Header Critique : MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, LE COMMENCEMENT (THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE : THE BEGINNING)

Critique du film et du DVD Zone 2
MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, LE COMMENCEMENT 2006

THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE : THE BEGINNING 

Debout devant son plan de travail à l'abattoir, une femme est prise de contractions. Allongée par terre dans le sang et la crasse, elle va donner naissance à un bébé physiquement repoussant qui sera jeté aux ordures tel un vulgaire déchet. Le nouveau-né sera découvert par une femme ayant l'habitude de faire les poubelles pour trouver de quoi nourrir sa famille. C'est ainsi qu'est adopté le petit Thomas Hewitt, aka Leatherface.

Les prémisses de l'histoire sont tout à fait alléchantes sur le papier. Le problème, c'est que le passé de notre maniaque à la tronçonneuse préféré est expédié durant le générique, rendant de ce fait le titre caduc puisque le reste du métrage tombe dans le slasher le plus basique : un groupe de quatre ados font une virée à travers le pays avant que les deux garçons et frères de leur état rejoignent les troupes américaines au Vietnam. Leur véhicule fait une douloureuse rencontre avec une vache au milieu de nulle part et ils sont récupérés par le shérif Hoyt, un revenant de la version Nispel de 2003. Derrière Hoyt se cache en vérité l'oncle du petit Thomas, Charlie Hewitt, qui a tué le vrai shérif Hoyt afin de revêtir son uniforme et vivre ses fantasmes les plus pervers, le tout dans les quinze premières minutes de film. Toutefois, ce personnage est non seulement le plus présent à l'écran mais surtout le plus intéressant. Un comble pour un film qu'on nous avait vendu comme dévoilant l'enfance et l'adolescence de celui qui deviendra un jour Leatherface.

Avant de s'atteler à ce projet, le sud-africain Jonathan Liebesman a réalisé deux couts métrages et un seul long, NUITS DE TERREUR. Ce dernier a connu bien des déboires avec le studio et la création des effets spéciaux, donnant un résultat très imparfait qui laissait cependant entrevoir un film qui aurait bien porté son nom. Comme d'autres avant lui, Liebesman était si déçu par cette première expérience avec Hollywood qu'il n'avait pas envie de recommencer. Pressenti pour réaliser MASSACRE A LA TRONCONNEUSE version 2003, il avait dû déclarer forfait pour manque de temps mais les producteurs avaient retenu son nom et quand ils lui ont offert ce projet, il a bien sûr accepté. Bien lui en a pris puisqu'il n'a pas à avoir honte de son film et que cette fois, l'expérience fut davantage gratifiante alors espérons un jour voir d'autres œuvres de ce réalisateur au talent certain.

Mais à la vision du film, on ne peut s'empêcher de se demander exactement à quel moment le mot «originalité» a disparu du vocabulaire des producteurs Hollywoodiens. Ce n'est pas tant que le métrage soit mauvais – au contraire, il compte de nombreuses qualités en sa faveur – le vrai problème c'est qu'il n'apporte strictement rien aux personnages créés par Tobe Hooper et Kim Henkel en 1974 et qu'en ce sens, il est aussi inutile que l'était le remake. Certes, il faut voir ce COMMENCEMENT comme la préquelle du remake (…) mais cela ne change rien au fait qu'aucun des deux n'arrive à la cheville de l'original et que toute forme de suspense a disparu vu que nous connaissons la suite des évènements depuis des années.

Ici, Liebesman nous montre ce que Hooper avait choisi de suggérer voire ne pas dire du tout et qui faisait tout le mystère du personnage de Leatherface. Nous savons maintenant qu'il a mal débuté dans la vie, qu'il est atteint d'une sévère dégénérescence des tissus faciaux et que toute sa vie se résume à son travail à l'abattoir. L'un des monstres sacrés les plus mythiques du genre se voit ainsi réduit à une pauvre brute épaisse, attardé mental et pathétique, qui se met à découper tout ce qui bouge parce qu'on lui dit de le faire. Toutefois, nous assistons également à la création (trop brève) de son masque cousu de visage humain dans une séquence sanglante de «toute beauté», soulignée par un score magnifique qui fait passer toute la souffrance d'un homme qui veut juste être comme les autres. Et c'est justement ces émotions là que les scénaristes auraient dû développer dans leur logique de l'existence du film, ainsi que les relations entre les personnages de la famille Hewitt. On assiste à toutes sortes d'atrocités mais les raisons restent elliptiques et le spectateur reste sur sa faim.

Place donc aux ingrédients devenus habituels du genre : de beaux jeunes gens en divers états de déshabillement ; des héroïnes dont le manque de jugeote est largement compensé par des seins siliconés ou le look seyant du «plombier sans culotte» ; des dialogues insipides ou incompréhensibles dans le contexte ; un humour pas drôle et, pour finir, une promesse de brutalité non exaucée. A ce niveau, le quotient gore est curieusement timide, ne prenant forme que dans la dernière demi-heure où l'ordre du jour est par contre à la surenchère gratuite et totalement prévisible.

Quant aux acteurs, le niveau reste très bas, les quatre ados étant aussi interchangeables qu'oubliables. Liebesman focalise surtout sur son héroïne Chrissie, jouée par Jordana Brewster (THE FACULTY) qui n'a pourtant rien d'un personnage principal et encore moins d'une Marilyn Burns (oui, les comparaisons resteront à jamais inévitables pour toute actrice s'aventurant dans un film de la saga). Face à eux, le grand Leatherface est joué par Andrew Bryniarski qui revient du remake. Muet et lent, il est bien moins menaçant que le laissait pourtant suggérer l'introduction du film où il fait part de son mécontentement à son employeur suit à son licenciement.

Reste toutefois le personnage de Hoyt qui n'est rien de moins qu'un véritable coup de génie. Campé par R. Lee Ermey qui revient, lui aussi, du remake pour notre plus grand bonheur, il laisse libre cours à tous les fantasmes déviants du personnage aussi joussivement sadique que son rôle de Sergent Hartman dans FULL METAL JACKET. Ne reculant ni devant des attouchements directs ou des gestes curieusement tendres envers les filles, ou encore la torture perverse des deux garçons, Hoyt est clairement le dominant de la famille Hewitt. Il est donc fortement dommage de ne pas avoir développé davantage les relations père-fils entre lui et le petit Thomas ce qui aurait expliqué de façon plus crédible que Leatherface lui obéisse au doigt et à l'œil.

Les autres éléments positifs du film relèvent plutôt de l'aspect technique. Outre la très belle photographie mettant parfaitement les décors intérieurs et extérieurs en valeur, la réalisation de Liebesman mérite une mention très bien. En plaçant sa caméra dans des endroits inhabituels, il met en avant des détails qui renforcent les bizarreries des personnages ou nous font perdre tout sens de l'orientation. Un lieu exigu devient immense, un visage dans l'ombre révèle le côté sombre du personnage à venir et les images en contre-plongée accentuent les carrures et le sentiment de menace qui plane sur tout le métrage. Le score de Steve Jablonsky, qui a également écrit la bande originale du remake, distille de nombreuses ambiances, participant aussi au côté glauque de l'ensemble.

Pour ce DVD, Metropolitan nous propose une édition quasi irréprochable tant en ce qui concerne l'image que le son. Présentée dans son format d'origine (en 1:85) avec transfert 16/9, elle ne souffre d'aucun défaut, tant au niveau des contrastes que des couleurs malgré les ténèbres de la palette de teintes restreintes. Les pistes sonores sont au nombre de trois, la version originale sous-titrée et le doublage français en Dolby Digital 5.1, avec un choix supplémentaire en DTS pour la version doublée. Le son se répartit bien dans les enceintes tout le long du film et ne présente pas de défaut particulier.

Pour les suppléments, nous commençons par le commentaire audio réunissant Jonathan Liebesman et les producteurs Brad Fuller et Andrew Form. Les trois hommes maintiennent la discussion jusqu'au bout, alternant anecdotes, aspect technique ou explications supplémentaires sur l'histoire. Par moments, ils expliquent tellement d'éléments scénaristiques additionnels que l'on se dit qu'il est bien dommage de ne pas les avoir inclus dans le film à la place… Il règne également un curieux sentiment d'insatisfaction du résultat final qu'ils mettent la plupart du temps sur le compte du manque de temps.

Les scènes (dé)coupées sont au nombre de quatre avec, en plus, trois fins alternatives, à regarder séparément ou en continu, avec ou sans le commentaire de Liebesman, Fuller et Form. A vrai dire, seule la première scène où Charlie Hewitt protège son neveu d'autres enfants présente un réel intérêt, les autres n'étant rien d'autre que des scènes plus longues de celles qui sont dans le film. Il est bien sûr presque indispensable de les regarder avec le commentaire audio sous peine de s'ennuyer profondément.

«Jusqu'aux os» est un making of en cinq parties, à regarder séparément ou en continu. Sur près de trois quarts d'heure, nous sommes invités à assister à la genèse du film, la direction des acteurs, la création des décors et des effets spéciaux ainsi qu'aux choix de réalisation et de montage. Ce document est un véritable modèle du genre, donnant la parole à tous les participants tout en nous montrant l'envers du décor de façon si captivante qu'on ne voit pas le temps passer. Puis nous terminons cette édition par six bandes annonces du catalogue Metropolitan à regarder en anglais ou en français.

Les spectateurs qui ne connaissent que le remake de 2003 devraient se régaler de cette préquelle décrivant le passé violent de la famille adoptive de Leatherface. Les fans de l'œuvre viscérale de Tobe Hooper secoueront tristement la tête devant la frénésie vénale de certains producteurs qui préfèrent la surenchère gratuite à une histoire solide. Et, au final, au lieu de s'en approcher par remake interposé, ce COMMENCEMENT s'éloigne complètement de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE premier du nom, enfonçant davantage le statut de chef d'œuvre inégalable de ce dernier si besoin était. Messieurs les producteurs, il faut arrêter maintenant et passer à autre chose, hein.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
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L'édition vidéo
THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE : THE BEGINNING DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio avec Jonathan Liebesman, Brad Fuller et Andrew Form
      • Scènes (dé)coupées (12mn34)
      • Hoyt protège Thomas
      • Au motel – version longue
      • Luda Mae engueule Hoyt
      • Chrissie trouve Dean – version longue
      • Fin alternative 1
      • Fin alternative 2
      • Fin alternative 3
      • Jusqu’aux os (43mn06)
      • L’origine du Mal
      • Invitation au massacre
      • Rendez-vous au Texas
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