Header Critique : FOOD OF THE GODS, THE (SOUDAIN, LES MONSTRES...)

Critique du film et du DVD Zone 1
FOOD OF THE GODS, THE 1976

SOUDAIN, LES MONSTRES... 

Footballeur de son état, Morgan est entraîné par deux de ses amis dans une partie de chasse qui va très vite tourner court. En effet, alors qu'il dégomme gaiement de sympathiques lapins, l'un de nos tireurs du dimanche se fait agresser par une escadrille de guêpes géantes et, bien évidemment, mortelles. La tristesse point mais passons outre. Il est urgent de reprendre ses esprits car le problème est bien plus grave qu'il n'y parait : Un produit hautement toxique tend à rendre les animaux qui le consomment démesurément grands ! Lombrics, vers, poules et rats deviennent ainsi d'horribles prédateurs bien décidés à bouleverser une chaîne alimentaire que nous pensions clairement établie.

Né en 1866 en Grande-Bretagne, H. G. Wells fût de ces écrivains qui marquèrent le monde de par leurs récits incroyablement visionnaires. «La guerre des mondes», «L'homme invisible», «L'île du docteur Moreau» ou encore «La machine à explorer le temps» dénotent tous d'une intelligence rare et d'une monumentale acuité à appréhender l'homme, son désir de conquête et sa soif de savoir. Cependant, ce n'est pas parce que l'on est l'un des plus grands écrivains de son siècle qu'on ne peut pas, de temps à autre, se laisser aller quelques vagabondages audacieux dans le monde du scientifiquement très improbable. C'est ainsi que Wells rédigea en 1903 «La nourriture des dieux», un roman narrant l'horrible histoire de sympathiques rongeurs rendus énormes et particulièrement agressifs suite à l'absorption de l'aliment-titre.

Comme beaucoup de romans de Wells, celui-ci se devait d'être porté sur grand écran. Qui mieux que Bert I. Gordon pouvait réaliser cette incroyable adaptation et dévoiler ainsi sans honte de monstrueux rats géants ? A dire vrai, beaucoup de monde… Reste que Gordon est LE réalisateur inévitable lorsqu'on aborde des thématiques aussi pointues que les créatures géantes ou les animaux anthropophages. Ainsi, en une petite vingtaine d'années, Gordon a déjà mis en scène des dinosaures, des géants (cyclocéphaliens ou pas), des sauterelles dévastatrices ainsi que de monumentales araignées. Cette passion pour le gigantisme lui vaudra du reste le surnom de BIG, hérité bien entendu de ses initiales. Au milieu des années 70, notre homme s'attaque fort logiquement à l'œuvre de Wells et sélectionne pour cela deux ouvrages qui lui semblent totalement dans ses cordes. Le premier sera donc «La nourriture des Dieux» (qui donnera SOUDAIN, LES MONSTRES...) et le second «L'empire des fourmis». Ce deuxième récit étant en réalité une courte nouvelle d'une dizaine de pages seulement, nous voilà fixés quand à l'extraordinaire capacité d'enjolivement de ce cher BIG…

Entre les mains de Gordon, le travail de H. G. Wells prend donc un virage très bis qui sera bien évidemment amplifié par le manque manifeste de moyens. Consciencieux, les acteurs s'adaptent et optent eux aussi pour une approche des plus simplistes. Leurs prestations relèvent en effet de l'extraordinaire tant les expressions, regards ou mouvements semblent totalement décorrélés de l'action en cours… Pamela Franklin, Ralph Meeker et Jon Cypher apportent tous leur déplorable contribution mais à ce petit jeu, c'est sans aucune hésitation l'acteur principal Marjoe Gortner qui décroche le pompon. Qu'importe que la situation se prête à la tristesse, la colère ou la frayeur : L'homme reste impassible et affiche un faciès que nous pensions jusqu'alors réservé aux seuls bovidés empaillés. Il est clair que STARCRASH et les nombreuses séries télévisées auxquelles Gortner a prété sa trogne n'ont jamais été de véritables tremplins vers une prestation oscarisable mais il est évident par ailleurs qu'avec SOUDAIN, LES MONSTRES..., l'acteur va très loin dans le pathétique…

Ne jetons cependant pas la pierre au bonhomme et reconnaissons que l'absurdité de certaines séquences ou dialogues n'aide pas. Nombreux sont ainsi les personnages qui payeront leur inconscience/idiotie/perte de lucidité de leur vie. Tant pis pour eux dirons-nous et tant mieux pour le spectateur qui sera par conséquent convié à une nouvelle mise à mort par quenottes interposées. Assez nombreuses, ces attaques létales mettent donc en scène des rats mais aussi des chenilles, des abeilles et, plus étrangement, un coq (les poules étant placides) ! Si l'usage de bestioles en latex sied plutôt bien aux rongeurs, il est en revanche plus hasardeux lorsqu'il s'agit d'insectes et surtout du fameux volatile. Bien que désespérément figée, sa bouille de plastique tapant frénétiquement Marjoe Gortner aurait dû provoquer l'effroi. Mais la maladresse des effets spéciaux en décidera autrement et transformera malheureusement la séquence en véritable monument de comédie involontaire. Un bien triste constat qui n'entachera pas cependant le gros des agressions réalisé par une équipée de rats particulièrement vicieux. Bien que terriblement sclérosés eux aussi, ils parviennent à convaincre et leurs babines ensanglantées permettent au film de ne pas sombrer trop abruptement dans la fosse aux navets. Le métrage use par ailleurs d'incrustations de véritables animaux agrandis pour l'occasion. Cet effet, s'il n'est pas toujours très heureux, remplit globalement son contrat et nous confronte donc à une véritable activité animalière plutôt bien gérée. A ce titre, nous noterons une nette régression dans l'usage de ce procédé dans le métrage suivant de Gordon : L'EMPIRE DES FOURMIS GEANTES.

Malgré donc l'absurdité de certaines scènes, le jeu lamentable des acteurs et quelques effets plus que douteux, on ressort de l'expérience SOUDAIN, LES MONSTRES... relativement repu. Repu car le film adopte en effet un rythme assez soutenu avec des attaques revenant à intervalles très réguliers. L'hémoglobine coule à flot et, mine de rien, une certaine forme de tension monte au fur et à mesure que la nature reprend ses droits. Bientôt, tels les héros de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, nos quelques survivants se verront contraints de se barricader au sein d'une maison qui n'a rien d'hermétique. Plagiant quelque peu LES OISEAUX de Hitchcock, Gordon multiplie encore une fois les assauts et les crises de panique jusqu'à un audacieux dénouement basé sur un postulat des plus étranges (les rats ne sauraient pas nager…).

Souffrant d'une médiocrité globale indiscutable, SOUDAIN, LES MONSTRES... est cependant un film qui amuse et s'avère particulièrement généreux en terme d'attaques fauchées. Ce qui s'avère inacceptable pour certains fera cependant le bonheur des autres puisque le métrage obtiendra avec les années une reconnaissance suffisante à la mise en chantier d'une suite pour le moins tardive. SOUDAIN LES MONSTRES 2, connu aussi sous le titre GNAW, verra donc le jour en 1989 sous la houlette du réalisateur tâcheron Damian Lee. Une suite qui optera bien entendu pour la surenchère en plaçant l'action non plus sur une petite île mais en pleine ville, avec donc une quantité de victimes potentielles revue nettement à la hausse.

L'EMPIRE DES FOURMIS GEANTES avait déjà eu droit il y a quelques années à une édition DVD dans le cadre de la collection américaine Midnite Movies. A l'époque, il s'agissait d'une collection dirigée exclusivement par la firme MGM qui mettait en vedette les films ayant fait le bonheur des Drive-In. Après un petit passage à vide, les Midnite Movies reprennent du poil de la bête et MGM nous gratifie donc d'un SOUDAIN, LES MONSTRES... aux spécifications alléchantes pour le public francophone. En effet, c'est avec joie que nous constaterons la présence de la piste française d'origine ! Bien que la piste proposant ce doublage ne soit pas des plus réussies, elle a le mérite de disposer à peu de choses prêt des mêmes qualités d'écoute que la version originale anglaise. A savoir que les dialogues sont clairs et que l'action est bien rendue. N'allons toutefois pas chercher de dynamique là où il n'en existe pas : Les pistes en mono d'origine sont plutôt plates et ne réaliseront aucune prouesse. Etrangement, la version originale se voit offrir en sus une alternative stéréo qui n'apporte a priori pas grand chose... Du côté des sous-titrage, c'est un peu la déception puisque ce disque ne propose pas de sous-titrage dans la langue de Molière. Reste que les sous-titres anglais sont bien présents et qu'ils s'avèrent amplement suffisants à la vue de la complexité des répliques...

Du côté de l'image, le constat est le même. A savoir que sans être époustouflant, nous avons là un transfert d'honnête facture qui remplit sans mal son contrat. Bien que très fourmillante, l'image nous est donc présentée dans un format 1.85 d'origine très lisible et aux couleurs plutôt vives. L'encodage 16/9ème offre une définition satisfaisante, la compression se fait assez discrète et nous ne noterons aucun véritable couac.

Nous déplorerons en revanche l'absence totale de bonus alors qu'une simple galerie d'images dévoilant les superbes affiches d'époque aurait été aisée à concevoir et particulièrement bienvenue. Dommage…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
48 ans
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241 critiques Film & Vidéo
5 critiques Livres
On aime
Les poulets en latex
Les attaques, plutôt nombreuses
On n'aime pas
Le jeu navrant des acteurs
Les effets très inégaux
L'idiotie global qui semble affecter les personnages
Un DVD au contenu éditorial très léger
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L'édition vidéo
THE FOOD OF THE GODS DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h28
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Spanish Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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