La journaliste Sadie Blake vient d'écrire un article sur une bande de tordus se prenant pour des vampires. Hélas pour notre reporter, elle va être rapidement embringuée dans une nouvelle enquête où elle rencontrera, cette fois-ci, de véritables suceurs de sang.
Réalisateur et scénariste, Sebastian Gutierrez touche au cinéma Fantastique dès sa deuxième réalisation en bouclant l'un des téléfilms estampillés «Creatures Features» produit, entre autres, par Stan Winston et le légendaire Samuel Z. Arkoff. SHE CREATURE sera d'ailleurs l'un des meilleurs métrages de cette anthologie sensée revisiter quelques oeuvrettes horrifiques de l'AIP bien que ces téléfilms se contenteront en réalité de reprendre seulement les titres originaux. Suite à cette expérience, Sebastian Gutierrez va travailler sur GOTHIKA dont il écrit le scénario et qu'il est sensé réaliser. Quelques semaines avant le tournage, le producteur Joel Silver lui retirera le film et le confiera à Mathieu Kassovitz. GOTHIKA reste en travers de la gorge de Sebastian Gutierrez qui juge le film raté par rapport à son scénario original. Qu'importe, il va renouer avec le genre policier avec lequel il avait débuté en réalisant JUDAS KISS. Il va ainsi s'occuper d'écrire les scénarios de LA GRANDE ARNAQUE mais aussi d'épisodes de la série KAREN SISCO inspiré par les personnages de HORS D'ATTEINTE, le tout étant à l'origine des œuvres littéraires de Elmore Leonard. Après un détour d'écriture sur DES SERPENTS DANS L'AVION et le remake de THE EYE, il va mêler le «polar» et le Fantastique pour RISE dont il assumera la réalisation…
Bien qu'il ne soit jamais réellement évoqué clairement le terme de vampire, Sebastian Gutierrez essaie avec RISE de proposer un nouveau point de vue à propos du vampirisme. Toutefois, le métrage ne s'éloigne pas vraiment des œuvres habituelles du genre et n'en propose qu'une sorte de version décalée qui tend davantage vers le Film Noir. Ainsi, l'héroïne va se lancer dans une virée sanglante à seule fin de se venger de ceux qui l'ont laissé pour morte. Son parcours va la mener à suivre un jeu de pistes jonché de cadavres qui n'est pas sans évoquer des films tel que LE POINT DE NON RETOUR. Un policier dépressif suit la même piste en vue de retrouver les assassins de sa fille, ce qui s'avère aussi être un motif assez commun dans le genre. RISE poursuit sa filiation avec le Film Noir en alignant femme fatale, hommes de main, trahisons, personnages désespérés ou encore une ligne floue entre le bien et le mal. Sur une intrigue qui pourrait donc se passer d'éléments Fantastiques, le cinéaste y appose ses vampires. Des suceurs de sang qu'il va dépouiller de leurs oripeaux folkloriques pour ne conserver que l'essentiel. Les néo-vampires de RISE se placent ainsi plus dans la veine des personnages d'AUX FRONTIERES DE L'AUBE plutôt qu'en adoptant une vision gothique du genre de UNDERWORLD. Toutefois, on pourra notera des similitudes avec le premier BLADE comme le personnage interprété par James D'Arcy qui ressemble pas mal à celui incarné par Stephen Dorff. De même, le personnage du tueur de vampires équipés d'armes faites sur mesure fait un peu penser à une version féminine de Blade. Mais, encore une fois, Sebastian Gutierrez adopte un traitement dépouillé comme pour ne conserver que la part «réaliste» de ses vampires. Cela n'empêche pas pour autant de suivre quelques clichés à l'instar de la sexualité très libre de nos créatures de la nuit qui mêlent le plaisir du sang et celui du sexe. Les relations amoureuses entre femmes étant souvent évoquées dans les films de vampire cela donne ainsi l'occasion de provoquer quelques situations érotiques en mettant en valeur l'actrice Lucy Liu ainsi que Carla Gugino. Enfin, le film approche la soif de sang à la manière d'une dépendance ce qui n'est pas non plus une nouveauté dans le genre...
Mais si RISE est bourré de bonnes idées et intentions, le film a bien du mal à tout faire coïncider. L'intrigue dévoile ainsi vaguement quelques éléments qui s'avèrent au final abandonnés ou survolés comme c'est le cas du fabricant d'armes mexicain. Facilité scénaristique ou problème lors de la production du film ? Difficile de répondre puisque RISE a manifestement connu quelques soucis si ce n'est au moment du tournage, au moins en fin de création. Ainsi, le film produit par Ghost House Pictures sera distribué dans les salles américaines sur seulement quelques rares villes américaines et dans un montage manifestement pas approuvé par son réalisateur. En vidéo, RISE gagnera plus de vingt minutes et proposera un montage assez différent.
Aujourd'hui, RISE semble être un film un peu inabouti en ce qui concerne son récit. Pour peu que l'on ne soit pas trop regardant sur ce point, il a tout de même de quoi satisfaire notamment grâce à son ambiance assez particulière. L'intrigue est narrée de façon non linéaire, ce qui fonctionne assez bien et permet de conserver une part de mystère quant aux les personnages dont l'histoire se révèlera progressivement. Certains passages sont réellement bien vus comme lors de la scène se déroulant parmi les sans abris ou bien lorsque le personnage principal retourne auprès de sa mère. Des moments qui affichent une approche du genre vraiment personnelle de la part du cinéaste. On pourra tout de même émettre quelques réserves sur le choix de James D'Arcy qui manque un peu de charisme dans son rôle de séducteur maléfique. Les autres acteurs se sont, par contre, parfaitement intégrés à leurs personnages. Lucy Liu apporte une excellente touche de fragilité et de sensualité. Actrice récurrente de la filmographie de Sebastian Gutierrez et partageant la vie du cinéaste, Carla Gugino interprète une femme fatale qui aurait certes pu être un peu mieux développée. On pourra d'ailleurs en dire autant en ce qui concerne le flic joué par Michael Chiklis. Enfin, on reconnaîtra le vétéran Mako dans son dernier rôle au cinéma mais aussi Robert Forster. Ce dernier apparaît durant une poignée de secondes au début du film et ne vient probablement faire coucou que par amitié pour Carla Gugino avec qui il partageait la vedette dans la série KAREN SISCO. Tout aussi curieux, Marilyn Manson joue incognito, car peu reconnaissable, un rôle de barman.
Enfin, parmi les atouts de RISE, on notera aussi un véritable soin apporté à la mise en image. Pour peu qu'on se laisse bercer par l'atmosphère du film, le film se suit alors très agréablement sur toute sa longueur. S'il ne réinvente pas réellement le thème du vampirisme à l'écran, RISE n'en propose pas moins une version un peu décalée qui rend finalement surtout hommage au Film Noir.
Tout d'abord, précisons que le Blu-ray français propose la version longue du film et d'une durée d'un peu plus de deux heures. Bien que RISE ne soit pas un grand film, sa découverte en haute définition, donc en Blu-ray, lui donne un côté fort attrayant. Son image très cinéma, agrémentée par endroit d'un peu de grain, retranscrit merveilleusement le soin apporté à sa réalisation. Le transfert 1080p au format cinéma n'est probablement pas étranger à notre avis positif concernant le film.
(Il apparaît important de préciser que les photos qui accompagnent cette chronique ne reflétent en rien la qualité d'image du Blu-ray)
Les pistes sonores sont certainement moins exceptionnelles mais remplissent correctement leur contrat. Nous avons donc le choix entre une version anglaise en DTS HD Master Audio 5.1 et le doublage français présenté, quant à lui, en simple DTS. Il est peu évident d'affirmer si le gain entre le DTS HD Master Audio et le simple DTS provient d'un écart de qualité entre les spécificités techniques ou plus simplement du mixage de la version française. En tout cas, les deux pistes proposent un résultat souvent percutant.
Pour les suppléments, il n'y a que deux possibilités. La partie «Story-boards», comme son nom l'indique, nous propose un comparatif entre les images du story-boards et le film terminé sur quatre scènes. Les «Mobisodes» font office de making-of et se concentre sur quatre thèmes différents. Bien peu informatif, il s'agit de featurettes promotionnelles très formatées. Le nom «Mobisodes» évoque bien évidemment une diffusion par téléphone portable ce qui explique la durée assez courte de chacun des segments vidéo. Ce sera seulement l'occasion de découvrir l'envers du décor et de donner la parole, pour une fois mais très brièvement, aux cascadeurs dans l'un des modules. Tous les suppléments sont en définition standard soit en 480p et en stéréo.