Header Critique : MOTHRA CONTRE GODZILLA (MOSURA TAI GOJIRA)

Critique du film et du DVD Zone 2
MOTHRA CONTRE GODZILLA 1964

MOSURA TAI GOJIRA 
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Une violente tempête fait d'importants dégâts au Japon. Le lendemain, des pêcheurs découvrent un œuf gigantesque qu'un entrepreneur peu scrupuleux décide d'acquérir pour en tirer profit. A la demande de deux minuscules jumelles venues de l'Ile de l'enfant, un couple de journalistes et un scientifique tentent de négocier afin de récupérer l'œuf mais ils se heurtent à la cupidité de l'entrepreneur véreux et de son commanditaire, un homme d'affaires sans pitié. Outre l'œuf, objet de toutes les convoitises, la tempête a aussi libéré un monstre terrifiant Godzilla, qui sort de terre après qu'elle se soit asséchée. La population est avertie aussitôt de son retour car il commence déjà à tout saccager sur son passage.

Tourné en 1964, MOTHRA CONTRE GODZILLA n'est pas un film sensationnel, au sens littéral du mot, et pourtant il est spectaculaire. En effet, les effets spéciaux sont particulièrement pauvres, mais comme pour KING KONG, je ne vois pas ce que nous pourrions attendre de plus, en 2001, d'un film de monstres tourné à cette époque. Le succès de Godzilla, non seulement au Japon, où c'est totalement culte, mais aussi dans le monde entier, tient pourtant en partie grâce à ces effets spéciaux qui dans les années 60 apportaient des images étonnantes. Pas forcément d'un point de vue technique mais plutôt dans ce qu'ils représentent. Ce qui a indéniablement donné ses lettres de noblesse à MOTHRA CONTRE GODZILLA, c'est cette délicieuse naïveté qui ne se dément jamais, tout au long du film. Il s'en dégage une poésie très enfantine mais extrêmement touchante, exacerbée par des personnages de contes de fées. Ceux-ci sont représentés par les jumelles et par les deux monstres qui s'affrontent. Pour renforcer cette impression, les notions d'honnêteté et de principes moraux sont par ailleurs des idées présentes du début à la fin du film. On peut très facilement raconter cette histoire à des enfants, qui sauront d'eux-mêmes faire la part entre le bien et le mal, s'attacher aux gentils et craindre les méchants. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si les jumelles et Mothra sont natives de l'Ile des enfants, autrefois paradisiaque mais détruite par l'homme.

Godzilla est un monstre atomique. Un monstre né de la folie meurtrière des hommes dont le seul intérêt est de conquérir le monde. Il ne fait aucun doute qu'au-delà d'un gentil conte pour enfants, on peut aussi voir dans toute cette série une propagande sur les ravages qu'à subi le Japon pendant la guerre. L'île de l'enfant de MOTHRA CONTRE GODZILLA n'est plus qu'un sinistre bloc de roches, au sein duquel évoluent des êtres mutants. Mais une petite partie de sa population a réussi à survivre, grâce à la protection de Mothra, et à préserver une minuscule oasis, rappel de ce que l'île était avant que l'homme y procède à des essais nucléaires. L'armée japonaise est tournée en dérision face au monstre, reflétant bien la rancœur ressentie par la population à l'égard de son impuissance à combattre l'ennemi.

MOTHRA CONTRE GODZILLA est dans la série des Godzilla un film charnière. En effet, c'est la première fois que le monstre combat un autre monstre vedette des Studios Toho. S'ensuivra une série de films où les combats de monstres seront récurrents avec des ennemis toujours plus redoutables. Les fameux studios Toho ont eu le nez creux, lorsqu'en 1954 ils envisagèrent de créer un nouveau concept : le "Kaiju eiga" c'est à dire le film de grands monstres. Leur succès ne s'est jamais démenti, et ce genre nouveau en a inspiré plus d'un. D'ailleurs, je me demande si Yves Brunier ne s'est pas un tantinet inspiré de MOTHRA CONTRE GODZILLA pour créer… l'Ile aux enfants et son fameux personnage : Casimir ! On retrouve quand même des similitudes assez surprenantes, à commencer par la ressemblance physique des deux monstres, leur côté balourd et pataud, le nom du lieu où se déroule l'action et l'aspect pédagogique que revêtent les deux concepts. Enfin… Je dis ça comme ça, au passage.


Mothra, la mite géante, est elle aussi une star des Studios Toho. Elle a été la vedette d'un film éponyme, en 1961 soit trois ans avant MOTHRA CONTRE GODZILLA, et déjà réalisé par Inoshiro Honda. Elle représente, par son grand âge et sa force tranquille, la modération face à la violence de Godzilla et à la folie des hommes. Son rôle écologique est évident. On peut encore déceler dans cette caractéristique l'hostilité des japonais à l'égard du nucléaire. Godzilla, quant à lui, est en train d'évoluer, comme si de son statut de monstre atomique, il devenait un personnage dont on tire les leçons, un exemple de ce qu'il ne faut plus faire. Ainsi, alors qu'il détruisait délibérément tout sur son passage dans ses précédentes aventures, on voit très clairement ici que toutes ses destructions sont le fait de sa maladresse et de son incompatibilité physique avec un monde qui n'est pas fait pour lui. Il glisse sur un parapet, s'écrasant lamentablement sur un immeuble, il se coince la queue dans un pylône… Bref, d'emblée, on le trouve sympathique, ce gros lourdaud. Bien sûr, les Studios Toho ne sont pas étrangers à ce changement d'attitude : face au succès grandissant que leur monstre remportait auprès des enfants, ils ont tout naturellement décidé de le transformer en monstre gentil (comme Casimir, j'insiste !).

Ce disque, édité par Studio CANAL, est présenté dans la collection " Cinéma de Quartier " dont nous avons parlé récemment avec Jean-Pierre Dionnet. Celui-ci dit adore ce film et espère vivement faire partager son sentiment à beaucoup de gens, ce qui lui permettrait de lancer d'autres titres de Inoshiro Honda, qui rappelons-le est le réalisateur du tout premier GODZILLA. Je suis pour ma part assez satisfaite de cette édition, mais j'y mettrai toutefois quelques bémols : on ne peut voir ce film qu'en français, ce qui est fort dommage car une VO sous-titrée aurait ajouté à notre plaisir de le découvrir en DVD. C'est d'autant plus étrange que la VHS éditée par CANAL+ Vidéo était, elle, en VO sous-titrée. Le résultat est parfois bizarre. Par exemple, quand les pêcheurs s'expriment, on a plus l'impression d'entendre parler des dockers du Havre (ne voyez dans cette comparaison aucune connotation péjorative, SVP) que des pêcheurs japonais. Dans le même ordre d'idée, quand la radio annonce l'arrivée de Godzilla, le son est bien trop pur pour être d'époque, ce qui laisse à supposer que la bande-son, en mono, a été refaite récemment. L'image, quand à elle, bénéficie d'un rendu assez acceptable. Souffrant de nombreux petits défauts de pellicule, de problèmes de moirage et d'une image manquant de précision, elle est tout de même préférable à l'édition américaine dont le format cinéma n'est pas respecté.

Pour ce qui est des suppléments, on a droit à une petite présentation de Jean-Pierre Dionnet avant l'apparition du menu principal, à l'instar de ce qui était déjà initié sur LE COLOSSE DE RHODES et LE MASQUE DE FU-MANCHU. Une présentation, je vous le rappelle, refaite pour la circonstance. Par ailleurs, vous découvrirez une interview de Jean-Pierre Jackson dont la conclusion finira de convaincre les plus sceptiques de voir ce film. Des filmographies, dont celle de Godzilla, amusant, et des notes de production intéressantes, même si elles sont présentées sous forme de texte. On pourra regretter l'absence de bandes-annonces d'autres films de la série, par rapport aux éditions sorties chez Simitar qui contenaient, elles, les trailers de 5 épisodes de Godzilla. Je suppose que si cette édition est aussi pauvre, comparée aux autres disques de la collection "Cinéma de Quartier", c'est peut-être dû à des problèmes de droits.

Le disque de MOTHRA CONTRE GODZILLA est une grande déception. On était, je pense, en droit d'attendre mieux ne serait-ce qu'au point de vue de l'image et d'une version originale qui brille par son absence !

Rédacteur : Nadia Derradji
Cofondatrice du site DeVilDead en l’an 2000, Nadia Derradji s’est, depuis, orientée vers d’autres projets personnels et professionnels.
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L'édition vidéo
MOSURA TAI GOJIRA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
2.35 (16/9)
Audio
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Interview de Jean-Pierre Jackson
    • Galerie de photos
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