Header Critique : PENSIONNAT, LE (THE DORM)

Critique du film et du DVD Zone 2
LE PENSIONNAT 2006

THE DORM 

Tôn, en conflit avec son père, est envoyé en pension en milieu d'année. Une décision cruelle, qui oblige le jeune garçon à s'adapter en cours de route à une nouvelle école, de nouveaux camarades, de nouvelles règles. Reclus sur lui-même, il se lie d'amitié avec un autre garçon tout aussi solitaire. Un garçon que lui seul peut voir.

D'origine thaïlandaise, LE PENSIONNAT n'est pas un film fantastique qui tire son inspiration des fantômes asiatiques féminins à long cheveux. Il se rapproche plus des films de spectres du cinéma espagnol récent (LES AUTRES et FRAGILE entre autres), où l'élément surnaturel est utilisé comme projection de nos peurs quotidiennes. Le réalisateur, Songyos Sugmakanan, se sert de cette histoire pour mettre en scène ses propres peurs enfantines, ses émotions de jeune adolescent lors des étapes initiatiques de la vie. Dramatique, réaliste mais aussi doté de détails comiques, LE PENSIONNAT fait d'abord penser à une version asiatique de L'ECHINE DU DIABLE de Guillermo Del Toro. Impossible en effet de ne pas faire le rapprochement tant le cadre et les thèmes sont avoisinants. Mais contrairement à ce dernier, LE PENSIONNAT ne penche jamais vers l'horreur. Le film ne se dirige pas vers une vengeance ou une justice à accomplir pour libérer un esprit errant. Le spectre est présent pour guider métaphoriquement le jeune héros à s'extirper du monde de l'enfance pour entrer dans celui des adultes, avec cette terrible idée que les évènements de la vie (y compris les plus dramatiques) n'ont pas nécessairement de justification.

Dans le fond, LE PENSIONNAT est un film beaucoup plus ancré dans la chronique de l'enfance que le fantastique pur et dur. Le film suit pas à pas l'évolution de Tôn dans son nouvel environnement et sa progressive prise de repères. Les difficultés sont nombreuses pour le jeune garçon, entre la bande de caïds du pensionnat qui le harcèle d'histoires à coucher dehors, ou sa professeur qui voit d'un oeil très sévère son amitié avec son seul ami que nous savons être un fantôme. Durant les épreuves de Tôn, le film préfère s'attarder sur ses larmes discrètes lors de son premier repas au réfectoire plutôt que sur les effets «de sursauts» devenus obligatoires (ou presque) dans ce registre. LE PENSIONNAT s'y plie néanmoins au détour de quelques séquences assez oppressantes, comme cette pause pipi au milieu de la nuit alors qu'une meute de chien hurle à la mort à l'extérieur.

Si LE PENSIONNAT ne verse pas plus dans l'horreur, c'est parce qu'il est également destiné au jeune public. C'est la grande originalité de ce film par ailleurs sous influences. Songyos Sugmakanan, déjà auteur d'un premier film lié à l'enfance, possède un tact et une douceur hors norme pour traiter une histoire qui est aussi la sienne puisque LE PENSIONNAT regorge d'éléments autobiographiques. Le réalisateur puise dans ses souvenirs et émotions pour évoquer les moments les plus durs (comme la rancoeur de Tôn vis-à-vis de son père) ou à contrario les moments les plus amusants. Ayant grandi devant les comédies de Hong-Kong, Sugmakanan dirige ici une marquante scène de cinéma en plein air où les élèves de l'école hurlent de rire face à un ersatz de MISTER VAMPIRE que le metteur en scène s'est fait un plaisir de reconstituer.

La réussite d'un film comme LE PENSIONNAT repose majoritairement sur les épaules de son jeune casting. Excellent directeur de (jeunes) acteurs, Sugmakanan fait ici des miracles. Les jeunes comédiens sont criant de vérité, d'une justesse parfaite. Au centre de tous les plans, le jeune interprète de Tôn est époustouflant. Etant également un film de «genre», LE PENSIONNAT soigne le style en se parant d'une superbe photographie évoluant dans des tons plutôt ternes reflétant les «idées noires» du jeune héros. Le film est donc un régal constant pour les yeux, ce qui nous permet d'être moins sévère sur les quelques petites scories du métrage. Outre un récit un peu usé par endroit, le film est victime d'une erreur de continuité très gênante : Tôn ne possède pas la même longueur de cheveux d'une séquence voir d'un plan à l'autre. Une «coquille» indigne du travail minutieux pourtant effectué à tous les stades du film, et qui gêne le spectateur lors de la première partie du film puisqu'il en vient à se demander si le héros n'est pas deux personnages distincts. Ce bémol quelque peu embarrassant ne doit pourtant pas occulter l'excellente surprise que constitue LE PENSIONNAT, un film touchant et intimiste qui aura séduit de nombreux festivals puisqu'il collectionne les récompenses, comme le prix Junior à Cannes en 2007 ou encore l'Ours de Cristal du festival de Berlin la même année.

Après une rapide sortie en salle chez nous, LE PENSIONNAT nous arrive dans une édition française soignée. Rien à redire sur la qualité de l'image, en tout point parfaite. Les pistes sonores proposent du Dolby Digital 2.0 ou DTS 5.1 en version originale, pour une spatialisation qui se réveille surtout dans les moments éprouvants. Une piste française est disponible en Dolby Digital 5.1, uniquement conseillée au jeune public qui ne serait pas encore très à l'aise avec la lecture de sous-tires.

Bien que le titre soit plutôt confidentiel, l'éditeur fait l'effort d'une section bonus fournie. Un court Making Of cache une featurette promotionnelle de facture très classique. La parole est renvoyée entre le réalisateur et ses jeunes comédiens pour une présentation du film illustrée avec peu de véritables images de tournage. On pourra préférer lire l'interview écrite du réalisateur, qui nous livre des informations intéressantes sur la profondeur autobiographique du film ou encore ses méthodes de travail avec des acteurs enfants. La séquence à «effet» de la piscine a, quant à elle, le droit à un module indépendant afin de suivre les étapes de tournage d'une scène lourde techniquement puisque chaque élément de l'image est filmé séparément. Le gros morceau de cette section sont les scènes coupées. Sur une vingtaine de minutes, ces images inédites nous offrent de nombreux détails narratifs. Certains sont effectivement discrets, comme lorsque Tôn jette un coup d'oeil à la photo de ses anciens copains d'école avant de fouler le sol de son nouvel établissement, ou encore lorsqu'il tente de profiter de son péché mignon, la télévision. D'autres détails sont beaucoup plus dérangeants, comme lorsque Tôn doit tuer de ses mains un lapin pour l'éventrer en cours d'anatomie ou lorsqu'il surprend son père en train de faire l'amour. Peut-être s'agit-il de coupes destinées à ne pas trop chambouler le jeune public auquel s'adresse également le film. La fin de la section des suppléments est plus anecdotique, avec un clip plutôt kitsch où le jeune acteur principal entame la chanson du générique final en blouson de cuir et ventilo dans les cheveux, une galerie photos ou encore la bande-annonce du film.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
1 news
287 critiques Film & Vidéo
On aime
Un très bon film de fantômes initiatique
Un film qui intéressera les adultes comme les plus jeunes
On n'aime pas
Une faute de continuité aussi embarrassante que dérangeante
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L'édition vidéo
DEK HOR DVD Zone 2 (France)
Editeur
Wild Side
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h47
Image
1.78 (16/9)
Audio
Thai DTS 5.1
Thai Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Néerlandais
  • Français
  • Supplements
    • Making of (7mn12)
    • La piscine interdite (5mn01)
    • Scènes coupées (20mn38)
    • Clip (4mn02)
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