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Critique du film
DEADGIRL 2008

 

Rickie et JT décident de se barrer de l'école pour passer l'après midi à glander. Comme tout jeune rebelle qui se respecte, ils vont aller casser des vitres dans un ancien asile psychiatrique. Au sous-sol, derrière deux couveuses (?), ils se trouvent face à une porte dont l'ouverture va changer leurs vies ainsi que leur relation. Ils trouvent sous un plastique le corps d'une jeune femme enchaînée…

Ayant fait ses armes chez Troma à divers postes (acteur, scénariste, producteur…), Trent Haaga s'est forgé une petite réputation dans le milieu du cinéma horrifique underground. C'est justement après le tournage de CITIZEN TOXIE : THE TOXIC AVENGER IV qu'il élabore l'idée d'un film bien moins rigolo, très influencé par les métrages de Larry Clark, et qui deviendra DEADGIRL. Toutefois, le script rejoindra une pile de projets que le cinéaste va accumuler. Plusieurs années après, il rencontre Gadi Harel qu'il avait croisé sur le tournage de TERROR FIRMER. Le jeune réalisateur est à la recherche d'un film à tourner en compagnie d'un ami d'enfance avec qu'il partagera la réalisation, Marcel Sarmiento. Evidemment, c'est DEADGIRL qui va les attirer et il ne leur restera plus qu'à trouver un maigre financement. Bien que cela ne soit pas spécifié, le script original va connaître des changements et les deux jeunes cinéastes vont «adoucir» les idées originales de Trent Haaga.

Avec DEADGIRL, Trent Haaga dévoile, à sa façon, toutes les frustrations amoureuses et sexuelles des jeunes adolescents. Partagée entre des pulsions purement sexuelles et des considérations beaucoup plus fleurs bleues, l'idée de base du scénariste confrontait des adolescents avec une poupée de chair. Le sujet n'est pas nécessairement nouveau puisque durant les années 80, John Hughes matérialisait les fantasmes de deux adolescents sous la forme d'UNE CREATURE DE REVE. Beaucoup moins potache dans son traitement, DEADGIRL écarte l'humour au premier degré et préfère aborder son sujet de manière bien plus explicite. Plutôt que nous proposer une top model à la personnalité relativement affirmée, DEADGIRL offre à ses protagonistes une enveloppe corporelle désincarnée, une morte vivante devenant par la force des choses une esclave sexuelle. Si l'on passe outre le thème de la nécrophilie, limite oubliée par les deux réalisateurs, Gadi Harel et Marcel Sarmiento pensent certainement qu'ils sont en train de nous livrer une œuvre choc et sulfureuse. Mais il ne suffit pas d'avoir une poignée d'idées et de les filmer pour être efficace. Car DEADGIRL s'avère quelque peu bancal que ce soit en terme de réalisation mais aussi en ce qui concerne le traitement de son sujet. Métrage mal branlé car hésitant beaucoup entre la caution «auteur» et l'envie d'exploiter une histoire très portée sur la pure exploitation cinématographique. Ainsi, quelques scènes nous montrent l'univers familial du personnage principal avec un beau-père de substitution lui balançant des discours bien beauf sur la vie. Une façon, comme une autre, d'exprimer l'attitude rebelle d'une génération qui a du mal à se positionner dans la société telle qu'elle est. Carrément ridicule dans le contexte de DEADGIRL qui met surtout en avant quelques jeunes ne se posant pas beaucoup de questions de moralité et prêt à culbuter une nana morte, vivante ou les deux, cela n'a pas tellement d'importance. Les plus téméraires pourront éventuellement oser nous parler d'un film féministe où les hommes sont des porcs face à des femmes sans défense. Le film se clôt d'ailleurs de manière plutôt sombre en sabrant définitivement toutes les réserves du «héros» en suivant, de façon un peu tordue, le délire sentimental de RE-ANIMATOR. Avec sa fausse attitude punk, le film nous dépeint le portrait d'une jeunesse qui n'arrive pas à assumer les petites souffrances de la vie. Le gag, c'est que lorsque le film est passé en compétition dans le cadre de l'édition 2009 du Festival du Film Fantastique de Gérardmer, le jury composé d'étudiants a bien «niqué sa mère» à DEADGIRL en remettant le Prix du Jury Jeunes de la Région Lorraine à SAUNA, un métrage adulte, réfléchi et travaillé. En gros l'anti-thèse de DEADGIRL qui est donc reparti la queue entre les jambes avec son attitude débilo-socio-trash.

Mais, à vrai dire, le souci de DEADGIRL n'est pas tellement dans son discours à la cohérence toute relative mais bien plus dans l'impossibilité pour les deux cinéastes d'accrocher les spectateurs en instaurant une véritable ambiance. Pas vraiment dégoûtant, jamais effrayant, sans aucun malaise… Le métrage se déroule mollement durant une centaine de minutes desquelles on ne peut constater que le gâchis ainsi que la prestation de Jenny Spain. Réduite à un cadavre ambulant, la jeune actrice réussie à insuffler un brin de détresse dans son personnage. Les spectateurs habitués aux métrages shootés en vidéo avec des queues de cerises ont vu bien pire dans le genre. Et c'est clair que DEADGIRL fait partie du haut du panier des métrages filmés sans talents et qui pullulent de plus en plus en raison de la facilité à tenir, de nos jours, une caméra. Mais faire partie du haut de la poubelle, ce n'est peut être pas, en soit, une qualité… Finalement, sur le sujet, peut être est il préférable de (re)découvrir LA FEMME OBJET, un vrai porno français de la grande époque !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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