Header Critique : JACK L'EVENTREUR (JACK THE RIPPER)

Critique du film et du DVD Zone 2
JACK L'EVENTREUR 1988

JACK THE RIPPER 

Le quartier londonien de Whitechapel vient d'être le théâtre d'un meurtre atroce qui ne sera que le premier d'une sordide série. L'inspecteur Abberline et son ami le sergent Godley sont aussitôt mis sur l'affaire par les autorités de Scotland Yard. Malheureusement, les indices sont maigres et les suspects nombreux. Alors que l'enquête piétine, les assassinats de prostituées se poursuivent et la colère gronde chez les habitants du modeste quartier. L'inspecteur Abberline parviendra t'il à découvrir l'identité véritable de celui qui se fait appeler Jack l'éventreur ?

Nombreux sont les métrages fictionnels qui tentèrent d'imposer à l'écran leur vision du «premier» tueur en série de l'histoire. Passons tout d'abord outre les égarements temporels tels que le peu dynamique C'ETAIT DEMAIN et le profondément crétin LE RETOUR DE JACK L'EVENTREUR. De même, mettons de côté la superbe mais officieuse version d'Alfred Hitchcock (LES CHEVEUX D'OR en 1926), ses nombreuses déclinaisons (MEURTRES en 1932, JACK L'EVENTREUR en 1944 et L'ETRANGE MR. SLADE en 1953), la vision du bisseux Jesus Franco (JACK L'EVENTREUR en 1976) ainsi que le très recommandable LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR de 1971. Écartons enfin les non moins intéressantes aventures de Sherlock Holmes (SHERLOCK HOLMES CONTRE JACK L'EVENTREUR en 1965 et MEURTRE PAR DECRET en 1979) pour ne conserver finalement que les adaptations sérieuses et documentées de cette horrible vague de crimes… Et là, à notre grande surprise, il ne nous reste plus grand-chose ! Nous pourrons cependant nommer le FROM HELL des frères Hughes qui trouva le chemin des salles obscures en 2001. Bien qu'il s'agisse de l'adaptation d'une nouvelle graphique particulièrement passionnante et avisée, le film n'est en réalité qu'une «belle pelloche» privilégiant malheureusement la forme au détriment du fond. Pour un travail plus intéressant, il nous faudra donc revenir plusieurs décennies en arrière avec l'atmosphérique JACK L'EVENTREUR que nous offrirent Robert S. Baker et Monty Berman en 1958. Bien qu'imparfait et très libre, ce métrage dépeignait avec talent un Londres agonisant et victime de son clivage social. Par ce biais, le film nous apportait sa théorie quant à l'identité et aux motivations du tueur… Via son approche «sociologique» du problème, cette version apportait en quelques sortes les bases de ce qui reste aujourd'hui encore comme le meilleur «Jack l'éventreur» vu sur nos écrans : Le JACK L'EVENTREUR de David Wickes.

L'arrivée en 1988 sur les écrans de ce téléfilm en deux parties n'est bien évidemment pas due au hasard et célèbre de manière quelque peu morbide le centenaire des atrocités commises par Jack l'éventreur. L'occasion était trop belle et le producteur avisé David Wickes se lance alors dans l'aventure. En réalité, l'homme n'en est pas à son coup d'essai puisqu'en 1973, il met déjà en scène le spin-off «Jack the ripper» en six épisodes de la série britannique SOFTLY, SOFTLY. La tentative est intéressante mais nous ne sommes là que dans le cadre de la fiction et Wickes ne saurait s'en contenter. Il s'adjoint alors les services de l'artisan de talent qu'est Derek Marlowe, grand amoureux des affaires policières, scénariste de deux épisodes de la magnifique série LES AVENTURES DE SHERLOCK HOLMES et futur pilier de la série ARABESQUE. Ensemble, ils s'assurent le concours de Scotland Yard qui leur autorisera l'accès à leurs (maigres) archives. Ils bénéficieront en outre de tous les travaux de recherche déjà réalisés par différents journalistes et écrivains. Si la compilation de toutes ces informations n'aboutira bien évidemment pas à une véritable révélation concernant l'identité probable du tueur, elle permettra en revanche de récréer un récit authentique et particulièrement riche dans sa description des contextes sociaux, politiques et même médicaux. Cet audacieux script en main, Wickes parvient à faire financer son projet par les compagnies britanniques «Euston Films» et «Thames Television» qui s'associent pour l'occasion à l'américaine «Lorimar Television».

Tout aussi convaincu par la richesse du scénario, l'acteur Michael Caine répond présent alors qu'il n'avait plus œuvré pour le petit écran depuis presque vingt ans. L'homme hérite bien évidemment du rôle principal, celui de l'Inspecteur chef Abberline qui fût à l'époque le policier en charge de l'enquête sur les crimes de Whitechapel. Abberline nous sera ici dépeint comme un alcoolique notoire alors que FROM HELL préfèrera pour sa part en faire un toxicomane ! Aucun de ces faits n'est en réalité avéré mais qu'importe car JACK L'EVENTREUR ne fera qu'effleurer cette facette, bien vite oubliée en regard de la prestance et du charisme de son interprète. Michael Caine apportera en outre à son personnage une touche dramatique mais aussi un humour sobre des plus appréciables. L'interprétation s'avèrera bien évidemment irréprochable et le simple regard d'Abberline, chargé de larmes et découvrant un dernier cadavre, suffit à prendre conscience de l'immense talent de monsieur Caine, lequel sera du reste récompensé par un Golden Globe en 89. L'acteur sera par ailleurs entouré de comédiens particulièrement compétents parmi lesquels nous pourrons citer Jane Seymour (QUELQUE PART DANS LE TEMPS, DOCTEUR QUINN, FEMME MEDECIN), Armand Assante (PROPHECY, JUDGE DREDD) et Lewis Collins (l'excellente série LES PROFESSIONNELS) entres autres…

Si JACK L'EVENTREUR se paye donc le luxe d'une distribution sans faute, il fera de même en ce qui concerne l'équipe située derrière la caméra. La photographie sera ainsi l'œuvre de Alan Hume, lequel était déjà en charge de cette tâche sur une saison de la série CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, mais aussi sur LE RETOUR DU JEDI et trois «James Bond». C'est sans surprise donc que le téléfilm de David Wickes se pare d'un visuel des plus convaincants, reproduisant à merveille la moiteur et la crasse des ruelles de White Chapel. L'atmosphère humide et brumeuse de Londres est ici palpable et apporte indiscutablement sa pierre à l'élaboration d'une ambiance à couper au scalpel. Car loin des délires esthétisants de FROM HELL, ce JACK L'EVENTREUR propose avant tout une incursion réaliste dans une capitale britannique pour le moins sordide.

Le réalisme est aussi de la partie lorsqu'on évoque enfin la reconstitution des faits ainsi que l'évidente volonté de replacer le drame dans son contexte historique. La présence de personnages tels que l'anarchiste George Lusk et l'extralucide de la Reine attestent tous d'une volonté de coller «au plus près» aux faits, mais pas seulement. Ces éléments contribuent en effet à recréer le cadre sociopolitique de l'époque sans lequel cette page de l'histoire aurait peut être été différentes. L'empressement de la police à trouver des coupables, le soulèvement du peuple, les conflits communautaires, les menaces pesant sur la couronne et le rôle primordiale de la presse font ici partie intégrante du récit et, plus inédit encore, lui permette de progresser de manière fluide et construite. JACK L'EVENTREUR ne se contente donc pas de n'être que la simple retranscription d'un drame, il est avant tout la vision éclairée d'une époque durant laquelle se déroule une série de crimes. En cela, le téléfilm de David Wickes se montre en quelques sortes précurseur du fameux SUMMER OF SAM que réalisera Spike Lee plus de dix années plus tard...

Malgré le soin apporté à la reconstitution d'une sombre année de l'histoire londonienne, JACK L'EVENTREUR n'est bien évidemment pas exempt de «boulettes». Les connaisseurs relèveront ainsi quelques détails erronés, notamment en ce qui concerne la reconstitution des scènes de crimes. C'est cependant davantage la culture médicale et notamment psychiatrique qui semble avoir fait défaut aux deux scénaristes de l'œuvre. L'idée de vouloir attribuer une déficience mentale à l'éventreur est intéressante et le parallèle avec la pièce «Docteur Jekyll et Mister Hyde» (largement exploité dans DR JEKYLL ET MR HYDE en 1989) sont plutôt bien vus mais ils entraînent malheureusement quelques anachronismes dans les termes. Ainsi par exemple, l'appellation «démence précoce» est ici employée avec quelques années d'avance alors que l'usage du mot fourre-tout «psychopathe» (qui n'est aujourd'hui d'actualité qu'au cinéma) s'avère carrément prématurée de plusieurs décennies ! Qu'importe en réalité ces insignifiantes bévues car au final, ce JACK L'EVENTREUR propose l'une des visions les plus intéressantes et intelligentes de ce drame historique. Fort d'une durée supérieure à trois heures, le téléfilm prend grand soin d'offrir au spectateur de nombreuses informations, sans ennui ni redondance, et ce dans un écrin d'une qualité sans précédent. Cette version de 1988 s'impose donc sans mal comme celle qu'il convient de (re)découvrir et posséder dans sa DVDThèque.

Bien que diffusé en de nombreuses occasions à la télévision française sous le titre LA VERITABLE HISTOIRE DE JACK L'EVENTREUR, ce téléfilm en deux parties n'avait pas encore eu les honneurs d'une édition DVD francophone. Opening pallie ce manque en sortant une édition double DVD qui, bien qu'en demi-teinte, a de quoi susciter l'intérêt et motiver l'achat. Commençons donc par les choses qui fâchent en constatant que ces galettes ne comportent pas le moindre supplément. Les bonus présents sur l'édition anglaise n'ont pas fait le déplacement jusqu'à chez nous et nous perdons ainsi un commentaire audio, des scènes coupées et quelques autres babioles. Les amoureux du film ne pourront bien évidemment que déplorer ces disparitions dommageables. Rappelons, histoire d'enfoncer le clou, que quatre fins distinctes ont été tournées dans le but de préserver l'identité du tueur telle qu'elle fût imaginée par les scénaristes. Malheureusement et comme vous l'aurez compris, il est donc inutile d'espérer trouver ces dénouements alternatif sur l'édition Opening...

Reste qu'à côté de cela, l'éditeur Français fait fort bien les choses en proposant tout d'abord le téléfilm sur deux disques séparés. L'oeuvre de David Wickes ayant été conçu en deux épisodes, ce découpage s'avère parfaitement logique et évite d'avoir à stocker plus de heures de métrage sur un seul DVD... Voilà qui nous mène directement à une seconde bonne surprise : l'image. D'une qualité très appréciable, celle-ci nous est proposée au ratio 1.33 d'origine via un encodage efficace. L'information est d'importance puisque l'éditeur anglais Anchor Bay avait pour sa part jugé bon de recadrer (violemment) l'image d'origine pour obtenir un ratio 1.78 sans doute jugé «plus prestigieux». Les connaisseurs ne s'y tromperont pas et salueront le choix d'Opening qui offre ainsi un travail respectueux en ne jetant pas, contrairement à son confrère d'outre-atlantique, plus de 30% d'image à la poubelle. Ajoutons que si la copie n'est pas exempte de défauts de pellicule, elle s'avère globalement propre et dispose en outre d'une définition plus qu'honnête. Les couleurs sont pour leurs parts convaincantes et rendent justice à la photographie contrastées de ce JACK L'EVENTREUR. Le prélude au deuxième épisode, qui n'est en fait qu'un flashback récapitulatif de quelques secondes, est en revanche présenté dans une qualité très inférieure au reste du film. Malgré ce point de détail, il est appréciable de constater que l'éditeur l'a tout de même proposé, restituant ainsi le mode de diffusion des chaînes télévisées. Dans le même ordre d'idée, les génériques de début et de fin se retrouvent sur les deux épisodes.

Sur le plan sonore, là encore, Opening remplit pleinement son contrat en nous offrant, au choix, la piste anglaise d'origine ou le doublage français. La logique veut bien évidemment que l'on opte pour la première mais force est de constater que la seconde est de qualité et peut s'écouter sans peine. Si vous optez pour l'anglais, sachez que vous serez secondé par un sous-titrage clair et très correct. Petit bémol toutefois, celui-ci est inamovible. Terminons en mentionnant que les deux options sonores sont proposées via un encodage en Dolby Digital 2.0 des plus limpides. Les voix sont parfaitement claires et la partition de John Cameron en sort indiscutablement grandie. En fait, sans cette regrettable absence de bonus, Opening aurait sans aucun doute réussi l'édition idéale...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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On aime
La qualité globale de ce téléfilm
Michael Caine
La copie sur deux disques et au format respecté
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L'absence totale de bonus
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L'édition vidéo
JACK THE RIPPER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
3h09
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
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