En poste en Italie, Robert Thorn doit affronter le décès de son fils survenu juste après l'accouchement. Un prêtre lui suggère de procéder à un échange de bébé avec celui d'une jeune femme qui vient de mourir en donnant naissance à son enfant. La famille Thorn s'envole assez vite pour l'Angleterre où Robert Thorn est nommé ambassadeur des Etats-Unis alors que celui-ci garde le secret sur les origines de son fils…
Au milieu des années 70, le diable fait son cinéma suite au succès de L'EXORCISTE. Parmi ceux qui vont profiter de ce diabolique souffle porteur, on trouve LA MALEDICTION de Richard Donner. Le film sera un succès et il connaîtra même plusieurs suites : DAMIEN, LA MALEDICTION II, LA MALEDICTION FINALE et LA MALEDICTION 4 : L'EVEIL. Tout du long de l'histoire du cinéma, l'envie de s'atteler à de nouvelles adaptations de films à succès sont légions mais nous connaissons depuis quelques temps un regain d'intérêt très marqué pour cette pratique. Le premier film avait profité du 6 juin 1976 pour faire sa première projection publique. Il en sera de même pour cette nouvelle adaptation dont la date de sortie est fixée au 6 juin 2006 de manière à utiliser le «666» (06/06/06) comme un argument publicitaire… A priori, il y a sûrement mieux comme motivation pour produire une œuvre artistique !
A l'origine, LA MALEDICTION est un film d'ambiance dont la tension monte crescendo grâce au talent de ses acteurs, d'une mise en scène élégante et de la partition musicale de Jerry Goldsmith. C'est donc à un réalisateur subtil que l'on va confier cette nouvelle version du film de Richard Donner. Après avoir emballé des publicités, John Moore se voit confier un peu crédible DERRIERE LES LIGNES ENNEMIES et un déjà plus fréquentable LE VOL DU PHOENIX. Deux films qui n'ont pas grand chose à voir avec du cinéma tout en retenu et qui se repose le plus souvent sur le côté spectaculaire de l'action ou de l'environnement. D'ailleurs LE VOL DU PHOENIX était déjà une nouvelle adaptation d'un livre qui avait donné lieu au film de Robert Aldrich dans le courant des années 60. On suppose que cette précédente nouvelle mouture d'un film est à l'origine de l'arrivée du cinéaste sur LA MALEDICTION mais à l'évidence, le choix de ce réalisateur est déjà une erreur !
Pourtant, cette nouvelle adaptation choisi d'être fidèle à l'original en collant au scénario de David Seltzer. Et pour assurer cette authenticité, on va même jusqu'à confier l'écriture au même scénariste qui ne retouche à l'arrivée que peu de chose à son travail de l'époque. Le traitement à l'image n'aura pourtant rien à voir. Car si Richard Donner réussissait la plupart de ses pics de tension (la visite du cimetière, une impressionnante décapitation…), John Moore se plante assez largement en désamorçant le plus souvent les passages spectaculaires. Le film s'avère curieusement plat et peuplé d'effets de style sans intérêt comme les trop évocatrices séquences de cauchemars. Ce qui nous amène à parler des acteurs. Il a été choisi de rajeunir le couple central du film. Un choix motivé probablement par l'envie d'attirer une audience jeune. Seulement, Julia Stiles apparaît bien trop juvénile pour incarner son rôle. Liev Schreiber, lui aussi, manque de stature et semble quelque peu déplacé pour donner vie avec aplomb à un ambassadeur. Dans le domaine de la politique, l'acteur était largement plus à sa place dans la nouvelle version de UN CRIME DANS LA TETE. Et si l'on connaît le film original, c'est carrément la douche froide en comparaison de Gregory Peck et Lee Remick.
On pourrait essayer de trouver des excuses à cette nouvelle MALEDICTION mais le résultat est tout de même très fade. Tout n'y est pas totalement raté et on peut même y trouver une véritable séquence inquiétante lorsque le personnage de Mia Farrow exécute une très perverse mise à mort dans un hôpital. On trouvera d'ailleurs amusant que l'actrice se retrouve ici comme protectrice de l'enfant du diable alors qu'elle en était la mère dans ROSEMARY'S BABY. Mais, hormis ce meurtre, le reste du métrage est soit téléphoné, désamorcé ou amplifié jusqu'au ridicule à l'image de la rencontre avec le prêtre défiguré qui est d'ailleurs joué par Giovanni Lombardo Radice. Et ce qui paraît le plus grave, c'est l'impression d'avoir déjà vu le film pour ceux qui connaissent la version de Richard Donner avec seulement un nouvel emballage visuel souvent de qualité. Mais les ajustements et légères modifications sont la plupart du temps réalisés sans ingéniosité. La surprise est dès lors réduites à zéro et on ne peut plus que noter ce qui ne fonctionne pas en comparaison du film original ! Triste !
Si le film ne provoque pas de surprise, il en va de même avec son édition DVD. Et, pour le coup, c'est plutôt bien ! Car pour un film récent, il n'y a rien de surprenant à découvrir une image au format cinéma respecté avec un transfert 16/9 de grande qualité. On sera d'ailleurs surpris que le film ne soit pas tourné en format large comme l'original surtout que l'ambition du réalisateur était de faire «classe». En tout cas, la retranscription de l'image est très réussie et il faudra chercher la petite bête pour déceler les quelques petites failles numériques.
A l'écoute, le film se fait diabolique avec des pistes en Dolby Digital 5.1 de grande qualité que ce soit pour la version originale anglaise sous-titrée ou le doublage français. Les scènes spectaculaires gagnent en punch grâce aux gros effets dispensé sur les deux pistes sonores. Le doublage français a même le droit à une piste DTS ! Evidemment, on regrettera de ne pas retrouver l'impressionnante partition musicale de Jerry Goldsmith pour y écouter quelque chose de peu innovateur mené par Marco Beltrami qui reprend quelques accords de la musique originale. Encore une fois, la comparaison n'est pas à l'avantage de cette nouvelle MALEDICTION.
Après le film, on passe aux inévitables suppléments que l'on n'a pas forcément envie de regarder dans le cas d'un film que l'on n'a pas apprécié. Ca débute par un commentaire audio du réalisateur, de l'un des producteurs et du monteur. Et cela ne relève pas le niveau puisque les trois hommes sont tout contents d'eux et ils nous le font savoir. On y apprendra en tout cas quelques informations supplémentaires comme l'ajout de faits réels dans l'introduction du film pour rattacher l'arrivée de l'antéchrist avec la montée de violence dans notre monde contemporain. Le truc est quelque peu maladroit et, de toutes façons, on s'aperçoit surtout qu'ils n'ont aucun recul face à ce qu'ils ont accompli.
Le Making Of donne pas mal la parole à John Moore. Le bonhomme semble quelque peu schizophrène ou en tout cas inconstant. Ainsi, il affiche à mots couverts ses ambitions de surpasser le film original et il va finir par déclarer que le résultat ne sera pas aussi bien qu'il aurait dû l'être. Dans le même ordre d'idée, il adopte parfois une attitude lambine avant de gueuler pour un problème de rails de travelling ou concernant la production sans oublier de mettre bien en avant sa personnalité de bosseur jusqu'à nous dire qu'il n'a pas dormi depuis plusieurs jours. Difficile de tirer le vrai du faux, si ce n'est que ce film s'est fait dans la précipitation ! Et, bien sûr, en ouverture de cet «amusant» Making Of, on essaie de nous faire croire que le film est maudit en nous sortant une anecdote concernant une grande longueur de négatif détruit. Un incident technique qui n'est pourtant pas d'une grande rareté. Hormis le réalisateur, ce documentaire donne aussi la parole aux acteurs et même à Harvey Stephens qui était le Damien original. Ce dernier apparaît quelque peu aigri en insistant que le nouveau môme aura bien plus de chance que lui pour continuer sa carrière !
Un autre segment vidéo nous donne l'occasion de jeter un œil à l'enregistrement de la musique dans les mythiques studios d'Abbey Road. Si Marco Beltrami n'a pas la même envergure que celle de Jerry Goldsmith, il a tout de même déjà une impressionnante filmographie derrière lui. Cela n'empêche pas John Moore, le réalisateur, de débarquer pour mettre son grain de sel dans le domaine musical. Les suppléments continuent avec des scènes intégrales qui sont en réalité des scènes non coupées. Oui, ce n'est pas clair dit ainsi. En fait, il s'agit de séquences vues dans le film mais dans lesquelles on peut découvrir des plans bien plus gore. Il en va de même avec la fin alternative puisque celle-ci ne change pas grand chose à l'issue du film si ce n'est l'ajout de plans qui ne changent rien à l'affaire. Le disque est pourvu, aussi, de trois bandes-annonces du film ainsi que d'un clip promo pour le DVD collector de LA MALEDICTION version 1976. Notons que trois autres bandes-annonces (THE SENTINEL, STAY et LA COLLINE A DES YEUX)sont disponibles seulement à l'insertion du DVD après l'horripilant clip anti-piratage.
Le pompon des suppléments, c'est «Revelations 666». Un joli documentaire qui se met en tête d'explorer le mystère du chiffre de la bête et qui donne, en tout logique, la parole à un théoricien du complot, un champion de poker, un type né le 12 juin 1966 et même un ministre du culte de l'église de Satan. Respect ! Et, le gag, c'est que c'est justement le type qui croit en Satan qui apparaît comme le moins farfelu dans les propos qu'il énonce. Comme quoi ! C'est donc du gros n'importe quoi parsemé de quelques informations réalistes dispensé par des interlocuteurs plus "sérieux" où on nous assures que la date du «06/06/06», c'est quand même «666» et que ça signifie forcément quelque chose. Probablement que cela signifie que l'on peut en profiter pour faire une nouvelle adaptation de LA MALEDICTION, tout simplement ! Reconnaissons à l'édition DVD de LA MALEDICTION d'être surréaliste et c'est déjà plutôt bien. Mais combien d'entre vous seront prêt à mettre le prix fort sur ce seul atout ?
Nous ne sommes pas de ceux qui vont cracher sur les nouvelles adaptations de films. A partir du moment où celle-ci sont réussies, on peut redécouvrir avec plaisir une histoire déjà contée à plusieurs reprises. Dans le cas de LA MALEDICTION, malheureusement, l'essai prend surtout la forme d'une énorme déception et les suppléments du DVD confirment parfois ouvertement que ce film a été fait en dépit du bon sens !