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Critique du film et du DVD Zone 2
APOCALYPTO 2006

 

Patte de Jaguar vit paisiblement dans la forêt de ses ancêtres. Un matin, des hommes armés attaquent son village et emmènent une partie de la population vers une destination inconnue...

A priori, il n'est pas besoin de présenter Mel Gibson, acteur australien devenu une star hollywoodienne. Mais le comédien porte d'autres casquettes puisqu'il est aussi producteur, scénariste et réalisateur. Il va d'ailleurs monter une maison de production en 1989, Icon Productions, avec Bruce Davey. L'acteur est alors devenu une vedette du cinéma d'action grâce au succès de L'ARME FATALE puis de L'ARME FATALE 2. Entre les deux, il fera un thriller glamour avec TEQUILA SUNRISE mais le premier film qui sera produit avec Icon Productions n'aura strictement rien à voir. L'acteur n'hésite pas à s'embrigader dans une nouvelle version du «Hamlet» de Shakespeare qui sera réalisée par Franco Zeffirelli. La société de production oscillera entre des films au ton léger et des métrages plus ambitieux. C'est évidemment Icon Productions qui va produire tous les films réalisés par Mel Gibson qui débutera à ce poste en mettant en scène un joli drame intimiste (L'HOMME SANS VISAGE). Son film suivant sera déjà plus expansif puisqu'il va tourner un biographie historique sur la vie de William Wallace qui sera plébiscité à travers le monde (BRAVEHEART). Sa troisième réalisation va faire encore plus parler d'elle mais pour d'autres raisons puisque l'acteur y exprimera des croyances religieuses marquées. LA PASSION DU CHRIST ayant généré une grosse polémique, le cinéaste était attendu au tournant pour son film suivant où beaucoup essaieront d'y enfoncer des idées préconçues sur la véritable portée insidieuse de son film !

De religion, c'est vrai, il en est question dans APOCALYPTO. Mais si le christianisme y fait une courte apparition sans équivoque, ce n'est certainement pas pour le montrer comme une vertu salvatrice d'un monde en pleine déliquescence. Le propos du film étant, de toutes façons, très éloigné d'un débat sur la meilleure des religions à adopter. Pour s'en convaincre, il suffit de se placer aux côtés de son personnage principal. A savoir un homme simple qui n'a qu'une envie, celle de vivre peinard avec sa famille et en respectant ses voisins (ceux qui chassent dans les parages). Seulement, dans APOCALYPTO, c'est un peu, comme aujourd'hui, l'homme de la jungle (ou de la rue) qui est embringué dans des histoires qui le dépassent et qui viennent gâcher sa petite vie tranquille. Le voyage de Patte de Jaguar et des autres captifs traverse ainsi les strates d'une civilisation pyramidale où, tout en bas, la plèbe travaille comme des forçats en crevant de faim alors que tout en haut, les chefs leur racontent n'importe quoi pour les apaiser sous couvert d'intégrisme religieux. Car si Mel Gibson est un homme croyant, son film surprend énormément en pointant très clairement du doigt ceux qui se servent du pouvoir, dont celui donné par la croyance religieuse, pour foutre la merde aux alentours (asservissement des voisins, guerre, destruction écologique...). La fin du film en est d'ailleurs une preuve flagrante puisque les survivants choisissent de se mettre à l'écart des autres pour repartir de rien et retrouver leur vie simple, respectueuse et paisible. Alors, bien sûr, cela véhicule aussi quelques idées, par endroit, qui pourront faire tiquer mais sans pour autant déraper hors du contexte habituel d'un film d'action.

En effet, APOCALYPTO est avant tout un film d'aventures et d'action. Les idées qui servent de fond à son histoire ne sont pas assénées à coup de marteau dans la tête du spectateur qui pourra appréhender le film seulement comme un divertissement (certes avec quelques longueurs par endroit). Si certains se sont amusés à déceler des symboles christiques ou catholiques dans le film (parfois bougrement tirés par les cheveux), APOCALYPTO est aussi un film dans lequel on retrouve les traces du cinéma d'action que ce soit par pure coïncidence ou de façon intentionnelle. La dernière partie ramène le souvenir du PREDATOR de John McTiernan (la chute d'eau, le héros recouvert de boue...) voire même de RAMBO (l'avertissement lancé aux poursuivants). Il reprend même une mise à mort d'un être cher de façon très proche d'une séquence de BRAVEHEART. Faisons même preuve de mauvaise fois, comme ceux qui voient dans les paroles des personnages le discours du Pape, APOCALYPTO rappelle même L'ARMEE DES OMBRES de Jean-Pierre Melville avec un jeu cruel et sadique où des prisonniers ont le vain espoir de s'en tirer vivants au bout d'une course meurtrière. Il sera possible de trouver l'agencement qui permet au héros de traverser le film, même prophétisé au préalable, un peu exagéré. Mais, après tout, l'exagération fait aussi partie du cinéma qui plie les réalités historiques aux nécessités cinématographiques. Le film se permet donc quelques modifications historiques pour mieux narrer son récit.

Pourtant, même si les deux scénaristes et la production font des égratignures à la réalité historique, APOCALYPTO n'en reste pas moins un écrasant spectacle où les détails priment. Les costumes ainsi que les maquillages sont carrément magnifiques et replacés dans leur décor, le résultat donne des images proprement spectaculaires ! Plutôt que d'utiliser les outils numériques à outrance, Mel Gibson fera construire d'énormes décors et y placera des centaines de figurants, tous maquillés et costumés de façon adéquate. Après plusieurs visions du film, la richesse visuelle reste intacte. Un autre point apparaît important, c'est le montage et l'agencement des images. Alors que la tendance est à la pose suggestive que les cinéastes vous imposent longuement, Mel Gibson et son monteur ne s'attardent quasiment jamais. Certains plans magnifiques ne sont parfois montrés que durant une poignée de secondes, juste le temps nécessaire, pour illustrer le propos et non pas comme une fin en soi. Le souffle de l'aventure et du film d'action fonctionnent pleinement au milieu d'images, décors et costumes réalisés avec le plus grand soin. Le fond épousant la forme de manière largement plus réussie que dans LA PASSION DU CHRIST où le discours se perdait durant le chemin de croix.

Toutefois, APOCALYPTO risque d'en rebuter plus d'un. Tout d'abord par sa violence crue qui semble sans concession plus particulièrement lors des sacrifices humains. Pourtant, Mel Gibson avoue s'être auto-censuré à ce sujet, la «réalité» étant largement plus horrible que ce qui est affiché à l'écran d'après l'acteur. Il n'en reste pas moins que le spectacle prend parfois des airs de films d'horreur qui seront, par instant, à même de choquer les spectateurs les plus sensibles. Le choix, comme pour LA PASSION DU CHRIST, de tourner le film dans une langue et de ne proposer aucun doublage n'aide pas non plus à brosser le public dans le sens du poil car une grande majorité des spectateurs n'apprécie pas la lecture de sous-titrages. De plus, les frasques et déclarations de Mel Gibson n'aident certainement pas à rendre le personnage sympathique. Pourtant, ces travers et ces choix en font clairement un homme excessivement humain dans le bon et le mauvais sens. En choisissant les sujets de ses films, Mel Gibson affiche aussi une personnalité hors norme en ne cherchant pas la facilité que sa notoriété d'acteur lui donnerait aisément. Que l'on apprécie ou pas ses films, force est de reconnaître qu'il s'impose comme un grand réalisateur !

Edité par Quinta Communications et distribué par TF1 Vidéo, l'édition DVD française reprend en gros le même contenu que la plupart des disques sortis à travers le monde. Bien entendu, on trouve le film avec un transfert 16/9 aux alentours du format cinéma. La richesse des couleurs et des détails est retranscrite de belle manière sur ce DVD. APOCALYPTO a été tourné en partie avec une caméra numérique haute définition, certains passages arborent d'ailleurs un look plus vidéo (la chasse qui ouvre le film) mais sur la durée, cela ne choque absolument pas, le DVD affichant une image à l'aspect largement «cinéma».

Si vous n'aimez pas les sous-titrages, vous allez être au supplice. Le film n'a jamais été doublé et il est donc présenté en langue maya avec un sous-titrage français. Le choix est donné entre Dolby Digital 5.1 et DTS de manière à contenter toutes les installations sonores. Les pistes DTS et Dolby Digital 5.1 offrent un environnement bien détaillé et utilisent parcimonieusement le caisson de grave. La musique de James Horner, composée de sonorités rudimentaires, y est particulièrement bien mise en valeur.

Trois suppléments se disputent l'espace restant sur le DVD. On passera rapidement sur la scène coupée qui dure à peine plus de trente secondes, celle-ci n'apporte pas grand chose mais peut être vue avec une piste stéréo d'ambiance ou bien un commentaire audio nous donnant quelques explications à son sujet. Le problème, c'est que des scènes coupées, il y en a sûrement d'autres. En effet, dans le commentaire audio, Mel Gibson fait référence par exemple à une séquence qu'il jugeait trop dure, avec un bébé, et qu'il aurait donc raccourcie au final. Ce commentaire audio donne donc la parole à Mel Gibson mais aussi à son co-scénariste Farhad Safinia. Les deux hommes discutent tout du long, à l'exception de quelques moments de répit, en donnant toutes sortes d'anecdotes et informations supplémentaires. Ils n'hésitent jamais à reporter les qualités du film sur les autres techniciens ou les acteurs (la plupart inconnus du grand public ou même carrément débutants pour la circonstance). La discussion se suit agréablement ce qui, pour un commentaire audio, est plutôt une qualité. De plus, ce supplément permet de revoir le film de manière plus ou moins distanciée par rapport à sa narration et expose encore plus ses qualités visuelles !

Le dernier supplément est un Making Of d'un peu plus de vingt minutes. Celui-ci offre des images inédites et des informations sur les maquillages, les décors, les costumes ou les armes utilisées. Hélas, on reste un peu sur sa faim, le tout étant pas mal survolé. Ce petit documentaire se termine de manière si abrupte que l'on pourrait même se demander s'il n'en manque pas un bout. Enfin, si le film affiche une compression qui sait se faire oublier, le Making Of laisse apparaître ici ou là quelques soucis numériques très visibles.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
APOCALYPTO DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
2h12
Image
1.78 (16/9)
Audio
Mayan DTS 5.1
Mayan Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaires audio de Mel Gibson et Farhad Safinia
    • Making Of (24mn08)
    • Scène coupée (0mn34)
    Menus
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