Umberto Lenzi touche
à tous les styles, du film de guerre au giallo en passant par l'aventure,
avant de tomber sur ce qui va le rendre célèbre dans le bon et le mauvais
sens. Le film de cannibales dont il signera l'un des titres les plus
extrêmes avec CANNIBAL
FEROX. Pourtant, tout commence avec un film qui passera finalement
assez inaperçu. Non pas que l'on n'ait jamais vu de films de cannibales
jusque-là... Ni même de film pseudo anthropologique. Mais avec AU
PAYS DE L'EXORCISME, il met en boite un film précurseur de la vague
qui va suivre. Tous les ingrédients sont déjà là : un environnement
tribal au milieu de la jungle, un aspect limite documentaire dépeignant
les moeurs des indigènes et, bien sûr, les incontournables scènes où
des animaux se font occire sans trucage.
Pourtant, le film restera en quelque sorte un inconnu par rapport à CANNIBAL HOLOCAUST alors qu'il est réalisé environ six ans auparavant le film phare du genre. Précisons que AU PAYS DE L'EXORCISME ne cherche pas à faire dans le sulfureux. Lenzi réalise jusque-là pas mal de films d'aventures dans des contextes fort différents. Et c'est exactement ce qu'est AU PAYS DE L'EXORCISME, un simple film d'aventures qui lorgne, il faut bien le dire, sur UN HOMME NOMME CHEVAL. Les deux films étant très proches dans leur structure, il n'y a guère que le lieu et la date de l'action qui changent (la jungle thaïlandaise des années 70 contre l'ouest sauvage des Etats-Unis). Capturé par une tribu d'indigènes, un journaliste est tout d'abord utilisé comme esclave. Puis, il finit par se faire accepter par la tribu en passant par divers rites et épreuves, guidé, ici, par l'amour que lui porte une sauvageonne. Ce qui nous donne droit à des séquences champêtres assez fleur bleue !
Si l'on ne doit voir qu'un défaut dans ce film, c'est Me Me Lay qui doit être l'une des rares jeunes femmes à réussir à nous prouver qu'elle n'a rien dans la tête, même lorsqu'elle n'essaye pas de jouer. Un jugement peut-être hâtif puisque nous ne la connaissons pas personnellement mais c'est exactement l'impression qui ressort de son interprétation. Ivan Rassimov est, quant à lui, franchement bon surtout qu'il porte sur ses épaules toute l'entreprise.
Plutôt sympathique, AU PAYS DE L'EXORCISME n'est pas réellement un film gore. Loin de là... Et c'est peut-être pour cette raison que le film n'est pas aussi reconnu qu'un CANNIBAL HOLOCAUST. Une leçon que Lenzi mettra en pratique en sortant l'ultime CANNIBAL FEROX beaucoup plus tard. Faut-il ajouter que le titre français du film n'avait rien pour l'aider sur notre territoire. D'exorcisme, vous n'en trouverez pas ici. On suppose que le distributeur français avait voulu, à l'époque, capitaliser sur le succès en vogue à ce moment-là : L'EXORCISTE. Une pratique pas très honnête mais que l'on trouve amusante à présent tellement c'est ridicule !
Parlons de ces fameuses scènes qui font couler généralement beaucoup d'encre à propos des morts réelles d'animaux. De notre côté, nous ne sommes pas choqués par ce type de scène. Surtout que si l'on gratte un peu, on peut en trouver dans de grosses productions américaines (APOCALYPSE NOW ?) sans que cela n'ait l'air de gêner grand monde. On nous rétorquera qu'il n'est pas normal de sacrifier des animaux au Dieu cinéma. Nous sommes d'accord. Toutefois, dans le cas présent, le film dépeint la manière de vivre d'une société tribale. Faut-il alors se voiler la face puisqu'il s'agit d'un film de fiction alors que l'on peut trouver le même genre de scènes, parfois pire, dans des documentaires qui montrent eux aussi les rites des tribus ? La mort d'animaux nous choque déjà beaucoup plus dans des films qui n'ont pas une justification précise (CAMP 731 ?).
Winson fait partie de ces éditeurs dont on a du mal à discerner la provenance. Hollande ? Probablement puisque le DVD de DEEP RIVER SAVAGES est présenté en PAL. Pourtant, il semblerait qu'il existe aussi un éditeur Winson au Japon (à moins que cela ne soit une filiale, allez savoir !). Autant dire que ce DVD ne se trouve pas dans n'importe quel magasin. Mais qu'importe, puisque techniquement, la qualité est loin d'être au rendez-vous. Le générique du film est présenté dans son format large d'origine (2.35) avant de laisser la place à un Pan And Scan fort désagréable. Personnages aux têtes presque toujours mal cadrées, action hors champ, parfois même des effets gores qui deviennent invisibles... Assez catastrophique ! Le néophyte serait presque tenté de croire que Umberto Lenzi est un tâcheron incapable de réaliser un plan correct. Ne vous fiez pas à cela, c'est vraiment ce transfert vidéo qui est calamiteux ! Ajoutons de gros défauts de pellicule (énormes griffures, pellicule qui se barre montrant les perforations...). J'en oubliais presque de dire que l'image manque de précision et délivre des couleurs assez fades. La bande-son, elle, ne souffre pas de véritable défaut et présente une version anglaise exclusivement, sans aucun sous-titrage.
A part le fan pur et dur de Umberto Lenzi (il y en a ?), on se demande qui voudra à tout prix mettre la main sur ce DVD ? Le cinéphile (?) qui ne l'a jamais vu ? On serait tenté de lui donner le conseil de mettre la main sur une VHS. Seul écueil, le film n'est plus commercialisé depuis pas mal de temps déjà en cassette dans notre pays. Et les vidéoclubs qui doivent encore en détenir une copie se comptent certainement sur les doigts d'une main. Finalement, ce DVD n'a peut-être pas que de mauvais côtés !