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Critique du film et du DVD Zone 2
ALONE 2007

 

Suite à l'hospitalisation de sa mère qui a souffert d'une attaque cérébrale, Pim retourne chez elle après une très longue absence. Ce retour réveille de douloureux souvenirs concernant sa sœur siamoise Ploy qui n'avait pas survécu à l'opération qui les avait séparées. Pim aimerait tourner la page mais Ploy est bien décidée à continuer à la tourmenter…

Auteurs de l'excellent SHUTTER, le duo de scénaristes/réalisateurs aux noms exotiques Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom remet ça avec cette nouvelle histoire de hantise psychologique où l'horreur s'avère omniprésente. Pour leur deuxième long-métrage, ils se sont intéressés aux jumeaux siamois, un sujet délicat sur lequel les œuvres ne battent guère de records en nombre. La gémellité semble fasciner les réalisateurs davantage et ceux qui ont déjà vu FAUX SEMBLANTS, par exemple, ont encore du mal à oublier l'ambiance purement horrifique qui s'en dégage. On pense bien sûr aussi à SISTERS de Brian De Palma, une autre œuvre marquante de par sa noirceur mais pour voir un film sur les jumeaux siamois, il faudrait se tourner vers une production américaine indépendante, LES FRERES FALLS, n'ayant rencontré qu'un modeste succès en salles.

Les cas réels de jumeaux siamois n'ont jamais cessé de remplir les pages de faits divers et bien que ces naissances restent exceptionnelles, l'aspect contre nature continue d'effrayer et d'étonner. Le terme fut inventé dans les années 1800 suite à la naissance d'Eng et Chang dans la province de Samutsongkram en Thaïlande (anciennement le Siam). Joints par le sternum, les frères ont vécu une vie aussi ordinaire que le permettait leur état et après leur émigration aux Etats-Unis, ils ont fondé une plantation, se sont mariés et ont eu chacun une dizaine d'enfants. Ils sont décédés le même jour à quelques heures d'intervalle. Certains jumeaux siamois acceptent leur état et ne cherchent jamais à se faire séparer à l'aide d'une opération chirurgicale qui, de toute façon, n'est pas toujours possible. On estime la chance de survie des deux siamois à moins de 1%... Mais des cas de séparation réussie existent et de nombreux «ex-siamois» vivent longtemps et en parfaite santé.

Mais au-delà de leur santé physique, il faut également tenir compte de l'aspect psychologique. Il est bien connu que les jumeaux ordinaires ont des rapports fusionnels très particuliers et qu'ils supportent parfois mal d'être séparés l'un de l'autre. Le problème prend une toute autre dimension quand il s'agit de jumeaux siamois joints par leurs deux corps qu'ils se voient obligés de faire fonctionner comme s'il était unique. Pisanthanakun et Wongpoom ont justement choisi de creuser les ramifications psychologiques d'une telle séparation qui, ici, prend des proportions insoupçonnées.

L'histoire se concentre sur Pim, la jumelle survivante qui s'est éloignée de son village natal dans l'espoir d'une vie meilleure. Elle vit désormais avec son amour d'adolescence, Wee (Witthaya Wasukraipaisarn), qu'elle a rencontré dans l'hôpital où elle et sa sœur étaient admises. Les sentiments naissants entre les deux jeunes gens étaient directement à l'origine du désir de séparation physique de Pim que Ploy n'acceptait pas du tout. Délaissée par sa sœur et ignorée par Wee, Ploy tombe rapidement dans la dépression et la cruauté mentale, se délectant de la souffrance de Pim en même temps que malheureuse face à sa propre impuissance de contrôler ses émotions négatives. Son décès n'a fait qu'accentuer les sentiments de culpabilité de Pim qui garde un rappel éternel de sa sœur sous forme d'une vilaine cicatrice sur le ventre. Pim/Ploy sont incarnées par la jolie Marsha Wattanapanich, une star montante du cinéma thaïlandais, qui se coule dans son double rôle avec conviction et justesse.

Dans le premier tiers du film, les réalisateurs insistent sur ce lourd poids du passé représenté par l'ancienne demeure familiale. C'est une grande maison dans le style colonial, imposante et triste, dans laquelle rien ne semble avoir changé. Les photos au mur sont celles de deux fillettes souriantes, les vêtements que renferment les placards sont ceux qu'elles portaient des années auparavant et dès que Pim passe la porte d'entrée, on peut presque sentir avec elle la lourdeur des souvenirs. Entièrement construite pour les besoins du tournage, la maison devient un personnage à part entière, celle qui symbolise autant le bonheur que le malheur d'un début de vie solitaire pour les sœurs. Subissant les moqueries des autres enfants effrayés par leur aspect physique repoussant à leurs yeux, elles se renferment sur elles-mêmes et leur univers particulier, leurs personnalités s'entremêlant jusqu'à ce qu'elles se sentent autant la moitié que le double l'une de l'autre.

A l'instar de SHUTTER, les frayeurs sont multiples et très efficaces en dépit d'une certaine facilité. Les sursauts sont souvent prévisibles comme par exemple le dessin dans la buée recouvrant un miroir qui n'y était pas quelques secondes auparavant ou encore un chien qui se comporte bizarrement dès son arrivée dans la maison. D'autres moments sont plus inattendus comme l'apparition des pas dans le sable mais les réalisateurs maintiennent une bonne ambiance d'angoisse tout le long ce qui rend l'ensemble tout à fait appréciable.

Le cinéma de genre asiatique n'a pas besoin que de fantômes de fillettes aux longs cheveux noirs laissant entrevoir leurs yeux exorbités et qui ne font plus peur à personne. Des efforts comme les métrages de Pisanthanakun et Wongpoom ou encore ANTARCTIC JOURNAL et THE HOST démontrent sans ambages que l'horreur à l'orientale a encore de beaux jours devant lui ce qui n'est pas pour nous déplaire.

Visuellement magnifique, le film n'a rien perdu de sa superbe dans le transfert qui respecte le format 1.85 d'origine. La palette de couleurs est certes restreinte mais l'image ne souffre d'aucun réel défaut, présentant de beaux contrastes et une lisibilité parfaite même dans les scènes de nuit.

Pour les options sonores, vous avez le choix entre le doublage français très correct et une piste thaïlandaise avec des sous-titres français ou hollandais. La version originale est présentée dans un mixage stéréo ou en 5.1 tandis que la version française n'existe qu'en 5.1. En ce qui concerne la qualité technique de l'ensemble, elle ne souffre d'aucun réel défaut. L'ambiance ne prête pas aux bruits multiples et continus ce qui rend les effets sonores durant les moments de frousse d'autant plus appréciables.

Le Making of se compose de plusieurs parties sur une durée totale d'un peu plus de vingt minutes. Quelques anonymes évoquent leurs sentiments face aux jumeaux siamois avant que la parole ne soit donnée à un médecin et aux premières jumelles siamoises à avoir survécu à une séparation. Ensuite, le module se concentre sur le film et les réalisateurs reviennent sur la genèse, la construction de la maison, le maquillage ou encore le choix des acteurs. Les scènes coupées se déroulent en continu sans commentaires ni cartons-titres et nous passons ensuite à la fin alternative qui ne diffère en rien de celle du film si ce n'est qu'elle est un peu moins explicite. Les bandes annonces présentent celles du film en version originale et en version française et le clip musical reprend un morceau de la bande originale chanté par l'actrice principale, Marsha Wattanapanich. La section suppléments se termine sur trois spots télé et quelques liens internet.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
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Un sujet trop rare au cinéma
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L'édition vidéo
ALONE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Wild Side
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
Thai DTS 5.1
Thai Dolby Digital Stéréo Surround
Francais DTS 5.1
Sous-titrage
  • Néerlandais
  • Français
  • Supplements
    • Making of (21mn28)
    • Scènes coupées (24mn47)
    • Fin alternative (2mn07)
    • Bandes annonces
    • Clip musical «L’autre part de moi-même» par Masha Wattanapanich (4mn01)
    • Spots TV (1mn18)
    Menus
    Menu 1 : ALONE
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