarrer un étrange puzzle composé de souvenirs audio. L'argument «Fantastique» fait alors son entrée lorsque l'héroïne leve le voile sur le passé morcelé de sa défunte mère et d'une poignée d'habitants des environs, chacun étant un éventuel coupable du meurtre… Deux voies sont alors exploitées par le métrage. La première suit une enquête dont les indices nous sont révélés par bribes via des flash-backs. Mais le second aspect du film est intimement liée à cette lente reconstruction qui brasse autant d'éléments rapprochant la mère et sa fille, celle-ci devant assumer la perte d'un être cher dont elle s'était éloignée. Une excellente idée qui ne sera pas exploitée pleinement, un peu comme si l'auteur avait eu un peu de mal à trancher entre les diverses voies à exploiter : étude de mœurs, thriller surnaturel, enquête policière…

La sauce a alors un peu de mal à prendre et tout nous est livré sans ambiguïté et au premier degré. Le doute qui s'installe au début est ainsi assez vite gommé pour nous balancer de but en blanc des fragments du passé dont l'héroïne n'a pas pu être le témoin. A partir de là, l'originalité du récit retombe et l'on suit surtout de nouveaux enregistrements jusqu'à la résolution finale. Impossible en tout cas de ne pas reconnaître que FISSURES fait preuve d'une véritable singularité. Car si Alanté Kavaïté semble piocher du côté de Chabrol mais aussi de De Palma (BLOW OUT et ses enregistrements) ou bien Cronenberg (SPIDER avec l'exploration de la mémoire), son film porte tout de même un cachet assez personnel qui fonctionne avant tout et essentiellement du fait de la tristesse qu'il dégage. Une première œuvre assez intéressante mais qui a quand même du mal à s'épanouir totalement, laissant ainsi sur une impression très mitigée.

Bizarrement, c'est Europa Corp qui distribue le film en vidéo, alors que la distribution en salles s'était faite par le biais de Zelig Films. Le film va en tout cas se frayer un chemin vers un nouveau public grâce à la vidéo, mais l'édition DVD ne cherche pas à développer son sujet au-delà du minimum. En supplément, le disque propose seulement le Teaser et la bande-annonce, ainsi qu'une poignée de scènes coupées. Rien d'autre ne sera proposé et la réalisatrice n'aura donc pas la parole. Au spectateur de continuer l'investigation, par exemple en tirant ses propres conclusions concernant les séquences additionnelles. Grâce à leur contenu, il apparaît évident qu'une partie de l'intrigue, probablement jugée superflue, est restée sur le sol de la salle de montage. Grâce à l'édition DVD, on peut donc découvrir cette partie annexe concernant une jeune femme du village et son père. Pourtant ces séquences amenaient une menace au-dessus de la tête de l'héroïne qui auraient pu donner un peu plus de suspense au montage final, par endroit un peu plat. A chacun de se faire son opinion à ce sujet en visionnant tous ces morceaux supplémentaires…

Le film est quant à lui présenté avec un transfert 16/9 au format cinéma respecté. Plutôt honnête, l'image montrera tout de même ici ou là quelques petits soucis qui n'ont rien de bien grave. Pour le son, il sera possible de choisir entre une piste Dolby Digital 5.1 ou une version stéréo surround, les deux en français d'origine. On notera que la piste Dolby Digital 5.1 propose un joli travail de mixage qui sait être par endroit assez spectaculaire dans un ensemble qui se veut tout de même relativement sobre. Rien de surprenant pour un film qui suit une ingénieur du son !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
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2 critiques Livres
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L'atmosphère de tristesse
On n'aime pas
Une impression finale assez mitigée
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L'édition vidéo
ECOUTE LE TEMPS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Europa
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h23
Image
2.35 (16/9)
Audio
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Scènes coupées (14mn06)
      • Bandes-annonces
        • Fissures
        • Teaser
        • Trailer
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      • Quatre Minutes
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