Header Critique : ROBOTRIX

Critique du film et du DVD Zone 0
ROBOTRIX 1991

 

Peu convaincu par son enveloppe charnelle, un scientifique décide de se suicider en transférant son esprit dérangé dans le corps d'un robot mâle de son cru. Devenu particulièrement balaise et curieusement obsédé par le sexe, l'androïde choisit bien évidemment la voie de la débauche et du crime. Entre deux viols, il kidnappe donc le fils d'un richissime roi du pétrole. Mais le Scheik entend bien ne pas laisser cet acte impuni et réclame pour cela l'aide d'un duo de robots aux courbes particulièrement enivrantes…

En 1987, Paul Verhoeven donne vie à ROBOCOP, un flic mi-homme, mi-machine, qui verbalise les dealers de Detroit City de manière plutôt musclée. L'indiscutable qualité du métrage engendre bien évidemment le succès, deux suites, une série animée, une série télévisée et moult produits dérivés. Tout ce baroufle alors qu'en réalité, il manque au flic cybernétique de Verhoeven une composante essentielle à tout robot qui se respecte : Une énorme paire de seins ! C'est du moins ce qu'a dû penser le réalisateur Jamie Luk qui nous livre en 1991 avec ROBOTRIX une variante incroyablement carrossée du mythe. N'allez cependant pas croire que notre homme s'arrête ici puisqu'il nous invite par ailleurs à partager le quotidien d'un authentique TERMINATOR amoureux de la fesse ! Que de belles images en perspective…

A la lecture d'un tel concept, aussi novateur qu'audacieux, le spectateur n'a bien évidemment qu'une envie : celle de se renseigner quant à l'artisan de talent qui a osé entreprendre une telle mixtion des genres. Reste que la carrière de Jamie Luk Kim Ming ne nous éclairera guère puisque le monsieur est, comme beaucoup de ses confrères hongkongais, un véritable «homme à tout faire», capable de tenir une caméra, rédiger des scripts mais aussi jouer la comédie (près de 120 rôles en 30 ans !). C'est du reste cette dernière activité qui lui permettra de débuter dans le métier pour le compte de la Shaw Brothers. A compter du début des années 70, il enchaînera donc les rôles, exhibant ainsi fièrement sa petite moustache identifiable du premier coup d'œil. Il lui faudra attendre le début des années 80 pour accéder au poste de réalisateur mais ce n'est qu'en 85 qu'il deviendra réellement familier de l'exercice. L'homme met alors en scène quelques comédies romantiques avec notamment FOUR LOVES en 1989. Peu à peu, la romance cède la place au fantastique, l'humour se raréfie et la classification des métrages du monsieur s'élève. ROBOTRIX est donc ce que l'on pourrait appeler un «film charnière» puisqu'il est le premier métrage de Jamie Luk à être classé CAT.III tout en comportant encore une bonne part d'humour et de dérision…

Du côté du casting, le métrage nous propose bien évidemment du lourd avec tout d'abord cette chère Amy Yip. Nous avions déjà évoqué la miss et ses prothèses monstrueuses lors de la chronique de EROTIC GHOST STORY. Aussi, nous n'y reviendrons pas et nous nous contenterons de constater qu'une fois encore, le réalisateur est contraint de rivaliser d'ingéniosité pour montrer ce qui ne doit pas être montré. Comprenez par là que, bien qu'elle ait à l'évidence profité d'une offre promotionnelle sur la silicone (pour un kilo acheté, le second kilo offert ?), miss Yip rechigne toujours ardemment à se dévoiler de face. Les plans trois-quart-dos avec bras levé (quel naturel !) se succèdent donc, les drapés salvateurs s'accumulent et les tenues moulantes prennent le relais d'une mascarade digne du final de AUSTIN POWERS. Bien moins pudique, Chikako Aoyama incarne quant à elle une inspectrice de police tuée d'une balle dans son corsage (et non «corps sage»). Rafistolée grâce aux techniques modernes, la demoiselle retrouve ainsi la vie et un décolleté si présentable qu'il nous sera très régulièrement dévoilé. Comme son nom le laisse présager, Chikako Aoyama est une actrice japonaise qui s'offrira donc avec ROBOTRIX une première incursion à Hong Kong. La seconde, pour le film AU REVOIR MON AMOUR, en 1991, s'avèrera bien plus sérieuse et à dire vrai plus convaincante. La même année toujours et dans les mêmes décors, elle tiendra l'un des rôles principaux de FINALE IN BLOOD (qui ne sortira qu'en 1993), première œuvre plutôt racoleuse du réalisateur Fruit Chan (NOUVELLE CUISINE). La belle attendra dix ans pour revenir à Hong Kong et ainsi participer à la comédie romantique LA BRASSIERE dans laquelle il est question de créer le «soutien-gorge ultime» ! Un rôle sur mesure si l'on peut dire… Le reste de sa carrière se déroulera bien évidemment au Japon avec notamment la série des Ô EDO RAPEMAN (RAPEMAN OF EDO à l'international) et TABOU à l'occasion duquel elle jouera aux côtés de Takeshi Kitano

Paré donc d'un casting féminin irréprochable et ce selon des critères bien particuliers, ROBOTRIX ne pouvait se permettre d'erreur quant à l'attribution du rôle clef du diabolique robot violeur. La production en est consciente et c'est pourquoi elle fait appel à l'une de ces «gueules» hongkongaises habituées aux rôles de Bad-guys : L'excellent Billy Chow Bei Lei. L'homme endosse donc le perfecto et le pantalon de cuir pour nous livrer une performance lorgnant très violemment du côté du TERMINATOR de James Cameron. Le regard fixe est bien présent, de même que les dialogues minimalistes et la démarche rigide. Mais cela ne suffit pas à rendre notre ersatz de Schwarzenegger crédible et, malheureusement, c'est plutôt le Philip Kwok de THE CAT qui nous reviendra ici en mémoire. Qu'importe en réalité car, de tous les sous-Terminator que le cinéma nous a servi, celui-ci est de loin le plus distrayant ! En effet, en bon pervers qu'il est, l'être de chair et de métal aime à fréquenter les prostituées… Une activité bien peu commune pour un robot qui prend une tournure carrément surréaliste lorsque vient le moment de passer à l'acte. En effet, le réalisateur a semble t'il cru bon d'ajouter un bruitage (que l'on transcrira par un «Ploc !» digne d'un Pac-Man gobant une Pac-gomme) afin de ponctuer chacun des frénétiques coups de reins du robot ! Inutile de préciser que dès lors, l'aspect potentiellement érotique des étreintes en prend un sérieux coup.

Reste que le monstre cybernétique n'a pas dit sont dernier mot et qu'il entend bien nous offrir plus que d'étranges (et violentes) séquences d'accouplement. La classification CAT.III se doit d'être pleinement justifiée et ROBOTRIX propose ainsi son (petit) lot d'effets gores. Là encore, l'amateur de folie cinématographique trouvera sans aucun doute son compte avec par exemple une décapitation réalisée à l'aide d'un panier en osier ! Nous ajouterons à cela un enfoncement de cage thoracique et une performation rappelant bien évidemment les plus grands moments de KEN LE SURVIVANT. Jamie Luk ne se contente cependant pas de piocher dans l'œuvre du duo Tetsuo Hara / Buronson et s'inspire plus largement du manga et de ses ficelles comiques. On retrouvera donc dans son métrage une joyeuse bande d'obsédés sexuels, un individu victime d'épistaxis lorsqu'il voit une femme nue, ainsi que de multiples situations propices aux quiproquos… Toujours sur le même ton, nous aurons droit à un «concours de picole» à l'image de celui vu dans LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDU. Comme c'était le cas dans le métrage de Steven Spielberg, la femme s'impose face à l'homme et pour cause : C'est la synthétique Amy Yip qui s'y colle. Le résultat s'avère fort logiquement cocasse et la vidange qui s'en suit plutôt amusante…

Sans être un film à message, nous noterons par ailleurs que ROBOTRIX n'hésite pas à présenter une vision très «critique» des nations dites «puissantes». Ainsi, le fils du Sheik n'est qu'un insouciant amateur de femmes et son père n'aura droit qu'à un méprisant «Oil Sheik» (que l'on peut traduire par «Roi du Pétrole ») en guise de nom. Dans le même esprit, nous serons conviés en tout début de métrage à un hallucinant combat opposant deux robots de nationalités distinctes (le fauché HEATSEEKER n'est pas loin). Le premier, allemand, sera pour sa part rigide et sans une once d'humanité (on ne voit pas ses yeux) alors que le second, un américain au regard de Boston Terrier, se voit doté de la fameuse coupe de cheveux de John Rambo ! Après une succession d'impacts et de courts-circuits significatifs (les représentants desdites nations ne sont pas fiables), le robot chinois se verra contraint d'intervenir, prouvant ainsi aux yeux du monde son évidente supériorité (physique, intellectuelle et bien évidemment plastique !)…

Contre toute attente, Jamie Luk décide donc avec ROBOTRIX d'aborder la violence et le sexe par la voie de la dérision. Reconnaissons que l'homme s'en sort très correctement et que le ton «décontracté» de l'œuvre permet au spectateur de ne jamais sombrer, malgré une baisse de rythme notable en milieu de métrage. Relativement sage pour un CAT.III, le film réservera cependant quelques surprises avec par exemple un très inattendu (et furtif) nu frontal de l'acteur Billy Chow ! ROBOTRIX étonne par ailleurs lors du combat final, orchestré avec un soin que l'on n'osait espérer pour ce type de production. Atypique, amusant, stupide et décomplexé, le film de Jamie Luk s'avère être au final une oeuvrette sans prétention mais distrayante et réalisée avec un certain soin. Ajoutons pour finir que le seul spectacle d'Amy Yip et Chikako Aoyama engoncées dans des armures/soutiens-gorges pseudo-metalliques à faire pâlir ROBOFORCE justifie à lui seul le visionnage du film…

Inutile de préciser qu'un film comme ROBOTRIX, doté de surcroît d'un humour chinois très décalé, n'est pas forcément le meilleur client pour des éditions DVD internationales… C'est donc vers Hong Kong qu'il faudra se tourner pour découvrir la chose via le disque proposé par Joy Sales. Fidèle à ses récentes habitudes (voir les rééditions de EROTIC GHOST STORY 2 et EROTIC GHOST STORY 3 déjà chroniquées), l'éditeur range donc le boîtier «Keep Case» classique dans un fourreau de carton argenté d'un goût douteux… Qu'importe car au prix de l'objet, seul compte le contenu même du DVD.

Celui-ci nous propose de découvrir le métrage à un ratio 1.77 proche du 1.85 d'origine, et ce via un encodage 16/9ème d'une qualité honorable. La définition n'est pas optimale, la copie n'est pas dénuée d'artefacts mais les couleurs sont belles et les défauts numériques discrets. Seul un léger effet de rémanence, déjà constaté sur d'autres disques de l'éditeur, vient encore une fois obscurcir légèrement le tableau. Reste que si elles ne sont pas parfaites, les conditions de découverte de l'œuvre sont satisfaisantes.

Sur le plan sonore, le choix sera particulièrement limité puisque nous n'aurons droit qu'à la seule piste cantonnaise sous-titrée au choix en chinois traditionnel, chinois simplifié ou bien évidemment anglais. Cette unique option sonore nous est proposée dans un mono d'origine plutôt sobre, encodé sur deux canaux. Les dialogues sont clairs mais l'ensemble s'avère très plat, voir étouffé. A tel point que certains bruitages en viennent, en de rares occasions, à empiéter sur les dialogues… Le DVD de ROBOTRIX nous conduit donc à bilan technique correct, sans plus.

Du côté des bonus, l'éditeur ne fait toujours pas d'effort et nous sort comme à son habitude une galerie très spartiate de sept photographies d'exploitation seulement. Il s'agit là d'une bévue d'autant plus grave que le métrage a bénéficié, lors de ses différentes sorties en Asie, d'affiches fort sympathiques… Nous nous rabattrons donc tristement sur l'unique bande annonce proposée, là où la précédente édition Mega Star en offrait trois (d'autres métrages) en sus...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
ROBOTRIX DVD Zone 0 (Chine-Hong Kong)
Editeur
Joy Sales
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Chine-Hong Kong (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h33
Image
1.78 (16/9)
Audio
Cantonese Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Chinois
  • Anglais
  • Supplements
    • Bande annonce
    • 7 photographies d'exploitation
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