Dans une petite ville, un meurtre effroyable est commis par un inconnu dont le seul témoin affirme qu'il s'agit d'un monstre. En forêt, la police perd les traces du mystérieux pour ne trouver que celles d'un loup. Le mystère s'épaissit et la rumeur commence à courir à propos d'un loup-garou…
Pour les amateurs de Fantastique, le nom de Fred F. Sears amène immédiatement le souvenir d'un film qui s'avère pourtant loin d'être ce qu'il a pu réaliser de mieux. LES SOUCOUPES VOLANTES ATTAQUENT laissent donc planer une ombre sur plus d'une cinquantaine de film. Mais le plus étonnant, c'est que le cinéaste américain tournait à la vitesse de l'éclair de petites séries B emballées avec professionnalisme. A la base acteur puis réalisateur, il va donc tourner une cinquantaine de métrage en seulement huit années en tant que metteur en scène. Une véritable performance qui va donner l'opportunité à la maison de production avec laquelle il était sous contrat de sortir cinq films un an après la mort du cinéaste ! Véritable réalisateur de série B, dans le sens appréciable du terme, Fred F. Sears va tourner dans tous les genres que ce soit le film catastrophe, le film de guerre, le Western, le drame et même le film de Rock'n'roll dont il laissera un titre phrase, ROCK AROUND THE CLOCK. L'homme va donc toucher à la science-fiction avec LES SOUCOUPES VOLANTES ATTAQUENT et même au film de monstres géants avec THE GIANT CLAW. L'horreur, par contre, il n'aura l'occasion de s'y intéresser qu'à une seule reprise avec THE WEREWOLF !
Au milieu des années 50, les loups-garous, ce n'est plus tellement d'actualité surtout que chez Universal, on a déjà recyclé la créature avec les autres monstres maison dans de surprenants croisements ou en compagnie de comiques comme avec DEUX NIGAUDS CONTRE FRANKENSTEIN. La période n'est d'ailleurs plus vraiment au film gothique et THE WEREWOLF va donc prendre à bras le corps sont sujet pour le moderniser de manière très inattendue. Car le loup-garou de THE WEREWOLF n'a rien de commun avec les bêtes poilues se transformant par nuit de pleine lune. D'ailleurs, le scénario, plutôt malin, s'en amuse par d'imperceptibles touches en confrontant la superstition avec la réalité de sa créature. Les premières minutes du film donneront un peu une impression de déjà vu avant que le film ne révèle ses cartes. Les origines mystérieuses du loup-garou n'ont rien de surnaturel, bien au contraire. Car le scénariste du film s'est amusé à injecter dans les veines de son film, et celles de sa tragique créature, un thème bien en vogue durant les années 50. Un thème qui va d'ailleurs en amener plusieurs autres en cascades donnant l'occasion au film de brasser l'inquiétude atomique et les savants fous à son histoire de lycanthropie. Dès que le film amène son postulat de science-fiction, le film décolle réellement en ajoutant des intrigues supplémentaires à la seule chasse au loup-garou en montagne.
THE WEREWOLF dépoussière son sujet mais ne met pas pourtant tout au rencard. Le film s'inspire ici ou là du LOUP-GAROU de George Waggner. L'introduction sur la lyncanthropie, la transformation débutant par les jambes poilues ou encore le passage concernant le piège à loup semblent être quelques emprunts directs à son glorieux aîné. Mais, le plus important, c'est que l'intrigue conserve la malédiction que traîne l'infortuné quidam se transformant, sans crier gare, en bête sauvage. Le terme «malédiction» n'a bien évidemment plus rien à voir avec une passation surnaturelle par morsure interposée comme on peut le découvrir dans LE LOUP-GAROU ou, avant lui, dans LE MONSTRE DE LONDRES. A l'instar de ses prédécesseurs, le personnage de THE WEREWOLF doit donc affronter la fatalité de sa condition. Cette petite série B marque encore des points en tirant son sujet vers le mélodrame lorsque le film confronte un être humain en plein désarroi à sa famille. L'actrice Eleanore Tanin, les larmes aux yeux lorsqu'elle appelle son mari, fait partie des passages les plus poignants d'un film généralement considéré comme une curiosité de seconde zone. Soyons honnête, THE WEREWOLF est une pure série B et il n'est pas question d'en faire un chef d'œuvre. Mais c'est aussi une petite perle ingénieuse qui souffre, soyons honnête, de quelques défauts à l'image de son dénouement curieusement plat.
Bien emballé pour une série B, THE WEREWOLF dispose aussi d'un casting relativement solide. Si l'on a déjà évoqué Eleanore Tanin, il est impossible d'oublier Steven Ritch qui a la dure tâche d'incarner le loup-garou. Véritablement habité par son personnage, l'acteur offre une prestation tragique et tourmentée d'un homme dépassé par les événements. La jolie Joyce Holden décore agréablement le cadre de l'image en interprétant, de façon réussie, une infirmière plus ou moins émancipée. Malheureusement, si le film a la chance d'être doté de bons acteurs, d'autres semblent quelque peu absent. C'est le cas du héros, si on peut l'appeler ainsi, incarné par Don Megowan. Quelque part, le choix pourrait sembler judicieux, après tout les shérifs de petites villes de montagne ne sont pas nécessairement des dieux charismatiques. Ce n'est donc pas le cas de Don Megowan qui ressemble plus à un catcheur ou à un bûcheron qu'à un véritable héros. L'acteur trouvera d'ailleurs des rôles à sa mesure en incarnant le monstre de Frankenstein ou encore la créature dans LA CREATURE EST PARMI NOUS.
Un film de loup-garou, c'est aussi des poils sur le visage. Dans ce domaine, THE WEREWOLF nous offre une version particulièrement velue du monstre. Pas vraiment ridicule, le résultat à l'écran n'est pas toujours des plus probants. On notera d'ailleurs que notre loup-garou prend soin de retirer ses chaussures et ses chaussettes au cours des transformations ce qui lui évite des déconvenues à la INCROYABLE HULK. Evoquer le monstre vert n'est pas qu'une simple digression puisque THE WEREWOLF rappelle parfois ce héros de bande dessinée, télévision ou cinéma. La transformation se déroule ainsi le plus souvent suite à une incontrôlable pulsion émotionnelle du héros (colère, stress…) ou lorsque celui-ci se trouve en danger. Les transformations, Fred F. Sears les gère adroitement ce qui lui évite des effets spéciaux optiques trop compliqués. Roublard, ces passages fonctionnent justement en donnant une certaine poésie alors qu'il s'agit plus certainement à l'origine de choix économique. Les deux seules transitions filmées sans ambage sont, à cet effet, bien moins réussis car révélant le grossier trucage de superposition mis en œuvre.
Force est de se répéter pour conclure à propos de ce film de loup-garou qui n'a pas grand chose de traditionnel dans l'histoire de la lycanthropie au cinéma. Bien troussé par un artisan qui connaît son travail, Fred F. Sears, et interprété par des acteurs concernés par un métrage pourtant clairement défini comme un produit alimentaire, THE WEREWOLF est une vraie série B avec ses défauts et ses qualités. Ces dernières lui donnant un cachet non négligeable !
L'éditeur espagnol propose THE WEREWOLF avec une belle copie au format cinéma et avec un transfert 16/9. La qualité est au rendez-vous donnant l'occasion de découvrir le film dans un noir et blanc sans défaut. Un bon point qui se poursuit avec la piste sonore en mono d'origine qui est, elle aussi, d'une belle propreté. Comme à son habitude, l'éditeur propose des sous-titrages espagnol, puisque c'est l'origine de ce DVD, mais aussi en français sur le film ainsi que les suppléments. Une belle opportunité, en Zone 2, de découvrir cette série B avec une traduction française et sur DVD !
L'Atelier 13 a l'habitude de proposer, à la place des suppléments traditionnels dédiés à un film, un programme additionnel. Cette fois, il ne s'agit pas d'un épisode d'une vieille série américaine mais de l'intégralité d'un film muet. Il s'agit de WOLF BLOOD, réalisé en 1925, qui fait partie des premiers films à avoir traité de la lycanthropie au cinéma. Pour en savoir plus à son sujet, nous vous conseillons de vous reporter à notre chronique de ce film que nous avons traité séparément. En dehors de cet ajout périphérique, l'éditeur propose la bande-annonce originale de THE WEREWOLF ainsi qu'une poignée de filmographies, pour le même film, des acteurs et du réalisateur Fred F. Sears. Enfin, comme tous les disques de l'éditeur, celui-ci est placé dans un digipack coloré et vendu avec un livret de 16 pages richement illustrées mais, malheureusement, dont les textes sont entièrement en espagnol.