En 2030, à une époque où l'homme et la machine se confondent, la «Section 9» est une unité de police top secrète combattant le crime cybernétique. Dissoute après l'explosion du gouvernement suite au scandale du pirate surnommé «le Rieur» (voir saison précédente), la Section 9 se voit reformée pour enquêter sur un curieux groupe terroriste, les «11 individuels», dont les actions touchent des affaires liées à l'immigration. Dans l'ombre de ce groupuscule, un étrange agent gouvernemental défiguré semble jouer un jeu trouble.
Initialement une bande dessinée de Masamune Shirow, popularisée grâce à la remarquable adaptation cinématographique de Mamoru Oshii, GHOST IN THE SHELL est devenu également une série télé de 26 épisodes sous le nom GHOST IN THE SHELL : STAND ALONE COMPLEX. Etant donné que la bande dessinée et le film ont chacun connu une séquelle, il n'est pas étonnant de voir cette série s'enrichir d'une nouvelle saison. Confectionnés en un temps record, ces nouveaux 26 épisodes nommés GHOST IN THE SHELL : S.A.C. 2nd GIG ne changent pas une équipe largement applaudie pour sa performance sur la première saison. C'est bien évidemment le Studio IG qui produit, Kenji Kamiyama est toujours réalisateur, la superstar Yoko Kanno toujours responsable de la composition musicale, et tous les postes clefs d'une production d'animation sont conservés. Seul Makoto Shinomura, le designer des personnages, laisse sa place à deux nouvelles recrues. Ce qui explique peut-être les (légers) changements de direction liée aux personnages, notamment l'héroïne cyborg qui délaisse ici ses bikinis en cuir pour une combinaison plus habillée. N'ayant aucun lien avec la précédente série, Mamoru Oshii est ici invité à tenir un rôle de «parrain» (il a jeté un œil sur le concept et proposé quelques idées, comme celle de placer l'intrigue au cœur du problème des réfugiés).
Si l'équipe reste la même, et si le temps de production est encore plus serré que serré, il ne faut pas pour autant conclure que cette deuxième saison va se reposer sur ses lauriers. La barre étant déjà située très haut, l'équipe a pour ambition de la dépasser une nouvelle fois et d'exploser définitivement la différence de rendu entre une œuvre de télévision et une œuvre de cinéma. Il suffit de quelques secondes de visionnage pour comprendre que le pari est encore une fois brillamment remporté. L'animation est de très haut niveau, la direction artistique (beaucoup plus noire et adulte) fourmille de détails, et les scénarios sont riches en action. La première saison parvenait à reposer son équipe grâce à de nombreuses plages de dialogues plutôt statiques. Cette nouvelle fournée parvient à se passer de ce subterfuge, éludant du même coup le principal défaut de la première histoire. Fini les tunnels de monologues, GHOST IN THE SHELL : S.A.C. 2nd GIG propose des épisodes à l'écriture très équilibrée et au rythme irréprochable. Par contre, même si l'ambiance générale est plus sombre, chaque épisode se termine par la légendaire virgule humoristique «La Vie des Tachikomas», qui met en scène les Tanks cyborg dans des scènettes absurdes au dessin épuré.
La première saison alternait des épisodes «Stand Alone» (à l'histoire indépendante) et «Complex» (qui composait une intrigue fil rouge autour de la recherche d'un pirate insaisissable). GHOST IN THE SHELL : S.A.C. 2nd GIG reprend ce principe tout en l'améliorant. Il y a maintenant trois catégories d'épisodes : les «Dividual» (les indépendants), les «Individual» (qui s'articulent sur une première intrigue récurrente avec un groupe terroriste nommé les 11 Individuels) et les «Dual» (qui mettent en scène une seconde intrigue récurrente avec un agent défiguré). Il semble bien entendu certain que les intrigues "Individual" et "Dual" vont se rejoindre à un moment donné, mais il est trop tôt pour se prononcer à ce stade de la narration.
Ce second volume propose pas moins de quatre épisodes issus de chaque catégorie. Inductance appartient aux "Individual" puisqu'il narre une tentative d'assassinat du premier ministre par un cyborg ultra perfectionné. Excavation est un loner centré sur une enquête de Togusa qui débouchera sur une mission de protection forte en adrénaline. 239 PU entraîne la section 9 au cœur de la zone occupée par les réfugiés sous les ordres de l'ambiguë Goda (le fameux agent responsable de l'intrigue "Dual"). Véritable hommage au NEW YORK 97 de John Carpenter (même la musique se permet de nombreux clins d'œil), cet épisode oublie les environnements high-tech pour nous plonger dans un quartier dévasté et habité par des laissés pour compte en guenilles. Dernier épisode dit indépendant bien que rattaché à l'intrigue "Individual", Fake Food suit la trace de Batou et Togusa sur le point de démasquer l'un des membres des 11 Individuels.
Les fans de l'univers ou du cyberpunk en général vont être aux anges, GHOST IN THE SHELL : S.A.C. 2nd GIG semble être une très grande réussite. La qualité artistique et technique explose absolument tout ce que l'on a pu voir en animation télé jusqu'à présent, et le niveau d'écriture a été revu à la hausse. Pour l'instant, l'intrigue déploie minutieusement ses pions et promet de prendre une tournure particulièrement complexe et tentaculaire au fur et à mesure de la saison. Les faux-semblants sont nombreux, les fausses pistes légions, et le monde clinique et tout informatisé de GHOST IN THE SHELL n'a paradoxalement jamais semblé aussi peu sécurisé. Rendez-vous au prochain épisode…
GHOST IN THE SHELL : S.A.C. 2nd GIG est édité sur le même modèle que la première saison. La navigation a pourtant changée, nous obligeant à passer par des menus associés à chaque épisode pour pouvoir profiter des différents bonus répartis aux quatre coins du disque. Une ergonomie laborieuse compensée par des menus graphiquement superbes. La qualité technique est toujours au rendez-vous, ce qui est d'autant plus appréciable que la série est particulièrement luxueuse pour une production télé : le format image est du 1.85 (16/9) et le mixage propose des pistes en Dolby Digital 5.1 pour la version japonaise sous-titrée ou le doublage français.
Les bonus sont du même tonneau que ceux proposés par les disques de la saison précédente. Les morceaux de choix sont des modules d'interviews donnant la parole à chaque membre de l'équipe et égrainés au fil des éditions DVDs. Pour ce deuxième volume, nous trouvons deux interviews du designer des personnages, Takayuki Goto, et du designer des robots, Tetsuya Nishio. Monté souvent en parallèle, leurs propos donnent à voir deux hommes concentrés mais débonnaires (surtout Nishio) nous exposant quelques clefs de leur travail. Deux modules très ciblés à réserver avant tout à ceux qui s'intéressent de très prêt à l'animation. Une troisième interview donne la parole à l'artiste Paul Nicholson. D'origine anglaise, travaillant au sein de son label Terratag sur un graphisme métissant la culture «street» à la pop culture japonaise, l'homme est responsable du logo des 11 Individuels après avoir designé le logo du Rieur pour la première saison. Des notes de productions, des extraits du volume suivant, ainsi que des bandes-annonces de l'éditeur ferment la section.
Familier de l'univers de GHOST IN THE SHELL, ou tout simplement à la recherche d'une série d'animation de qualité, vous pouvez vous diriger sans remords vers cette reconduction. Ambitieuse dans son visuel mais aussi dans son écriture, délaissant les détails Otakus de la première saison (comme les strings de l'héroïne ou les tanks Kawaï cabotineurs), GHOST IN THE SHELL : S.A.C. 2nd GIG est un spectacle haut de gamme et maîtrisé. En attendant la suite...
