Header Critique : BURNING, THE (CARNAGE)

Critique du film et du DVD Zone 1
THE BURNING 1981

CARNAGE 

Si HALLOWEEN de John Carpenter allait donner naissance dés 1978 à toute une nouvelle vague de tueurs psychopathes, il va falloir attendre 1980 pour que le slasher gagne ses lettres de noblesse grâce au succès international de VENDREDI 13 de Sean S.Cunningham. Le film engendrera dès lors toute une série de films tous calqués sur le même principe, soit un groupe d'adolescents tous plus libidineux et souvent niais les uns que les autres lâchés dans un lieu choisi et inlassablement traqués par un meurtrier sanguinaire. Souvent sans grand intérêt et vite ennuyeux par leur côté répétitif, ces films d'adolescents n'avaient le plus souvent comme seul véritable intérêt que leurs meurtres, les scénaristes (ou le plus souvent les maquilleurs) regorgeant d'idées quant à la façon de trucider tous ces jeunes protagonistes.

Réalisé par Tony Maylam, jeune metteur en scéne britannique venu du film musical à qui on doit WHITE ROCK et GENESIS: A BAND IN CONCERT qui connurent tous deux en 1977 un franc succés en Angleterre, THE BURNING alias CARNAGE en France, n'est qu'un nouveau et plat démarquage du VENDREDI 13 sorti l'année précédente. On y retrouve notre sempiternelle bande d'adolescents cette fois goûtant aux joies d'un camp de vacances, le camp Blackfoot, situé en plein bois près d'un lac. Victime cinq ans plus tôt d'une farce de potache plutôt macabre, Cropsy, surveillant alcoolique et particulièrement vicieux, fut horriblement brûlé. A sa sortie de l'hôpital, il retourne au camp et va alors massacrer à l'aide d'une paire de cisailles de jardinier tous ces jeunes gens insouciants.

Si CARNAGE suit une trame scénaristique des plus classiques, le film de Maylam était pourtant en passe de devenir une véritable petit œuvre culte des amateurs de slashers. Qu'est-ce qui différencie donc CARNAGE des autres films de ce type et d'où lui vient cette réputation au demeurant fort méritée?

CARNAGE, c'est surtout et avant tout son ambiance unique, cette joie de vivre et cette bonne humeur communicative qui transpirent des images. Le plus souvent dans ce genre de films les adolescents ne sont que de simples silhouettes dont le seul but est de se faire tuer de la plus originale des manières dans des flots de sang, les scénaristes ne donnant guère de raisons au spectateur de s'attacher à eux. Comme le dit Maylam lui même en évoquant VENDREDI 13, on se moque de ce qui peut leur arriver. “Let's go and kill them” (“Allons y et tuons les”) résume parfaitement la situation et, de cela, il n'en voulait pas.

Ceux de CARNAGE, même s'ils ne sont une fois encore que des esquisses, ont cette fraîcheur et ce naturel qui séduisent tout de suite. Sans chercher à leur donner une personnalité et une âme trop poussées, Maylam a pourtant réussi à les rendre plus qu'attachants par le simple biais de leur attitude et de leur joie de vivre communicative... Leur bonheur et leur bonne entente rayonnent par delà l'écran et face à ce naturel désarmant, on oublie vite que CARNAGE n'est qu'un film donnant l'occasion de plonger dans leur quotidien et s'amuser avec eux comme si la fiction prenait vie sous nos yeux. Et bien peu de slashers ont ce prodigieux atout. Maylam a réussi cet exploit. Cette aisance, ce ludisme qui sent bon l'été, sont renforcés par les somptueux paysages naturels où fut tourné le film, à savoir dans l'état de New York, à North Tornawanda près de Buffalo pour être plus exact.

Ce sont ensuite les effets spéciaux signés Tom Savini qui une fois de plus s'en donne à cœur joie pour notre plus grand plaisir. CARNAGE réserve en effet de grands moments qui raviront les amateurs d'hémoglobine et d'effets gore. Le film dépasse et de loin VENDREDI 13, allant beaucoup plus loin dans l'horreur graphique et les effets sanglants. THE BURNING devient vite un jeu de carnage. En ce sens le titre datant de la sortie dans les salles françaises, à savoir CARNAGE, est révélateur. Le massacre sur le radeau restera comme un des moments forts du film, véritable pièce d'anthologie du genre "slasher", même si CARNAGE réserve bien d'autres séquences tout aussi maitrisées. On citera entre autres la mort de Larry Joshua, cloué à un tronc d'arbre, la gorge transpercée par les cisailles infernales, ces mêmes cisailles qui éventreront ensuite une pauvre jeune fille. Si la majeure partie du film se déroule dans un camp forestier, il nous faut tout de même parler de son ouverture. Si on excepte le très brûlant prologue, le meurtre de la prostituée est en tout point remarquable et l'amateur pourra y voir un éventuel clin d'œil ou du moins le rapprocher des gialli d'antan tant l'atmosphère le lui rapellera. Tout de noir vêtu, ganté et chapeauté, Cropsy apparait telle une silhouette maudite dans l'entrebaillement de la porte de la chambre plongée dans la pénombre. C'est à la lumière d'un orage que la malheureuse sera poignardée à l'aide d'un ciseau lui déchirant les chairs, arme jadis fort utilisée par nos amis transalpins, le sang maculant la vitre.

CARNAGE c'est aussi son tueur, Cropsy, dont Savini est particulièrement fier. Maylam désirait un meurtrier crédible, auquel le public puisse totalement adhérer, un personnage de chair et de sang, une victime dont les motivations sont véhiculées par la haine mais également par ce qu'il est devenu aujourd'hui, un monstre défiguré et, ironie du sort, c'est déjà en monstre, un monstre de méchanceté, que les adolescents le percevaient avant le terrible drame. On est donc loin ici de ces tueurs psychopathes dont les agissements et le comportement souvent extraordinaire caressent de façon plus ou moins abracadabrante le surnaturel. Maylam refusa, en effet, de mettre en scéne un nouveau Jason, archétype même de ce genre de personnage certes effrayant mais absurde. Maylam et Savini travaillèrent beaucoup sur l'apparence de Cropsy, s'inspirant de photos de grands brûlés, désireux de le rendre le plus crédible possible aux yeux du public.

Pour le reste, CARNAGE repose sur les effets classiques et récurrents de ce type d'œuvres, à savoir un lot de fausses peurs et de faux suspense, trés bien amené ici, ponctué par une bande son oppressante. Le spectateur sursautera à juste raison plus d'une fois dans son fauteuil, riant de lui même de s'être ainsi fait prendre à ces effets éculés avant que Cropsy ne frappe bel et bien, pour de vrai cette fois. Ajoutons à cela une partition synthétique estampillée années 80 particulièrement efficace signée Rick Wakeman, ex-membre du groupe Yes et ami de longue date de Maylam, une réalisation alerte et soignée, ce qui cerne mieux les raisons de ce succés.

Mais CARNAGE c'est aussi son casting "prestigieux" à l'interprétation hors pair. Tous les jeunes comédiens sont remarquables et on aura le plaisir de retrouver à leur tout début, outre une toute adolescente Holly Hunter (LA LECON DE PIANO, CRASH...), Fisher Stevens (LES AVENTURIERS DE LA 4eme DIMENSION, SHORT-CIRCUIT, APPELEZ MOI JOHNNY 5...), Jason Alexander, Ned Eisenberg ou encore Brian Backer qui connurent tous une longue carrière notamment à la télévision américaine.

CARNAGE, sur lequel travaillèrent Jack Sholder (en tant que monteur), qui par la suite réalisera ALONE IN THE DARK, LA REVANCHE DE FREDDY ou HIDDEN entre autres, et les frères Bob et Harvey Weinstein qui de leur coté fonderont la boite Miramax, demeure à ce jour un des meilleurs ersatz du film de Sean S. Cunningham, un indispensable slasher qui aujourd'hui n'a rien perdu de sa force, un petit joyau que le temps n'a pas érodé.

Titre "culte" de son catalogue, MGM nous offre enfin un disque à la hauteur du film aprés les calamiteuses éditions précédemment sorties ailleurs dans le monde. Ce disque double couche saura satisfaire les amateurs du film qui trouveront enfin réponse à leur attente. Tiré à partir d'un nouveau transfert, CARNAGE est présenté dans sa version intégrale de 91 minutes et en mono d'origine. Contrairement à pas mal des éditions DVD sorties précédemment, le film est cette fois proposé dans son format cinéma aux alentours du 1:85. Les transferts plein cadre ne respectaient pas le format voulu par le réalisateur mais révélaient un peu plus d'image en haut et en bas comme on pouvait le constater sur le DVD édité par Dragon de l'autre côté du Rhin. Bien entendu, ce nouveau transfert affiche une image beaucoup plus détaillée. On notera ainsi le travail remarquable effectué sur les séquences nocturnes, absolument brillantes, aux châtoyantes couleurs, d'une netteté quasi impeccable. On pourra enfin se délecter pleinement des exactions de Cropsy sans froncer des sourcils ni se casser les yeux. Si on regrettera par contre ça et là un manque de contraste sur certaines séquences de jour lors de plans en plein air, on déplorera surtout ce léger voile blanchâtre qui de temps à autre affadit un tant soit peu les couleurs et rend tout spécialement flous les arrières plans, notamment lors des scènes prés du lac ou sur le lac lui-même en début de film. Cela donne un effet brumeux, choix peut être voulu par le cinéaste donnant un cachet irréel, mais gâchant ainsi la beauté des décors naturels. On soulignera parmi les petits plus techniques l'existence de sous-titres français fort bien venus.

DVD américain

DVD allemand

Autre atout et non des moindres de cette édition, le DVD est particulièrement riche en bonus. L'édition nous offre en effet un excellent commentaire audio de Tony Maylam aux côtés du célèbre journaliste américain Alan Jones. Avec entrain, Maylam se remémore le tournage du film et nous conte moultes anecdotes avec une joie communicative. Après nous avoir appris que le film devait initialement s'apeller THE CROPSY MANIAC, titre jugé trop peu commercial, Maylam revient essentiellement sur l'ambiance du tournage qu'il traite d'exceptionnelle. Cette joie de vivre qui transpire à l'écran n'est en rien feinte et elle n'est que le parfait reflet de ce que furent ces semaines de tournage. Les jeunes acteurs étaient tous de véritables professionnels qui prirent leur rôle très au sérieux sans jamais perdre ce côté candide et si naturel qui caractérise CARNAGE. Maylam parle avec beaucoup de plaisir des incessantes facéties de Jason Alexander et Ned Eisenberg, les soirées passées à rire avec eux dans l'hôtel où ils étaient tous logés, cette franche camaraderie si rare sur un tournage. Fier d'eux, il n'oublie pas de parler du parcours qu'ils ont quasiment tous connu par la suite, en particulier Fisher Stevens, Jason Alexander, Ned Eisenberg et Brian Backer, sans oublier la petite Shelley Bruce, l'interprète de Tiger, qui sortait de Broadway où elle jouait alors la célèbre comédie musicale ANNIE.

Tout cela, nous apprend-il, fit qu'il refusa de faire un THE BURNING 2, cette atmosphère unique aurait été impossible à recréer. D'après lui, une suite aurait été, sinon décevante, un échec. Il situe ensuite le film dans son contexte cinématographique d'alors, notamment en le comparant à VENDREDI 13, puis évoque l'impact qu'il eut à sa sortie, ayant été présenté comme un des films les plus sanglants jamais fait alors. CARNAGE en traumatisa plus d'un en Amérique à sa sortie, quand le film ne fut pas tout bonnement interdit comme en Angleterre, banni jusqu'en 1992. C'est avec fierté que Maylam fit les tournées promotionelles de son bébé, tournées qu'il raconte bien évidemment. Il n'oublie pas, enfin, de nous faire part de quelques anecdotes de tournage, notamment comment fut réalisée la scéne où une des actrices, Carolyn Houlihan, doit se baigner nue, cette dernière étant trés pudique.

Aprés cet allègre commentaire audio, on se précipitera sur un mini documentaire de 15 minutes intitulé "Blood'n'fire memories" mené par Tom Savini lui-même. Il nous y revèle les secrets des effets spéciaux avec une profusion d'images d'époque des plus intéressantes. On y découvre la réalisation de la scéne d'ouverture, Cropsy se transformant en torche vivante, personnage joué ici par Savini lui-même remplacé ensuite par le cascadeur Reid Rondell. Savini, ému, revient sur sa mort, deux ans plus tard, sur le tournage de la série télévisée SUPERCOPTER. Nous sont ensuite revelés tous les secrets du massacre du radeau qui remplit une bonne partie du documentaire, puis ceux de la mort de Larry Joshua avant que le célébre maquilleur nous parle de sa conception de Cropsy et le travail effectué dessus avec l'aide de Tony Maylam. Il confirme que tous deux souhaitaient un personnage des plus crédibles, loin du Jason de Cunningham. Savini conclut ce documentaire en avouant lui aussi sa fierté et son bonheur d'avoir travaillé sur ce film et ce personnage, pour lequel il refusa de faire les effets spéciaux du TUEUR DU VENDREDI de façon à mieux s'investir sur CARNAGE, film auquel il croyait. De bien beaux bonus donc même si on peut regretter l'absence de sous-titrage qui décevra certainement les non anglophiles mais s'expliquant aisément par la destination de ce DVD normalement réservé au marché américain. On terminera par une petite galerie de photos du film et les bandes annonces de JEEPERS CREEPER, JEEPERS CREEPER 2, HORROR et, bien sûr, CARNAGE sous son titre original (THE BURNING).

Rédacteur : Francis Perrin
5 critiques Film & Vidéo
On aime
La bonne humeur du film
Le suspense bien emmené
Les meurtres sanglants et la séquence du radeau
La musique
Un casting hors pair
On n'aime pas
Le manque de contraste sur certaines scènes de jour
Ce léger flou sur les arrières-plans lors des scènes extérieures
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Autres critiques
L'édition vidéo
THE BURNING DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaire audio de Tony Maylam et Alan Jones
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