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Critique du film et du DVD Zone 1
PREY 2007

 

Tom Newman est entrepreneur. Responsable d'un nouveau chantier en Afrique, l'homme voit là une occasion idéale d'emmener sa famille en vacances. Il s'agit par ailleurs d'un moyen comme un autre pour amener ses deux enfants à faire plus ample connaissance avec leur nouvelle belle-mère, Amy… Dans cette optique, Amy part donc en excursion avec Jessica et David. Le dialogue n'est pas évident mais qu'importe car il sera bien vite interrompu par l'attaque d'une lionne. Affamée, elle dévore le guide et laisse donc les trois touristes apeurés dans leur Jeep de frêle constitution. L'eau vient à manquer, la chaleur est suffocante mais impossible de sortir du véhicule car, dehors, les lions rôdent…

Le synopsis le suggère, la bande-annonce l'évoque clairement et le film le confirme : nous avons à faire à un ersatz africain de CUJO. Vieux de 23 ans, le film de Lewis Teague reste aujourd'hui encore un huis clos de référence, véritable monument de sauvagerie canine avec une série d'attaques toutes plus éprouvantes les unes que les autres… Forcément, à l'heure où les remakes fleurissent, l'idée d'enfermer à nouveau quelques victimes dans une voiture exposée en plein soleil est tentante. Surtout lorsqu'on s'appelle Darrell Roodt et que l'on est un réalisateur et scénariste d'origine sud-africaine… L'homme n'a donc qu'à se poser sous son préau pour admirer les étendues qui l'entourent et imaginer ce qu'aucun autre homme avant lui n'avait osé imaginer : remplacer un chien enragé par une poignée de lions stressés. Voilà un concept intéressant et novateur ! Reste que l'idée tient la route car peu de films nous dévoilent finalement de véritables attaques menées par des lions ou autres félidés de taille respectable. Les récents SABRETOOTH et ATTACK OF THE SABRETOOTH se contentent ainsi de fauves en images de synthèse d'une qualité plus que médiocre. Pour retrouver de véritables bêtes sauvages, il faudra donc faire appel à sa mémoire et en extraire le HARRY BLACK ET LE TIGRE nous contant en 1958 les mésaventures d'un village indien soumis à la folie d'un tigre tueur. L'occasion aussi de faire ressurgir LES FAUVES MEURTRIERS que Robert Gordon nous invite à côtoyer cinq ans plus tard. Citons encore quelques métrages comme SAVAGE HARVEST ou le très respectable LES BETES FEROCES ATTAQUENT pour enfin arriver en 1996 avec l'apparition sur les écrans de l'hollywoodien L'OMBRE ET LA PROIE

PREY est donc l'occasion pour le spectateur de profiter à nouveau de véritables lions à l'écran. Une bonne nouvelle qui doit cependant s'accompagner d'un argument marketing digne de ce nom. Là encore, la solution est toute trouvée et c'est à un magnifique « tiré de faits réels » que nous aurons droit. Il va de soi que le pourcentage de faits avérés présents dans le métrage importe très peu, comme nous l'avait démontré le très imaginatif OPEN WATER : EN EAUX PROFONDESDarrell Roodt se met donc au travail et, fidèle à ses habitudes, participe à l'écriture du scénario en compagnie, cette fois, de Beau Bauman et Jeff Wadlow. Une fois cette tâche achevée, Roodt passe derrière la caméra pour ce qui sera sa cinquième réalisation pour le compte de la société Distant Horizon (spécialisée dans les coproductions internationales).

Le film est bien entendu tourné en Afrique et entièrement dans des décors naturels. Ce point important permet à PREY de se parer d'une esthétique « vraie » et tout simplement magnifique. La chaleur est palpable, les couchés de soleil envoûtants et la brousse particulièrement inquiétante. Le réalisateur tire bien entendu parti de ces nombreux atouts et les intègre très naturellement dans son film. Nombreux sont donc les plans fixes nous plaçant au cœur d'une végétation foisonnante et plus particulièrement d'herbes hautes. Car ce sont évidemment dans ces herbes que se cachent les monstres affamés… Chacune de leurs apparitions est à ce titre saisissante : de totalement invisibles, les fauves deviennent ombres avant de se dévoiler intégralement en une fraction de seconde à l'écran. La technique d'approche est vraiment imparable et particulièrement rapide. De ce point de vue, l'aspect très « documentaire » privilégié par le métrage est une véritable réussite, un « plus » indéniable auquel s'ajoutent les très gros plans, superbes, des différents lions.

Reste qu'un lion caché dans les herbes, ça n'amuse personne bien longtemps. C'est de fait très vite qu'ils vont devoir passer à l'attaque et trouver de quoi se sustenter. Le portrait de la famille Newman, souffrant d'une séparation, puis d'un remariage, nous sera donc brossé en moins de dix minutes. Cette durée plutôt brève nous donne cependant l'occasion de profiter de l'acteur Peter Weller, inoubliable interprète de ROBOCOP, qui hérite ici d'un rôle malheureusement très secondaire… Tout aussi rapidement, le « safari » débute, la première attaque survient et c'est bien entendu le guide touristique qui en fait les frais. Finement menée, cette première altercation donne le ton et ravit le spectateur par son réalisme. Nous déplorerons l'usage excessif de sang numérique pendant tout le métrage mais le constat est là : il y a bien interaction (ou simili-interaction de qualité) entre les lions et les hommes, et nous ne parlons pas de simples câlins. Les attaques s'avèrent donc étonnantes à plus d'un titre et la seconde d'entre elles, plus longue et contemplative, apparaît même particulièrement éprouvante. En fait, avec cette altercation, nous atteignons le point culminant de ce que pourra nous offrir le film en termes de violence. L'étreinte est frénétique et la proie, une fois sans vie, sera dévorée jusqu'aux os…

PREY ne se moque donc pas du spectateur et lui offre bien ce qu'il était en droit d'attendre. Ajoutons à cela quelques séquences plutôt bien vues et dérangeantes, comme celle nous dévoilant le dépeçage d'une lionne ou une autre durant laquelle nous serons amenés à redouter le viol d'une mineure… Cependant, malgré ces quelques bonnes idées, la violence des attaques et la beauté des images, force est de constater que l'ensemble ne convainc pas réellement. Le film de Roodt souffre en réalité de deux défauts, que nous qualifierons de majeurs. Abordons tout d'abord le jeu des acteurs, pourtant essentiel à tout huis clos digne de ce nom. Sont donc coincés dans le véhicule trois individus : David, le jeune garçon fragile, Jessica, l'adolescente revêche et Amy, la belle-mère peinant à se faire accepter. Si le personnage d'Amy, incarné par la séduisante Bridget Moynahan, se montre relativement crédible, il n'en va pas de même pour les deux irascibles gamins. Nous devrons donc oublier l'incroyable performance de Danny Pintauro dans CUJO pour nous contenter du minimum syndical avec, d'un côté, un Conner Dowds inexistant et, de l'autre, une Carly Schroeder méritant une abondante pluie de claques. L'heure de promiscuité passée en compagnie de ces deux bambins relève donc de l'expérience pénible, pas pour de bonnes raisons cependant…

L'autre défaut fortement nuisible à PREY est le nombre assez conséquent d'incohérences en tous genres. Lorsqu'on tente de faire un film « réaliste » et « basé sur des faits réels », le minimum semble en effet de s'assurer que nous n'allons pas choquer le spectateur avec d'inexcusables invraisemblances… Roodt ne semble cependant pas spécialement chagriné par ce genre de détails et nous exhibe sans complexe un enfant assoiffé alors que vient de s'abattre une pluie torrentielle. Mais ce n'est pas tout, nous aurons aussi droit à une conductrice qui n'appuie jamais sur la pédale de frein et à un chasseur expérimenté qui se place là où il n'a aucune visibilité pour faire feu… Ces quelques « détails » plombent donc malheureusement l'ambiance que tente, parfois avec succès, d'instaurer le réalisateur.

Vous pouvez découvrir PREY grâce au disque zone 1 édité par la Weinstein Company. Un premier constat s'impose lorsqu'on a le boîtier du DVD entre les mains : le copier/coller fait aussi des ravages dans le milieu américain de l'édition. Ainsi, si l'on en croit la jaquette, nous avons affaire à un métrage d'une heure et quarante-sept minutes réalisé par Martin Scorsese et interprété par Leonardo DiCaprio et Matt Damon. En réalité, les spécifications annoncées sont celles du film LES INFILTRES… Passons outre ce menu détail et engageons maintenant le disque dans le lecteur. A cet instant, ce ne seront pas moins de cinq bandes-annonces de l'éditeur qui nous seront infligées. La démarche est énervante mais estimons-nous heureux car ce sont là les seuls et uniques bonus de cette édition plus que minimaliste.

Fort heureusement, le constat est bien moins alarmant du côté de l'image. Le film nous est ainsi présenté dans son format d'origine 2.35 encodé en 16/9e. Le transfert est beau, très contrasté et rend indéniablement justice aux couleurs chaudes que propose le film. Nous noterons que la compression est très légèrement visible via de petits fourmillements qui viennent entacher les magnifiques couchers de soleil orange. Rien de pénalisant cependant et c'est avec des conditions presque optimales que nous pourrons profiter du magnifique travail de photographie réalisé sur PREY. Concernant l'unique piste sonore, le constat est identique : nous avons affaire à du travail de qualité. L'encodage en Dolby Digital 5.1 est immersif sans pour autant jouer la carte du spectaculaire. L'équilibre entre les voix et les bruitages est bien géré, ce qui rend cette version originale anglaise agréable à l'écoute… Des sous-titres espagnols et anglais (pour malentendants) viennent accompagner l'ensemble et le rendre plus accessible. Nous avons donc là un disque qui tient techniquement la route mais s'avère très décevant sur le plan éditorial.

PREY n'est donc pas le film espéré. Malgré une beauté formelle indéniable, un dépaysement fort bienvenu et des attaques particulièrement réalistes, le film pèche par ses nombreuses incohérences et une direction d'acteurs très en deçà des attentes. Mais, en réalité, le plus gros handicap du film de Darrell Roodt reste CUJO avec lequel il entretient de trop nombreux points communs. Plus de 23 ans plus tard, le film de Lewis Teague reste une référence à côté de laquelle une œuvre, même honnête comme l'est PREY, ne souffre pas la comparaison. Reste que le métrage mérite sans aucun doute d'être découvert et dispose de quelques arguments non négligeables.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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Les attaques, méchantes
Revoir des fauves à l’écran
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Des enfants agaçants
De nombreuses incohérences
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L'édition vidéo
PREY DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Weinstein
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h28
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Espagnol
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