Le diabolique Wu-Tung s'est trouvé une petite démone bien à lui. Bien qu'à l'évidence durable, cette union est troublée par deux fées qui jugent bon d'amener la belle au bûcher. Pas de compassion chez les fées : Une démone, même amoureuse, reste maléfique et combustible… La demoiselle grille donc mais parvient à libérer son âme et à la transférer dans le corps d'un bébé poussant son premier hurlement. L'enfant grandit dans son village d'origine et devient une très belle jeune femme… mais laquelle ? Wu-Tung cherche en vain sa moitié réincarnée et exige pour cela qu'on lui livre de manière régulière de jeunes vierges. Un moyen comme un autre d'espérer remettre la main (ou plus précisément le sexe) sur la seule partenaire capable de survivre à ses violents assauts.
C'est en 1990 que voit le jour EROTIC GHOST STORY sous la direction du sympathique tâcheron Simon Nam (alias Ngai Kai Lam). Nullement inquiété par la censure (qui ne sévira qu'à compter de 1989 en créant la classification Cat. III), l'homme nous livre un film jouant sur deux tableaux : Celui de l'érotisme et celui du film de fantômes, très en vogue à l'époque grâce à des œuvres comme ZU : LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE ou encore la tétralogie des MR VAMPIRE… Affublé d'un titre international évoquant bien entendu le A CHINESE GHOST STORY de Ching Siu Tung, le premier volet des aventures du démon érotomane se forge rapidement une petite réputation. Bien que très maladroit, le métrage fait la part belle aux décors et aux demoiselles généreusement siliconées, reléguant par là même les fantômes au second plan… Une bien triste erreur que ne renouvellera pas Peter Ngor en réalisant une suite sobrement intitulée EROTIC GHOST STORY II.
Pour Peter Ngor, cette séquelle est avant tout une première réalisation. L'homme n'est cependant pas un inconnu à Hong Kong et dispose même d'un curriculum vitae des plus enviables en tant que directeur de la photographie. Ngor apparaît ainsi aux génériques de films comme DRUNKEN MASTER III ou CHINESE ODYSSEY 2002. Nul doute que ce sont cependant des films comme MR VAMPIRE ou SEX AND ZEN qui lui permirent de décrocher le poste de réalisateur pour EROTIC GHOST STORY II. Une décision judicieuse de la part du producteur Lan Chan Choi (déjà producteur du premier volet) puisqu'il permettra au film de bénéficier d'un visuel et d'une mise en scène particulièrement soignés.
L'autre choix heureux en terme de casting est un acteur répondant au doux nom de Anthony Wong. Un nom bien connu qui sonne aux oreilles des amoureux du gore et du sordide comme un gage indéniable de qualité. Connu pour ses débordements et son jeu terrifiant dans des films tels que EBOLA SYNDROME ou THE UNTOLD STORY, l'homme est un adepte du Cat. III sous toutes ses formes. N'ayant jamais rechigné lorsqu'il s'agissait d'exhiber son arrière-train, Anthony Wong se présentait donc comme la meilleure alternative pour camper le démon Wu-Tung. L'acteur ne démérite pas et nous offre ici un personnage rendu fou par l'amour. Grimé à l'extrême, très outrancier dans ses mimiques et violent dans ses étreintes, Wong convainc bien plus que son prédécesseur, le séduisant mais bien plat Tan Lap Sin…
Notre démon aura donc, 93 minutes durant, de multiples occasions de violer et tuer de malheureuses victimes certifiées 100% vierges. Point d'examen médical ou d'attouchement expert ici cependant. Le démon est relativement confiant et se «contentera» d'accepter toutes les offrandes qui lui sont proposées, pour peu qu'elles soient jeunes et, bien entendu, mignonnes. Car Wu-Tung ne doute pas : La réincarnation de sa chère et tendre ne peut être que physiquement attractive ! Si ce point reste douteux sur le plan scénaristique, reconnaissons toutefois qu'il ne peut être que bénéfique pour la rétine du spectateur de goût. En effet, EROTIC GHOST STORY 2 fait la part belle à de nombreuses actrices ayant toutes en commun leur indiscutable beauté. Les amateurs de demoiselles renforcées au plastique en seront toutefois pour leurs frais puisque, contrairement à l'opus précédent, le film privilégie judicieusement le naturel. Petite entorse à cette règle toutefois avec le bref caméo de miss Amy Yip, démone bustée du premier volet, qui conservera ici ses vêtements.
Foultitude d'actrices donc avec en tête la magnifique Charine Chan (généralement adepte des comédies type HAPPY GHOST 3) incarnant ici «la promise» du démon Wu-Tung. Si ses talents de comédiennes ne sont pas particulièrement mis en valeur, avouons qu'il n'en est rien de ses charmes. Peter Ngor nous invite en effet avec EROTIC GHOST STORY 2 à une magnifique démonstration de son talent en terme de mise en scène et de travail de l'image. Les étreintes, très nombreuses, bénéficient ainsi d'un soin tout particulier et d'une inventivité fort bienvenue. L'homme va même jusqu'à surclasser très nettement son travail sur SEX AND ZEN lors de quelques séquences définitivement cultes. L'oculolinctus (acte sexuel consistant à lécher la rétine de son partenaire) pratiqué en introduction du métrage n'est ainsi qu'une «mise en bouche» qui cèdera bien vite la place à d'autres expériences tout aussi inhabituelles. La scène de lesbianisme privilégiera par exemple l'esthétique avec de soyeux drapés aux couleurs pastel. Viendront s'ajouter à cette ambiance envoûtante d'énormes bulles (d'où viennent-elles ?) flottantes, avant qu'un fougueux amant n'apporte son «grain de sel»... Dans un registre différent, nous serons même conviés à une étreinte sous-marine, là encore particulièrement soignée et impressionnante. Ngor parvient donc sans mal à «varier les plaisirs» sans jamais opter pour le graveleux ou le facile. Le travail du réalisateur tranche ainsi clairement avec celui, bâclé, de Simon Nam sur le premier volet : Fini l'amourette de papy avec caméra posée sur pied et abus de zoom avant/arrière, place à la fantaisie et à la folie visuelle ! Un cocktail rafraîchissant et plutôt bien vu qui permet à EROTIC GHOST STORY 2 de surclasser la plupart des productions érotiques du même style.
Puisqu'il est question de fantaisie, abordons maintenant le côté fantastique du métrage. L'influence de A CHINESE GHOST STORY est ici évidente et chaque plan, chaque couleur, chaque décor semble nous ramener directement au métrage de Ching Siu Tung. Les prétentions ne sont bien entendu pas les mêmes et la «copie» demeure largement en deçà de l'original. Reste que nous aurons tout de même droit à un nain capable de se transformer en boule de feu, à l'équivalent féminin et terriblement sexy du Baron Samedi, à un combat final particulièrement « félin », une sodomie de cochon furtive et même un palais de glace semblable (de loin et de nuit) à celui de SUPERMAN ! Beaucoup de bonnes choses auxquelles viennent s'ajouter quelques effets «gores du pauvre» et un héros au sourire particulièrement benêt. Du tout bon donc, respirant la bonne humeur et l'amour du travail bien fait.
Difficile de tenir les mêmes propos lorsqu'il s'agit d'évoquer la qualité du disque ici chroniqué… Aux débuts du DVD, l'éditeur chinois Universe Laser avait sorti le film dans une copie 4/3 que l'on pouvait qualifier de bien peu prestigieuse. Début 2007, c'est la surprise : Joy Sales décide de ré-éditer le film (ainsi que le premier et troisième opus) dans sa collection «Legendary collection». L'occasion pour le métrage de se doter d'un transfert 16/9ème disposant, a priori, d'un ratio très proche… Peut-on enfin crier victoire et passer commande ? Pas si simple… A la vision du disque Joy Sales, un premier constat s'impose : L'image est assez laide, l'encodage est plus que douteux et les couleurs semblent plus «ternes» que dans notre souvenir. Si l'apport du 16/9ème est indéniable en terme de définition, il semble cependant évident qu'il ne s'est pas fait dans les règles de l'art. Inutile de tergiverser plus longtemps puisque les faits sont effectivement là. La nouvelle édition propose des noirs virant au gris, un très faible contraste et des couleurs bien moins «pétantes» que celles du premier disque. Un constat d'autant plus regrettable que la photo soignée du film et ses tonalités saturées jouent un rôle esthétique prépondérant.
Second défaut : L'effet de rémanence présent sur toute la durée du métrage alors que l'ancien disque Universe Laser ne souffrait pas du problème. Bien que cette tare ne soit réellement «pénalisante», il n'en reste pas moins qu'elle contribue à faire du disque Joy Sales une déception en terme d'image.
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Dernier point qu'il convient enfin d'aborder : Le cadrage. Alors que le disque Universe Laser proposait un ratio 1.77, celui de Joy Sales opte pour le 1.85. Deux formats très proches pour lesquels la perte d'image peut être considérée comme minime. Pourtant, à bien y regarder, il semble que la nouvelle image dispose de plus d'images sur les côtés (logique), mais aussi en haut et en bas ! Bien que ce constat ne s'applique pas à l'ensemble du film, il est indéniablement présent sur bon nombre de scènes. Lors de ces séquences (dont la scène avec bulles et drapés volants), nous constatons alors que le gain en terme d'image par rapport à l'ancienne édition dépasse tout de même les 10%.
Difficile donc d'opter pour l'une ou pour l'autre des deux éditions. Le temps décidera sans doute pour vous puisque le disque Universe Laser n'est aujourd'hui plus édité. L'unique option deviendra alors le disque Joy Sales disposant pour sa part d'une définition clairement accrue et d'un gain d'image non négligeable.
Concernant les pistes sonores, nous ne noterons pas de véritable évolution. A savoir que la piste chinoise est toujours très claire et sans esbroufe. Des sous-titres anglais viendront vous épauler dans la compréhension de ce film au scénario cependant très simpliste. Nous noterons que les sous-titres de l'édition Joy Sales ont été refaits et qu'ils s'avèrent maintenant d'excellente qualité. Certains termes intraduisibles font même l'objet d'une courte définition plutôt bien vue…
Le temps n'a en revanche pas été bénéfique au métrage en terme d'à-côté éditorial. Toujours aussi pauvre, celui-ci s'est même vu allégé par les années ! Nous perdons donc les filmographies ainsi que les bandes annonces des autres opus de la saga pour ne garder que celle de EROTIC GHOST STORY 2. Nous n'aurons à côté de cela qu'une douzaine de photos d'exploitation en basse résolution pour nous consoler… Un bien maigre bilan, contrebalancé toutefois par le coût dérisoire de la galette constaté chez certains revendeurs en ligne.
Bien qu'il soit loin d'être un chef d'œuvre, EROTIC GHOST STORY 2 est donc un film qui mixe agréablement les genres érotique et fantastique. Son casting de rêve et son réalisateur soigneux contribuent grandement au charme de cette œuvrette qui parvient sans mal à faire oublier un premier opus bancal et trop conventionnel. Un achat certes loin d'être indispensable mais qui vous permettra de passer un appréciable moment en compagnie de démones adeptes de la cire chaude, d'un monstre à deux queues, de bulles de savon et de nombreuses vénustés…
