Depuis des siècles, les loups-garous nord-américains s'affrontent. Les uns refusent cet héritage bestial alors que les autres laissent libre cours à leurs instincts en dévorant les êtres humains. Une légende annonce l'arrivée d'un enfant qui mettra un terme à la malédiction. Evidemment, les vilains loups assoiffés de sang n'ont aucune envie de redevenir des moutons et ils traquent l'enfant légendaire…
Avant que la production de SKINWALKERS ne débute dans le courant de l'année 2005, le scénario va traîner durant plusieurs années. Les scénaristes à l'origine du concept font tourner leur projet de film sans succès jusqu'à ce qu'ils le présentent à James Isaac. Le réalisateur est emballé par cette histoire de loup-garou et contacte Dennis Berardi, le créateur du studio canadien d'effets spéciaux numérique Mr. X, avec qui il a travaillé sur JASON X (et auparavant sur des films de Cronenberg). Séduit par le scénario, Dennis Berardi s'associe à James Isaac en vue de produire le film. A cet effet, les deux cinéastes forment Red Moon Films et démarchent leur contact. Si l'enthousiasme des scénaristes, du producteur et du réalisateur sont au rendez-vous, il leur faudra plusieurs années avant de réussir à trouver le financement nécessaire à la création du film. Ce sera par l'entremise de Mr. X que le projet va décoller puisque Dennis Berardi va superviser les effets numériques de DETOUR MORTEL où il rencontrera le producteur Robert Kulzer et Stan Winston. Il s'assure ainsi le vague soutien de deux personnalités très satisfaites par le travail numérique livré par Mr. X. La suite est du même genre puisque c'est en faisant les effets spéciaux numériques de RESIDENT EVIL : APOCALYPSE que Dennis Berardi réussi à mettre dans sa poche les Allemands de Constantin Films. Avec le soutien des Européens, tout va s'accélérer, ou presque, puisqu'il ne restera plus qu'à entrer de nouveau en contact avec Robert Kulzer qui acceptera de prendre le projet sous son aile. Fort de toutes ces recommandations, Lions Gate accepte de financer en partie le projet donnant à SKINWALKERS le statut de coproduction américano-allemande.
Avec un budget d'environ 25 millions de dollars, le tournage va donc débuter au Canada avec un casting relativement honnête. A l'époque, Rhona Mitra est surtout connue des joueurs de jeux vidéo puisqu'elle fut le premier modèle choisi par Eidos pour représenter, en vraie, le personnage féminin de Tomb Raider. L'actrice n'a jamais participé à la création des jeux vidéos et ne tiendra ce rôle de représentation public (salon, séance photos et interviews) durant un peu moins d'un an avant d'être mise à la porte par Eidos qui la remplacera par un autre modèle. Au cinéma, l'actrice se plantera en interprétant l'un des rôles principaux de BEOWULF, en compagnie de Christophe Lambert, et jouera dès lors surtout des personnages secondaires. Dans SKINWALKERS, elle trouve un rôle plutôt important avant de connaître une certaine consécration avec le DOOMSDAY de Neil Marshall. A ses côtés, on trouve Elias Koteas qui a une solide carrière dans le domaine des seconds rôles. On aura pu le voir chez David Cronenberg (CRASH), Andrew Niccol (GATTACA) ou encore dans l'un des rôles récurrents des adaptations «live» des TORTUES NINJA. Du côté des vilains, Kim Coates fait partie de ces seconds couteaux que l'on reconnaît tout de suite. Natassia Malthe joue les vilaines garou sexy et elle jouera par la suite dans deux adaptations de jeux vidéo (DOA : DEAD OR ALIVE et BLOODRAYNE 2). Enfin, un choix assez surprenant est fait concernant le choix de Jason Behr. Le jeune acteur est jusqu'ici connu pour interpréter des personnages sympathiques, comme dans D-WAR tourné après, et il s'impose ici comme le grand méchant loup de l'histoire. Et pour préparer ce rôle bestial, l'acteur a d'ailleurs suivi un entraînement musclé avec Kim Coates devenu l'un de ses meilleurs amis sur le tournage. Plus amusant, les deux acteurs vont faire des recherches sur les loups pour interpréter leurs personnages respectifs. Pour cela, ils vont se rendre ensemble au zoo de Toronto histoire de voir évoluer de véritable loup ! Anecdote plutôt amusante puisque ce travail de recherches n'a probablement aucun impact à l'écran pour ce qui n'est rien d'autre qu'une bonne grosse série B.
Gros malentendu avec SKINWALKERS qui s'avère être un produit en décalage avec son époque. Si les auteurs d'origine voulaient retranscrire une légende amérindienne, le résultat à l'écran n'est qu'un prétexte à l'action. A cet effet, il est impossible de ne pas reconnaître, dans cette histoire de loup-garou, une très grosse influence de TERMINATOR 2. Le scénario des deux films partage ainsi d'étranges points communs. On y retrouve donc un jeune garçon que sa mère défend à tout prix contre des agresseurs surhumains voulant l'éliminer pour assurer leur futur. Il apparaît d'ailleurs assez amusant de confronter certains lieux du film de James Cameron avec celui de James Isaac. Outre une fusillade dans un hôpital, le final se déroule dans une aciérie désaffectée où s'affronte donc deux combattants de même nature (ici des loups-garous contre les robots dans TERMINATOR 2). Avec une telle parenté au-dessus de la tête, il ne faut donc pas s'attendre à voir débouler le renouveau du film de loup-garou. Cependant, SKINWALKERS offre tout de même un mélange de développements plus ou moins novateurs. Le clan des gentils loups-garous s'enchaîne ainsi durant les nuits de pleine lune de façon à ne pas céder à la tentation. Néanmoins, ce concept n'a rien de bien nouveau. Bien au contraire puisque Waldemar Daninsky, interprété par Paul Naschy, s'enchaînait parfois lui-même pour épargner d'innocentes victimes lorsque celui-ci en venait à se transformer en bête féroce. Reste donc au crédit de SKINWALKERS son traitement contemporain du loup-garou avec une nette tendance pour l'emmener du côté du Western et du cinéma d'action. A cet effet, dans un genre n'ayant rien à voir avec l'Ouest sauvage, on pensera, bien sûr, au FULL ECLIPSE de Anthony Hickox.
Alors, bien sûr, SKINWALKERS n'est pas un chef d'œuvre du cinéma. Il suffit de voir le film pour évaluer tout de suite que ses ambitions sont ailleurs. Le budget limité ne donne d'ailleurs pas les moyens à son entreprise d'exposer une véritable guerre entre bon et mauvais garou. Astucieux, les scénaristes placent dès le début du film une scène expliquant pourquoi nous n'allons suivre qu'une petite escouade de loups-garous sur les traces d'un gamin. Le choix de dépeindre les vilains comme des motards rebelles apporte une évidente ambiguïté sur la façon d'appréhender le métrage. Si l'on peut voir d'un côté l'amalgame péjoratif, il s'avère pourtant que nos méchants routards s'avèrent bien plus sexy et «cool» que l'équipe de «complexé» qu'ils sont en train de poursuivre. C'est probablement là où le métrage s'avère le plus subtil dans un cadre qui s'apparente pourtant totalement à du divertissement populaire. Même l'issue du film, à même de faire grincer des dents, est bien plus surprenante que la simple image d'une gentille famille américaine réunie. A chacun de se faire son opinion sur le contenu d'un film qui, rappelons-le encore une fois, est avant tout un produit anachronique donnant l'impression de découvrir une série B tel qu'on en produisait dans les années 80 et 90 avant que la moyenne des spectateurs ne se découvrent des goûts de luxe. Car pris pour ce qu'il est, un film d'action avec des loups-garous, SKINWALKERS n'a pas à rougir de son plus proche concurrent, à savoir le prétentieux UNDERWORLD. Carré, nos loups-garous passent donc leur temps à se poursuivre, à se tirer dessus et, parfois, à se poser plus rarement quelques cas de conscience. L'un des plus beaux passages de ce film résolument Bis est une incongrue fusillade dans une gentille petite ville américaine où tout le monde se met à sortir des flingues pour se trouer la peau ce qui inclut le facteur et la gentille mamie. Situation très inattendue qui renvoie directement à l'Ouest sauvage où tout le monde était armé et prêt à défendre son bout de gras ! Les auteurs de SKINWALKERS font dans le néo-lycanthrope à seule fin d'exposer à l'écran un cinéma d'action «Fantastique».
Le film de James Isaac aurait cartonné dans les années 80 et il se plante donc au Box Office américain durant l'année 2007. A vrai dire, même le distributeur a du se poser de nombreuses questions concernant sa sortie puisque le producteur, Dennis Berardi, annonçait un montage prévu pour un «R» (Restricted) alors que le film distribué dans les salles ne sera finalement qu'un «PG-13» (une interdiction formelle au moins de 13 ans). Difficile de savoir à quel moment de la production ce recentrage a eu lieu mais le film a connu une période de latence entre sa finalisation et sa distribution. Prévu pour une sortie en 2006 à l'occasion des festivités d'Halloween, le film sera repoussé à plusieurs reprises. Il ne sera distribué sur les écrans de cinéma américain que près d'un an plus tard au mois d'août 2007. Là, il ne va pas convaincre grand monde. Il est vrai que si l'on aborde SKINWALKERS comme un film de loup-garou et d'horreur, on risque d'être plus ou moins déçus. Déjà parce que l'horreur n'y est dépeinte qu'à son strict minimum mais aussi car le métrage dispose de bête poilue qui ne sont pas les plus belles vues sur un écran. Refusant le recours aux images de synthèse, les acteurs ont donc été grimés par le Stan Winston Studio. Le résultat renvoie plus aux origines du film de loup-garou de Lon Chaney Jr. à Paul Naschy en passant par Oliver Reed plutôt qu'aux lycanthropes bénéficiant des dernières innovations numériques. Il n'y a pas vraiment non plus de scènes de transformation dans SKINWALKERS, la décision sera prise surtout par souci d'économie, ce qui surprend même si cela n'handicape en rien le film. Il y a toujours une séquence assez étrange qui fait figure de vague transformation. Les loups-garous du film ne sont pas ratés, ils sont juste assez atypique par rapport à leur époque. A peu près autant que le film dans son ensemble qui s'avère, avant tout, une série B sympathique se déroulant sans ennui.
Pas de sortie cinéma pour SKINWALKERS en France et le film se voit donc distribué directement en vidéo. Il est alors possible de choisir entre une version DVD ou bien une autre en haute définition. Le Blu-ray arrive donc avec un transfert 1080p/24 donnant plus de relief et de détail que son homologue en définition standard. L'image est d'une grande stabilité et la définition et le piqué sont de très haute tenue. Toutefois, on pourra pinailler un tout petit peu concernant des halos, lors de rares passages, trahissant une nature numérique. Difficile de savoir s'il s'agit d'un défaut du transfert en haute définition ou bien des effets numériques d'origine. Le rendu de l'image est en tout cas impressionnant surtout si on compare avec l'édition DVD.
La sonorisation se fait au travers de deux pistes en DTS HD Master Audio, l'une pour la version originale sous-titrée et l'autre pour le doublage français. Pas de jaloux donc ! Sans être ce que l'on n'a entendu de plus spectaculaire dans le genre, le niveau des deux pistes est plutôt solide et donne un véritable punch à l'action. En DTS, on trouve aussi le commentaire audio, en stéréo, du réalisateur. L'homme réussi un peu à entamer le capital sympathie que la vision de son film a pu donner. En effet, il se focalise en grande partie sur les relations de ses personnages nous expliquant la profondeur du propos. Une approche assez bizarre compte tenu du film livré par l'auteur. Sur la durée, il y a assez peu d'anecdotes mais on retiendra que le cinéaste indique certains changements par rapport au scénario d'origine en expliquant qu'il est difficile de réaliser un film sans prendre en compte tous les avis extérieurs. Par exemple, on apprend que le dénouement du film aurait du se dérouler dans une sorte de «rave party» et le réalisateur laisse entendre que la séquence aurait été tournée. Du coup, il apparaît urgent d'aller regarder dans la section des scènes coupées…
Dans cette partie dédiée aux séquences laissées sur le sol de la salle de montage, il n'y aucune fin différente se déroulant dans une fête en plein air. Cela sous-entend qu'il existe donc du matériel supplémentaire qui n'a pas été placé dans la poignée de scènes qui nous sont présentées ici. Ces dernières n'ont rien de très enthousiasmant et se résument parfois à quelques images comme lorsque nos garous vont faire le plein de leurs véhicules.
Le Making Of est un pur produit promotionnel où l'on apprend pas grand chose en un peu plus de huit minutes. Le temps est court mais donne pourtant l'occasion à la plupart des intervenants de lâcher une ou deux tirades consensuelles. Ce Making Of laisse aussi planer quelques doutes sur la paternité du scénario du film laissant à penser que le réalisateur en serait le géniteur ce qui n'est pas le cas. La partie dédiée aux effets spéciaux est encore plus courte puisque dépassant à peine la minute. Evidemment, sur ce temps compté, il ne faut pas s'attendre à apprendre grand chose surtout que les effets ne sont pas une part négligeable du métrage. Tant pis, on se tournera vers la «Pré-visualisation 3D», plus longue mais aussi sans véritable intérêt informatif. La bande-annonce est disponible parmi les suppléments mais, contrairement au DVD, on ne trouvera pas celle de deux autres titres de l'éditeur.
Pas vraiment enthousiasmant, les suppléments produits par les Américains cèdent la place à un module vidéo réalisé spécialement pour cette édition. Plus d'une demi-heure consacrée à la lycanthropie titrée «Les Chroniques du Loup-garou». Il s'agit en réalité d'une longue intervention de Christophe Lemaire filmé de face durant toute la durée. Le journaliste commence par évoquer le film de James Isaac puis se lance dans un historique de la lycanthropie en débutant par ses origines culturelles. Hélas, parmi toutes les informations données, on pourra dénombrer un grand nombre d'approximations et même plusieurs flagrantes erreurs qu'un spécialiste ne devrait pourtant pas faire. Assez gênant puisque ce type de présentation s'adresse avant tout à des néophytes qui repartiront donc avec des idées fausses dans la tête. La mise en image n'a rien de très attirant et aucun rythme n'est donné que ce soit en présentant des visuels qui sont pourtant assez riches dans le domaine.
La haute définition profite au film mais il faut préciser que tous les suppléments n'en profitent pas. Ils sont présentés en définition standard avec une piste stéréo. Evidemment, les suppléments en langue anglaise sont tous sous-titrés. Hormis la perte de deux bandes annonces, n'ayant rien à voir avec le film, cette édition Blu-ray propose le même contenu que son pendant DVD. A partir de là, le choix de la haute définition, pour quelques euros de plus, paraît inévitable si l'on est déjà équipé !