Réveillé à 6h du matin par un soleil aveuglant, Zac (le fabuleux Bruno Lawrence, également co-auteur du scénario) un scientifique travaillant pour la Delenko Corporation, doit faire face à une réalité aussi choquante qu'incroyable : toute trace de vie dans le monde qui l'entoure semble avoir disparu. La ville est déserte et, plus surprenant encore, les habitants paraissent s'être volatilisés au beau milieu de leurs occupations les plus routinières. L'incompréhension fait vite place à la panique quand, arrivé au laboratoire Delenko, Zac comprend que la cause de cet extraordinaire événement serait une mystérieuse expérience menée au sein même de l'entreprise : l'opération «Flashlight».
Véritable robinson de l'apocalypse, Zac va errer dans la ville, passant par palier de la prostration au bord extrême de la folie, broyé par l'assourdissant et épouvantable silence dans lequel le monde qu'il a connu jadis semble s'être figé pour l'éternité.
Présenté au Festival d'Avoriaz en 1985, THE QUIET EARTH ne ramassera pas la moindre mention, alors que le vilain DREAM LOVER d'Alan J. Pakula se verra attribuer un Grand Prix des plus contestés. Le film se rattache à une veine très particulière du cinéma d'anticipation, apparue tout d'abord au plus fort de la guerre froide, quand la peur d'un affrontement nucléaire entre les deux super-puissances vit déferler une première salve de films dépeignant les conséquences d'un tel conflit. CINQ SURVIVANTS ou encore DAY THE WORLD ENDED offraient tous deux des variantes sur le sujet illustrant les réactions d'une petite poignée de protagonistes face aux conséquences d'un armageddon atomique. A ces petites productions aux budgets anémiques répondirent des oeuvres nettement plus ambitieuses comme LE DERNIER RIVAGE de Stanley Kramer ou LE MONDE, LA CHAIR ET LE DIABLE de Ranald MacDougall.
C'est justement à ce dernier que THE QUIET EARTH de Geoff Murphy pourrait se rattacher le plus étroitement. Dans les deux cas, c'est de l'absence de toute forme de vie dans un environnement des plus quotidiens que naît l'angoisse. Les deux œuvres font également se rencontrer un groupe de survivants dans la même proportion en genre, nombre et mixité ethnique. On pourrait même ajouter que ces deux films partagent les mêmes faiblesses.
En effet, après une première partie absolument fulgurante où l'on reste sidéré par l'excellence de l'interprétation de Bruno Lawrence, le sens des décors et de la composition de l'image de Geoff Murphy le film prend un tour beaucoup plus banal dès lors que notre survivant rencontre deux autres rescapés (Alison Routledge et Pete Smith). Le récit se fait alors plus classique, voire plus plat et cela patine un peu. Au surréalisme délirant des séquences du début - tel ce discours de Zac au balcon d'une maison victorienne, face à un public de silhouettes de carton à l'effigie d'Hitler, de Jean-Paul II ou d'Alfred Hitchcock ! - succèdent des scènes beaucoup plus banales et bavardes entre les trois personnages. A vouloir expliquer les causes de la catastrophes, le film perd alors de son mystère, et l'ennui n'est pas loin. Mais Geoff Murphy reprend les rênes de son récit dans la dernière ligne droite et finit l'œuvre sur une pirouette scénaristique et un plan final qui, s'ils peuvent laisser insatisfait sur le plan narratif, n'en sont pas moins envoûtants et inoubliables.
Produit dans les années qui suivirent l'invasion de l'URSS en Afghanistan, entraînant un durcissement dans les rapport Est/Ouest, une nouvelle vague de films dépeignant de façon effroyablement réaliste le jour de l'apocalypse (courant où s'illustrent LE JOUR D'APRES de Nicholas Meyer, THREAD, un téléfilm de la BBC, ainsi que le film d'animation WHEN THE WIND BLOWS de Jimmy T. Murakami) THE QUIET EARTH se détache de cette veine par son approche résolument anti-spectaculaire. Pas de champignon atomique ni de destruction spectaculaire ici, puisque le film rappelle plutôt l'absurdité glaçante de l'univers théâtral de Samuel Beckett. Et si le reste du métrage n'arrive pas à tenir la longueur, il n'en reste pas moins une œuvre attachante et le plus souvent fascinante.
Malgré son cachet indubitablement «culte», THE QUIET EARTH n'a jusqu'ici connu que des éditions d'une indigence crasse. Celle dont il est question en ces lignes ne dérogera hélas pas à la règle ! Outre le recadrage de l'image, on ne trouvera pas le moindre sous-titre ni choix de langues, sans même parler d'un quelconque bonus. On ne s'étendra pas non plus sur la laideur des menus, et le fait que le film ne soit découpé qu'en huit chapitres.
Faute de mieux en Zone 2, ce DVD n'en reste pas moins une bonne occasion de découvrir ce presque chef d'œuvre d'un cinéaste qui n'a, depuis, pas vraiment été gâté (FREEJACK, FORTRESS 2 et autres joyeusetés du même tonneau !) par ses choix artistiques ! Toutefois, ceux qui ne rechignent pas à jeter un oeil du côté des Etats-Unis seront un peu mieux servis puisque Anchor Bay a sorti le film dans un transfert 16/9 et pourvu d'un commentaire audio...