Header Critique : ZOMBIE 4 (AFTER DEATH)

Critique du film et du DVD Zone 2
ZOMBIE 4 1988

AFTER DEATH 

La fille d'un sorcier vaudou vient de mourir entres les mains pourtant expertes d'une poignée de scientifiques. Malgré leurs efforts, le cancer a eu raison d'elle et c'est avec rage que ses parents déchaînent maintenant leurs mystiques pouvoirs ! Le sorcier réveille donc les morts et les envoie éliminer les vivants. Seule une enfant de quatre ans, munie du pendentif protecteur de sa mère, parvient à s'échapper de l'île… Plusieurs années plus tard, alors que l'enfant est devenu femme, un retour sur les lieux du drame s'impose. Le chemin de la jeune fille croisera alors celui de quelques militaires ainsi que celui d'un petit groupe de scientifiques. Tous devront s'unir et se battre pour tenter de survivre à l'enfer qui les attend…

En 1978, George Romero réalise le second volet de son cycle des morts avec DAWN OF THE DEAD. Remonté et distribué par Dario Argento pour l'Europe notamment, le film hérite du titre ZOMBIE que nous connaissons tous. En 1979 déboule alors sur les écrans une autre petite perle horrifique réalisée cette fois-ci par le maître Lucio Fulci. D'abord nommé ZOMBI, le métrage prend bien vite des allures de fausse séquelle opportuniste en devenant ZOMBIE 2. Il faudra ensuite attendre neuf années avant que Fulci ne (re)cède aux sirènes de la pseudo-saga en mettant en chantier un ZOMBIE 3 n'ayant bien évidemment aucun rapport avec les deux volets précédents. La réalisation tourne à la catastrophe et bien vite, c'est le clash : Fulci claque la porte et ce sont Bruno Mattei et Claudio Fragasso (scénariste) qui se partagent la réalisation. Le résultat, très en deçà des attentes, justifie tout de même que l'on exploite encore le filon… C'est pourquoi la même année, une autre réalisation de Claudio Fragasso à base de morts-vivants viendra se greffer de manière opportuniste à la saga. OLTRE LA MORTE (plus connu sous le titre AFTER DEATH) devient donc le ZOMBIE 4 dont il est question ici. Pour clore l'historique, nous ajouterons qu'un ultime opus, nommé L'ATTAQUE DES MORTS-VIVANTS viendra compléter l'ensemble alors qu'il fût réalisé en 1987, soit un an avant les troisième et quatrième volets… Notons par ailleurs que les "épisodes" 2 à 4 se baladent les titres alternatifs, en Angleterre notamment, de ZOMBIE FLESH EATERS 1 à 3…

ZOMBIE 4 n'est donc pas une suite à proprement parler mais un film à par entière traitant des morts-vivants par vaudou interposé. L'oeuvrette sera tournée en anglais, aux Philippines alors que Fragasso est déjà occupé sur un autre métrage nommé MISSION SUICIDE (aka STRIKE COMMANDO 2). L'homme co-réalise donc un sous-RAMBO le jour pour, la nuit venue, se consacrer à ses cadavres bondissants. Un rythme frénétique et d'incroyables restrictions budgétaires auxquels le cinéaste s'est habitué au fil des 17 collaborations officielles qui le lièrent au grand professionnel du Bis fauché qu'était Bruno Mattei. Ces collaborations aboutiront bien souvent sur d'amusants navets, avec notamment LES RATS DE MANHATTAN et ROBOWAR, mais aussi sur quelques métrages plus inspirés comme L'AUTRE ENFER.

Pour ZOMBIE 4, Fragasso et sa scénariste attitrée Rossella Drudi (près d'une vingtaine d'œuvres en commun) décident de revisiter le zombi-movie à leur manière en créant un étrange melting-pot d'idées puisées de toutes parts. Le «livre des morts» (sans doute issu du EVIL DEAD de Sam Raimi) côtoie ainsi sans complexe les rites vaudous (L'EMPRISE DES TENEBRES) ainsi que les morts-vivants adeptes du cent mètres haie (L'AVION DE L'APOCALYPSE) et des sécrétions vertes (TROLL 2)… A ce sujet, l'aspect même des zombies a de quoi laisser perplexe. Alors que la femme du sorcier hérite dès l'introduction d'un regard et d'une dentition nous ramenant directement au DEMON de Lamberto Bava, l'aspect des cadavres suivants s'apparente plus à celui de ninjas lépreux. Un visuel improbable auquel s'associe une palette de mouvements des plus étonnantes. Les zombies courent, cabriolent, échangent quelques coups de poings et usent même d'armes à feu ! Ajoutons de plus qu'à l'instar de l'animateur radio du troisième opus, ces morts-vivants parlent et tentent même de convaincre leurs victimes du bien-fondé de leur démarche ! Une vision étonnante donc de la vie après la mort, très éloignée du moins de celle avancée par George Romero en 1968…

Une telle liberté de ton ne trompe pas. Fragasso ne vise pas la révolution mais plutôt la série B bordélique, rythmée et vite emballée. Le marché d'outre-atlantique est bien entendu la cible avec un film tourné en anglais, un casting partiellement américain et un réalisateur oeuvrant sous couvert d'un pseudonyme (Clyde Anderson) faisant fi des sonorités italiennes. C'est ainsi que Jeff Stryker héritera du premier rôle masculin. L'occasion pour le bonhomme de tenter une expérience jusqu'alors inédite puisqu'il n'aura pas dans ZOMBIE 4 l'occasion de déballer ses attributs pourtant réputés. Star incontestable du cinéma porno gay, Stryker relève donc le défi et décide même pour l'occasion d'oublier son pseudo et d'œuvrer sous son véritable nom : Chuck Peyton. La performance de l'acteur reste cependant à relativiser. S'il ne fait aucun doute qu'il manie avec talent certaines parties de son corps, d'autres restent en revanche désespérément figées. Ce sera le cas de son visage, inexpressif au possible, que Fragasso lui-même renoncera à filmer en gros plan… Le premier rôle féminin sera pour sa part attribué à la séduisante Candice Daly que les amateurs retrouveront quelques années plus tard dans la série à succès LES FEUX DE L'AMOUR. La jeune actrice trouve ici l'occasion de se distinguer via une performance très honnête en regard de l'absurdité des actions qu'elle doit mener…

Aux côtés de ces deux acteurs s'agite bien entendu une pelleté de figurants philippins (les zombies hyperactifs) mais aussi quelques têtes coutumières du cinéma de guerre. Parmi celles-ci, nous citerons Don Wilson (DELTA FORCE 2) ainsi que les biens connus Jim Gaines et Nick Nicholson, adeptes des tournages philippins barbares depuis leur «révélation» dans APOCALYPSE NOW. Un casting qui, à défaut d'être performant, s'avère donc plutôt intéressant et convaincu. Et pourtant, la tâche n'est pas simple ! Difficile en effet de croire en ce que l'on fait lorsque ces actions n'ont ni queue ni tête ou qu'elles défient tout simplement le bon sens ! Dans ce registre, nous aurons droit par exemple à une folle course poursuite entre Tommy (Don Wilson) et un zombie. Sauf que, fait inhabituel, c'est ici le mort-vivant qui prend ses jambes à son cou avant de succomber sous une pluie de coups de poings. D'autres séquences nous dévoilent comment stopper l'avancée des monstres via une amulette sacrée et quelques bougies. Reste que certains zombies semblent n'avoir pas reçu le message et poursuivent leurs assauts malgré tout…

Passons donc les nombreuses incohérences pour nous attacher aux dialogues, tous plus risibles les uns que les autres. Comment rester insensible au magnifique "J'ai failli perdre ma chaussure, j'ai la trouille les gars" débité mollement par une Adrianne Joseph sous le choc ? Comment ne pas goûter le ridicule du monologue vomi par un sorcier si peu crédible ? Impossible. Le non-sens prend le dessus, supporté en cela par un travail visuel des plus étranges. Alors que certains plans de la végétation philippine relèvent du merveilleux, d'autres, totalement factices, décollent la rétine du spectateur de par leur laideur. Eclairages frontaux au spot-light vert et halos rouges malvenus sont autant d'éléments qui desservent un film au potentiel pourtant déjà très restreint…

Reste donc l'action, rendue frénétique par l'agilité peu commune des créatures en présence, et les instants gores (écorchements, énucléation, impacts de balle etc.), toutefois plus inventifs que crédibles (manque de budget oblige). En cela, Fragasso réussit peut être son pari et nous livre un film totalement dénué d'intelligence et de talent mais au final amusant, le tout soutenu par une bande originale plutôt décalée signée Al Festa. Reconnaissons toutefois que, sur un schéma très similaire, le pourtant mauvais ZOMBIE 3 en offrait plus avec même quelques scènes plutôt intéressantes (la touche de Fulci ?)…

ZOMBIE 4 est le dernier des cinq a être édité en DVD zone 2 francophone. Pour l'occasion, c'est l'éditeur Neo Publishing qui s'y colle et nous livre un disque non dénué d'intérêt. Concernant l'image tout d'abord, nous avons droit à une copie cadrée au ratio 1.66 encodée en 16/9ème. L'image est extrêmement granuleuse, notamment lors des séquences de nuit (majoritaires bien évidement), et n'a donc pas fait l'objet d'une restauration poussée. Reste que cela aurait été étonnant pour un tel titre… Les contrastes sont donc assez faibles et bon nombre de rayures font leur apparition. Les couleurs donnent en revanche satisfaction avec un rendu assez «naturel». Du côté des pistes sonores, c'est un sans faute puisque nous avons là la version anglaise d'origine et le doublage français lui aussi d'époque. Les deux pistes sont offertes dans un mono propre et clair encodé sur deux canaux.

Au chapitre des suppléments nous sont proposés deux gros morceaux. Le premier est un pseudo-Making Of d'une durée avoisinant l'heure. Il s'agit en réalité d'images filmées durant le tournage de la scène d'introduction (se déroulant dans un décor de LA SECTE de Michele Soavi) opposant le sorcier vaudou aux scientifiques apeurés. Le document, apparemment filmé par un alcoolique fétichiste du pied, n'a pas fait l'objet d'un quelconque remontage et nous est donc présenté «brut». De fait, il s'avère assez indigeste et sa vision globale, d'un seul trait, relève de l'exploit… Nous avons cependant là un aperçu de la démarche itérative qu'adopte Fragasso pour son film : Rien ne semble répété à l'avance et les mêmes scènes sont retournées encore et encore, en tentant de capitaliser sur les erreurs pour finalement aboutir à un résultat satisfaisant. Une démarche laborieuse, sans aucun doute dictée par l'épuisement de l'équipe travaillant donc de jour et de nuit par grande chaleur… Notons que ce documentaire est présenté dans une qualité médiocre. Des sous-titres français rendent bien entendu le tout compréhensible même s'ils font fi de bon nombre de dialogues.

Second bonus de taille : Le commentaire audio donnant la parole au réalisateur Claudio Fragasso. Interviewé par le journaliste Frederico Caddeo (responsable de nombreux commentaires audio pour Neo Publishing), Fragasso nous livre un bonus riche en anecdotes de tous poils. Sont donc évoqués les conditions de travail aux Philippines, la mort du cinéma sur place et Bruno Mattei, devenu résidant local pour y poursuivre sa carrière dédiée au bis. Fragasso nous dresse aussi la filmographie du maquilleur Franco Di Girolamo alors décédé mais c'est surtout le personnage de Jeff Stryker qui semble attiser les passions ! La nature peu conventionnelle du métier de Stryker ouvre les portes à de très nombreuses anecdotes, souvent sans rapport avec le film. Qu'importe puisque le commentaire n'ennuie pas, remplit son rôle et s'avère globalement pertinent. Reconnaissons malgré tout que d'horribles frissons s'emparent de nous lorsque le réalisateur évoque son avenir cinématographique : "On me propose des petits budgets, mais c'est nul, je préfèrerais faire des thrillers bien faits, à la Besson"… Fragasso deviendra t-il un jour le Besson italien ? L'avenir (incertain) nous le dira… Bouclons enfin le contenu éditorial de cette édition avec une galerie de 18 images, une fiche technique ainsi que quatre filmographies sélectives présentées sous la forme de pages fixes.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
OLTRE LA MORTE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h20
Image
1.66 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Claudio Fragasso
    • Making-of : Brucopia After Death (57mn37)
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