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Critique du film et du DVD Zone 1
THE BEING 1983

 

Attente thermonucléaire pour enfin découvrir cette rareté, énième ersatz de la créature-mutante-qui-sort-des-déchets-nuclaires-entreposés-là-où-il-faut-pas. On connaît SPAWN OF THE SLITHIS, C.H.U.D ou encore THE TOXIC AVENGER mais ici, THE BEING dépasse toutes les espérances pour toi, spectateur, qui recherche tous les jours à repousser les limites du regardable !

Tourné en 1980 mais sorti seulement en 1983, THE BEING est une production régionale indépendante produite par Bill Osco avec son comparse Jackie Kong, qui écrit et réalise pour l'occasion. Leur collaboration se répètera sur la parodie PATROUILLE DE NUIT ou encore l'opus gore BLOOD DINER. Toutefois, malgré toutes les bonnes volontés du monde, THE BEING souffre d'une maladie assez curieuse, très répandue dans les années 80, faisant pencher la balance vers le Z plutôt qu'ailleurs : le syndrome P.R.O.U.T (Production Rurale Occultant Utilement Toute logique). Un syndrome qui en déclenche beaucoup d'autres. La preuve ci-dessous.

Il faut oublier toute rationalité lorsque d'aventure on insère le DVD de THE BEING dans son lecteur. La vision du film annonce peut laisser espérer une série B, avec éclairs de gore et créature déchaînée à la clé. Il n'en est rien, tant le scénario se laisse vaincre par le syndrome du S.A.L.E : Scénario Atroce Lamentable Eprouvant. Une intrigue passe-partout (une créature attaque les habitants de Pottsville, rendue fine folle par les déchets nucléaires entreposés dans une carrière) qui est sabordée par une suite de scènes parfois sans queue ni tête. On cherche en vain une logique, une écriture scénaristique digne de ce nom. Les tentatives de dénonciation écologique, implication des pouvoirs publics et condamnation des bigots tombent complètement à plat, versant dans la caricature la plus contre-productive. Des rôles sans aucun intérêt sont balancés en plein milieu du film sans raison apparente. Par exemple Dorothy Malone cherchant son fils disparu (qui semble être le fameux BEING qui aurait muté). Elle ne sert à RIEN si ce n'est d'avoir son nom au générique. Et la serveuse jouée par Marianne Gordon, intérêt romantique du shérif-fais-moi-peur-de-service, étant là on se demande encore pourquoi, hormis l'inévitable scène de baiser.

La mise en scène n'arrange pas du tout les trous béants d'un scénario qui ressemble à un gruyère attaqué par une colonie de taupes géantes. Le film devient terriblement amateur dès les premières minutes. Des fautes de raccord et des erreurs de continuités se remarquent en quasi-permanence ! Mais la question qui semble tarauder Jackie Kong est : comment vais-je faire sursauter mon spectateur ? Il y a bien un chat qui saute d'un placard, un chien qu sort des fourrés, une chasse aux œufs de paques (le film s'est appelé un temps EASTER SUNDAY), mais également la créature qu'on devine s'être faite lancer sur les acteurs comme un vieux matelas par les responsables des effets spéciaux se trouvant hors champ. On y trouve donc du lancer de paillasse en latex en pagaille tout le long du métrage. Une bonne idée surnage, celui du liquide verdâtre s'introduisant dans une voiture via l'auto-radio, la boite à gants (la scène du drive-in) et …pour se reconstituer en monstre qui attaque l'un des occupants. Pourquoi, on ne sait pas, mais c'est une bonne idée. Dommage qu'on ne la retrouve nulle part ailleurs !

Côté exploitation, THE BEING est aussi atteint du syndrome de M.E.R.D.E : Multiple Envie de Roploplos Démesurément Etendus. Le spectateur a donc droit à sa séquence flash dans la nuit de victime féminine largement dévêtue et attaquée par une sorte d'étron géant qui lui saute dessus. Une très belle séquence émotion émaillée de cris aigus insupportables. Et des seins nus victimes hypothétiques d'une loi de Newton appuyée.

Pour éventuellement vendre le produit sur le marché américain, voire à l'étranger, il faut des noms. Et là, autre syndrome, autre temps, THE BEING est victime de la V.A.C.H.E (Vieille Actrice Cachetonnant Hardiment Eclopée). Dorothy Malone, toute oscarisée qu'elle fut, connut les affres d'une carrière chancelante, avec un passage dans THE DAY TIME ENDED ou encore QUI A TUE LE PRESIDENT ?. Martin Landau est aussi un acteur qui a traîné ses guêtres dans nombre de ces petites productions horrifiques des années 80. De TERREUR EXTRA-TERRESTRE en passant par ALONE IN THE DARK de Jack Sholder. José Ferrer vient également pousser le dialogue dans le rôle du maire alcoolique… difficile de croire que le réalisateur de LES LAURIERS SONT COUPES accessoirement oncle de George Clooney (!) ait pu tourner dans THE BEING puis LES TUEURS DE L'ECLIPSE, enchaîner sur COMEDIE EROTIQUE D'UNE NUIT D'ETE puis DUNE ! C'est en fait du côté de Ruth Buzzi qu'il faut chercher la prestation la plus intéressante. Cette comédienne spécialisée dans des shows comiques TV comme LAUGH-IN joue le rôle à contre-emploi d'une femme dédiée à l'église cherchant à bannir la pornographie de sa ville.

La grosse faiblesse de l'interprétation revient au héros joué par Rexx Coltrane. Avec son nom de porno star, il cache en fait… le producteur du film, Bill Osco. Non content d'avoir engagé sa famille à divers étages de la fabrication du film, il tente désespérément de donner l'impulsion au héros sans peur et sans culotte. C'est absolument pathétique, voire lamentable. Se prenant au sérieux, il met tous les efforts de second degré de Jackie Kong par terre. Il joue incroyablement mal et a du visiblement s'asseoir sur un cactus pendant la totalité du tournage. Son visage crispé trahit la longueur des épines et la douleur correspondante.

Mais la force rédemptrice du film, ce sont bien les tentatives d'humour que Jackie Kong parsème ça et là. Sans doute conscient du caractère chaotique du scénario et son incapacité à trouver un rythme quelconque, les touches de non-sens et de gags improbables abondent. Une séquence de rêve en noir et blanc, un junkie ahuri aux yeux rougis par le chichon, persuadé d'avoir vu son ami se faire happer par la fenêtre de sa voiture. Et cette scène où Martin Landau balaie le parvis d'un magasin dans une opération de nettoyage de la ville de toute sa pornographie. Enfin, le lamentable héros inspecteur se trouve l'arrière train (qui n'a pas sifflé trois fois, mais on en est pas loin) maculé de bave radioactive lorsqu'il cherche à comprendre ce qu'il se passe dans le drive-in ! On retrouvera d'ailleurs cette volonté de second degré mieux intégrée au récit dans BLOOD DINER, son remake de BLOOD FEAST (?). Mais comme dirait Honoré de Balzac, Illusions Perdues : le film ne se sort pas de son ornière Z, bien au contraire, il patauge en plein dedans.

On en vient à se rabattre sur les effets spéciaux du film qui, il faut bien l'avouer, sont eux aussi atteint d'un mal mystérieux, le G.L.O.U.P.S (Gelée Latex Originalement Urticaire Pour S'amuser). Quelques effets gélatineux et gore (un arrachage de tête, quelques membres ici et là, un corps découpé en deux) mêlés à une créature pour le moins curieuse. Cyclopéenne et sans peau, pleine de dents acérées baveuses, elle tient aussi bien d'ALIEN que de DEADLY SPAWN. DEADLY SPAWN qui fait office du CITIZEN KANE de la série B à côté de THE BEING, par ailleurs. Si on laisse de côté le lancer de gerbille géante de gauche à droite de l'écran qui caractérise le monstre de temps à autres, on obtient un oeil au milieu d'un amas de chair rouge sang. Le film possède l'intelligence minimale de ne montrer le monstroplante (parce qu'en fait, on ne sait toujours pas au final ce que c'est) qu'en toute fin de métrage. Parfois bien animé, parfois au bord d'entamer une lambada à force de trembloter sur ses rails, certaines de ses attaques se révèlent cependant efficaces. N'oublions pas de préciser qu'elle est super intelligente et d'une force redoutable. Mais chacun l'avait compris.

Shriek Show livre ici une édition très M.S.T : Minimum Syndical Télévisuel. Un transfert au format 1.77 en 16/9. On notera une belle compression pour ce Telecinema, qui offre une copie non dénuée de certaines autres griffures, notamment lors du passage qu'on devine être la dernière bobine du film. Ces poussières et de superbes rayures noires verticales sont visibles principalement à partir de la 57ème minute. Deux bandes sonores, anglaise et espagnole, toutes deux en mono encodées sur deux canaux, sont accessibles. La piste anglaise, plutôt claire, a tendance lors des scènes d'action, à laisser empiéter les effets sonores sur les dialogues. Mais heureusement, la partition Bontempi déchaînée réussit à se frayer un chemin pour le bonheur de nos tympans déchirés. Ceci dit, la seule solution afin de diminuer le souffle inhérent à la copie d'origine est de régler son ampli (si possible !).

Hormis le film annonce officiel et d'autres du catalogue Shriek Show, c'est du côté de la galerie de photos qu'il faut s'attarder. Une bonne centaine de clichés, dont le défilement dure un peu plus de sept minutes, propose des vues du tournage, des images de trucages et autres moments impromptus voire incongrus. Il demeure décevant de ne pas découvrir plus, comme entendre les participants de cette production sur un éventuel commentaire.

BEING, Oh ! comme aurait dit un gagnant du loto. Il est vrai qu'on touche le jackpot, tant THE BEING garde un côté relativement attachant. Un tel niveau d'incompétence est rare. On remercie pour cela Shriek Show d'avoir osé déterrer ce BEING-là. Merveilleusement inepte, cheap à un point de non retour, délicieusement ringard, atrocement joué, souvent ennuyeux mais avec un diplôme Z reçu 20 sur 20.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
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La créature et son œil qui roule
Dorothy Malone parce qu’elle le vaut bien
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Une série Z dénuée de toute logique
Sans aucun rythme
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L'édition vidéo
THE BEING DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Media Blasters
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Spanish Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
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