Amis depuis l'enfance, Dave et Andrew ont trouvé un équilibre en vivant ensemble. Tout irait pour le mieux si un grand nombre de problèmes ne venaient à leur tomber sur le coin du nez. Tout semble s'écrouler alors que la police et des employés municipaux viennent frapper à leur porte en même temps pour les emmener en prison et raser leur maison. Ce qui semble être la fin va toutefois marquer le début d'une étrange aventure…
Le réalisateur Vincenzo Natali s'est fait un nom dès son premier long métrage. A la fin des années 90, CUBE avait donc fait le tour des Festivals avant d'être distribués largement un peu partout dans le monde. Ce premier film réalisé avec un très maigre budget exposait le talent du cinéaste. Etrangement, il ne va pas embrayer rapidement sur les projets qui auraient pu se monter suite à son premier succès. Quelques années plus tard, toujours dans le registre de la Science-fiction et pour le grand écran, il confirmera son sens de l'image avec un CYPHER dans l'esprit d'un thriller à la Philip K. Dick. Juste après, il va enchaîner avec un curieux projet où il va de nouveau collaborer avec les acteurs David Hewlett et Andrew Miller. Amis de longue date, ils ont déjà tourné ensemble CUBE et David Hewlett est apparu jusque là dans tous les films de Vincenzo Natali. NOTHING renoue aussi avec CUBE en proposant un film concept dont le nombre de personnages et aussi limités que ses décors !
La première partie de NOTHING va tout d'abord nous présenter nos deux héros ou plutôt nos deux zéros. Après un rapide et sympathique historique animé, il est évident que Dave et Andrew sont deux jolis spécimens d'asociaux. Maniant un humour acide, NOTHING s'ingénie à nous présenter des situations surréalistes comme l'activité d'agent de voyage que pratique Andrew alors qu'il ne quitte jamais son domicile puisqu'il est agoraphobe. Cette dérision n'est pas sans rappeler, par endroit, celle des Monty Python, impression validée dès l'ouverture du film avec ces cartons insistant lourdement sur le fait qu'il s'agit d'une histoire rigoureusement véridique, ou bien se rapprochant de la comédie bizarre dans le genre du récent ADAM'S APPLES. Dave et Andrew ne sont donc pas fait pour vivre en société et les «autres» le leur rendent bien ! Méchante petite fille ou odieux chef de service, rien ne leur est épargné une vie décidément bien cruelle. La solution sera curieusement trouvée en supprimant définitivement les problèmes mais aussi les gens et l'environnement qui les ont agressés jusqu'ici. En dehors de leur maison, il n'y a donc plus rien… Inquiétant et déroutant pour les deux personnages, ils vont au préalable découvrir ce nouveau monde d'une blancheur immaculée avant d'y trouver leur compte. Le plus introverti des deux, Andrew, va d'ailleurs finir par trouver une sorte d'épanouissement inattendu dans ce néant. Comme dans CUBE, Vincenzo Natali en profite donc une nouvelle fois pour confronter des êtres humains entre eux dans un univers aux règles particulières. Confinés dans CUBE, les personnages se trouvent dans une situation similaire avec NOTHING puisqu'ils sont, quant à eux, enfermés dans un espace infiniment vide.
L'idée pourrait tourner court mais l'histoire prend dans son dernier tiers un tournant imprévu. En redéfinissant leur univers, les deux hommes ont la possibilité de se réinterpréter eux même. Sous couvert d'un postulat «Fantastique», NOTHING devient alors une réflexion sur ce qui caractérise les individus et donc par extension l'humanité. Les qualités et travers des personnages sont rapidement exacerbés avec l'option d'être éventuellement effacés. La personnalité des personnages en est forcément altérée ce qui change leurs relations. Un discours philosophique passionnant qui est traité de bout en bout avec des situations délirantes et humoristiques. NOTHING évoque même certains sujets connexes sans pour autant s'y appesantir. Toutefois, malgré une durée assez courte, NOTHING connaît quelques petites baisses de régimes ou bien des séquences un peu gratuite comme la course bondissante après un dictaphone. Heureusement, la bonne humeur et la mise en image de l'évolution des personnages dans cet univers vide emportent largement l'adhésion.
NOTHING se rapproche encore de CUBE dans son dénouement qui risque de rebuter les esprits rationnels. Vincenzo Natali se refuse donc à expliquer de façon rationnelle, ou pas, ce qui a bien pu mener les personnages dans cet étonnant univers. A vrai dire, ce n'est finalement pas le sujet du film. A l'instar de CUBE, c'est donc la situation et ce qu'elle va produire sur les personnages qui intéresse le cinéaste. L'insensé final donné au film est d'ailleurs pour le moins nihiliste. Néanmoins, les dernières minutes renversent la vapeur de façon réellement optimiste. Débarrassé de tout, les deux personnages réalisent que leur amitié subsiste. Plutôt mignon et, en même temps, NOTHING fait un dernier pied de nez aux incompréhensions, petits tracas et autres actes égoïstes qui pourrissent nos quotidiens ! Annonciateur de ce drôle d'épilogue, les rêves prémonitoires un peu gore des deux personnages trouvent là une explication évidente. Après cette fin très radicale, une dernière séquence amusante récompensera les spectateurs qui seront restés jusqu'à l'issue du générique final de ce NOTHING bougrement sympathique et inventif !
Metropolitan propose NOTHING dans son format cinéma d'origine. Malgré le sujet minimaliste du film, Vincenzo Natali a donc opté pour un cadrage 2.35 dont il se sert à merveille pour filmer les vides étendues immaculées dans lesquelles évoluent les personnages. Le transfert 16/9 s'avère d'ailleurs très réussi en retranscrivant la photo du film y compris au début avec cette image aux contours un peu évanescents dans le monde réel. Pour sonoriser le film, on pourra opter entre la version originale anglaise sous-titrée ou le doublage français. Les deux pistes proposent un Dolby Digital 5.1 très efficaces. Bien qu'une grande partie du film se résume à des échanges de dialogues, le mixage sonore propose donc quelques moments assez surprenants d'un point de vue sonore.
Le commentaire audio présent sur l'édition américaine n'a pas été repris ici. En échange, on trouve quelques suppléments absents du disque édité par MTI aux Etats-Unis. Par exemple, on peut découvrir un petit reportage, «L'écho du vide», sur l'enregistrement d'un morceau musical pour NOTHING. Morceau qui ne sera finalement pas utilisé dans le film mais cela donne en tout cas une vue des conditions de travail particulières du compositeur. Ceux qui apprécient la musique trouveront d'ailleurs un clip vidéo caché sur les menus. Cette vidéo musicale présente au passage des images de tournages et les paroles de la chanson sont sous-titrées en français (une excellente initiative !). On pourra encore découvrir une vidéo où le réalisateur présente son film lors d'un festival à Toronto. La partie intéressante, celle où le cinéaste répond aux questions du public à l'issue de la projection, n'est hélas pas présente ce qui diminue quelque peu l'intérêt de cette présentation. Le Making, d'une durée de dix huit minutes, est largement plus intéressant. Quelque peu éloignés des Featurettes promotionnelles habituelles, on y découvre Vincenzo Natali, ainsi que les deux acteurs, qui parle ouvertement du film. Ces interventions sont entrecoupées d'extraits de NOTHING mais aussi de CUBE et de courts-métrages. A cela vient s'ajouter une comparaison entre le story-board et le film terminé sur trois séquences différentes. L'une d'elle permet de voir qu'à l'origine, le réalisateur pensait utiliser le jeu vidéo Virtua Fighter 4 sur Playstation 2 alors que dans le film, les personnages jouent à Dead or Alive 3 sur Xbox. Et pour terminer, on pourra encore voir des bandes-annonces dont celles de CUBE et CYPHER, les films précédents de Vincenzo Natali, ainsi que celles d'autres titres à paraître chez l'éditeur. Parmi celles-ci, on notera un curieux film d'animation allemand avec des chats aux images plutôt sanglantes, FELIDAE. Enfin, certaines bandes-annonces sont accessibles seulement à l'insertion du disque comme celle de RESIDENT EVIL : EXTINCTION.