Header Critique : PROIES, LES (EL REY DE LA MONTANA)

Critique du film et du DVD Zone 2
LES PROIES 2007

EL REY DE LA MONTANA 

Après avoir perdu son portefeuille dans une station service, Quim se perd sur une route isolée de montagne. Là, il va alors devenir le gibier de mystérieux chasseurs qui le prennent pour cible…

Après les Paul Naschy, Amando De Ossorio ou Narciso Ibanez Serrador qui ont marqué la décade 70, l'industrie cinématographique espagnole connaît son deuxième âge d'or du Fantastique depuis quelques années. Les projets fleurissent plus facilement qu'à l'accoutumée et des cinéastes n'ayant pas forcément été appelés par le genre jusque là se laissent tenter. C'est le cas de Gonzalo Lopez-Gallego a qui l'on propose de tourner un métrage vaguement horrifique. Une œuvre de commande pour un cinéaste qui va tenter de magnifier son sujet pour lui donner plus de substance. Il faut dire que le cadre du film s'inscrit dans la lignée du «Survival», un genre relativement rigide de nouveau à la mode. LES PROIES va ainsi suivre un nombre très limité de personnages essayant de fuir un décor naturel désolé et surtout un agresseur invisible. Les premiers titres qui viennent à l'esprit sont évidemment DELIVRANCE de John Boorman et SANS RETOUR de Walter Hill. Deux titres imposants avec lesquels LES PROIES ne peut pas vraiment rivaliser. La faute à un développement des personnages quasi inexistants, à l'absence d'une véritable tension et à un curieux tour de passe-passe routier durant la première demi-heure. Car si vous n'êtes pas happé par l'ambiance du film dès ses premières minutes, vous aurez alors tout le loisir de vous poser quelques interrogations sur l'étrangeté d'une route qui ne semble pas nécessairement aller d'un point A vers un point B. Pour clarifier la chose, il apparaît très bizarre de voir un homme fuir dans une direction après avoir abandonné sa voiture pour finalement repasser devant son véhicule. A moins qu'il ne s'agisse pas du sien mais cela n'explique pas pour autant pourquoi en rebroussant chemin, on finit par tomber sur des lieux différents. De ce constat, il faut donc essentiellement juger LES PROIES pour rien de plus que ce qu'il propose à l'écran. Le film de Gonzalo Lopez-Gallego, malgré ses ambitions, est un «survival» très basique dont le seul véritable atout est son décor naturel. Les deux premiers tiers du film adoptent d'ailleurs une belle photographie qui fait la part belle à une montagne forestière touchée par l'automne. De belles images sur une musique atmosphérique donnant toute son ambiance à un métrage qui paraîtrait bien pauvre sans cela !

Les faiblesses du film de Gonzalo Lopez-Gallego sont assez nombreuses. Les personnages semblent souvent artificiels et l'action s'étire mollement sans que l'on ne soit impliqué. Un peu gênant dans un registre où le spectateur doit justement ressentir la tension et se trouver malmené à l'image des personnages principaux. Mais le plus gros souci du film survient lors de son épilogue. Le cinéaste choisit de changer de point de vue nous donnant l'occasion de suivre les chasseurs. Il nous révèle leur identité ainsi que leur motivation. Et c'est là où Gonzalo Lopez-Gallego se plante un peu. Car il va utiliser le terme «frag» mais aussi filmer des plans subjectifs mimant les jeux de tir à la première personne. Le jeu vidéo n'est pas clairement évoqué mais en adoptant ses repères vidéo ludiques et en les greffant sur les tueurs, il est difficile de ne pas prendre cela comme une cause à effet sur leur comportement meurtrier. C'est d'autant plus surprenant que le cinéaste semble au contraire défendre la cause du jeu vidéo dans ses interviews, allant donc à l'encontre des accusations d'incitation à la violence. C'est dommage et, en même temps, assez symptomatique de notre époque. A savoir que des cinéastes ont des discours pertinents hors caméra pour finalement faire de belles images parce que c'est «cool» tout en allant à l'encontre de ce qu'ils veulent réellement dire. Formellement, LES PROIES est un film plutôt joli et réussi dans ses deux premiers tiers mais son épilogue révèle surtout une conception bordélique. Enfin, on notera que le titre français plus punchy est surtout bien moins énigmatique que son nom original, EL REY DE LA MONTANALe Roi de la Montagne»).

Après sa distribution dans les salles où le film n'a manifestement pas vraiment convaincu si l'on en juge par le nombre d'entrées, Wild Side propose LES PROIES dans une édition simple DVD mais agrémentée tout de même de plusieurs suppléments. En premier lieu, le film est proposé avec un joli transfert 16/9 au format cinéma respecté. Une très bonne chose puisque l'image assure une grande partie du spectacle. Il en va de même du son, présenté ici en Dolby Digital 5.1, pour la version originale espagnole, et en DTS ou stéréo pour le doublage français. A propos de ce dernier, nous n'avons franchement pas été convaincus par les voix françaises, particulièrement celle du personnage principal. En tout cas, pour les deux pistes multi canaux, le résultat est plutôt probant d'un point de vue technique. Très naturel, les pistes audio retranscrivent des effets sonores naturels souvent avec un résultat saisissant. L'ensemble reste plutôt sobre tout en étant par endroit assez spectaculaire.

A l'instar du contenu du film, les suppléments vont accentuer l'incompréhension entre les ambitions du réalisateur et le résultat projeté à l'écran. Le plus gros des suppléments est un entretien de Gonzalo Lopez-Gallego dans lequel il parle de la genèse du film et donne quelques anecdotes sur le tournage. Par contre, le réalisateur nous parle donc du jeu vidéo de manière très optimiste mais semble quand même pédaler dans la semoule dans un discours un peu brumeux suivi d'une théorie sur les drames qui surviennent en raison du manque d'amour chez les enfants en bas âge. Pourquoi pas, c'est son dada. Le bilan, à l'arrivée, c'est que Gonzalo Lopez-Gallego a voulu mettre beaucoup de choses dans son film alors qu'au final, ça ne transparaît pas du tout (voire cela dit le contraire). Après cette interview, on peut suivre une vidéo sonorisée par la musique du film où l'on suit les repérages. En gros, Gonzalo Lopez-Gallego visite des lieux pour choisir là où il va tourner. Le document a le mérite de donner un côté exhaustif à l'édition mais c'est surtout ennuyeux à regarder. En ce qui concerne le film, sur votre lecteur de DVD de salon, il sera possible de voir encore la bande-annonce ainsi qu'une galerie de 66 clichés. Parmi les suppléments, on trouve aussi un court-métrage de Gonzalo Lopez-Gallego intitulé THUMB UP. Plutôt sympathique, ce court propose une idée intéressante avec une mise en image assez réussie. Pour le dernier supplément, il faudra placer le DVD dans un lecteur sur PC ou Mac. En effet, l'éditeur a placé le story-board du film au format PDF sur le disque. Comme à son habitude, Wild Side a aussi placé des bandes-annonces à l'insertion du DVD (DOROTHY, SOUTHLAND TALES…) et qui n'apparaissent plus ensuite sur l'interactivité du disque.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
EL REY DE LA MONTANA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Wild Side
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.85 (16/9)
Audio
Spanish Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • L'enfance aux abois (26mn38)
    • Repèrages (2mn38)
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