L'armée américaine vient de mettre au point un guerrier invincible, un cyborg à l'apparence humaine mais aux capacités physiques hors normes. Son nom : Solo. Pour sa première mission, Solo est envoyé en pleine jungle où il doit mettre hors d'usage une piste d'atterrissage clandestine. Les ordres sont clairs et pourtant, le robot imberbe décide de désobéir, épargnant ainsi de nombreux civils innocents. Le comportement étrangement humain de l'androïde ne convainc pas l'armée qui décide de l'envoyer à la benne. Sensible et soucieux de son bien être, Solo s'enfuit et se cache au sein d'un petit village de paysans martyrisés par une horde de loubards surarmés. La créature synthétique voit là une opportunité d'aider les plus faibles tout en coulant des jours paisibles…
C'est en 1996 que la société Van Peebles Films investit ses premiers deniers dans deux productions d'envergure très modeste, GANG IN BLUE et SOLO. L'entreprise familiale récidivera durant les années 97 et 98 avec deux films tout aussi mineurs (LOS LOCOS et LOVE KILLS) qui marqueront la fin de ce qui ne fût donc qu'une brève tentative de diversification. Outre cette société, les quatre métrages ont bien entendu en commun leur acteur principal, poste occupé sans surprise par le souriant Mario Van Peebles. L'homme, connu pour ses prestations dans NEW JACK CITY (dont il est également le réalisateur), HIGHLANDER 3 et plus récemment ALI, incarne donc ici le cyborg aux états d'âme étrangement humains…
Cette humanité, c'est au Professeur Bill Stewart qu'il la doit. Incarné platement par un Adrien Brody encore inconnu, le professeur au regard de poisson mort a en effet jugé bon d'instaurer dans son programme un certain nombre de règles. Contrairement à Isaac Asimov qui se contente des trois lois de la robotique et à Paul Verhoeven qui n'avait doté son ROBOCOP que de trois (plus une !) directives prioritaires, le Professeur Stewart se complique la vie et crée quelques centaines de règles… Les conséquences sont dès lors inévitables et les ordres se contredisent aussitôt, venant semer le doute dans l'esprit synthétique de notre héros et provoquant de fait le courroux du Colonel Frank Madden. Le rôle de l'irascible colonel est ici tenu par l'acteur William Sadler, généralement cantonné dans des rôles antipathiques en raison de son faciès anguleux aux os saillants. C'est ainsi que l'homme a pu incarner avec brio l'ennemi implacable de John McClane dans 58 MINUTES POUR VIVRE et le politicien véreux qui veut la peau de Steven Seagal dans ECHEC ET MORT.
Doté donc d'un casting agréable, SOLO est confié aux bons soins du réalisateur Norberto Barba. L'homme n'a, à cette époque, aucun véritable fait de gloire à son actif. Cependant, l'expérience SOLO lui permettra de se tourner avec succès vers le petit écran pour briller avec des séries telles que KOJAK (cuvée 2005), LES EXPERTS : MIAMI ou encore BLADE : LA SERIE. Malgré sa distribution fort honnête et la présence d'un artisan soigneux aux commandes, SOLO n'est pas la réussite espérée. Le film aurait même une sérieuse tendance à lorgner vers l'échec cuisant. Audacieusement inspiré des SEPT SAMOURAIS, chef d'œuvre de Akira Kurosawa, SOLO nous dresse donc le portrait d'un individu qui va, au péril de sa vie artificielle, venir en aide à un petit village d'amérindiens persécutés. Le plus attentif des spectateurs pourra bien entendu être déstabilisé par le fait que le bien nommé SOLO oeuvre seul et non en compagnie de six autres durs à cuire. Cependant, l'homme en question étant synthétique, indestructible et incarné par un Van Peebles au mieux de sa forme, nous conviendrons bien volontiers qu'il pallie aisément son infériorité numérique… Toutefois, on se souviendra aussi du SCORPION ROUGE, sans cybernétique mais avec Dolph Lundgren, où un soldat russe se retournait contre ses chefs pour le bien de la population locale !
Outre l'idée générale du film de Kurosawa, il est vrai éculée depuis, SOLO n'hésite pas à piocher allègrement dans d'autres films bien connus du grand public. L'androïde fait ainsi inévitablement penser à son confrère le TERMINATOR, sa vision à celle d'un PREDATOR et l'affrontement final à un certain UNIVERSAL SOLDIER. Le tout est bien entendu mélangé sans subtilité, mis en image avec un minimum d'efforts pour nous être servi de manière un peu brute et sans accompagnement appréciable. Un assortiment un peu fade et sans réelle saveur donc, malheureusement tiré vers le fond par un cyborg aux attitudes plus que douteuses. Car outre son humanité certes touchante mais quelque peu décalée, SOLO nous gratifie de quelques scènes d'apprentissage réellement cultes. Nous citerons pour l'exemple ce magnifique intermède durant lequel le robot découvre en pleine jungle un cigare et s'y essaye avec une conviction étonnante. Citons encore l'initiation à la notion de «bluff» qui sera bien utile à notre héros lors de la confrontation ultime ou encore la désastreuse tentative de mimétisme du rire humain. Ce dernier point semble du reste s'imposer comme l'instant culminant du film, celui après lequel l'ensemble du métrage franchira sans aucun espoir de retour la regrettable limite du bis gentillet mais profondément grotesque. Le ridicule sera dès lors de mise sur l'ensemble de l'œuvre, que ce soit en terme des dialogues ("Moi, je préfère vivre que mourir"), de sentiments (l'amour que ressent une jeune paysanne pour le héros de métal) ou encore de situations hallucinantes s'accumulant sans honte… Difficile ainsi, voire impossible, pour le spectateur pourtant ouvert d'esprit de ne pas esquisser un rire moqueur à la vue de ces charmants indigènes tentant de réparer SOLO, monstre de technologie, avec un grille pain, un téléviseur ou un fer à repasser…
Quoi qu'il en soit malgré ces nombreux défauts et cette persistance étonnante dans le ridicule, tout n'est pas mauvais dans l'expérience SOLO. Le film nous offre ainsi quelques honnêtes affrontements dans la jungle, un méchant réellement très antipathique et un combat final plutôt nerveux. L'ensemble est donc juste passable, sans doute destiné à un public jeune, particulièrement tolérant ou tout simplement très naïf. Du côté des effets spéciaux, le film alterne les images de synthèse tout juste correctes et les effets animatroniques étonnamment bons. Le modèle SOLO à nu dévoile ainsi une ossature des plus honorables, se détachant pour une fois des trop classiques clones du TERMINATOR. Notons que lors de cette courte scène, le robot émet le souhait d'être doté du physique du basketteur Michael Jordan. Manque de chance, le professeur incarné par Adrian Brody, décidément un peu bêta, lui collera une tête grincheuse de Mario Van Peebles…
Le film nous est proposé en France, sous le titre LE GUERRIER D'ACIER, dans une édition très honnête en terme d'image et de son. C'est ainsi que nous pourrons profiter du film dans un format 1.85 d'origine avec un transfert 16/9 correctement encodé, tirant le meilleur parti de ce qui nous est proposé à l'écran. Les pistes sonores sont au nombre de cinq et il sera possible de profiter d'une option 5.1 en version originale comme en version française. Pas de prouesse toutefois, nous ne pourrons pas réellement jouir du rire hystérique de Solo en surround puisque seules les deux enceintes frontales seront réellement sollicitées.
Nous n'aurons par ailleurs guère le loisir de passer du temps devant les bonus. Le DVD ne propose en effet qu'un bref et très inconsistant Making-Of de cinq minutes et trente secondes en version originale sous-titrée. Rien de passionnant là dedans, nous pourrons admirer Mario Van Peebles soulevant des haltères, Mario encore se baladant dans la jungle et Mario toujours faisant le pitre sur le lieu du tournage. Reste la bande annonce du film, proposée en version originale sous-titrée, laissant à penser que SOLO est un grand moment de cinéma fantastique… Trois filmographies terriblement succinctes sont en outre disponibles : Celle du bodybuildé Mario Van Peebles, du toujours mécontent William Sadler et du très furtif Barry Corbin.
SOLO est donc un film mineur, reprenant de-ci de-là bon nombre de clichés du cinéma fantastique, mêlant l'ensemble maladroitement et l'agrémentant de scènes d'actions typées série télé. Mario Van Peebles nous offre par ailleurs une contre performance assez regrettable, faisant malheureusement oublier les quelques bons aspects que compte le métrage. Un scénario très similaire sera par ailleurs repris quelques années plus tard par Paul W. S. Anderson pour son SOLDIER de très bonne facture. C'est donc plutôt vers ce dernier qu'il faudra se tourner pour obtenir sa dose d'action nerveuse et de images soignées.