Après la mort de son mari et faute d'argent, Karen Tunny et ses deux filles vont s'installer dans une vieille maison isolée qui s'avère être leur dernier bien. Elles vont y découvrir un horrible secret enfoui dans une mine non loin de là…
Au début de sa production, ZOMBIES était titré ZOMBIES. Cela peut paraître un peu incongru de le préciser mais il s'avère que le film a changé de titre en cours de route. Ainsi, ZOMBIES est devenu WICKED LITTLE THINGS. Le plus curieux étant bien évidemment que le métrage arrive en France sur le marché de la vidéo en reprenant un titre finalement abandonné par ses créateurs. Mais, à vrai dire, il n'y a pas que le titre qui est resté sur le bord de la route lorsque la production s'est mise en marche. Petite production initiée par le producteur Boaz Davidson pour le compte de Nu Image, ZOMBIES devait suivre des mineurs coincés après un effondrement et leurs errances souterraines pour retrouver la sortie. Très vite, cette idée suivant quelque peu les ingrédients de THE DESCENT est laissée de côté et de nouvelles idées viennent se greffer sur une histoire qui conservera en toile de fond son décorum minier. Tobe Hooper qui a déjà bossé pour Nu Image et Boaz Davidson doit réaliser le film et, à cet effet, des affiches de pré-production sont confectionnées. Mais le cinéaste texan lâche l'affaire en préférant aller s'occuper d'autres choses. Les deux scénaristes, proche de Tobe Hooper, qui auraient dû travailler le script, Jace Anderson et Adam Gierasch, en profitent pour quitter le navire. Finalement, le film va être confié à J.S. Cardone. Discret, le cinéaste a tout de même une longue carrière derrière lui bien que la plupart des films auquel il a touché n'ont rien d'exceptionnels : THE SLAYER, LES VAMPIRES DU DESERT et même le très mauvais 8MM 2. Autant dire qu'aux vues de sa genèse, WICKED LITTLE THINGS ou ZOMBIES, c'est selon, n'a rien de très engageant… Et pourtant, il faut se méfier des apparences !
L'histoire de ZOMBIES se déroule dans un coin reculé de la Pennsylvanie. Donc, la production plie bagage et va tourner le film en Bulgarie. La pratique est courante et permet d'économiser sur le budget. Une grande partie de l'équipe est donc originaire des pays de l'est à l'exception des acteurs principaux, du réalisateur ou du compositeur. Les techniciens locaux ne sont pas pour autant des cinéastes au rabais. Avec ZOMBIES, cela s'avère d'ailleurs carrément flagrant puisque le film propose une mise en image soignée qui est l'une des qualités du métrage de J.S. Cardone. Les séquences nocturnes en sous-bois sont particulièrement réussies et donnent une véritable ambiance inquiétante qui rapprocherait le film du FOG de John Carpenter. L'histoire n'est d'ailleurs pas si éloignée puisque l'on y suit des spectres qui hantent les lieux en attendant d'assouvir une vieille vengeance. Honnêtement, ce type d'intrigue n'a rien d'extraordinaire et s'avère même très commune au sein du cinéma d'horreur. Sur cette histoire banale, ZOMBIES suit toutefois un scénario plutôt bien vu et aux idées parfois bizarres. Mais ces ajouts étranges renforcent le récit avec par exemple le détournement d'un détail de l'une des plaies d'Egypte de l'Ancien Testament ou en s'inspirant visuellement de CARRIE pour une courte séquence. D'ailleurs, le cinéaste se permet quelques autres clins d'oeil ou emprunt à d'autres films du registre Fantastique par exemple lors d'un plan qui renvoie à L'AUTRE de Robert Mulligan. Toutefois, il reste un détail un peu hors sujet au sein du film et qui est probablement l'un des derniers vestiges d'une production qui a mis du temps à se trouver. En effet, si l'histoire évoque des «zombies», comme le titre du film, les créatures sont très éloignées des morts-vivants habituels. A l'écran, il est même difficile de placer une étiquette sur ce qui pourrait être tout autant des fantômes. Seul détail qui leur donne une existence plus tangible que celle des spectres, les êtres qui rodent dans la forêt dévorent littéralement leurs victimes. Ce qui nous vaut quelques festins assez sanglants alors que les «zombies» sont tous des enfants.
Si ZOMBIES fonctionne aussi bien sur le plan de l'horreur, c'est peut être surtout parce qu'il développe particulièrement bien ses personnages. Outre les enfants, très inquiétant particulièrement lors d'une attaque de voiture, l'histoire réussit à ménager quelques passages très émouvants entre l'héroïne principale et ses deux enfants. Il est d'ailleurs intéressant de noter que Tobe Hooper va carrément louper un film sur le même principe avec MORTUARY où l'on trouvait donc une veuve s'installant dans un lieu isolé en compagnie de ses deux enfants. Du coup, on peut être assez soulagé que le cinéaste n'ait finalement pas plombé ZOMBIES en abandonnant le projet. Cependant, ZOMBIES n'est pas non plus un métrage parfait, il comporte quelques passages inégaux ou des rebondissements parfois très prévisibles. Pour donner corps aux personnages, on trouve en vedette Lori Heuring, qui a déjà bossé à plusieurs reprises pour J.S. Cardone, mais aussi deux acteurs qui ont un peu plus bourlinguer. C'est le cas de Geoffrey Lewis qui joue un petit rôle mais surtout de Ben Cross interprétant ici un autochtone particulièrement inquiétant. Les enfants revenus d'entre les morts sont, quant à eux, issus des pays de l'Est et sont tour à tour extrêmement inquiétants ou parfois un peu anecdotiques en fonction des plans. Il n'en reste pas moins qu'au final, ZOMBIES est un petit film d'horreur particulièrement bien troussé et doté d'une véritable ambiance ce qui est plutôt surprenant de la part de Nu Image. D'ailleurs, film sera finalement pris sous l'aile de Millenium Films, soit la version "classe" de Nu Image.
Le DVD de ZOMBIES commercialisé par Metropolitan en France est d'excellente qualité. Le transfert de l'image en 16/9 et au format ne comporte pas de véritable défaut. Il retranscrit à merveille les ambiances nocturnes et étranges du film au travers d'une belle photographie. Des pistes en Dolby Digital 5.1 sont disponibles pour la version originale anglaise et le doublage français. De bonne facture, elles aussi, ces bandes-son accompagnent les images merveilleusement bien en alternant silence et passages plus énervés. Comme d'habitude chez l'éditeur, un sous-titrage français optionnel est disponible.
Les suppléments se composent d'un making-of pas vraiment intéressant. Il a toutefois le mérite sans évoquer clairement le tournage en Bulgarie de mettre en avant le directeur de la photo ou le travail des enfants. Pour le reste, si les interviews sont plutôt sympathiques, on reste tout de même au niveau du documentaire promotionnel. Du coup, il est donc évident que toute la préproduction un peu hasardeuse n'est en rien évoqué dans ce supplément où tout s'est finalement déroulé pour le mieux ou presque. La galerie de photos contient une vingtaine de clichés mais aucun visuel promotionnel tel que les affiches. Enfin, on trouve un grand nombre de bandes-annonces à côté de celle de ZOMBIES ce qui permet de découvrir que Metropolitan sortira dans un avenir plus ou moins proche le bourrin LES CONDAMNES.