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Critique du film et du DVD Zone 2
BLACK WATER 2007

 

Après avoir passé Noël chez leur mère, deux sœurs, Grace et Lee, partent en voiture pour explorer les paysages australiens en compagnie de Adam, le mari de l'une des deux. Il leur vient l'idée de partir pêcher en compagnie d'un guide sur une rivière où, normalement, il ne reste plus beaucoup de crocodiles. Mais la nature est imprévisible et un saurien affamé attaque le petit bateau, tue le guide et oblige les trois survivants à se réfugier dans un arbre. Perdus au milieu de nulle part avec aucune chance d'atteindre la terre ferme, nos malheureux vacanciers vont devoir faire face à un tueur silencieux et brutal qui, lui, est dans son élément naturel…

L'Australie abrite de nombreux dangers susceptibles de faire réfléchir même le plus intrépide des baroudeurs. Entre les tueurs en série vicieux dont s'inspire WOLF CREEK, une nature hostile et mystérieuse comme nous l'a dépeint Colin Eggleston dans LONG WEEKEND ou encore la population animale meurtrière dans son ensemble (insectes, serpents, requins et, bien sûr, les crocodiles), il y a de quoi faire pour tout cinéaste désirant s'aventurer dans le genre. Le duo débutant de scénaristes/réalisateurs que forment David Nerlich et Andrew Traucki a choisi comme point de départ de s'inspirer de plusieurs faits réels d'attaques de sauriens survenus dans leurs contrées pour concocter un métrage petit de par son budget de 800.000 dollars (en gros celui de [REC]) mais immense de par son pouvoir terrifiant. Oubliez les récents KROCODYLUS, LAKE PLACID et autres CROCODILE mous de la mâchoire, oubliez même le sang et le gore, voici un vrai film d'angoisse cruel et tendu comme un fil de pêche dans la gueule du monstre marin de votre choix.

Et de monstre, il en est bien question. Et de surcroît, un vrai de vrai. Le budget ne permettait pas de construire un faux crocodile ni de s'épancher en effet spéciaux numériques. De toutes façons, les deux cinéastes ne voulaient pas de ces options et ont fait le choix d'aller jusqu'au bout du réalisme ce qui, bien évidemment, donne un résultat d'autant plus effrayant. Le crocodile est un prédateur aussi efficace que discret et bien qu'il ne fasse pas beaucoup d'apparitions, chacune est inattendue et absolument stressante. La tension psychologique est maintenue du début à la fin et on se pose sans cesse la question de ce que l'on ferait à la place des personnages. Dans les marais, il n'y a rien d'autre que de l'eau et des arbres qui y poussent. Impossible de sauter sur la terre ferme, impossible de nager jusqu'au petit bateau de pêche qui les attend à cinq mètres de distance, ce n'est pas la peine de hurler puisque personne ne passe par là de façon régulière – il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre. Le problème avec un prédateur c'est que quand il a repéré de la nourriture, eh bien, il attend aussi.

Avec une distribution rapidement réduite à trois personnes sur une branche au-dessus de l'eau, il ne se passe pas grand chose. Mais ce qui pourrait se transformer en moments ennuyeux où on espère une attaque prochaine pour se réveiller n'en sont pas grâce au traitement des personnages. Au lieu de choisir quelques adolescents unidimensionnels, les réalisateurs ont opté pour des liens de famille : Grace et Lee entre elles, Grace et son mari et enfin, Lee et son beau-frère. Ces trois forment une unité que l'on devine détendue et soudée et qui prend de surcroît une dimension supplémentaire lorsqu'on apprend la grossesse de Grace (au tout début du film donc nous ne gâchons pas la surprise). Et quoi de pire que de savoir sa famille proche en danger ? On ressent toujours davantage de peur pour les autres que pour soi-même ce qui induit une culpabilité et un sentiment d'impuissance proprement écrasant quand il leur arrive quelque chose d'affreux. Et c'est peut-être le seul défaut du métrage puisque les émotions ne sont pas exploitées à fond suite, par exemple, à un événement précis qui ferait perdre la raison à n'importe qui, même juste de façon momentanée. On ne ressent pas assez la douleur qu'exprime le personnage mais d'un autre côté, peut-être a-t-il déjà perdu ses facultés de discernement ?

Pour incarner les trois repas involontaires du crocodile, David Nerlich et Andrew Traucki ont fait appel à des acteurs australiens déjà habitués à se produire devant une caméra. La grande sœur, Grace, est interprétée par Diana Glenn que l'on a pu voir dans le téléfilm ALIEN CARGO et elle remplit son rôle avec sérieux et tendresse, protectrice de sa petite sœur mais de façon naturelle, loin de la figure maternelle que représente Rebecca, par exemple, dans THE DESCENT. Elles ont des rapports adultes mais les rôles seront inversés de façon inattendue et c'est Lee qui devra s'occuper finalement de Grace. Incarnée par Maeve Dermody, Lee n'est pas juste la jolie blonde que l'on pourrait craindre mais au contraire une jeune femme introvertie et peut-être un peu envieuse du bonheur marital de sa soeur. Elle n'est toutefois pas du tout dans un rapport de séduction avec Adam (Andy Rodoreda) qui la traite avec la même forme de respect que sa femme.

BLACK WATER s'inscrit dans le même registre qu'OPEN WATER qui met au second plan les monstres au profit de l'ambiance et la psychologie des personnages au centre d'un environnement hostile et d'une situation désespérée. Bien que le métrage pèche un petit peu dans ce deuxième domaine, cela ne suffit pas à entacher la frayeur garantie et le plaisir de voir un film d'horreur différent de ce à quoi on s'attendait.

Free Dolphin sort directement en vidéo BLACK WATER dans une édition DVD fort sympathique. Le film y est présenté avec un transfert 16/9 au format 1.77 d'origine. Les couleurs sont bien retranscrites et on s'imagine aisément avec les personnages dans la dangereuse mangrove où attend le crocodile meurtrier. La compression numérique de l'image se fait oublier sur toute la longue du film et ne gêne donc en rien le spectacle visuel. Les pistes sonores sont au nombre de deux. La première, la plus satisfaisante, est en version originale anglaise sous-titrée. La seconde propose de voir le film avec un doublage français. Les deux pistes sont en Dolby Digital 5.1 et réserve quelques belles surprises. Le rendu général est de qualité et ne déçoit pas.

Hormis la bande annonce, présenté avec le doublage français seulement, le DVD de BLACK WATER offre deux autres suppléments. Le premier donne à voir une poignée de minutes supplémentaires coupées au montage. Elles n'apportent pas grande chose. Ainsi, on peut découvrir quelques images prises avant de partir à la pêche (dont l'achat d'un test de grossesse) et une scène de douche. Une autre coupe salutaire survient lorsque le personnage de Lee est sur le bateau et doit récupérer la corde. Cette scène coupée apparaît peu logique avec le profil psychologique du personnage qui refuse juste après de faire une action qu'elle faisait donc ici. Toutefois, cette scène donnait tout de même l'occasion de voir un passage plus ou moins gores. Enfin, le supplément le plus intéressant est un Making Of qui s'écoule sur un peu plus de vingt minutes. On y retrouve les réalisateurs, le producteur et les acteurs qui offrent pas mal d'informations entrecoupées d'images de tournage. L'anecdote la plus amusante évoque le fait qu'il fut envisagé de ne pas assurer les réalisateurs car si jamais il arrivait quelque chose de grave à l'un d'eux, l'autre pourrait terminer le film ! Sympathique, ce petit documentaire explique aussi comment il a été possible d'intégrer des plans de crocodiles avec les acteurs ou bien les astuces mise en œuvre concernant le maigre budget.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
On aime
Un vrai film d’angoisse
Les apparitions du crocodile
On n'aime pas
Un petit manque de profondeur au niveau des personnages
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L'édition vidéo
BLACK WATER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Free Dolphin
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h28
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making of (22mn16)
    • Scènes coupées (4mn02)
    • Bande Annonce
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