Une fête de nouvel an bat son plein dans un immeuble désaffecté. Certains invités reçoivent soudain une invitation par texto pour rejoindre une autre fête quelques étages plus bas et s'y rendent par curiosité. Mais c'est surtout leur hôte qui veut s'amuser en leur proposant un jeu de piste qui s'avère forcément fatal…
Après avoir commis BLOOD TRAILS – petit film à l'idée de départ originale pour un résultat final décevant – son équipe de production allemande s'est attelé à ce STEEL TRAP, une sorte de «Slasher néo-giallo». Réalisé par Luis Camara pour qui c'est le premier long métrage après deux courts, le film reprend tous les ingrédients du genre – sexe, drogues, alcool – sans oublier les personnages insipides. Certes, ici ce ne sont pas des adolescents qui vont payer pour leurs péchés mais des adultes à peine plus évolués. Parmi eux, une star du rock, un couple en guerre de jalousie éternelle, une présentatrice d'émission télé, une productrice télé zélée et les célibataires endurcis habituels.
Tout ce petit monde se rend donc à la fête organisée en leur honneur mais sont accueillis assez fraîchement par des cartons à leur nom portant également un sobriquet insultant. Les hostilités sont désormais aussi ouvertes que la chasse. Bien que les acteurs ne soient pas très bons et qu'ils débitent des dialogues stupides sans la moindre once d'émotion, ce qui commence à la façon d'un Slasher basique et soporifique va petit à petit s'avérer aussi amusant que plaisant à suivre. Les combats de coq entre mâles shootés au testostérone seront sources de conflit perpétuels entre tout le monde et la tension s'installe graduellement tandis que les meurtres s'enchaînent de la main sadique d'un tueur masqué très créatif.
Evidemment, tout ça sent le déjà vu. Un lieu fermé d'où aucune sortie n'est possible, un tueur anonyme qui semble tout savoir sur des gens qui, de prime abord, ne se connaissent pas entre eux, un jeu mortel… Nul besoin de citer la référence première de STEEL TRAP mais ne lui jetons pas la pierre trop vite car le métrage est bien plus réussi que d'autres ersatz de récente mémoire. La réalisation de Luis Camara est impeccable et propose sans cesse de fort jolies images aux compositions simples et graphiques, soulignées par une palette de couleurs vives. L'ambiance est tendue et nerveuse et Camara exploite à merveille toutes les possibilités visuelles et scénaristiques que lui offre l'immeuble. Sa caméra nous invite donc à le suivre dans des pièces immenses et vides tout en haut de l'immeuble pour ensuite descendre au sous-sol en passant par les cuisines et les ascenseurs, le tout sous l'œil vigilant des caméras de surveillance.
Visuellement, STEEL TRAP présente quelques similitudes avec le giallo et en particulier au niveau des meurtres. Grâce à un éclairage recherché et des mises à mort filmées en très gros plan, on est sans cesse renvoyé vers l'esthétisme épuré de certaines œuvres transalpines sans pour autant atteindre le même niveau d'élégance ou de génie des maîtres du genre. Car en dépit de ses évidentes qualités, STEEL TRAP reste ce qu'il est, une histoire simpliste dont la révélation finale manque autant de surprise que d'originalité. On peut également lui reprocher un rythme maladroit où les meurtres du début ne sont pas assez espacés, induisant alors le sentiment que cela tourne un peu en rond par la suite. Et dans la deuxième partie où les survivants sont drogués alors qu'une seule femme reste éveillée, Luis Camara avait une occasion en or d'augmenter la tension en lui donnant la chasse et en brouillant les pistes. Mais au lieu de cela, les autres protagonistes se réveillent et recommencent à se disputer et on en revient au point de départ.
Bien que cette production soit allemande, la production a dès le départ des visées internationales puisque le film est tourné en langue anglaise. Dans la même optique, les acteurs ont donc été choisis parmi un vivier de comédies issus principalement de la télévision britannique. Le personnage de Kathy est incarné par Georgia Mackenzie, une actrice britannique qui est également apparue dans l'excellent et méconnu THE KOVAK BOX. C'est la seule à être vraiment convaincante dans un rôle qu'elle occupe avec naturel alors qu'à ses côtés, aucun autre participant ne s'illustre vraiment par un jeu soit paresseux soit exagéré. Les faux suspects sonnent justement trop faux pour être crédibles mais en défense de Luis Camara, le réel vilain de l'histoire n'est pas prévisible dès le départ.
Il n'existe plus d'histoires originales, seulement des façons originales d'illustrer les histoires déjà existantes. Nul besoin de chercher à révolutionner un genre pour avoir un résultat plaisant et Luis Camara le prouve avec ce STEEL TRAP où il se contente de faire de son mieux avec du «vieux». Mais il le fait très bien et espérons qu'il cache encore de bonnes petites surprises dans ses tiroirs pour l'avenir.
Pour votre plaisir auditif sur cette édition DVD publiée par Free Dolphin, les pistes sonores, en anglais sous-titré français ou en doublage français, sont toutes deux encodées en un 5.1 plutôt efficace. La version originale est à préférer au doublage qui accentue malheureusement l'ineptie du jeu d'acteur et des dialogues.
L'image vous est présentée dans son format 1.77 d'origine compatible 16/9. Elle est de très bonne qualité et son aspect légèrement granuleux profite aux scènes de meurtre. Les noirs sont profonds, les contrastes restent nets et la palette de couleurs restreinte fait vivement ressortir les touches de couleurs primaires qui viennent rehausser l'impact de certaines scènes.
En guise de suppléments, l'éditeur vous propose déjà la bande annonce du film mais surtout un long Making Of d'une quarantaine de minutes, présenté par Luis Camara et qui s'avère être l'un des meilleurs qu'il nous ait été donné de voir. Le module couvre tous les aspects de la production en commençant par la genèse du projet, la recherche du lieu et les besoins de réécriture imposés par le vrai immeuble abandonné et qui n'avait pas été chauffé depuis quatre ans. Le réalisateur et les producteurs évoquent le casting, leurs ambitions pour le projet et un long passage est consacré aux très bons effets spéciaux alors que nous assistons à la préparation ainsi qu'au tournage de plusieurs de ces scènes. Le module se termine sur la fête de fin de tournage où Camara se revêt d'un costume de singe sous les applaudissements ravis de toute l'équipe.