Pendant le carnaval du Mardi Gras de la Nouvelle Orléans, Ben n'a pas le cœur à rire puisqu'il vient d'être plaqué par sa copine. N'ayant donc pas réellement envie de participer à la fête, il décide d'embarquer pour une croisière hantée dans les marais de la Louisiane. Cette excursion organisée emmène un petit groupe de touristes sur une barcasse pour une croisière nocturne qui leur sera fatale ! En effet, ils vont croiser le chemin de Victor Crowley qui hante les bayous depuis sa mort présumée remontant à plusieurs années…
Chanteur pour un groupe de métal ou bien comique sur scène, Adam Green a toujours fait preuve d'une grande activité. Mais c'est le monde du cinéma qui va lui apporter une «renommée mondiale». Comme d'autres, il va débuter en réalisant des publicités ce qui va lui donner l'opportunité de faire un premier court-métrage. Ensuite, il va se mettre lui-même en scène dans son premier long-métrage qu'il va écrire, produire et réaliser, COFFEE & DONUTS. Cette comédie sera remarquée et Disney en achètera les droits pour produire une série télévisée qui ne verra finalement jamais le jour. C'est à ce moment que le cinéaste écrit le scénario de HATCHET qui sera nommé, par le pouvoir mystérieux de la traduction anglo-française, en BUTCHER lors de sa sortie en vidéo dans nos contrées. Mais aucun studio n'a l'envie de prendre le film sous son aile. Ces refus, Adam Green ne les accepte pas et il décide finalement de produire lui-même HATCHET grâce à sa propre maison de production, Ariescope Pictures. Il rencontrera par la suite d'autres professionnels qui feront preuve d'un certain pessimisme quant à la viabilité du film. Donc, HATCHET est un film qui n'aurait pas pu être produit, dont les Festivals ne veulent pas et qui ne sortirait jamais au cinéma. Evidemment, le métrage d'Adam Green va aller contre toutes les prédictions faites au cinéaste tout au long de sa production.
Avec un budget tournant autour du million de dollars, HATCHET fait partie des petites productions horrifiques indépendantes. Néanmoins, à l'écran, le film ne donne jamais véritablement cette impression. En effet, l'écriture a été travaillée et nous sommes assez vite embarqué dans un récit sans véritable temps mort en compagnie de personnages attachants. Le cinéaste va d'ailleurs puiser dans ses souvenirs. Ainsi, la séquence avec Tony Todd est directement inspirée d'une anecdote qui est arrivé réellement à Adam Green lors d'une virée à la Nouvelle Orléans. Cette courte séquence n'est pas spécialement indispensable au film mais révèle assez bien les qualités d'écriture du film. HATCHET réussit sans cesse à créer la surprise ou à provoquer des rebondissements en suivant une mécanique parfaitement huilée. De plus, le film nage un peu à contre courant de la production horrifique actuelle. La mode est au durcissement des intrigues en refusant assez souvent l'humour. Le film d'Adam Green n'a de toutes façons pas l'ambition de suivre les recettes du moment. Lors de son passage dans les festivals, HATCHET arborait sur ses affiches une accroche éloquente : «It's not a remake, it's not a sequel, and it's not based on a Japanese one. Old school American horror.» («Ce n'est pas un remake, ce n'est pas une suite et ce n'est pas basé sur un film japonais. De l'horreur américaine à l'ancienne.»). «Old school» car Adam Green se souvient surtout des croquemitaines des années 80 qui savaient souvent manier autant les effets gores que les passages comiques. Si la vision de HATCHET laisse à penser que le cinéaste s'est essentiellement inspiré des slashers, ce n'est pas entièrement vrai. En fait, Adam Green avoue qu'il a essayé de refaire un métrage dans la même veine que LE LOUP-GAROU DE LONDRES de John Landis. Ici, les situations ou répliques humoristiques côtoient l'horreur de façon très homogène sans se parasiter. Du coup, HATCHET est une œuvre aussi «fun» que respectueuse du genre. Evidemment, le film est directement affilié au slashers de par son sujet. L'intrigue prend place dans un cadre particulier de l'année comme les VENDREDI 13, MEURTRES A LA SAINT VALENTIN ou encore HALLOWEEN. Son «monstre», Victor Crowley, est un rejeton défiguré (VENDREDI 13) mais aussi brûlé vif suite à une mauvaise blague comme dans CARNAGE. Ce dernier fait partie des slashers les plus sanglants produits à la grande époque du genre. Et justement, HATCHET ne lésine pas, lui non plus, en matière de violence visuelle. Le film nous permet ainsi de découvrir quelques très spectaculaires découpages sanglants, du gore bon enfant mais qui tâche comme il se doit ! Les fans apprécieront mais la MPAA a trouvé la chose moins à son goût. Adam Green va ainsi connaître des démêlés avec le système de classification américain qui le mèneront à opérer quelques coupes pour son exploitation dans les salles. Evidemment, lors de sa sortie en vidéo, le film a retrouvé l'intégralité de son montage !
A l'affiche de HATCHET, on trouve plusieurs noms connus dans le registre du cinéma horrifique. Pour deux d'entre eux, il s'agit toutefois de courtes apparitions. Robert Englund et Tony Todd n'ont pas de grands rôles déterminants dans l'intrigue. Par contre, Kane Hodder incarne deux rôles bien plus importants puisqu'il interprète le fameux croquemitaine de l'histoire mais aussi son père. L'intrigue nous mène d'ailleurs à revivre le passé historique de la famille Crowley dans un segment du film fort réussi en terme d'émotions qui n'ont finalement rien à voir avec l'horreur ou la comédie. Le reste de la distribution n'est pas en reste même s'ils sont largement moins renommés. Joel Moore est carrément parfait en interprétant le héros. Le duo qu'il forme avec Deon Richmond fonctionne d'ailleurs à merveille, ce dernier incarnant son meilleur pote. Le couple de sexagénaire, Patrika Darbo et Richard Riehle, assurent complètement et il serait possible de tous les citer tant ils réussissent à rendre crédible les personnages caricaturaux créés par Adam Green. Un autre nom mérite d'être cité même si celui-ci n'apparaît que très rapidement à l'image. C'est celui de John Carl Buechler, spécialiste des effets spéciaux et réalisateur, entre autres, de TROLL et VENDREDI 13 CHAPITRE 7 : UN NOUVEAU DEFI. Il s'est donné à cœur joie d'éliminer une grande partie des acteurs du film de façon aussi impressionnante que violente, comme nous l'avons déjà évoqué auparavant.
HATCHET a connu les honneurs d'une sortie, de façon limitée, dans les salles américaines. En France, ce ne sera pas le cas puisque le film sort donc directement en vidéo sous le titre de BUTCHER. Curieux puisque certains métrages distribués dans nos salles sont parfois bien moins probants que cette petite perle. Car ce film est pour le moins bien fagoté dans son genre et donne un peu d'air frais dans une production horrifique de plus en plus morose dans son envie de pousser l'extrême dans ses derniers et futiles retranchements. Pas vraiment original mais sans autres ambitions que nous présenter un spectacle mitonné avec amour, HATCHET est une série B qui s'assume pleinement et qui donne, à l'arrivée, une totale satisfaction malgré un épilogue aussi brutal que surprenant.
Europa Corp sort BUTCHER en DVD en faisant très bien les choses pour la partie audio/vidéo. Le film est présenté avec un transfert 16/9 au format. Rien à redire, le boulot est plutôt bien fait et permet de goûter sans anicroches aux débordements sanglants du film. La sonorisation n'est pas en reste avec des pistes Dolby Digital 5.1 très agréables. Que ce soit pour la version anglaise sous-titrée ou bien le doublage français, elles sont accompagnées aussi de version en simple stéréo pour ceux qui n'ont pas d'amplificateurs audio/vidéo.
Par contre, du côté des suppléments, petite déception puisque cette édition française en DVD a laissé de côté quelques-uns uns des suppléments existants. Nous ne retrouverons pas le commentaire audio du réalisateur, du directeur de la photographie et des acteurs pas plus que la bande-annonce originale du film ! Tout le reste a été heureusement conservé. En effet, la plupart des petits documentaires respirent la passion et la bonne humeur. Ainsi, le making-of du film, titré ici «Dans les coulisses de la boucherie», dresse un portrait particulièrement sympathique du cinéaste et de toute l'équipe du film. Mais on découvre également une édifiante histoire qui débute lorsque Adam Green a huit ans et qu'il va se lier au chanteur Dee Snider du groupe Twisted Sisters. Cette histoire vraie et très optimiste est racontée dans son propre supplément, «Histoire à rebondissement», qui devrait toucher de manière inattendue les fans de ce groupe de rock très mésestimé. Bien sûr, les effets spéciaux ne sont pas en reste avec un module entièrement dédié aux séquences sanglantes et un autre qui explique de quelle façon, et sans astuce numérique, on peut en un seul plan arracher la tête d'une actrice. Jamais ennuyeux, la vision de ces petits documentaires fait encore plus regretter l'absence du commentaire audio.
Un bêtisier vient clôre les suppléments dédiés au film. Pas vraiment désopilant, les documentaires proposent d'ailleurs des passages parfois largement plus amusant. Enfin, il est à noter qu'il y a trois bandes-annonces pour d'autres films distribués par Europa Corp. Les trois films paraissent un peu à côté de la plaque par rapport à BUTCHER puisqu'il s'agit de UN CHATEAU EN ESPAGNE, SAGAN et SOYEZ SYMPA, REMBOBINEZ. Mais, après tout, pourquoi pas puisque les amoureux du Cinéma Fantastique et de l'horreur sont, de toutes façons, passionnés de cinéma tout court ! En tout cas, ces trois bandes-annonces sont visibles à l'insertion du DVD mais n'apparaissent plus ensuite dans les menus.