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Critique du film et du DVD Zone 2
DYING GOD 2008

 

Dans une ville d'Amérique du Sud, des prostituées sont retrouvées violées et éventrées. L'enquête est confiée à Sean Fallon (James Horan), un flic «pourri» très impliqué dans le milieu. Un milieu d'ailleurs très contrarié qu'un sadique s'amuse à décimer ses «filles». Fallon et le parrain local (Lance Henriksen) décident de s'associer pour trouver le coupable sans imaginer une seconde que ce dernier n'a peut-être rien d'humain.

Tourné en Argentine en langue anglaise, DYING GOD est pourtant bel et bien un film imaginé par une équipe créative française. Le réalisateur Fabrice Lambot, pour qui c'est le premier long-métrage, est déjà l'auteur de deux court-métrages, INSANITY et LE SANG DU CHATIMENT (rien à voir avec le Friedkin), deux films très remarqués dans les festivals de genre. Il est aussi très actif dans le milieu du fanzinat car il est le créateur d'Atomovision puis ensuite de Metaluna. Remarqué par Jean-Pierre Putters, personnalité de la presse fantastique et fondateur historique du magazine Mad Movies, les deux hommes s'associent pour créer Metaluna Productions, une structure dédiée à assouvir leurs envies de cinéma autour de projets de genre «commerciaux» à destination du marché international. Chronologiquement, la création de Metaluna Productions intervient avant LE SANG DU CHATIMENT, qui leur sert de galop d'essai avec une configuration de production déjà délocalisée en Argentine pour réduire les coûts. Le succès de ce court poussera les deux hommes à passer au long avec DYING GOD, un petit film mis en boite pour 500.000 maigres dollars sur une durée d'une vingtaine de jours de tournage.

Aussi modeste soit-il, DYING GOD à pourtant l'idée de s'entourer d'un casting confirmé. Dans le rôle principal, James Horan ne vous dira sûrement pas grand chose. Avec ses faux airs de William Sadler (le «méchant» de 58 MINUTES POUR VIVRE de Renny Harlin), le comédien à pourtant de la bouteille dans une carrière de troisième zone articulée entre séries télé, produits vidéo (dont SCANNER COP de Pierre David) ou encore voix pour des jeux vidéos. Pour lui donner la réplique, Lambot et Putters sont allés chercher Erin Brown, plus connue sous le nom de Misty Mundae. Cette dernière s'est rendue célèbre grâce à ses apparitions dans des détournements sexy de grosses productions du moment (citons, pour le plaisir, PLAY-MATE OF THE APES ou encore THE LORD OF THE G-STRINGS : THE FEMALESHIP OF THE STRING). Dans le rôle d'une garde du corps fatale, nous avons la surprise de découvrir la française Agathe de la Boulaye, déjà vue dans MICHEL VAILLANT de Louis-Pascal Couvelaine ou encore ALIEN VERSUS PREDATOR de Paul Anderson. Mais la «cerise» sur le casting est assurée par Lance Henriksen, dont la carrière s'enfonce malheureusement de plus en plus dans des produits de gammes très discutables.

Film de genre, DYING GOD n'est pourtant pas exclusivement tourné vers le fantastique. Il privilégie au contraire une ambiance très noire de polar avec des références pointant vers Abel Ferrara on encore William Lustig. L'intrigue du film sonne comme un prétexte à sonder un univers ambigu en déliquescence, entre flics corrompus, prostituées au grand coeur et gangsters impitoyables. Un cadre balisé dans lequel vient s'inviter un serial killer d'un autre genre cinématographique, à savoir le film de monstre. Car le tueur, le «Dying God» du titre est une créature tiré du folklore sud-américain : le «Kurupi». La bestiole a d'ailleurs une particularité étonnante puisqu'elle possède un sexe de près de deux mètres de long ! Un détail des plus incongrus qui fut pour beaucoup dans la motivation de l'écriture du projet. Elle se sert de son «don de la nature» aussi bien pour assommer ses victimes que pour ensuite abuser d'elles pour assurer sa descendance. A ses premiers stades, le film se titrait d'ailleurs KURUPI, avant que Jean-Pierre Putters ne décide à juste titre de le renommer pour un meilleur impact.

Passons maintenant aux choses qui fâchent. Car si DYING GOD est un film qui donne envie, dans le principe, d'être défendu, le résultat à l'écran fait office de douche froide. La première séquence en Amazonie est déroutante d'amateurisme. Arrivé dans la ville, nous sommes confronté au noeud du problème de ce film : un scénario sans imagination, des personnages vus et revus, et des péripéties indigentes. De cette écriture pauvre, sans le moindre sens du rythme, découle bien entendu toute une chaine d'effets secondaires : comédiens aux abois car n'ayant rien à défendre (seul Henriksen s'en sort en reproduisant mécaniquement un jeu déjà bien rodé ailleurs, est-ce un compliment ?), ennui mortel face à l'accumulation de bavardages censés démêler des sous-intrigues sans intérêt, mise en scène insipide car s'attachant à décrire des scènes désespérément peu visuelles. Fabrice Lambot tente de se couvrir en multipliant les références à ses films préférés (essentiellement les giallos) à coup d'éclairages colorés. Une attitude qui n'aide pas à mettre dans sa poche un spectateur déjà saoulé par l'attitude référentielle des film de «fanboy», et qui attend désespérément pendant ce temps que quelque chose se passe à l'écran.

Heureusement, l'arrivée du monstre nous réveille un peu (certes assez tardivement dans le métrage). Le gros zizi de ce Monsieur aurait été l'occasion de mettre un peu de décalage et de fantaisie dans ce polar si morne... Mais non, les auteurs n'assument pas vraiment et s'obstinent au premier degré le plus inébranlable. A peine verrons nous la quéquette donner une torgnole à un groupe de nonnes. Le film préfèrera s'attarder sur le ventre ouvert des victimes littéralement perforé par la bistouquette géante. Inutile de dire que Monsieur doit de plus avoir de sacrées érections pour aboutir à un tel résultat. La créature est dotée d'un design globalement réussi pour une production de cet acabit. Encore faut-il la filmer un tant soit peu correctement, en évitant par exemple de détailler le dos du costume où ne cesse de bailler les ouvertures.

Alors oui, DYING GOD est une toute petite production, sans argent. La question est maintenant la suivante : est-ce qu'un meilleur budget en aurait fait un film radicalement meilleur ? D'un point de vu technique, bien entendu. Est-ce que cela aurait pour autant rattrapé la détresse narrative du film ? On peut en douter sérieusement. DYING GOD est un mauvais film, car mauvais sur le papier, se reposant sur des clichés de bas étages. Le spectateur a la désagréable impression de se «faire avoir» par un produit vidéo opportuniste faisant son beurre en le prenant pour un idiot. On imagine que ce n'est pourtant pas l'état d'esprit de l'équipe de Fabrice Lambot, qui agit à l'origine en tant que passionnée. Espérons juste qu'à l'avenir cette équipe maîtrisera mieux le processus cinématographique et de production pour livrer un film à la hauteur de leur énergie.

DYING GOD sort en DVD Zone 2 sous un visuel peu engageant et quelques peu mensonger quant à l'ambiance du film. L'image, anamorphosée pour le 16/9, présente un rendu tout aussi peu engageant essentiellement du à son format de tournage en vidéo : les couleurs sont fades et certains plans fourmillent de bruit. Pour ne rien gâcher à la fête, l'éditeur rajoute là-dessus une compression fort peu discrète. La piste sonore unique est la version originale anglaise, codée sur deux canaux. Très dynamique, cette dernière convient parfaitement à un visionnage agréable.

Petit produit, DYING GOD se targue malgré tout d'une section bonus conséquente. La tradition du commentaire audio est respectée en ouvrant le micro à Fabrice Lambot, Jean-Pierre Putters et le co-scénariste Jean Depelley. La parole, menée par le réalisateur, est fraîche et énergique. Les auteurs reviennent abondamment sur leurs (bonnes) intentions, malheureusement mal retranscrites à l'écran, tout en multipliant les anecdotes sur un tournage guerilla à Buenos Aires. On sourit souvent, notamment avec le récit de la scène d'amour sauvage entre Erin Brown et James Horan, filmée dans une voiture garée juste devant une école primaire ! Les cafouillages de production occupent aussi une place importante dans le discours, donnant pas mal de clefs sur le ratage de certaines séquences. Comme cette scène d'action avec le monstre que l'équipe pensait pouvoir tourner en une seule nuit. Grossière erreur. Dépassée par la somme de travail, l'équipe met rapidement en boite la séquence en manquant cruellement de rigueur. Ceci expliquant de nombreuses scories comme le détail de l'ouverture dorsale du costume du monstre.

Un Making Of de plus d'une demi-heure nous invite sur le tournage du film. Ce reportage n'est finalement qu'un bout à bout d'images de plateau qui aura rapidement fait d'ennuyer le spectateur. Il faudra patienter jusqu'au dernières minutes pour avoir quelques réactions des comédiens. Caméra au poing, Lance Henriksen se lance notamment dans un numéro de joli coeur alors que Agathe de la Boulaye tente de présenter son personnage. Ce module sans grand intérêt se termine par une boutade sympathique sur le cinéma français entre Lance Henriksen et James Horan. A noter que la vidéo est encodé avec un défaut de trames d'images inversées. Le rendu, saccadé et stroboscopique, ne manque pas de nous faire clignoter des rétines au bout de quelques minutes.

Ce ne sont pas les deux petites scènes coupées qui nous occuperont bien longtemps. Sur une durée cumulée d'une trentaine de secondes, elles donnent à voir un furtif plan de zigounette ainsi qu'un flashback centré sur le héros. Mieux vaut directement aller au bonus le plus intéressant, une table ronde d'interviews entre Fabrice Lambot, Jean-Pierre Putters et Jean Depelley. Intitulé «Kurupi», ce segment propose une version condensée du déjà très intéressant commentaire audio. La parole est sobre et sincère, même si le réalisateur s'emmêle les pinceaux sur son approche entre ridicule et premier degré, et l'humour est bien au rendez-vous (voir la présentation de Putters). Les trois hommes n'en paraissent que plus sympathiques, et nous leur souhaitons malgré tout bonne continuation sur des projets plus maîtrisés.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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287 critiques Film & Vidéo
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Un monstre étonnant...
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... Mais le film ne l'exploite pas au profit d'une photocopie de polar de bas étages
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L'édition vidéo
DYING GOD DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Fabrice Lambot, Jean-Pierre Putters et Jean Depelley
    • Making of (37mn01)
    • Scènes coupées (0mn36)
    • Kurupi (13mn47)
    • Bande-annonce
    • Diaporama
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