Dans un pays d'Europe de l'Est, un mystérieux commanditaire engage une équipe de mercenaires pour se rendre dans une zone où de nombreux affrontements armés ont lieu. Après un voyage tranquille, la petite équipe arrive à un vieux bunker laissé à l'abandon depuis de nombreuses années. Mais l'endroit ne va pas tarder à révéler de terribles secrets concernant d'horribles expériences contre nature…
Véritables vilains de références, les nazis, particulièrement ceux en uniformes, ne manqueront pas l'opportunité de cumuler leurs sinistres réputations avec d'horribles expériences scientifiques plus ou moins sérieuses dans un grand nombre de métrages. Ainsi, on traite du clonage dans CES GARCONS QUI VENAIENT DU BRESIL, Indiana Jones sera confronté à plusieurs reprises avec des nazis cherchant à percer des mystères du passé, la tête d'Adolf Hitler est sauvegardée vivante dans le curieux MADMEN OF MANDORAS, ou bien des scientifiques allemands utilisent les camps de concentration pour réaliser des opérations contre nature comme dans, entres autres, le très barré HOLOCAUST NAZI. De sombres expériences, il en est justement question dans OUTPOST et nos héros vont le découvrir à leurs dépends. Les morts-vivants sont à la mode et il n'a pas fallu beaucoup cogiter de manière à mêler deux termes rimant fort bien ensemble : zombie et nazi. Pourtant, les soldats invincibles du Troisième Reich ont déjà hanté les écrans et ce dès les années 40 avec KING OF THE ZOMBIES où un scientifique manifestement d'origine germanique expérimentait des trucs peu catholiques. Il n'y aura plus aucune équivoque deux ans plus tard avec REVENGE OF THE ZOMBIES où John Carradine incarnait un scientifique allemand opérant des expériences similaires. Plus proche de nous, LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS apportait sa pierre à l'édifice durant les années 70. Rapidement, Joel Reed ne manqua pas, lui non plus, de tenter le coup avec NIGHT OF THE ZOMBIES parfois titré de manière plus évocatrice en NIGHT OF THE WEHRMACHT ZOMBIES. L'idée de soldats allemands et morts-vivants (notez que cela rime aussi) a été utilisée par les Français LE LAC DES MORTS-VIVANTS et L'ABIME DES MORTS-VIVANTS. Les nazis sont donc méchants, ils continuent de l'être après la mort et une nouvelle preuve nous en est donc donné avec OUTPOST qui brasse des idées finalement déjà usitées par le passé. Le concept va en tout cas susciter un intérêt évident puisque la production n'aura pas vraiment de mal à se monter. Habituellement, les cinéastes traversent un véritable parcours du combattant pour mettre en images un premier film, ce ne sera pas le cas ici même si le pari s'avère risqué ! Au passage, on notera que plusieurs productions britanniques se sont essayées ces dernières années à mélanger le film de guerre et le surnaturel comme c'est le cas de LA TRANCHEE et THE BUNKER.
OUTPOST est le fruit de deux producteurs qui vont tout miser sur le film. Avant même de commencer le tournage, ils vont réussir à pré-vendre le métrage à plusieurs pays sur la seule base d'une affiche et d'un script. A partir de là, il ne restait plus qu'à trouver les moyens de tourner le film et ils vont hypothéquer leur propre maison de façon à rassembler un tiers du budget. Cela aurait pu mal tourner financièrement parlant mais toute la phase de production du film se déroulera relativement sans encombre. Si l'action prend place dans un pays d'Europe de l'Est, le tournage va se dérouler entièrement en Angleterre. Carrément étonnant puisque de nos jours, la plupart des productions se délocalisent dans les pays de l'Est par souci d'économie et pour donner l'impression que l'action se déroule dans un pays anglo-saxon. Le film sera donc produit intégralement en Grande Bretagne avec un budget plutôt honnête même si nous sommes bien loin des grosses productions hollywoodiennes. En tout cas, OUTPOST a mis les petits plats dans les grands pour assurer visuellement un spectacle de qualité. Il en va de même en ce qui concerne l'interprétation de la petite équipe de personnages avec, à leur tête, Ray Stevenson qui était jusqu'ici connu essentiellement pour son rôle de Titus Pullo dans la série ROME et que l'on retrouvera prochainement dans le rôle de Frank Castle pour PUNISHER : WAR ZONE. A ses côtés, on reconnaîtra Richard Brake, déjà au sein d'une équipe de soldats dans DOOM, et Julian Wadham donnant, avec les autres acteurs, un jeu de qualité à OUTPOST.
Ce premier long métrage réalisé par Steve Barker ne manque pas de qualités, la mise en scène en fait d'ailleurs aussi parti. OUTPOST parvient à imposer une véritable ambiance pesante et à ménager quelques séquences de trouilles fort réussies. Toutefois, si sur la forme le film est une belle réussite, il ne faudra pas trop s'attarder sur le fond. En effet, les soldats surnaturels de OUTPOST semblent plus se plier aux règles d'un scénario cherchant un déroulement facile plutôt que de la logique. Ainsi, leurs aptitudes sont pour les moins floues et ce ne sont pas les révélations données au fur et à mesure que l'intrigue se déroule qui viendront l'expliquer. C'est d'autant plus gênant que ce souci scénaristique handicape un peu la «crédibilité» de l'ensemble particulièrement sur la fin où les facultés spectrales de nos morts-vivants sont totalement occultées. Ce n'est qu'un film traitant de super soldats nazis morts-vivants et il ne faut peut être pas, après tout, y chercher trop de logique. Surtout lorsque l'intrigue vient à nous parler de la théorie des champs unifiés tout en évoquant une légende urbaine qui sera traitée dans le film PHILADELPHIA EXPERIMENT. En adoptant un rythme soutenu ne laissant pas de place aux temps morts, OUTPOST est, en tout cas, une œuvrette fort sympathique dans son genre.
OUTPOST a été pensé pour le cinéma et cela se voit dès les premières images. Néanmoins, le métrage sera distribué directement en vidéo dans la plupart des pays. M6 Vidéo sort donc OUTPOST sans passer par l'exploitation en salles mais l'éditeur respecte en tout cas les qualités cinématographiques du métrage avec cette édition DVD. Le format large est respecté avec un transfert 16/9 plutôt solide. La photographie du film adopte des couleurs peu saturées à la manière de la plupart des films de guerre sorties ces dernières années. Un peu de grain finit de donner une image très «cinéma», donc bien plus classe que les pelloches tournées à destination de la vidéo. Des pistes en Dolby Digital 5.1 assurent elles aussi le spectaculaire de l'entreprise avec un rendu très efficace que ce soit pour la version originale anglaise accompagnée de sous-titrages ou bien le doublage français. Pour ceux qui ne sont pas équipés en 5.1, le disque propose aussi des pistes audio, dans les deux langues, en stéréo. Enfin, ce DVD est manifestement prévu pour être commercialisé sur le marché du Benelux puisque l'on nous demande de faire le choix entre le français et le néerlandais à l'insertion dans le lecteur.
La partie interactive est plutôt fournie mais risque de décevoir un tout petit peu. La partie la plus informative se trouve dans les interviews où se succèdent les producteurs, le réalisateur ainsi que quatre des acteurs du film. Cela ressemble plus à des interviews mises bout à bout sans véritable montage, donc l'EPK, plutôt qu'à un véritable travail éditorial. Du coup, certains acteurs rament un peu comme c'est le cas de Julian Wadham. Dans l'ensemble, ce sont d'ailleurs les acteurs qui ont le plus de mal et qui se bornent donc à nous expliquer leurs personnages ce qui s'avère en grande partie sans intérêt. Celui qui s'en sort le mieux, c'est Michael Smiley qui définit de manière fort amusante le genre de OUTPOST. Normal, contrairement à ses collègues, il est un habitué de la scène comique et est probablement plus à l'aise dans un contexte d'improvisation. Très inégales, ces interviews lâchent souvent les réponses des intervenants sans donner au préalable la question qui a dû être posée, ce qui est parfois assez déroutant. Les «Coulisses du tournage» n'ont rien d'un making-of puisqu'il s'agit, une fois de plus, de scènes de tournage mises bout à bout sans aucune explication. Les scènes alternatives ajoutent quelques détails aux personnages et situations. On y trouve aussi une fin alternative moins classique, et plus dans le ton du film, que celle utilisée dans le montage final. La bande-annonce vient clore une interactivité où il y a à boire et à manger et où ce sera au spectateur de faire le tri.