Ash Mattley est un jeune et brillant docteur persuadé d'avoir découvert l'antidote ultime contre la pneumonie, le cancer, la diphtérie et le SIDA. Peu crédible aux yeux de la communauté scientifique, l'homme se voit conspué et décide aussi sec de vouer sa vie à l'aide humanitaire dans les environs de Bornéo. Alors qu'il œuvre donc dans de bien délicates conditions, le docteur Carl Wessinger lui rend visite, convaincu du bien-fondé des théories étranges avancées par le toubib déchu. Ensembles, ils partent alors traquer un scarabée, jusqu'alors inconnu, vivant en pleine jungle et semblant posséder en lui le gène salvateur. Mais Wessinger n'est pas celui qu'il prétend et trahit le décidément trop naïf Ash. Il s'empare du scarabée et part jouer les apprentis sorciers en ressuscitant le Balacai, une étrange créature extra-terrestre dont les restes vieux de deux mille ans ne demandent qu'à se dégourdir. La créature échappe bien entendu à son géniteur, son instinct de chasseur refait surface, les cadavres s'entassent et le brave Ash se voit contraint de devenir un tueur de monstre contre son gré…
William Mesa est un homme au curriculum vitae fort bien doté. Superviseur des effets visuels sur près de soixante-dix films durant les vingt-cinq dernières années, nous lui devons entre autres les travaux effectués sur OUTLAND de Peter Hyams ainsi que DARKMAN et L'ARMEE DES TENEBRES de Sam Raimi. C'est toutefois avec le célèbre déraillement de train du FUGITIF de Andrew Davis (avec qui il travaillera à cinq reprises) que notre homme accédera à une réelle notoriété et fondera en 1993 sa propre société, la Flash Film Works. S'enchaîneront alors bon nombre de succès comme FREDDY SORT DE LA NUIT (Wes Craven), PEUR BLEUE (Renny Harlin) ou encore DARK WATER (Walter Salles)… En marge de cette brillante carrière dans le monde du trucage, William Mesa décide de s'essayer à la réalisation dès 1995. Une bien mauvaise idée qui le mènera à nous infliger l'horrible STARFORCE avec une Brigitte Nielsen en pleine phase descendante. Nullement découragé par cette regrettable expérience, il enchaînera sans complexe sur l'insignifiant THE DARKENING (1995) puis ADN LA MENACE qui nous intéresse aujourd'hui…
Pour rédiger le scénario de son film, William Mesa fait appel à l'un de ses complices, Nick Davis, lui aussi spécialiste des effets visuels et accessoirement génie du recyclage. En effet, notre inventif monsieur nous offrira en 1995 les scénarii des PROJECT SHADOWCHASER II et PROJECT SHADOWCHASER III. Le second volet de cette étonnante tétralogie produite par Nu Image plagiant allègrement le PIEGE DE CRISTAL de John McTiernan et le troisième n'hésitant pas à calquer le ALIEN de Ridley Scott, nous sommes en droit de nous demander ce que nous réserve l'histoire de ADN LA MENACE… Ne nous interrogeons pas plus longtemps puisque le film s'avère être un étonnant melting-pot de valeurs sûres telles que JURASSIC PARK, ALIENS et PREDATOR agrémenté de quelques soupçons de TERMINATOR 2 ou encore RAMBO 2 : LA MISSION. Nick Davis passe donc à la vitesse supérieure et s'autorise de multiples sources d'inspiration, allant tout de même jusqu'à copier à la lettre un certain nombre d'éléments et situations bien connues. C'est ainsi que l'on pourra par exemple s'attendrir devant l'alter-ego masculin de la petite Newt (ALIENS, 1986) ou encore admirer le tatoué Mark Dacascos confectionner à mains nues un piège à base de tronc d'arbre suspendu comme le faisait un certain Arnold Schwarzenegger en 1987…
Au-delà de cette trame scénaristique très «inspirée», l'amateur de créatures extra-terrestres bondissantes pourra par ailleurs s'exploser la rétine avec le Balacai, créature mythique dont l'arrivée sur terre semble coïncider avec celle de Jésus Christ… La bête s'avère être un vibrant hommage aux travaux de la boîte d'effets de Stan Winston et à H.R. Giger, chacun à l'origine des deux plus belles créatures du cinéma fantastique. Du Predator, le Balacai reprend ainsi l'apparence générale, l'armure (grandement simplifiée), le mode de déplacement, la vision infrarouge (ou plutôt infrarose dans le cas présent) et l'affection pour la chasse à l'homme. De l'Alien, notre triste humanoïde reprend le crâne anormalement oblong, l'aspect félin et le goût du sang. Bien que peu originaux, ces différents éléments tendent à faire penser que l'on tient là une créature des plus réjouissante… Malheureusement, nous en sommes bien loin et malgré l'implication bien évidente de la Flash Film Works dans le projet, le résultat à l'écran se trouve être d'un goût plus que douteux. Le manque de moyens et d'idées va ici sceller le sort du Balacai qui se contentera en définitive de n'être qu'un vilain agencement d'images de synthèse piètrement incrustées. Tout cela est d'autant plus dommage que pléthore d'effets visuels annexes, comme ceux appliqués aux décors, s'avèrent étonnamment crédibles, voire indécelables...
Fort heureusement, le virevoltant Mark Dacascos veille et ira bien entendu traquer l'hérésie qui nous est fièrement exhibée. Comme dans une majeure partie de sa filmographie, les talents de l'athlétique acteur Hawaiien seront honteusement sous-exploités et l'homme incarnera ici un docteur peinant à s'imposer de manière convaincante. Seules les dernières vingt minutes permettront à Mark de se dégourdir mollement les jambes là où, la même année, DRIVE laissait exploser à l'écran ses extraordinaires capacités…
Le champion de Kung Fu ne sera malheureusement pas la seule victime du gâchis occasionné par ADN LA MENACE. Ainsi, l'acteur Jürgen Prochnow, vu dans LA FORTERESSE NOIRE (1983), JUDGE DREDD (1995) et tout simplement magnifique dans DAS BOOT (1981), incarnera ici le scientifique fou qui rendra la vie au Balacai. Malgré son charisme, l'acteur ne parviendra bien évidemment pas à tirer grand-chose de ce rôle sans finesse pour lequel il devra se contenter de grogner quelques ordres à ses sous-fifres incompétents. Une contre-performance assez navrante qu'il renouvellera toutefois en 1999 dans le très moyen WING COMMANDER puis en 2003 dans le terriblement raté HOUSE OF THE DEAD…
Cette accumulation de poncifs et d'anti-prouesses mise à part, ADN LA MENACE s'avère être un film d'action plutôt nerveux. Même s'il n'apporte strictement rien au genre et semble plutôt rimer avec déception, le métrage ne laisse à aucun moment place à l'ennui. Les nombreuses explosions et fusillades tiendront sans mal le spectateur en alerte et c'est d'un œil amusé que celui-ci pourra retrouver quelques reconstitutions maladroites de scènes cultes du cinéma fantastique.
Le DVD nous proposera une image 4/3, au format 1.33 d'origine, plutôt laide, une piste son française stéréo et, fait rare pour ce type de produit, une version originale sous-titrée encodée elle aussi sur deux canaux. Du côté des bonus, nous aurons droit de nous distraire avec un mini-quizz de dix questions sans le moindre intérêt traitant des expériences génétiques au cinéma. Le disque nous offre par ailleurs les filmographies violemment élaguées de Mark Dacascos et Jürgen Prochnow ainsi qu'une bande annonce française de qualité horrible.
Un malheur n'arrivant jamais seul, vous pourrez aisément vous procurer ce film en solo ou en duo avec l'extrêmement mauvais METALBEAST. Un achat plus qu'hasardeux dont on dira juste que ADN, LA MENACE est le moins pire.
Difficile donc au final de tomber sous le charme de ce film auquel personne ne semble croire réellement, acteurs en tête. L'action est continue, les décors variés, les indigènes amusants mais tout cela ne suffira pas à sauver cette entreprise qui sentait le Balacai rance dès son synopsis bâclé au possible.