Du jour au lendemain, Maggie se retrouve mère adoptive de sa nièce qui
vient tout juste de naître. Jenna, sa véritable mère toxicomane, disparaît
sans laisser de trace. Six années passent et Maggie doit affronter le
fait que Cody semble souffrir d'autisme. Elle la place dans une école
religieuse, spécialisée dans ce type de troubles. Dans le même temps,
un agent du FBI arrive en ville pour enquêter sur les meurtres de jeunes
enfants.
L'ELUE est, en gros, une sorte de démarquage de LA MALEDICTION. Pour bien enfoncer le clou, il est utile de préciser que Mace Neufeld est le même producteur que celui de la fameuse série. Heureusement, on ne nous ressert pas la même histoire même s'il y a un tas de similitudes. Au contraire, il s'agit plutôt d'une version que l'on pourrait qualifier de "positive". La lutte est inversée et le but n'est plus d'éliminer le môme mais de s'en approprier la garde. L'une des grandes différences de cette ELUE ! Les points communs sont nombreux. Le film débute le jour de la naissance d'un enfant où se produit un phénomène astral particulier. Le même jour, de manière peu naturelle, le personnage central se retrouve en charge d'un enfant qui n'est pas le sien. Un personnage qui est ici une femme, pour changer, incrédule vis à vis de la religion. Tout comme le personnage de LA MALEDICTION, tout au long d'une enquête, son point de vue changera sur la religion, le diable et le statut de l'enfant. Etc. Le scénario apporte quand même son lot d'innovations comme l'organisation du vilain de service dont on ne peut s'empêcher de noter la ressemblance avec l'Eglise de Scientologie. Au passage, le film lorgne un petit peu du côté de LA CITE DES ANGES (ou plutôt LES AILES DU DESIR, forcément !). Une touche supplémentaire d'ingéniosité (pas d'imagination, hein ?) pour le récit bien que parfois cela ne soit pas toujours en bien. Le dénouement n'est pas le même non plus, ce qui paraît fort logique...
Assister à un affrontement des forces du bien (Dieu) et du mal (le Diable) n'est pas une raison pour nous asséner autant de séquences censées nous expliquer les bienfaits du bon Dieu. Le réalisateur aurait dû sucrer certains passages du scénario car on frise parfois l'overdose où le point culminant se déroule dans un couvent. Les nonnes ne voyant pas venir celles qu'elles attendent décident de les aider spirituellement en se rassemblant toutes dans la chapelle pour prier. A quelques kilomètres de là, le grand cornu doit sûrement bien se marrer. Pas vraiment puisque de toutes façons, il est l'éternel " looser " de service. Quelle que puisse être sa puissance ! Le film porte, bien plus qu'à l'accoutumée, son attention sur les forces du bien. Pas le meilleur moyen d'inquiéter le spectateur. Après tout, le mal, les monstres et les méchants sont bien plus fascinants, n'est-ce pas ? A force d'insister sur le fait que l'on est très bien entouré par la présence divine, cela a tendance à désamorcer l'impression de menace. A un point que les actions de tous les protagonistes perdent de leur intérêt pour se cristalliser autour de la seule décision d'un enfant.
Kim
Basinger, Rufus
Sewell, Jimmy Smits
et Christina Ricci.
Une bien belle affiche. De bons acteurs pour servir des personnages
qui n'en méritaient pas autant. Voilà qui rehausse pourtant le film.
Et mention spéciale pour la gamine qui est l'enjeu de toute l'histoire.
Après les acteurs, le film contient aussi des effets spéciaux numériques
sympas mais que l'on aurait aimé, une fois n'est pas coutume, bien plus
présents. Parce que L'ELUE pêche par radinerie à ce propos. Au
chapitre du gore, le film est assez pauvre et donne l'impression que
l'on a tout fait pour obtenir un film destiné au plus large des publics.
Pour la synthèse, elle vous laisse sur votre faim plus d'une fois. Surtout
lors de l'apparition de Satan ! A croire que Chuck
Russell cherche à oublier les effets spéciaux pour prouver qu'il
est enfin capable de faire un film "sérieux". Dans le cas qui nous intéresse,
on aurait pourtant préféré qu'il pallie le manque d'imagination de son
scénario par bien plus d'images démoniaques. Au final, le résultat est
mi-figue mi-raisin. L'ELUE n'est pas mauvais mais il n'est pas
spécialement bon non plus. Malgré tout cela, on suit une histoire certes
prévisible mais menée de manière à ce que l'on ne s'y ennuie pas trop.
Ce qui est déjà pas mal ! Pour le frisson, par contre, vous repasserez...
On peut s'amuser à noter que le cinéma invente de moins en moins. Ou alors tellement de choses ont été faites qu'inventer est devenu difficile. Mais lorsque Maggie s'approche d'une église avec les démons qui volettent autour, cela nous ramène directement à la tour du BAISER DU VAMPIRE avec sa nuée de chauve-souris. Les images numériques amènent, il est certain, une qualité visuelle que le film de la Hammer n'aurait pu se permettre à l'époque.
Le Making Of annoncé est présenté brut de décoffrage. Sur les treize minutes, il ne vous apprendra pas grand chose. Séquences de tournage sans commentaire explicatif et interventions express du réalisateur pour donner quelques explications mais pas d'un point de vue technique. Les interviews proposées ne sont pas plus informatives. Certains des intervenants ne donnent pas plus que le CV de leurs personnages. Dans l'ensemble, ils ne tarissent pas d'éloges les uns pour les autres. Il n'y a guère que le producteur et le réalisateur pour nous donner les motivations qui les ont poussés à faire le film. En gros, le Making Of et les interviews donnent l'impression d'être ce qui a pu être tourné, de manière brute donc, pour le montage d'une Featurette que l'on ne verra pas ici. La bande-annonce et quatre filmographies clôturent les suppléments de ce DVD. Le commentaire audio présent sur les éditions américaine et anglaise a disparu.
TF1 propose quatre bandes sonores pour deux langues. La possibilité de choisir de voir L'ELUE en version originale ou version française en Dolby Digital 5.1 ou en DTS. Le fait de ne pas pouvoir changer les bandes-son à la volée n'aide pas à réaliser une comparaison. Mais pas de grande différence notable entre ces quatre possibilités d'un point de vue technique. La version DTS peut sembler au premier abord moins puissante. Il n'en est rien et elle propose même un environnement sonore plus subtil. Il en ressort tout de même que le DTS et le Dolby Digital finissent dans un mouchoir de poche, à notre avis, sur ce disque tant elles sont proches à l'écoute.
L'image nous pose un problème. Dans le sens où la majorité des scènes du film ont un éclairage très particulier tirant sur le jaune. Cela a pour effet de donner une impression peu naturelle voire provoquer l'apparition de halo de cette couleur sur les contours. On doute qu'il puisse s'agir d'un défaut puisque le problème n'apparait pas sur l'intégralité du film. Certaines séquences en étant totalement dénuées. Nous penchons donc plutôt pour un choix artistique du directeur de la photo du film. Néanmoins, nous n'avions jamais vu ce film auparavant et il nous est difficile de l'affirmer !
Si l'on excepte les suppléments qui donnent l'impression d'avoir été jetés là simplement pour annoncer des "Bonus" sur la jaquette, ce DVD est un peu à l'image du film. Pas le meilleur que l'on ait vu mais loin d'être le plus mauvais. Point de vue son et image, il s'en sort très bien. Le film, un peu moins.