Marc et Emma s'installent dans une belle et ancienne maison isolée qu'ils viennent d'acheter. Au sein de ce nid douillet, leur bonheur devrait s'épanouir mais, bien vite, Marc est le témoin d'événements surnaturels qui vont mettre en péril leur couple. En effet, des spectres homosexuels hantent les lieux !
Après avoir fait ses armes à la télévision sur Canal+, que ce soit dans l'équipe d'écriture des GUIGNOLS DE L'INFO ou en bossant sur diverses autres séries tel que H, Eric Lavaine rencontre Héctor Cabello Reyes avec lequel il va écrire une comédie fantastique. Avec son jeu de mot dans le titre qui tisse un lien avec le POLTERGEIST de Tobe Hooper, il s'avère que POLTERGAY a tout de même un peu plus de points communs avec le AMITYVILLE de Stuart Rosenberg. Dans les deux films, le comportement de l'homme de la famille, ici seulement un jeune couple, est influencé de manière dramatique au contact d'une maison et de ce qu'elle abrite. Certaines images avec Clovis Cornillac armé d'une pelle ne sont ainsi pas sans rappeler James Brolin et sa hache. Toutefois, si l'on peux voir des similitudes, POLTERGAY est avant tout une comédie et l'histoire va prendre rapidement une route qui s'affranchit de toute analogie. D'ailleurs, en interview, Eric Lavaine ne semble pas spécialement un fantasticophile comme l'atteste l'interview qu'il a donné dans le numéro d'octobre 2006 de l'Ecran Fantastique. Ses références fantastiques au fil de ses réponses se bornant à une grande appréciation de Tim Burton et son MARS ATTACKS et au visionnage de FANTOMES CONTRE FANTOMES, GHOST ou encore les films de Shyamalan (SIXIEME SENS et LE VILLAGE). Pourtant, les fantômes et autres ectoplasmes comiques sont légions depuis les débuts du cinéma...
La toute première partie du film essaie de jouer avec le mystère en adoptant une ambiance d'épouvante. Néanmoins, cela paraît un peu vain dans le sens où le secret de la bicoque est déjà révélé sur les affiches ou encore la bande-annonce. Il faudra donc attendre un peu avant que le film ne prenne réellement ses marques tout en s'inscrivant plus directement dans le registre de la comédie. Et à ce niveau là, il y avait de quoi avoir des inquiétudes avec la représentation de fantômes homosexuels bien caricaturaux. Mais, dans le dossier de presse du DVD, Eric Lavaine dit à propos des personnages que «L'orientation sexuelle, politique ou religieuse des individus nous importe peu». Une affirmation d'autant plus surprenante que POLTERGAY fait preuve de choix plutôt astucieux dans l'univers qu'il dépeint. Ainsi, il y a un décalage évident entre nos fantômes «fofolles et paillettes», hérités des années 70/80, et la communauté gay d'aujourd'hui. De fait, c'est plus le reflet des mentalités de l'époque quant à la vision de l'homosexualité perçue par le grand public qui transparaît dans nos joyeux fantômes qu'un véritable portrait social de la communauté d'alors. Dans POLTERGAY, la visite de lieux homosexuels d'aujourd'hui nous montre une vie «normale». L'un des meilleurs passages étant assurément la visite d'une boîte de nuit par le personnage de Clovis Cornillac qui s'avère mal à l'aise alors que l'environnement n'a rien de «différent» même si ce qui l'amène jusque là participe à son état d'esprit.
Autre bon point de POLTERGAY, il délivre l'air de rien un soupçon de tolérance universelle. Le film se permet lors de deux scènes de mettre dos à dos l'intégrisme qui pourrait éventuellement exister dans les camps hétéro et homo. A ce niveau, on notera d'ailleurs que si l'enjeu du film est la réunion de Emma et Marc, l'union la plus émouvante, car dépassant le cadre temporel, est celle du spectre de Salopette (Lionel Abelanski) et de son amour qui a du continuer de vivre séparément durant de longues années (Michel Modo). Et puisque l'on parle des acteurs, il faut reconnaître qu'ils sont tous débordant d'énergie à l'instar de l'équipe de fêtards fantômatiques, du couple principal ou encore de tous les secondes rôles dont Michel Duchaussoy, en parapsychologue gastronome, ou Christophe Guybet friand d'hétéro en quête d'ouverture sexuelle.
Des atouts, POLTERGAY en a donc beaucoup. Mais le film d'Eric Lavaine n'est pas pour autant une grande réussite. Le rythme n'est pas toujours très soutenu, certains rebondissements paraissent trop faciles et le rire n'est pas toujours au rendez-vous. Malgré son cadrage en format Scope, cela ne suffit pas à lui donner l'étoffe d'un grand film de cinéma. POLTERGAY manque cruellement d'envergure et ce n'est donc pas le feu d'artifice comique que l'on aurait pu en attendre. Ce premier long métrage d'Eric Lavaine reste, en tout cas, une comédie fantastique plutôt agréable.
Filmé avec des caméras HD, l'arrivée en DVD de POLTERGAY offre une image de qualité. Le format cinéma, type Scope, est respecté par un transfert 16/9 qui offre une définition de qualité et une retranscription des couleurs de belle tenue. Difficile de faire la fine bouche bien que l'on pourra noter quelques fourmillements ici ou là ! La sonorisation ne laisse pas non plus de place au hasard avec le choix entre des pistes stéréo, Dolby Digital 5.1 et DTS. On optera naturellement pour les pistes multi-canal qui donnent un rendu sonore très agréables avec quelques descentes dans les graves bien venues. Par contre, on se demande pourquoi les éditeurs français ne propose pas systématiquement un sous-titrage à destination des malentendants sur les films français.
Pour les suppléments, on déchante un peu dans le sens où, apparemment, rien n'a été produit spécialement pour ce DVD. En réalité, tout le contenu semble surtout avoir été fait pour la promotion du film ou de sa musique (voir la date de sortie devenu obsolète à la fin du Making Of du clip). On débute naturellement avec le Making Of du film qui ne nous apprendra rien du tout. Il s'ouvre sur une amusante citation prémonitoire d'Henri Langlois dans une interview des Cahiers du Cinéma datant de 1964 : «... force est de constater que le cinéma français manque cruellement de films ayant pour sujet les maisons hantées par des fantômes homosexuels.». Ce qui suit, dans ce petit documentaire, est essentiellement d'un assemblage d'images de tournage, prises sur le vif, tournant parfois au bêtisier. Quelques idées sont intéressantes tel que proposer en split-screen les images des coulisses et celles du film terminés. Mais hormis cela, on pourra surtout apercevoir les relations de travail très ouvertes entre Eric Lavaine et les acteurs qui n'hésitent pas à faire part de leurs suggestions ou de leurs désapprobations. Le reste étant donc au niveau du clip sans intérêt ! Les dernières minutes contiennent même une sorte de Karaoké phonétique, amusant car incompréhensible, de la chanson de Boney M. Aucune information ne sera donné sur l'idée et l'écriture du film, rien sur les éventuels soucis ou anecdotes (on voit bien l'histoire de la caméra 35mm qui ne fonctionne pas mais il faudra surtout le deviner), rien d'informatif, donc !
Un autre Making Of est disponible mais celui-ci ne s'intéresse pas au tournage du film. Il se focalise sur la création du clip-vidéo de la chanson associé. Comme pour celui du film, c'est le vide ! Une minute et c'est plié avec des images prises rapidement durant le tournage. Pas de quoi s'enthousiasmer surtout que le clip n'appelait pas forcément de grandes explications pas plus, à vrai dire, que la création d'un Making Of ! En effet, la reprise du «Born to be alive» de Patrick Hernandez est donc chantée par Julie Depardieu en compagnie d'un groupe sur fond... noir ! Musicalement, le titre est plutôt réussi en tout cas... Enfin, pour finir, on pourra encore visionner la bande-annonce et le Teaser qui assuraient la promotion du film dans les salles.