Speed a toujours rêvé de participer à des courses automobiles. Devenu un pilote qui commence à faire parler de lui en gagnant des courses, il attire l'attention d'une grande compagnie qui lui propose un alléchant contrat. Le jeune va alors se retrouver face au même dilemme que celui de son frère aîné quelques années auparavant : quitter la modeste écurie familiale ou rejoindre une équipe dotée d'énormes moyens ?
Au milieu des années 50, Tatsuo Yoshida se met à illustrer des bandes dessinées et il va monter son propre studio de création une dizaine d'années plus tard avec ses deux frères. Produisant des mangas, Tatsunoko Productions va aussi sauter le pas de l'animation pour la télévision avec SPACE ACE. Suite à ces premières aventures animées, Tatsuo Yoshida va décider de continuer dans ce domaine en se tournant vers le monde des courses automobiles qu'il avait déjà traité au travers de plusieurs mangas dont Pilot Ace. C'est ainsi que va naître MACH GO GO GO mais la série animée va prendre un certain retard et les aventures de Go Mifune apparaîtront sous la forme d'un manga auparavant. Les retards dans la production de cette série télévisée vont être en grande partie causés par le passage de la télévision japonaise du noir et blanc à la couleur. Une grande partie des séries animées sont produites en noir et blanc jusque là et Tatsunoko Productions décide de tenter le pari de la couleur en modifiant son matériel et la façon de travailler que le studio suivait jusque là pour SPACE ACE. Après sa première diffusion en 1967 à la télévision japonaise, la série animée traversera les océans pour être distribuée aux Etats-Unis. Là, son titre va être modifié en SPEED RACER et le héros changera donc lui aussi de patronyme. 52 épisodes seront produits avant que Tatsunoko Productions ne s'intéresse à d'autres types d'aventures en créant, par exemple, LA BATAILLE DES PLANETES ou CASSHAN. Le fait d'avoir été produit en couleurs va assurer à SPEED RACER d'être diffusé et rediffusé à plusieurs reprises ce qui terminera de lui forger une solide réputation. Une trentaine d'années plus tard, bien après la mort de Tatsuo Yoshida, Tatsunoko Productions proposera un nouveau dessin animé intitulé SPEED RACER X. Hors du Japon, une troisième série verra aussi le jour. SPEED RACER : THE NEXT GENERATION doit d'ailleurs très probablement sa création à l'annonce d'un film de cinéma hollywoodien…
Transposer l'univers dessiné et très coloré de SPEED RACER sous la forme d'un film de cinéma «traditionnel» paraît quelque peu incongru en ce début de 21ème siècle. Surtout que la renommée du dessin animé n'est pas spécialement mirobolante en dehors du Japon et des Etats-Unis. Mais Warner a le projet d'adapter la série avec Silver Pictures dès le début des années 90. Il faudra attendre une bonne quinzaine d'années avant que le film ne soit enfin tourné. Dans l'intervalle, différentes personnalités seront ainsi attachées à ce SPEED RACER que ce soit à la réalisation (Julien Temple, Alfonso Cuaron…) ou bien devant la caméra pour le rôle titre ou bien celui du personnage de Racer X (Johnny Depp, Henry Rollins, Vince Vaughn…). Mais à chaque fois, divers problèmes et aléas mettront un terme aux pontentielles incarnations sur grand écran de SPEED RACER. Jusqu'à ce que Andy et Larry Wachowski ne s'intéresse à un projet qui semble très éloigné de l'univers de BOUND ou des MATRIX. Néanmoins, leur engagement sur le film viendrait de leur envie de réaliser un métrage pour tout public contrairement à ce qu'ils avaient pu faire auparavant. Cela va aussi leur donner l'occasion de tourner en vidéo haute définition de façon, on le suppose, de faciliter le lourd travail de post-production. Car une grande partie de SPEED RACER sera tourné avec des acteurs isolés devant un fond vert, les décors et autres effets spéciaux ne seront incrustés que par la suite. Cette méthode n'a rien de neuve puisque d'autres ont déjà expérimenté ce type de technique comme CASSHERN, une autre adaptation d'un dessin animé de Tatsuo Yoshida. Toutefois, cela s'accorde à merveille dans le cas de SPEED RACER qui se déroule dans un futur indéterminé brassant des décors de science-fiction aux accents aussi modernes que rétro. Car le film des frères Wachowski est, ce qui est assez rare, une véritable adaptation dans les formes du dessin animé original.
On y retrouve les mêmes personnages, de son héros jusqu'à son petit frère très espiègle et toujours accompagné de son animal de compagnie, un chimpanzé. Quelques aménagements ont bien été faits mais l'ensemble sonne surtout comme un énorme hommage très respectueux à une série télévisée de quarante ans d'âge. Ce SPEED RACER de 2008 multiplie d'ailleurs les clins d'œil au tissu original de façon plus ou moins discrète que ce soit en utilisant des postures ou bien des costumes hérités directement de la version animée. En terme d'adaptation, le film s'avère être une belle réussite. Les frères Wachowski ont ainsi retrouvé l'ambiance très naïve du dessin animé pour lui apporter essentiellement un savoir-faire cinématographique très actuel. Tout ne fonctionne pas forcément à merveille mais rien que les trente premières minutes du métrage s'avèrent réellement exemplaires en adoptant une construction très surprenante dans le contexte d'un film pour enfant. Composé de flash-back monté sur deux courses automobiles séparées elles aussi par plusieurs années, SPEED RACER pose les bases de ses personnages de manière aussi intelligente que ludique. Mieux, la séquence est un véritable moment d'émotion poétique sur quatre roues lorsque le héros en vient à courir contre le fantôme de son frère décédé.
Passée cette entrée en matière vraiment extraordinaire, SPEED RACER va perdre un peu de sa superbe en ne retrouvant jamais la même inventivité scénaristique et visuelle. Cela n'empêche pas le reste du métrage d'être un spectacle impressionnant et amusant. SPEED RACER aligne ainsi plusieurs courses qui varient les décors mais aussi les péripéties très improbables. Le réalisme cède ici le pas à une fantaisie motorisée qui finit de donner des airs de dessin animé «live» au film des frères Wachowski. Pris dans cette ambiance colorée et enthousiasmante, on en vient à oublier les petits soucis de SPEED RACER. Ainsi, certains pans de l'intrigue semblent bien peu intéressant voir nébuleux tout en étirant le métrage bien au-delà des deux heures. Mais, au final, SPEED RACER donne surtout le sourire et ce même avec quelques gags un peu lourds qui passent finalement bien dans le tableau très délirant du film. Manque de bol, il va être assez mal accueilli par la presse et le public au moment de sa sortie en salles. En France, le film sortira même un peu discrètement dans les cinémas en juin 2008. SPEED RACER avait pourtant de quoi séduire petits et grands garçons.
Les images colorées à l'extrême de SPEED RACER font office de démo technique pour le Blu-ray. L'image au format cinéma et en haute définition est une véritable merveille. Mais la démo s'arrêtera à l'image car le son ne suit pas. Le disque contient bien de spectaculaires pistes en Dolby Digital 5.1 que ce soit pour la version originale anglaise sous-titrée ou le doublage français mais nous sommes à présent habitué à mieux. Le résultat est déjà impressionnant mais on imagine ce que des pistes en Dolby TrueHD ou DTS Master Audio auraient pu donner sur ce film.
Les suppléments se composent de seulement quatre Featurettes. Evidemment, on y expose pas vraiment les quinze années de production pour s'attarder essentiellement sur la technique. Sur les trois modules, c'est celui qui s'annonce le plus décérébré qui va donner le plus d'information concernant le dessin animé original. «Sprittle au plus près de la production» suit le jeune acteur Paulie Litt qui rencontre diverses personnalités en charge de certains des départements de production. Se faisant, des informations sont ajoutées sous la forme de bulles avec du texte. Cela oblige d'ailleurs a placer un double sous-titrage français assez perturbant. Néanmoins, le dessin animé original est donc évoqué très brièvement pour ensuite surtout s'intéresser d'autres choses et plus particulièrement la création des voitures. Amusant mais pas vraiment informatif. Pour obtenir plus de détails sur la technique, il faudra jeter un œil à «Speed Racer : Car-Fu». On y évoquera la particularité des prises des vues ou bien la création des effets numériques. Etrangement, le documentaire qui regrouper un peu tout est le dernier de la liste et s'intitule «Speed Racer : La création de l'univers incroyable du film». Arrivé là, on notera pas mal de redondances sans que cela ne soit vraiment gênant. La quatrième Featurette est pour le moins étrange puisqu'il s'agit d'une longue vidéo qui nous fait le portrait des courses et véhicules du film un peu à la manière d'un documentaire sportif. Les informations fictives sont débitées à la mitrailleuse et sur la longueur, cela finit par être un peu gavant. Le bilan des suppléments paraît un peu décevant. Mais le film et ses magnifiques images rattrapent sans mal ce type de déception.