De nos jours, ou plutôt à la fin des années 50, des archéologues font une découverte très inattendue en fouillant aux alentours de pyramides américaines. Une indicible créature aurait semé la mort à l'époque des Mayas et cette chose est sur le point de faire son retour pour éliminer le maximum d'êtres humains sur son passage…
Au milieu des années 50, Riccardo Freda avait déjà réalisé un film d'épouvante en Italie. Malgré ses qualités, LES VAMPIRES ne lancera pas pour autant une mode dans la production cinématographique locale déjà fort occupée par la réalisation de films d'aventure en costumes. Trois ans plus tard, Riccardo Freda tente de nouveau l'expérience en proposant à la Galatea de produire un film mêlant horreur et science-fiction. Ce sera CALTIKI, LE MONSTRE IMMORTEL dont le sujet est écrit par Filippo Sanjust qui a déjà travaillé auparavant avec Riccardo Freda sur LE CHATEAU DES AMANTS MAUDITS. CALTIKI s'avère très influencé par plusieurs films sortis durant les années précédentes. Tout d'abord la série des Quatermass produite par la Hammer Films. Ainsi, dans le premier métrage, LE MONSTRE, on suit la lente dégénérescence physique et mentale d'un astronaute de retour sur Terre ce qui n'est pas sans rappeler l'un des protagonistes au centre de CALTIKI. Dans la suite des aventures cinématographiques du professeur Quatermass, LA MARQUE, on découvrait d'horribles monstres une nouvelle fois très gélatineux. Entre-temps, en 1956, la Hammer Films avait aussi produit X THE UNKNOWN et son étrange créature venu des profondeurs de la terre et absorbant tout sur son passage. Enfin, il n'est pas possible non plus d'ignorer DANGER PLANETAIRE (THE BLOB) d'Irvin S. Yeaworth Jr. sorti un an avant CALTIKI.
La maison de production Galatea va s'adjoindre les services des Américains de Climax Pictures de manière à financer CALTIKI. Il n'en reste pas moins que le métrage ne va pas bénéficier d'un budget faramineux. En tête d'affiche, curieusement, on place John Merivale qui n'a interprété jusqu'ici que des seconds rôles dans diverses productions britanniques. Face à lui, on trouvera essentiellement des figures connues du cinéma italien populaire. Les plus marquants sont ainsi Gerard Herter, prêtant ses traits à l'inquiétant Max, Daniele Vargas ou Giacomo Rossi-Stuart. Pour donner l'illusion d'une production internationale, il est décidé d'utiliser des pseudonymes anglo-saxons pour la plupart des membres de l'équipe. Riccardo Freda devient ainsi Robert Hamton, nom qu'il changera par la suite en Robert Hampton. Le scénariste, Filippo Sanjust, sera nommé Philip Just et son directeur de la photographie, Mario Bava, répondra au nom de John Foam. A l'époque, Mario Bava n'est pas encore réalisateur mais il a pourtant déjà eu l'occasion à plusieurs reprises de tâter de la mise en scène. Ce fut par exemple le cas sur LES VAMPIRES puisque suite à la défection de Riccardo Freda, Mario Bava terminera le film sans être crédité. Ce statut de réalisateur œuvrant dans l'ombre, il va être une nouvelle fois obligé de l'assumer sur CALTIKI. Car Riccardo Freda s'éclipse, comme il l'avait donc déjà fait avec LES VAMPIRES, en laissant Mario Bava seul pour achever le tournage. La patte du cinéaste italien est d'ailleurs présentes dès le début du film avec l'apparition très stylisée du premier personnage. Ces puissantes images évocatrices vont ainsi donner d'emblée un ton inquiétant et mystérieux au spectacle qui va suivre. Moins forts par la suite, le film se pare tout de même d'une mise en image très travaillée dans laquelle Mario Bava, comme à son habitude, joue avec les éclairages pour donner du relief à l'action. En plus d'avoir réalisé une partie du film et fait son travail de directeur de la photographie, le cinéaste italien va aussi s'occuper des effets visuels.
CALTIKI s'ouvre sur des fouilles archéologiques au Mexique. Bien évidemment, la production n'a pas les moyens d'envoyer l'équipe technique sur place et donc le tournage se déroulera en Italie. Grâce à des trucages optiques, Mario Bava va donner l'illusion que les acteurs sont bel et bien près des pyramides précolombiennes. De même, à la fin du film, il lui faut user d'ingéniosité pour mettre à l'écran l'ambitieux dénouement entre l'armée et la gigantesque créature. Cette partie du film fonctionne un peu moins bien en raison des blindés miniatures qui ressemblent pas mal à ce qu'ils sont réellement : des jouets en plastiques. Mais, arrivé à cet endroit du métrage, CALTIKI a déjà emporté l'adhésion avec son histoire plutôt ingénieuse de créature antédiluvienne et de cycle cosmique à base de comète radioactive. D'ailleurs, la créature n'est pourtant pas non plus très réussie. Sa représentation à l'écran n'a rien de vraiment menaçant mais la vision de ses victimes a tout de même de quoi assurer des images chocs qui, si elles paraissent aujourd'hui anodines, devaient être à l'époque franchement corsée !
Sans être une réussite de très haut niveau, CALTIKI réussit à divertir sans mal avec un scénario le plus souvent très prévisible mais, en tout cas, bien mené. Après CALTIKI, le plus souvent désavoué par Riccardo Freda, le cinéaste délaissera l'épouvante avant de revenir au genre avec L'EFFROYABLE SECRET DU DOCTEUR HICHCOCK. Dans l'intervalle, l'Italie va connaître un intérêt certain pour l'horreur gothique avec les sorties de L'AMANTE DEL VAMPIRO, SEDDOK : LE MONSTRE AU MASQUE, LE MOULIN DES SUPPLICES ou encore LE MONSTRE AU FILLE. Une vague d'épouvante qui va se généraliser de manière indirecte grâce à CALTIKI. Pour récompenser Mario Bava d'avoir sauvé les tournages de CALTIKI et de LA BATAILLE DE MARATHON en terminant les films à la place de leurs réalisateurs respectifs, la maison de production Galatea va donner l'opportunité au directeur de la photographie d'assumer pour une fois très officiellement la mise en scène d'un film : l'excellent LE MASQUE DU DEMON.
CALTIKI était déjà sorti en Italie chez NoShame. L'éditeur utilisait bien évidemment une copie italienne du film sur son édition DVD. Pour son édition française, Seven 7 n'utilise pas le même matériel puisque dès le début, on découvre un générique français et donc une copie francophone de CALTIKI. Présentée en 16/9 en ajoutant de petites bandes noires sur la gauche et la droite de l'écran pour obtenir le format cinéma 1.66 original, l'image du film n'est pas toujours parfaite. La faute, sûrement, à l'âge du film qui accuse presque cinquante ans. Le noir et blanc s'avère relativement bien rendu mais la compression se fait sentir sur les zones sombres et uniformes. De plus, certains contours laissent apparaître des soucis numériques communément appelé aliasing ou crénelage. Enfin, l'image n'est pas d'une grande stabilité mais ce souci était aussi visible sur le DVD italien. L'édition parue chez NoShame n'offre d'ailleurs pas une image supérieure, bien au contraire, en raison d'un rendu trop sombre et d'une définition inférieure. Enfin, si les deux éditions DVD proposent des transferts 16/9 au format cinéma, on notera de légères différences de cadrages.
Ce DVD donne le choix entre la piste originale italienne ou le doublage français d'époque. Les deux sont en mono et comportent de petits défauts typiques des anciens films : craquements ou chuintements. L'âge des deux pistes sonores se fait donc sentir. Pour une fois, c'est la piste française qui semble la plus satisfaisante même si le doublage paraît, pour certains personnages, beaucoup moins vivant que dans la version italienne. Cette dernière est, bien évidemment, disponible avec un sous-titrage en français.
Les deux réalisateurs du film étant décédés, les Italiens avaient donné à la parole à Luigi Cozzi, celui-ci avait, en effet, cotoyé Riccardo Freda et Mario Bava. Que ce soit l'interview ou le commentaire audio entièrement en italien, presque tous les suppléments étaient inexploitables pour ceux qui ne parlent pas la langue. Dans le même ordre d'idée, en France, il aurait pu être intéressant d'aller poser des questions à Bertrand Tavernier qui a travaillé avec Riccardo Freda au début de sa arrière. L'édition française choisi plutôt de s'orienter vers l'auteur de plusieurs livres consacrés au cinéma dont certains traitent directement de l'Horreur et du Fantastique. En quelques minutes, Gérard Lenne partage donc son savoir sur CALTIKI, Riccardo Freda et Mario Bava. L'intervention est très courte et cela aurait peut être mérité d'être un peu plus long et détaillé mais, au moins, cela va directement à l'essentiel sans essayer de broder avec des bavardages inutiles.