Virologue ambitieux, Soren aimerait être celui qui sauvera le monde.
Ou au pire, il se contenterait bien d'un prix Nobel pour la découverte
d'un tout nouvel agent viral mortel ! Lorsqu'on lui amène un mourant
aux urgences de l'hôpital, c'est un peu comme si la chance de sa vie
venait de débarquer sur un brancard. Un malade atteint par une maladie
aux symptômes proches de ceux du virus Ebola. Son ambition dévorante
le mettra rapidement en conflit avec son chef de service et sa petite
amie... Car les méthodes importent peu pour arriver à ses fins. Il ira
donc jusqu'au bout. Seulement, il n'enquête pas exactement sur ce à
quoi il pouvait s'attendre. Car pendant ce temps, un étrange prêtre
traque de son côté le virus qui d'après lui est l'incarnation du diable.
Ce n'est pas tous les jours que nous avons à parler d'une co-production de deux pays nordiques : le Danemark et la Norvège. Et de surcroît fantastique. Faisons tout d'abord une petite mise au point. Le film ne s'appelle pas POSSESSED mais BESAT (est-ce la même chose en Danois ? Ingmar, s'il te plaît ?). Surtout qu'il existe un téléfilm produit pour la télévision américaine portant le même titre (POSSESSED). A ne pas confondre, donc ! BESAT tend à prouver, s'il le fallait, que l'envie de parler de sujets surnaturels est un penchant international. Il n'y a donc pas que les américains qui ont le droit de nous donner leur version des facéties du Malin.
Avec un scénario pour le moins bardé de bonnes idées (les magazines dans le sac du prêtre à l'aéroport...), BESAT n'atteint pas ses objectifs. Dire une telle chose a de quoi fendre le coeur après avoir visionné le making-of. Vous comprendrez pourquoi plus loin. Le film peine à se mettre en place et ne parvient à captiver qu'à la moitié du métrage. Le rythme du film étant relativement lent et composé de personnages assez peu charismatiques, on a de quoi s'impatienter en attendant un éventuel véritable décollage de l'intrigue. Ce qui arrive un peu tardivement. Il faut dire que le réalisateur n'a pas signé ici un film d'action et penche plutôt vers le film d'ambiance qui suit deux enquêtes en parallèle. Un choix discutable tant BESAT est composé d'idées qui auraient fait merveille dans un thriller musclé. Le budget alloué à ce film est peut-être la raison évidente d'un tel choix. BESAT n'est tout de même pas un ratage total. Il impose rapidement une ambiance sombre et nihiliste du plus bel effet. Les passages en Roumanie sont, dans le genre, très réussis. Cette ambiance est renforcée par des personnages qui sont à l'image du reste. On rencontre ainsi un virologue que l'on pensait tout d'abord versé dans l'altruisme alors qu'il s'avère que ses actions sont dictées par la seule perspective de ce qu'il pourrait en retirer. Mais aussi sa maîtresse, une jeune femme qui sera confrontée à la désillusion de découvrir le véritable visage de son amant... BESAT ne cherche pas à faire dans la rigolade, même s'il injecte quelques notes d'humour, et son sujet ainsi que ses personnages sont traités avec un grand sérieux.
De toutes façons, l'un des personnages les plus intéressants est interprété par Udo Kier. Ce qui peut mener à dire que seulement pour cela, le film vaut le détour. Et, justement, l'une des meilleures scènes est un interrogatoire du bonhomme qui nous parle du démon de telle manière qu'on serait prêt à le croire ! Il faut dire que le bonhomme trimballe sa tête inoubliable dans nombre de films fantastiques depuis des lustres que ce soit dans de petits rôles (SUSPIRIA, ARMAGEDDON...) et surtout en tête d'affiche dans le doublé DU SANG POUR DRACULA et CHAIR POUR FRANKENSTEIN.
Le making of qui se trouve sur le DVD me pose un petit problème. Celui-ci n'a rien à voir avec les Featurettes habituelles. Le réalisateur parle de son film avec un enthousiasme communicatif sans pour autant tomber dans l'auto-congratulation d'usage. Sur cette trentaine de minutes, on se consacre pourtant en priorité à démonter techniquement les moments forts du film. Effets spéciaux et cascades nous sont présentés en détail avec une voix-off qui explique le tout simplement. Pas le meilleur making-of que nous ayons pu voir. Il n'en reste pas moins que sa vision est fort intéressante et prêterait même à être plus clément vis à vis du film.
La photographie de BESAT n'est pas chatoyante à la base. Les tons utilisées sont ternes ce qui reflète l'impression pessimiste de l'histoire. De ce point de vue, le DVD respecte l'image originelle, seulement la compression apporte quelques soucis dès que les mouvements de caméra ou des personnages sont un peu trop rapides. Voilà qui est bien dommage...
La version originale du film n'est pas seulement en danois. En fonction des endroits ou des intervenants, les dialogues se font en danois, en anglais et en roumain. Pour une fois, la version originale perturbe franchement ceux qui manient la langue anglaise. Une bande-son qui n'est pas en simple stéréo comme indiqué sur la jaquette mais en Dolby stéréo surround. Avec une belle présence mais qui ne saurait remplacer un mixage 5.1 (pas de malentendu, le film n'a pas été enregistré en 5.1 à l'origine). La version française quant à elle est moins intéressante puisqu'elle ne respecte pas l'idée intrinsèque que les personnages parlent danois ou anglais et ce qui peut amener parfois des problèmes de compréhension (pour ceux qui s'expriment entre eux dans le film).
A peu près tous les DVD édités par TF1 ne permettent pas de changer les langues ou les sous-titrages à la volée. Une impossibilité dictée par des problèmes de droits que l'éditeur est obligé de repsecter pour ne pas créer un import parallèle vers d'autres pays. Tout du moins, c'est la raison invoquée. De ce fait, il n'est théoriquement pas possible de regarder ces films en version originale sans les sous-titrages. BESAT ne déroge pas à la règle. Bon, il faut dire que je ne parle pas encore le danois pas plus que le roumain donc sans sous-titrage, les trois-quarts du film me passeraient au dessus de la tête. Mais si je vous parle de tout cela, c'est pour mettre le doigt sur un nouveau concept de l'éditeur ! Ce disque contient un sous-titrage français mais aussi anglais. Pourquoi un tel sous-titrage puisque ce DVD n'est normalement fait que pour être commercialisé en France ? Difficile à dire surtout que l'on peut regarder le film en danois sous-titré anglais mais aussi en français avec la même option de sous-titrage. Qui va s'amuser à regarder le film doublé en français avec un sous-titrage anglais ? Je vous le demande parce que moi, je ne vois pas ! A des fins pédagogiques, peut-être ?