Trois jeunes démones décident de mettre de côté leurs activités pour prendre quelques vacances. Dans ce but, elles prennent forme(s) humaine(s) et s'installent dans une gigantesque demeure abandonnée. Alors qu'elles savourent un repos bien mérité, un jeune et séduisant étudiant vient leur proposer de menus services qu'elles acceptent avec joie. Bien vite, à la liste de ces prestations s'ajoutent nombre d'activités à caractère sexuel. Le jeune homme se révèle être un amant exceptionnel qui ne recule devant aucun sacrifice et ira jusqu'à contenter les trois demoiselles plusieurs mois durant. L'harmonie, la douceur et la luxure semblent dès lors bien acquises, ce à quoi les démones prennent naturellement goût… Cependant, les masques ne tardent plus à tomber : Les démoniaques demoiselles ne parviennent plus à conserver leurs apparences plantureuses, de repoussantes touffes de poils poussent sur leurs seins et le fringant étalon s'avère être très différent de ce qu'il prétend…
Nai Choi Nam (aussi connu sous le nom de Simon Nam ou encore Ngai Kai Lam), réalisateur donc de ce EROTIC GHOST STORY, est un homme tout ce qu'il y a d'atypique. Un artisan à la griffe inimitable dont la folie créatrice pourrait se comparer à celle d'un Ed Wood, l'absolue incompétence à celle d'un Bruno Mattei et l'incroyable générosité à celle d'un Peter Jackson (très) embryonnaire… Débutant en 1976 en tant que directeur de la photographie, Nam prendra le temps de la réflexion avant de passer à la réalisation en 1981. Il nous offrira alors, en collaboration avec Danny Lee, un premier métrage intitulé ONE WAY ONLY. Celui-ci nous narre l'histoire d'un «biker né» (incarné par Robert -disco!- Mak) voulant à tout prix intégrer une bande de «easy riders». Si le métrage s'avère réellement médiocre et décalé, il n'est cependant pas encore révélateur de tout le potentiel du bonhomme… Pour cela, il faudra attendre 1986 et s'exploser la rétine avec THE SEVENTH CURSE mettant (très partiellement) en vedette Chow Yun Fat ainsi que la superbe Maggie Cheung. Le réalisateur prend dès lors ses marques et intègre les différents éléments qui formeront sa signature : Des effets spéciaux bâclés à base de carton mâchouillé, de l'action illisible mais frénétique, d'importants passages soporifiques, un scénario sans queue ni tête, des incohérences dignes d'éloges et des saynètes érotiques filmées comme s'il s'agissait d'un rayon charcuterie. Reste que chacune des œuvres de Nai Choi Nam est unique, aisément identifiable et propose son lot de surprises, qu'elles soient bonnes ou mauvaises... En l'espace de six années, l'homme nous offrira pas moins de neuf petites perles, achevant donc sa carrière en 1992 et laissant derrière lui un triplé gagnant : THE STORY OF RICKY, hommage «live» et carcéral à KEN LE SURVIVANT, THE CAT, nous contant les aventures d'un général extra-terrestre félin et bien entendu le dénudé EROTIC GHOST STORY…
Comme son titre l'indique très justement, EROTIC GHOST STORY est donc une sympathique petite histoire de fantômettes profitant de leurs enveloppes humaines fort bien choisies pour s'adonner aux plaisirs de la chair. C'est ainsi que nous retrouverons au casting les très séduisantes So Man, Hitomi Kudô (dans son unique prestation à l'écran) et surtout Amy Yip. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas Amy Yip, il convient de spécifier qu'il s'agit là d'une actrice dont le talent passe très largement au second plan. En effet, la demoiselle, à l'image d'une Pamela Anderson par exemple, est avant tout connue et reconnue pour la très généreuse poitrine dont l'a doté un chirurgien local zélé. Allié à une silhouette élancée, cet «atout» fût, soyons honnête, l'unique raison de son succès devant les caméras. Elle tourna donc une bonne trentaine de films en treize ans, tous s'évertuant avec plus ou moins de succès à mettre en avant les formes pour le moins généreuses de la playmate. Parmi ces différents métrages, huit furent fort logiquement affublés d'une classification CAT.III, comme par exemple ROBOTRIX (1991), STOOGES IN HONG KONG (1992) ou encore CHINA DOLLS (1992). Amy Yip se distingua par ailleurs des autres starlettes par son refus catégorique à dévoiler sa particularité physique de manière frontale et non voilée. C'est ainsi que les différents cinéastes qui décidèrent d'avoir recours à l'actrice n'eurent de cesse de prévoir placements et mouvements de caméras afin qu'ils ne dévoilent jamais la globalité de l'impressionnant buste. Cette «technique» particulière imposant de filmer les charmes de la demoiselle sans jamais véritablement les filmer eût même un nom : Le «Yip Tease» ! Fort logiquement, EROTIC GHOST STORY n'échappera donc pas à la règle et la Yip restera partiellement, et très habilement du reste, voilée. Un voile de pudeur plutôt amusant du reste puisque chaque centimètre carré de son corps (poitrine exclue donc) sera passé en revue par l'œil pervers de la caméra. Les deux autres nymphettes auront à subir pour notre plus grand plaisir les mêmes égards voyeuristes, justifiant par là même la classification CAT.III dont hérita le métrage…
EROTIC GHOST STORY débute donc le plus simplement du monde en nous exposant le quotidien des démones. Ces créatures usent en effet de leurs charmes et simulent la gourmandise sexuelle pour attirer dans leurs griffes de pauvres croquants. Persuadés d'avoir là une chance inespérée d'assouvir leurs pulsions en compagnie de magnifiques demoiselles, ces mâles heureux se trouvent bien vite exposés à l'horreur… Trois de ces démones décident donc de se mettre au vert dans une aventure qui, comme nous le verrons, comporte quelques vagues similitudes avec un film de George Miller : LES SORCIERES D'EASTWICK (1987). Une bonne moitié du métrage est consacrée à l'arrivée puis à la vie en commun des sorcières/démones/fantômes et de leur charmant et jeune courtisan (Chia Ling Ha). L'homme parviendra sans mal à créer une harmonie véritable dans laquelle tous et toutes pourront s'épanouir bien que les jeunes femmes camouflent leur identité réelle. De nombreux jeux sexuels et autres bains communs nous seront donc exposés sans réelle pudeur sur une durée toutefois un peu longuette. Car s'il convient de dire que les scènes érotiques sont de fort honnête facture, celles-ci s'enchaînent sans véritable moteur, sans volonté de créer une logique ou de faire avancer l'histoire. En ce sens, nous sommes donc assez loin du CHINESE GHOST STORY dont le film de Nai Choi Nam se veut bien évidement être la variante érotique… Le métrage s'essouffle donc assez vite et en vient même, malgré le charme indiscutable des dénudées demoiselles, à ennuyer. Ce défaut, assez récurrent des films de Nai Choi Nam, laisse toutefois place dans son dernier quart à la fameuse «générosité» du monsieur évoquée plus tôt…
Certains réalisateurs, comme Roland Emmerich par exemple, se montrent généreux à l'écran parce qu'on leur en donne les moyens. D'autres, comme Peter Jackson ou Sam Raimi, se sont montrés généreux à leurs débuts parce qu'ils avaient à l'évidence du talent et des idées. Le cas de Nai Choi Nam est donc assez différent puisqu'il n'a ni moyens, ni talent. L'homme dispose en revanche d'une imagination sans borne (qui explosera dans THE STORY OF RICKY et THE CAT) qui le pousse à faire n'importe quoi, n'importe comment, pour peu qu'il le fasse. C'est donc ce qui se produit ici en fin de métrage. Le «Top départ» de la folie du monsieur est amorcé par la scène culte montrant nos démones découvrir avec stupeur qu'elles ne parviennent plus à conserver leur séduisante apparence… Dans EROTIC GHOST STORY, cette dégénérescence nous est montrée à l'écran via un reflet dans un miroir. Ce reflet bien particulier nous exhibant fièrement et tout simplement une peluche de renard affublée de la même nuisette que l'actrice, bien évidement choquée ! Parents, vous voilà prévenus, votre enfant peu dès maintenant se lancer dans le cinéma à l'aide des accessoires qui sont à sa disposition !
La suite ne démérite pas car voilà venu l'affrontement final entre les fantômes bustées et un terrible démon à trois têtes. Hors, même à Hong Kong, il est particulièrement ardu de dégoter un acteur à trois têtes. Qu'à cela ne tienne. Nai Choi Nam ne renonce pas à son idée et mâchera quantité de carton pour former d'ignobles sphères sur lesquelles seront posées une perruque et dessinés yeux et sourire grimaçant… Le résultat est bien entendu déroutant, sans toutefois atteindre les limites du bonhomme en terme de roublardise visuelle. La scène est cocasse, mal foutue et étonnamment vite expédiée par un moine tombé du ciel ! Nul doute que le spectateur aura du mal à croire à ce qu'il vient de voir mais quelque part, c'est sans doute là ce qui fait la magie du cinéma de Nai Choi Nam…
L'édition DVD chroniquée ici nous vient de Hong Kong. Le disque est «Zone all» (comprenez par là qu'il peut être lu par tous types de platines DVD) et propose le métrage en 1.77 d'origine, encodé toutefois en 4/3… L'image est cependant plutôt propre et ce même si les couleurs semblent quelques peu délavées par instants. La compression ne se fait pas réellement sentir mais quelques artéfacts viennent de temps à autre polluer l'ensemble… Du côté des pistes sonores, les anglophones seront ravis puisqu'on retrouve, en plus de la piste cantonaise d'origine et des sous-titres chinois (traditionnels et simplifiés), un sous-titrage anglais d'une qualité acceptable. L'unique possibilité sonore, encodée en mono, nous invite à découvrir le film dans une qualité globalement appréciable. Abordons les bonus maintenant avec tout d'abord une biographie en pages fixes de la voluptueuse Amy Yip. Le spectateur avide d'informations pourra disposer de ce petit texte de six pages en chinois ou, plus simplement, en anglais. La bande annonce, qui laisse apparaitre des scènes plus longues que dans le film, sera pour sa part proposé en 4/3 dans une qualité plus qu'honnête. Ajoutons par ailleurs que le fait qu'il ne contienne aucun dialogue facilite bien entendu sa compréhension... Autres bandes-annonces, celles de EROTIC GHOST STORY 2, EROTIC GHOST STORY 3, EROTIC GHOST STORY : PERFECT MATCH mais aussi du magnifique SEX & ZEN (avec miss Yip là encore...) et de sa suite plus douteuse...
EROTIC GHOST STORY est donc un film en demi teinte. D'un côté, nous pourrons goûter le charme indiscutable des actrices principales en de multiples occasions mais d'un autre, la mise en scène des envolées érotiques s'avère plate et, à la longue, ennuyeuse. De même, si le scénario et les idées sont appréciables, les moyens mis en œuvre et la compétence semblent de toute évidence faire défaut. La beauté de certains décors contraste par ailleurs clairement avec la stupéfiante laideur des effets spéciaux. Les nombreuses étrangetés (viol vaudou par ananas interposé) venant s'ajouter à cela font qu'on en vient à se demander comment, malgré son capital sympathie incontestable, le film a pu acquérir une telle renommée et engendrer trois suites, respectivement tournées en 1992, 1993 et 1997. Nul doute que Amy Yip et ses lourds arguments ne doivent pas être étranger à un tel état de fait…