John Bell et Kathe Batts se disputent la propriété d'un terrain et la femme, qui a la réputation d'être une sorcière, lance une malédiction sur la famille Bell. Des évènements terrifiants ne vont pas tarder à se produire prenant surtout comme cible la fille cadette des Bell, Betsy. Aidés par son professeur d'école et un prêtre, les Bell vont tenter plusieurs exorcismes mais rien n'y fait, l'Entité ne lâchera son emprise sur eux que lorsque l'un de ses membres trouvera la mort.
La légende de la «Bell Witch» est basée sur un fait divers réel survenu à Red River au Tennesse entre 1880 et 1920. Comme c'est le cas pour un grand nombre d'évènements surnaturels, il existe une foule de livres sur le sujet. The Red Book, publié en 1894 contient par ailleurs un témoignage écrit par le jeune frère de Betsy Bell. A l'instar d'autres légendes ayant inspiré les écrivains ou les cinéastes, on trouve également d'autres adaptions cinématographiques telles que le postérieur BELL WITCH : THE MOVIE ou l'antérieur THE BELL WITCH HAUNTING. Le scénario d'AMERICAN HAUNTING est basé sur le livre de Brent Monahan. Son ouvrage a été rédigé en prenant comme base un manuscrit, retrouvé en 1998, écrit par le professeur d'école de Betsy qui vécut sur la ferme familiale durant les deux années que durèrent les évènements. Cependant, Monahan ajoute une fin romancée à cette terrible histoire qui n'a jamais été résolue. Nous ne la dévoilerons pas ici sous risque de vous gâcher la révélation finale mais bien qu'elle fut décevante pour certains, elle rejoint néanmoins l'une des hypothèses les plus répandues et avancée par des spécialistes du phénomène des poltergeists. Cette explication s'inscrit alors de façon tout à fait crédible dans le contexte de l'histoire, la rendant d'autant plus poignante.
Ce film n'est que le second long métrage de Courtney Solomon. Pour ceux qui ne reconnaissent pas le nom, il fut le réalisateur de l'effroyable DONJONS ET DRAGONS ce qui ne le prédisposait pas spécialement à s'attaquer à une histoire de hantise où se mêlent les superstitions d'antan, la religion et un secret de famille réprimé par tous. Et dès l'introduction, la perplexité s'installe avec cette image d'une petite fille fantôme tout droit sortie de n'importe quel métrage asiatique de récente mémoire. Mais AMERICAN HAUNTING enchaîne ensuite directement sur la lecture du fameux manuscrit et nous voilà plongés dans le Tennesse du XIXème siècle. L'amorce d'intrigue dans le présent ne sera résolu que lors des toutes dernières images dans un épilogue par trop prévisible.
John Bell est incarné de façon plutôt paresseuse par un Donald Sutherland qui paraît ne plus avoir grand chose à donner au cinéma. Mais son physique particulier et certains maniérismes uniques réussissent toutefois à nous faire oublier son jeu globalement moyen, d'autant plus qu'il est entouré par un casting de choix. Dans le rôle de la mère, Sissy Spacek insuffle une grande tendresse mais ne s'impose pas autant qu'on aurait pu l'imaginer. L'actrice, rendue inoubliable par son tout premier rôle dans CARRIE AU BAL DU DIABLE, n'a cependant rien perdu de son charme décalé ni de son jeu tout en subtilité. Mais c'est Rachel Hurd-Wood qui remporte la palme dans le rôle éprouvant de la jeune Betsy. Belle comme un cœur, elle incarne l'image parfaite de l'innocence et joue à la perfection sans tomber dans la surenchère.
Avec tout de même un poil plus de retenue, ce qui renforce paradoxalement la terreur, les attaques ne sont pas sans rappeler celles vues dans L'EXORCISME D'EMILY ROSE. Les émotions de la jeune fille sont mises en avant et au travers de son repli progressif sur elle-même, on devine une souffrance trop lourde à porter pour son jeune âge. Elle est soutenue par sa famille, qui essaie de faire face comme ils le peuvent, et surtout par son professeur d'école, Richard Powell (James D'Arcy), de vingt ans son aîné mais secrètement amoureux d'elle. Parmi divers exorcismes ratés, il tente d'avancer des explications rationnelles vite mises en échec par de nouvelles manifestations terrifiantes. Par ailleurs, Betsy n'est pas la seule à subir les attaques, son père est régulièrement agressé par un grand loup noir et voit sa santé physique dépérir petit à petit.
Le film est servi par une très jolie réalisation qui souffre néanmoins de quelques effets de style irritants comme le passage entre la couleur et le noir et blanc quand l'Entité se promène en caméra subjective ou les mouvements saccadés d'une petite fille que Betsy est seule à voir. Certes, cette façon non naturelle de bouger est effrayante mais depuis JU-ON : THE GRUDGE, RING ou encore HYPNOSE, on a l'impression de percevoir tout le temps le même fantôme. Le réalisateur réussit toutefois à maintenir une bonne ambiance d'angoisse malgré une première partie répétitive qui culmine avec une fuite en diligence tout simplement impressionnante.
En ce qui concerne la soi-disant sorcière Kathe Batts dont on entend parler au début du film, sa présence paraît bien superficielle et elle aurait mérité que Solomon s'y attarde un peu plus. Certes, les domestiques évoquent son influence néfaste et donc ce qu'elle aurait pu provoquer mais le sujet reste bien trop en retrait pour que le spectateur ait une chance de se faire sa propre opinion. En fin de compte, la sorcière est rapidement écartée de l'intrigue. En cela, le scénario dévie du livre original ce qui est également le cas pour l'histoire d'amour entre Betsy et un camarade d'école qui n'est, ici, que vaguement effleurée. Pourtant, ses émotions fluctuantes à ce propos faisaient intégralement partie du déroulement de l'histoire et il est dommage de ne pas l'avoir appuyé davantage.
L'image est présentée en 2.35 et le scope est employé à bon escient, dirigé par un directeur de la photographie dont le talent n'est plus à démontrer : Adrian Biddle, décédé en 2005 et à qui le film est dédié. Le monsieur a commencé sur ALIENS et a continué, entre autre, avec EVENT HORIZON ou 1492 : CHRISTOPHE COLOMB avant de terminer sa filmographie en beauté avec V POUR VENDETTA. Comme c'est souvent le cas sur des films récents, aucun défaut marquant n'est à constater sur l'image.
Les pistes sonores sont présentées en anglais sous-titré et en doublage français. Présenté en Dolby Digital 5.1, les deux pistes sonores se répartissent de façon agréables et dynamiques dans les enceintes et a, de toute évidence, bénéficié d'un travail minutieux qui la rend extrêmement efficace durant les attaques. Enfin, la très belle partition musicale de Caine Davidson souligne l'ambiance restituée à merveille.
Si on passe un moment de qualité avec le film, il n'en est pas de même pour les suppléments qui se résument à deux modules promotionnels où l'on n'apprend strictement rien. L'antre des esprits est une sorte de Making Of d'une vingtaine de minutes où nous assistons au tournage de diverses scènes, découpées en passages très brefs et séparées par un simple écran noir. Le module suivant présente de très brèves interventions des acteurs principaux - Donald Sutherland, Sissy Spacek, Rachel Hurd-Wood et James D'Arcy – ainsi que de Courtney Solomon. Chacun fait un petit commentaire sur l'histoire, ses collègues acteurs ou le réalisateur. Avec seulement une durée totale de onze minutes, vous ne serez pas surpris de savoir que l'intérêt est plus que faible. Cette édition se termine par la bande annonce du film et du très sympathique SERAPHIM FALLS.