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Critique du film
DOOMSDAY 2008

 

Un virus terrible qui porte le doux nom de La Faucheuse a décimé une grande partie de la population britannique. Les malades sont mis en quarantaine en Ecosse et le mur d'Hadrien est reconstruit pour les y confiner. Les années passent, le pays se reconstruit et puis la Faucheuse refait son apparition. Entre-temps, les dirigeants du pays ont découvert par photos satellites qu'il y a encore de la vie en Ecosse et ils en déduisent qu'il doit exister un antidote contre le virus. Ils décident d'y envoyer une spécialiste des opérations spéciales, Eden Sinclair, qui se voit donner 48 heures pour mener à bien sa mission.

Les loups-garous, le survival et maintenant, le post-apocalyptique avec une touche de science-fiction et une énorme louchée d'action. En seulement trois films, Neil Marshall démontre non seulement qu'il est parfaitement à l'aise avec les divers sous-genres mais surtout qu'il est bien en route pour devenir l'un des réalisateurs incontournables de sa génération. Une nouvelle fois, il se plaît à citer ses réalisateurs de chevet sans pour autant tomber dans la facilité. Nul besoin d'avoir vu MAD MAX 2, ALIENS ou NEW YORK 1997 pour adhérer complètement à son troisième long métrage qui s'avère un spectacle grandiose du début à la fin. Reprenant les codes du film post-apocalyptique avec son lot de barbares primitifs et d'action non-stop, il les intègre à une histoire où se mêle horreur et science-fiction sans se perdre en route.

Ayant plus de liberté de mouvement et de moyens financiers à sa disposition que pour ses précédents métrages, Marshall en profite pour laisser sa réalisation littéralement s'envoler avec de multiples et magnifiques plans de grue utilisés judicieusement sans oublier des scènes de combat explosifs mais toujours lisibles (dont un bref mais mémorable combat à l'épée ou encore les mémorables quinze dernières minutes). Filmé dans un sublime format large (2.35) en Afrique du Sud, Marshall exploite avec une aise presque insolente la vaste nature qui se perd à vue d'œil pour ensuite nous emmener en Ecosse dans un véritable château où règne Kane, ancien scientifique reconverti au Darwinisme dans sa plus simple idée. Incarné par un Malcolm McDowell en pleine forme, il dirige ses hommes comme un véritable seigneur, ayant même un homme de main, Telamon, qui semble directement inspiré du Death Dealer de Frank Frazetta. Pour le reste de la distribution, Marshall n'a pas lésiné sur le talent et s'est offert les services d'une belle brochette d'acteurs. Le rôle principal d'Eden Sinclair incombe à Rhona Mitra, une superbe brune devenue célèbre en étant durant quelques temps Lara Croft pour la promotion des jeux vidéo Tomb Raider. On l'avait entr'aperçue dans L'HOMME SANS OMBRE puis vue de plus près dans des séries télé comme NIP/TUCK tout en essayant d'oublier sa présence au générique de BEOWULF. Clairement inspirée du bien connu Snake Plisken jusqu'à l'œil manquant, elle ne possède toutefois pas le même charisme inoubliable et remplit son rôle avec ce qu'il faut sans le transcender. Sous sa carapace se trouve une faille, celle de ne plus avoir revu sa mère qui s'était sacrifiée pour permettre à sa fille d'échapper à une mort certaine dans la zone de quarantaine une petite trentaine d'années auparavant. Cette faiblesse ne servira pas à mettre en scène d'improbables retrouvailles mais à rajouter une dimension humaine à une femme que l'on devine réticente à toute forme d'attachement, une solitude dans laquelle elle n'invite qu'une seule personne, son supérieur Nelson (Bob Hoskins). A ses côtés, on retrouve dans de petits rôles certains habitués des films de Marshall comme Sean Pertwee (DOG SOLDIERS) ou Nora-Jane Noone mais également MyAnna Buring (deux des spéléologues infortunées de THE DESCENT) dont le personnage aura plus de consistance pour des raisons que nous ne révélerons pas. En face se trouvent les antagonistes menés par Sol, joué par un autre acteur fétiche de Marshall, Craig Conway. Dans DOG SOLDIERS, il était le campeur de l'introduction ; dans THE DESCENT, il incarnait Scar, le leader des créatures souterrainnes. Ici, il est grimé en punk sauvage aux muscles saillants et littéralement habité par ce personnage hallucinant qui invite le peuple à des barbecues humains sur fond musical de Siouxsie and the Banshees ou encore à un cancan décidément rock'n'roll exécuté par des hommes en kilt ! Marshall rajoute un autre clin d'œil musical aux années 1980 vers la fin du film où un combat entre véhicules armés et un bolide futuriste se déroule sur Two Tribes de Frankie Goes To Hollywood. Les dirigeants du pays, menés par le Premier Ministre Hatcher (encore une référence à peine déguisée ?) et Canaris (David O'Hara) incarnent l'autorité suprême en costume-cravate dont les raisons pour vouloir récupérer l'antidote sont aussi égoïstes qu'on l'imagine. Les scènes au ministère ne sont d'ailleurs pas sans rappeler l'hypocrisie galopante qui s'étale dans l'appartement de Kaufman dans LAND OF THE DEAD, un autre dirigeant dont la mégalomanie ne résiste pas non plus à une menace qu'il sous-estime largement.

Le seul défaut du film, si l'on peut dire, c'est qu'il arrive bien après de nombreuses œuvres au discours plus subversif et novateur pour leur époque. La régression à un état primitif de l'être humain après une catastrophe naturelle, l'exploitation voire l'oppression des plus faibles, le développement technologique dans le seul but est de régner… Tout cela a déjà été développé par des réalisateurs comme John Carpenter ou George Miller, pour ne citer qu'eux, et DOOMSDAY est bien trop référentiel pour se mesurer à leur originalité. Il est toutefois indéniable que d'un point de vue purement spectaculaire, le film de Marshall bat des records d'injections d'adrénaline et en cela se placera paradoxalement lui-même comme future référence à d'autres réalisateurs désirant s'aventurer dans le post-nuke.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
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