Header Critique : MAITRESSES DE DRACULA (BRIDES OF DRACULA)

Critique du film et du DVD Zone 2
LES MAITRESSES DE DRACULA 1960

BRIDES OF DRACULA 

Alors qu'elle se rend dans un pensionnat de jeunes filles, une jeune institutrice est «oubliée» par son cocher dans un petit village isolé de Transylvannie. La Baronne Meinster lui propose de l'héberger dans son château jusqu'au lendemain où elle pourra alors reprendre son voyage...

Après FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE!, la Hammer Film va rapidement produire une suite aux aventures du fameux scientifique. Mais, étrangement, le personnage de Dracula va rester dans son cercueil même si LE CAUCHEMAR DE DRACULA produit un effet aussi tonitruant dans les salles à travers le monde. Premier handicap au retour du prince des ténèbres dans les salles, Christopher Lee est peu enclin à montrer de nouveau ses canines proéminentes sur un grand écran. Selon certaines sources, il aurait préféré s'orienter vers d'autres rôles alors que pour le producteur Anthony Hinds, il aurait été plutôt question d'un différent financier. Pourtant, un scénario intitulé, faute de mieux, DRACULA II est écrit durant l'année 1959 mais celui-ci ne sera jamais tourné en l'état. Ce scénario de Jimmy Sangster va être adapté par Peter Bryan et Edward Percy de manière à supprimer le personnage de Dracula et le remplacer par un autre vampire. LES MAITRESSES DE DRACULA va connaître, lui aussi, quelques modifications entre son scénario d'origine et ce qui va être réellement filmé. Par exemple, le final prévu à l'origine montrait Van Helsing pratiquer des rites occultes et même invoquer une nuée de chauve-souris de l'enfer pour se débarrasser de son ennemi d'outre-tombe. Cet épilogue spectaculaire est donc absent du film de Terence Fisher mais fera son apparition un peu plus tard dans LE BAISER DU VAMPIRE de Don Sharp.

Privé de Dracula, la production n'hésite pourtant pas à titrer le film en utilisant le nom du célèbre vampire. Le problème est rapidement résolu par un prologue où on nous explique que Dracula a donc laissé des disciples derrière lui. A la place de Christopher Lee, il est donc choisi de prendre un acteur complètement différent. Bien que David Peel ait quasiment le même âge que Christopher Lee, l'acteur va interpréter un vampire plus juvénile. Une façon de placer le mal à l'état brut dans une enveloppe charnelle plus innocente. A cet effet, on pourra faire un lien évident avec le film suivant de Terence Fisher, LES DEUX VISAGES DU DOCTEUR JEKYLL, où le mal prend le visage attirant de la beauté. L'image du bel aristocrate décadent revient d'ailleurs beaucoup dans les films produits par la Hammer (UNE MESSE POUR DRACULA, LES SEVICES DE DRACULA, le prologue du CHIEN DES BASKERVILLES...). Dans LES MAITRESSES DE DRACULA, si le vampire est un homme séduisant qui cache un véritable animal, la connotation sexuelle du film est résolument affichée. Mais ce n'est pas forcément lié au seul personnage du Baron qui s'attaque à toutes les proies y compris sa propre mère. Le sous-texte déborde carrément sur d'autres vampires qui y marquent clairement leurs propres ambivalences. Ainsi, l'amie de l'institutrice lui demande pardon de s'être abandonnée au vampire mais lui propose juste après de venir les rejoindre pour s'aimer ensemble. On ne sait plus trop s'il s'agit véritablement d'une soif de sang ou de pulsions fort différentes qui guident nos créatures de la nuit.

Les réécritures du scénario se sentent énormément à la vision du film. On pourra ainsi y noter des revirements un peu tirés par les cheveux ou des passages peu cohérents. Par exemple, les fameuses maîtresses du titre sont réduites à l'état de spectatrices. Bel et bien présentes dans le dernier acte, elles n'agissent plus du tout que ce soit en s'attaquant à Van Helsing ou bien en essayant de s'échapper. On pourra être aussi surpris par la façon dont est traitée le personnage de la Baronne. Hautaine et manifestement maléfique, lors d'un repas on nous refait même une allusion, comme dans LE CAUCHEMAR DE DRACULA ou encore le DRACULA de Tod Browning, qui laisserait entendre qu'elle puisse être une vampire. Pourtant, dans la suite du récit, son personnage va changer étrangement passant de l'aristocrate manipulatrice au rôle de mère désespérée. LES MAITRESSES DE DRACULA n'est assurément pas le film le plus cohérent, du point de vue de son intrigue, produit par la Hammer Film.

Mais ces problèmes d'écritures n'entachent pas vraiment la vision du film. Cette production est, en effet, toujours d'un très haut niveau. Il est d'ailleurs bon de rappeler que si Terence Fisher tient la barre, LES MAITRESSES DE DRACULA est une nouvelle fois la combinaison d'une équipe qui aura fait des merveilles à de nombreuses reprises. Jack Asher s'occupe des images très travaillées au niveau des couleurs et Bernard Robinson signe les décors. Il est bon aussi de noter que pour ce film, la production ne lésinera pas sur les dépenses puisque pas mal de décors seront fabriqués spécifiquement et ils resserviront, comme à l'habitude du studio, sur les productions suivantes. Bien évidemment, on trouve en tête d'affiche Peter Cushing dans le rôle de Van Helsing. Après avoir débarrassé, une première fois, le monde de Dracula, il s'attaque à un nouveau vampire avec toujours la même énergie. Les empoignades entre les deux ennemis sont rapides et brutales jusqu'à un dénouement magnifique. La mise à mort du vampire étant véritablement inventive et visuellement superbe. Comme beaucoup de films gothiques, LES MAITRESSES DE DRACULA termine dans les flammes ce métrage d'épouvante techniquement très soigné !

Suite aux MAITRESSES DE DRACULA, Terence Fisher et la Hammer vont connaître quelques revers successifs qui n'ont pourtant rien à avoir avec la qualité des oeuvres mises en boîte. Ainsi, LES DEUX VISAGES DU DOCTEUR JEKYLL, LA NUIT DU LOUP-GAROU puis LE FANTOME DE L'OPERA ne vont pas rencontrer le succès escompté par la maison de production britannique et ses financiers. De son côté, David Peel, le vampire du film, va quitter les planches et les caméras, après une courte carrière, pour se recycler dans la vente d'antiquités. Son rôle le plus marquant restera donc celui d'un baron qui abuse les femmes grâce à son joli minois pour mieux les vampiriser sauvagement !

Pendant quelques temps, la seule possibilité de revoir LES MAITRESSES DE DRACULA en DVD résidait dans le double DVD américain «The Hammer Horror Series» regroupant huit films de la Hammer. Bien que pourvu de sous-titrages en français sur tous les films, son achat était réservé à ceux qui pratiquent l'import sans compter qu'il n'y avait aucun supplément. L'édition Bach Films du film de Terence Fisher donne l'occasion aux acheteurs français de se procurer le disque directement sur notre territoire. De plus, l'éditeur a même produit un supplément spécialement pour l'occasion.

Reste que le transfert du DVD français ne tire pas partie des diffuseurs 16/9ème. L'image 4/3, mais au format cinéma respecté, accuse au passage une définition très hésitante qui tient difficilement la comparaison avec le DVD paru aux Etats-Unis. L'image n'est pas finement ciselé et l'encodage n'est pas non plus sans défaut.

DVD Z2 Bach Films
DVD Z1 Universal

Au rayon étrangeté, l'éditeur continue a encoder ses pistes sonores au format MPEG. Cela ne pose pas véritablement de souci, le son sera de toutes façons converti par tous les lecteurs DVD en un flux sur deux canaux. Quoi qu'il arrive, on ne trouve ici que la piste anglaise en mono d'origine. Un sous-titrage français viendra aider ceux qui ne comprennent pas l'anglais. Toutefois, on pourra aussi relever l'absence du doublage français d'époque.

Bach Films a donc produit un supplément totalement exclusif à son édition DVD. L'éditeur est allé à la Cinémathèque Française pour filmer Jean-François Rauger à propos du film. Il connait son sujet puisqu'il a programmé un cycle Terence Fisher durant l'été 2007. L'occasion, durant une quinzaine de minutes, de replacer rapidement la Hammer Film dans son contexte puis de faire une analyse du travail de Terence Fisher ainsi que des MAITRESSES DE DRACULA. L'intervention aurait pu être plus longue en abordant l'aspect historique de la création de ce film en particulier ou bien en présentant certains des artisans liés au film dont les noms ne seront même pas cités. L'effort est, en tout cas, louable même si fait, à l'évidence, avec les moyens du bord (la mise au point qui se fait à retardement, la prise de son, etc...).

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
55 ans
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573 critiques Film & Vidéo
4 critiques Livres
On aime
Un joli film d'épouvante gothique
Un supplément produit spécialement pour l'occasion
On n'aime pas
L'image du DVD aurait pu être plus soignée
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L'édition vidéo
THE BRIDES OF DRACULA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Bach
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.66 (4/3)
Audio
English MPEG Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Entretien avec Jean-François Rauger (14mn05)
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