En 1815, perdues dans le Grand Nord, les soeurs Fitzgerald échouent dans un fort abritant un comptoir commercial. Mais leur salut ne sera que de courte durée puisque les quelques derniers survivants de l'endroit attendent eux-même d'être ravitaillé alors qu'ils sont assiégés par des agresseurs surnaturels.
En l'an 2000, John Fawcett réalisait GINGER SNAPS, un métrage qui s'est avéré rapidement assez fructueux. Bien que réalisé avec des moyens limités, le film s'établissait sans peine comme l'une des meilleures variations sur le thème du loup-garou. Quatre ans plus tard, il est décidé de mettre en chantier non pas une suite mais deux films qui seront réalisés coup sur coup. Le premier narre le parcours de Brigitte après les événements du premier film. Toutefois, GINGER SNAPS : RESURRECTION n'offrait pas vraiment la possibilité de se poursuivre sur un troisième opus. Le film suivant ne sera donc plus un prolongement mais se placera en amont de l'histoire décrite dans GINGER SNAPS. En amont de presque... deux siècles !
Avec GINGER SNAPS : RESURRECTION, on continuait d'explorer les thèmes du premier film n'hésitant pas, cette fois, à se placer directement dans un milieu psychiatrique. En offrant d'ailleurs pas mal de surprise et rebondissements inattendus, le film se plaçait sans problème comme une digne suite dans la lignée de son prédécesseur. Mais le personnage de Ginger y était réduit au minimum et apparaissait de façon assez superficielle. Spectre à l'image du Griffin Dunne du LOUP-GAROU DE LONDRES ou fruit de l'imagination torturée de sa soeur, la question ne sera jamais débattue. En réalité, la présence de Ginger n'était probablement là que pour réunir les deux interprètes principales du premier film. Avec GINGER SNAPS : AUX ORIGINES DU MAL, cette fois, Ginger et Brigitte sont donc de nouveau réunies. On peut même voir ce troisième opus comme une nouvelle adaptation de l'histoire décrite dans le premier film. Les deux soeurs sont inséparables et se jurent une fidélité sans limite qui sera mise à rude épreuve par une morsure qui transmet la fatidique malédiction. L'occasion, au passage, de retrouver pleinement l'alchimie entre les deux personnages et les deux actrices. Seul le cadre va changer tout comme l'épilogue qui choisira une alternative avec ce qui était exposé dans le premier film. Un choix aussi judicieux que inattendu donnant l'occasion de marquer une fois pour toute le serment que se font les deux soeurs dans les trois films.
Changement d'horizon, donc, pour GINGER SNAPS : AUX ORIGINES DU MAL qui se déroule au début du XIXème siècle au Canada. Jusqu'ici drame intimiste, l'histoire se place tout à coup dans un domaine plus proche du cinéma d'aventure en raison de son intrigue se déroulant dans un fort aux limites des territoires connus. Ce décor va influencer le film sur plusieurs points. Tout d'abord, l'histoire va perdre sa richesse psychologique déjà largement exploitée dans les deux films précédents. Du coup, l'aspect sexuel sous-jacent disparaît presque totalement de ce troisième opus en dehors d'une seule séquence significative entre Ginger et le chasseur. Ensuite, le décor enneigé donne souvent l'occasion au réalisateur d'élaborer de magnifiques plans féeriques qui donnent à cette genèse une empreinte de légende et un parfum de film gothique. Enfin, l'histoire emprisonne tous ses personnages derrière les palissades d'un fort. A l'extérieur, les loups rôdent, en attendant qu'un inconscient mette le nez dehors, ou tentent des incursions mortelles. Action et aventure sont donc largement plus présents dans ce film qui tranche complètement avec le reste de la série.
En perdant un peu de la profondeur analytique qu'on lui connaissait jusqu'ici, GINGER SNAPS : AUX ORIGINES DU MAL ne sacrifie pas pour autant son «écriture» et conserve un ton adulte dans son traitement. Les habitants du fort sont ainsi plutôt bien décrits avec en tête un militaire raciste et sadique ou encore un ecclésiastique aux vues fanatiques. Mais c'est surtout le personnage du commandant du fort et l'histoire de sa famille qui trouve un parallèle très intéressant avec le destin des deux soeurs Fitzgerald. On notera aussi que le film ajoute un accent mystique avec ses personnages indiens qui évoquent, bien sûr, la légende du Wendigo tout en lui donnant une origine surprenante. Bien que le récit soit en apparence simpliste et linéaire, le scénario recèle donc des subtilités qui donnent une véritable richesse à ce GINGER SNAPS : AUX ORIGINES DU MAL, bouclant ainsi une trilogie de films d'horreur résolument matures !
Ce n'est pas John Fawcett ni même Brett Sullivan qui prend les rennes du film mais Grant Harvey. Ce dernier, à l'instar des deux actrices principales, était attaché aux trois films de la série. Réalisateur de seconde équipe sur le premier et producteur du deuxième film, il assume donc pleinement la mise en scène de GINGER SNAPS : AUX ORIGINES DU MAL. A l'exception de quelques effets que l'on pourra trouver éventuellement superflus (les images en accélérés pour figurer la tombée de la nuit...), le résultat est bluffant mais il faut reconnaître au passage le talent des autres intervenants tel que Todd Cherniawsky, responsable des décors qui sont à la hauteur des ambitions du film. S'il y a à redire, c'est plutôt à propos de quelques effets de maquillage qui font bien trop factices. On pense plus particulièrement au visage déformé du personnage de Geoffrey qui est tellement figé et outrancier que cela perd en crédibilité. Un défaut négligeable, mais notable, en regard d'un film bourré de qualités.
Ce troisième film nous permet donc de retrouver le duo d'actrices, Katharine Isabelle et Emily Perkins, mais ce sont surtout les seconds rôles qui marquent cet épisode. Le choix des acteurs a été fait judicieusement en mettant à l'écran JR Bourne qui incarne un personnage détestable, Hugh Dillon habité par son rôle de fanatique religieux, Tom McCamus déchiré entre son devoir de commandant et son amour de père ou encore Nathaniel Arcand, vu dans le fort sympathique DREAMKEEPER, en chasseur taciturne. Notons au passage que Brendan Fletcher qui apparaissait dans GINGER SNAPS : RESURRECTION incarne un rôle différent dans ce nouveau film.
Aucune surprise, l'image du DVD français de GINGER SNAPS : AUX ORIGINES DU MAL est de très bonne qualité. Le format d'origine est respecté avec un transfert 16/9 affichant une belle définition, des couleurs stables et un contraste appuyé. De la belle ouvrage qui est sonorisé avec des pistes en Dolby Digital 5.1 plutôt bien ciselée n'hésitant pas à jouer avec les enceintes arrières pour y faire hurler des loups. Vous aurez la possibilité de choisir entre la piste originale anglaise, disposant d'un sous-titrage, ou le doublage français qui se valent d'un point de vue technique.
C'est apparemment une règle ! Une fois qu'un GINGER SNAPS arrive en France, il perd son commentaire audio. Troisième film dans la série, GINGER SNAPS : AUX ORIGINES DU MAL ne déroge pas à cette règle et le DVD français ne propose pas ce supplément audio pourtant disponible sur le disque américain. Il faudra donc se reporter sur les autres modules supplémentaires tous d'une durée relativement courte et où il est donc difficile de trouver le temps long. Annoncées comme des scènes alternatives, on a en réalité droit à deux véritables scènes coupées et deux scènes allongées. Dans l'ensemble, elles n'apportent pas grand chose si ce n'est d'appuyer par exemple le racisme de l'un des personnages ou le caractère fataliste du commandant. S'ensuit quatre tout petits documentaires sur la création du film. Tout d'abord le maquillage de Geoffrey où le maquilleur Howard Berger est mis en avant. Le même maquilleur revient sur un module bien plus intéressant consacré aux autres effets spéciaux. C'est d'ailleurs là que l'on pourra voir Brett Sullivan, réalisateur de GINGER SNAPS : RESURRECTION, ce qui indique clairement que les deux films se sont fait l'un après l'autre. Ensuite, on découvre le travail de ceux qui sont en charge de créer les décors puis, dans une autre vidéo, ce sera le tour des costumes. Vous n'apprendrez pas grand chose dans le «Journal de tournage du réalisateur» mais la dizaine de minutes est fort sympathique en nous présentant une équipe décontractée, malgré la pression, et pleine d'humour. Cette impression de sympathie est renforcée par une vidéo dissimulée sur l'un des menus et qui offre un montage de quelques minutes brassant prises ratées, rires et interventions en coulisse. Pour terminer, le DVD permet de voir la bande annonce du film mais aussi celle de GINGER SNAPS : RESURRECTION et celle de L'ANTRE DE LA FOLIE. De plus, deux autres bandes-annonces sont visibles seulement à l'insertion du disques dont celle de THE DEVIL'S REJECTS.