Les Japonais sont sur le point de créer une nouvelle génération d'armes défensives nommée «bouclier magnétique anti-plasma». Prenant la forme d'un dôme, ce bouclier est supposé protéger ceux qui se trouvent en son sein des attaques extérieures. Malheureusement, le premier test n'est guère concluant et l'unité expérimentale numéro 3 dirigée par le colonel Matoba est tout simplement désintégrée. Après investigations, il apparaît cependant bien vite que le commando n'est pas mort mais qu'il a en réalité effectué un incroyable bond dans le temps, le ramenant plus de cinq siècles en arrière… Surgit alors au pied du mont Fuji «Le Trou» un gouffre obscur avalant peu à peu notre monde tel qu'il est. Initialement de la taille d'une balle de golf, l'aberration ne cesse de grossir à mesure que la présence dans le passé de l'unité expérimentale numéro 3 trouble le futur. Une équipe de sauvetage est alors projetée en 1549, soit deux ans après la première, pour rectifier le passé pendant qu'il est encore temps. L'accueil n'est cependant pas celui espéré et la nouvelle mission est aussitôt attaquée de toutes parts à grands coups de lances, de sabres mais aussi... de missiles air-air !
Bien que souvent présenté comme un remake de l'excellent LES GUERRIERS DE L'APOCALYPSE, SAMURAI COMMANDO : MISSION 1549 est en réalité une réadaptation du roman «Time Slip» de l'écrivain Ryo Hanmura. Ce roman nous conte à l'origine les mésaventures d'un commando japonais expédié dans le temps et se trouvant bien vite confronté à des samouraïs… La première transposition de cette œuvre au cinéma date donc de 1979 et mettait en vedette un Sonny Chiba au jeu étonnamment juste et modéré. Le métrage nous invitait à partager le destin d'une poignée de soldats du 20ème siècle transportée dans un passé médiéval sans qu'aucune véritable explication ne nous soit apportée. Si les altercations entre militaires surarmés et samouraïs enragés formaient bien entendu le clou de ce spectacle barbare et hautement réjouissant, un autre aspect était cependant développé avec succès lors de la seconde moitié du métrage : Celui de la mégalomanie, de la soif de puissance et de reconnaissance, immuable quelle que soit l'époque.
La nouvelle adaptation, réalisée en 2005 par Masaaki Tezuka (GODZILLA X MECHAGODZILLA en 2002), propose de reprendre là où le film de Mitsumasa Saito s'arrêtait. L'idée est donc de nous montrer jusqu'où peut mener la folie d'un homme et jusqu'où il est prêt à aller pour marquer l'histoire de son empreinte. En cela, le film de 2005 pourrait plus s'apparenter à une suite qu'à un remake de l'œuvre de 1979… Quoiqu'il en soit, nous retrouvons donc cette confrontation entre monde moderne et Japon féodal avec cependant une dimension toute autre. En effet, des militaires sont ici expédiés dans le passé pour affronter d'autres militaires. Le passé n'est donc dès lors que le cadre, certes décalé, de cette altercation. En optant pour ce choix, les scénaristes tournent délibérément, et malheureusement, le dos à ce qui fit une bonne part du charme de l'opus de 1979, à savoir une confrontation épique entre forces armées passées et futures. Une grave erreur que le film va tenter de palier en étoffant assez maladroitement son histoire à grand renfort de rebondissements plus que douteux… Car s'il est bien une chose qui pèche dans SAMURAI COMMANDO : MISSION 1549, c'est son scénario. A trop vouloir justifier l'inexplicable, le film s'embourbe assez vite dans les méandres du temps réputés complexes.
Ainsi, le but de l'expédition est bien de rétablir le passé pour sauver le futur. Le plus grand soin est du reste apporté en début de métrage aux détails avec notamment la description de munitions biodégradables et autres consignes de sécurité. Malheureusement, quel esprit naïf peut espérer demeurer furtif dans le temps alors qu'il s'embarque dans son expédition avec Jeeps, chars d'assaut et autres hélicoptères de combat ? Comment peut-on croire à un rétablissement de l'ordre des choses lorsque l'on voit l'ampleur du désastre engendré par l'unité expérimentale numéro 3 ? Nous n'y croyons pas, tout simplement… Il en résulte un film plutôt bancal à la trame générale parsemée de trous et d'incohérences si évidents qu'ils en décrédibilisent assez vite l'ensemble.
Mais mettons de côté ces quelques folies scénaristiques malheureusement inhérentes au genre pour nous consacrer au véritable objectif du réalisateur : Nous en mettre plein la vue ! Là encore, le métrage est une petite déception. S'il est assez plaisant de voir des samouraïs munis de fusils d'assauts ou quelques hélicoptères survoler les champs de bataille, il est réellement frustrant de constater que Masaaki Tezuka n'a pas su insuffler le souffle épique que l'on était en droit d'attendre de lui. Malgré les moyens mis en œuvre et le nombre d'altercations conséquents, les affrontements font preuve d'une platitude et d'un manque d'enjeux assez dommageable. Enfermés dans leurs décors de synthèse, les acteurs/figurants n'ont à aucun moment l'opportunité de nous offrir la violence et la folie tant espérées. Les duels sonnent tristement faux, l'incompétence évidente des pseudo samouraïs est des plus regrettables et certaines mises à mort sombrent clairement dans le ridicule. Accordons du reste une mention spéciale au Major Yusuke Kashima, leader de l'expédition de sauvetage, qui opte pour un katana avant de se jeter, sans que l'on comprenne pourquoi, au cœur d'un petit bataillon de sabreurs inamicaux. L'issue ne se fait bien entendu pas attendre et, bien que ce ne soit à l'évidence pas le but, provoque sans délai la perplexité puis le rire. Nous sommes donc très loin des champs de bataille monstrueux qu'avaient su nous offrir LES GUERRIERS DE L'APOCALYPSE il y a pourtant 26 ans de cela…
Tout n'est cependant pas mauvais dans SAMURAI COMMANDO : MISSION 1549. Le film nous offre par exemple une magnifique vision d'un passé altéré par l'unité expérimentale numéro 3. Les palais féodaux se voient ainsi surplombés de machineries modernes et de cheminées crachant leur vapeur, des mitrailleuses lourdes viennent étoffer les différentes tours de guet et certains panneaux de bois cachent en réalité salles informatiques et rampes de lancement de missiles. Si la mise en image n'est pas toujours heureuse, la faute à quelques trucages numériques hasardeux, force est de constater que le design est très inspiré et que le mariage classique/moderne fait des ravages. Du bel ouvrage donc, régulièrement mis en valeur par quelques plans larges plutôt classieux.
Trônant au cœur de cet improbable palais se trouve l'autre point fort du film en la personne de Takeshi Kaga. Celui qui fût tour à tour Jésus, Jean Valjean et le Docteur Jeckyll au théâtre quitte les planches pour nous offrir une performance d'acteur des plus convaincantes. L'homme campe ici le seul personnage à tirer réellement son épingle du jeu, à savoir le Colonel Matoba, ivre de puissance et de reconnaissance. Déçu par le Japon moderne, désireux de voir sa nation devenir toute puissante et son nom briller au firmament, Matoba a trouvé en ce voyage temporel l'occasion unique de laisser libre cours à ses idées de grandeur. En plus de reprendre à peu de choses près et avec succès le rôle tenu par Sonny Chiba dans LES GUERRIERS DE L'APOCALYPSE, Takeshi Kaga parvient à lui insuffler une certaine nostalgie le rendant aussi cruel que touchant. Le reste du casting nous laissera en revanche sur notre faim, à l'image de ce film en demi-teinte qui ne parvient guère à susciter l'intérêt une fois passé l'effet de surprise dû au décalage temporel …
L'édition chroniqué ici nous vient de Hong Kong. Dotée d'un seul disque, elle se contente du strict minimum en ne nous offrant aucun bonus. Pour ces derniers, il faudra donc se tourner vers les éditions Japonaises simples, doubles ou triples disques, bien plus onéreuses et totalement dépourvues de sous-titres… Outre cette absence regrettable de bonus donc, cette édition chinoise propose une image au ratio 1.85 d'origine encodée toutefois en 4/3. La qualité s'en ressent grandement et bien que l'ensemble soit correct, le spectateur est en droit d'espérer mieux pour un film aussi récent. La définition est donc loin d'être exemplaire et la compression se fait assez souvent sentir…
La piste sonore Japonaise se décline quant à elle en deux versions. Une première en Dolby Digital 5.1 EX et une seconde en DTS ES. Les deux pistes s'avèrent effectivement puissantes mais manquent toutefois cruellement de précision. Les séquences de conflits armés virent quelque peu au brouhaha et la spatialisation n'apporte à vrai dire pas grand-chose… A cela s'ajoutent des sous-titres en anglais ainsi qu'en chinois. Nous sommes donc là en présence d'une édition quelques peu décevante, tant sur le plan éditorial que sur le plan technique…
Ce n'est pas en collant une montre à un samouraï et un sabre à un militaire qu'on crée un clash intéressant entre deux générations de combattants. Masaaki Tezuka l'apprend à ses dépends et nous offre un film qui, malgré quelques qualités (notamment esthétiques), ne tient pas ses promesses. L'action mollassonne anéantit les efforts visuels consentis, les piètres performances des acteurs plombent celle du grand Takeshi Kaga et les trous scénaristiques détruisent l'évidente volonté de nous livrer un film intelligent. Les amateurs d'affrontements épiques ressortiront donc leur disque des GUERRIERS DE L'APOCALYPSE et ceux désireux de voir une œuvre pertinente quant au bien fondé de corriger le futur se tourneront plutôt vers NIMITZ ou le sympathique HEAVEN'S SOLDIERS.