Ben Cahill va mal, ça semble évident. La directrice de l'hôpital où
il travaille lui intime l'ordre de prendre quelques semaines de repos,
l'occasion de faire le point sur ses déboires sentimentaux et ses problèmes
d'alcool. Il saisit l'occasion de se mettre au vert dans la bicoque
qu'il a achetée quelques mois auparavant, dans un ultime espoir de se
rabibocher avec sa femme, ce qui, à l'évidence, n'a pas été couronné
de succès. Une maison qu'il qualifie lui-même de porcherie, sur une
île où les habitants semblent figés dans une espèce d'immuabilité à
toute épreuve, et où, pour couronner le tout, sévissent des hordes de
terrifiants cafards.
L'intérêt de ECLOSION repose essentiellement sur les particularités du héros et des personnages. L'un des plus étonnants, c'est sans doute le patron de la droguerie locale. Un papy bien tranquille, qui considère que la vie doit tourner comme une horloge : ainsi, il trouve aberrant que Cahill, qui est pourtant totalement étranger dans la bourgade, ne sache pas que Nell, sa vendeuse, n'est JAMAIS là le lundi, jour où elle travaille aux docks. Pas la peine de le secouer pour qu'il vous vende des produits le mardi, il ne sait pas utiliser la caisse enregistreuse. Il faut attendre le retour de Nell pour encaisser. De quoi rendre un peu plus déboussolé notre chirurgien qui ne se démonte pas pour autant. Les autres habitants, des bouseux un peu ignares, sont eux aussi des caricatures qui passent leur vie au bar et qui cherchent la bagarre aux nouveaux venus. Il semble évident que la boisson soit sur l'île d'Orrs le sport local le plus prisé. Pas des mauvais bougres mais le fait de s'installer dans la maison du père Wald, saisie par la justice pour solder des arriérés d'impôts du défunt, place notre héros comme le symbole des problèmes des deux frères qui ont perdu la jouissance de cette baraque. Le décalage entre un personnage rural face à une population qui ne vit pas au même rythme finit de le rendre antipathique aux yeux des villageois. Un contraste qui donne une touche humoristique non négligeable dans la réussite du film. Ben est pourtant un brave gars qui n'a simplement pas de chance. Quand ce dernier essaye d'avertir la population à propos des insectes, on ne le prend pas au sérieux... Classique ! Face à une bande de satanés cafards plutôt agressifs, cela ne l'empêchera pas d'entamer une amourette avec la jolie fille du coin. Celle-ci deviendra alors l'un de ses rares alliés.
ECLOSION est un film sans prétentions produit pour la télévision. Il est par conséquent inutile de s'attendre à une révélation. Mais il demeure plus intéressant que pléthore de films produits pour le grand écran. Utilisant notre peur viscérale des insectes, un thème maintes fois abordé dans le cinéma, il prend délibérément le parti de faire des cafards une terrible menace. Ces bestioles répugnantes ont déjà fait l'objet de plusieurs films, des INSECTES DE FEU en passant par l'un des sketchs de CREEPSHOW. Vous trouverez une liste loin d'être exhaustive de ces productions, dont les titres déjà cités, dans les bonus du DVD. Il n'y a pas grand monde qui apprécie ces insectes rampants (quand ils ne se mettent pas à voler !). La répulsion face à un tapis mouvant composé de milliers de ces créatures fonctionne à merveille. Et ce, même si certains des effets spéciaux sentent un peu trop l'image de synthèse. Ou si parfois, en fonction des besoins du scénario, les cafards sont plus ou moins amorphes.
A propos des suppléments, pas grand chose d'autre sur ce disque en dehors du texte consacré aux cafards dans le cinéma, si ce n'est la bande-annonce de MIMIC (plus ou moins camouflée), dont TF1 Vidéo est l'éditeur, et celle de ECLOSION. Pour le reste, le DVD n'a pas de véritable défaut et le spectacle se regarde donc avec un certain plaisir.
ECLOSION est un divertissement sympathique à ne pas trop prendre au sérieux, pour passer un agréable moment en compagnie de ces blattes inamicales.