Max est un labrador tout ce qu'il y a de sympathique. Sauf qu'il est en cage et n'est qu'un cobaye de 80 kilos entre les mains du borné Docteur Jarret (Lance Henriksen)… Qu'importe car cette vie de chien prend fin le jour où Lori Tanner, journaliste compétente mais un peu fofolle, le libère et le ramène chez elle. En canidé fidèle et reconnaissant, Max ramène dorénavant le journal à sa maîtresse, la protège des pickpockets, lui tend la serviette lorsqu'elle sort de la douche et dévore le facteur... Pardon ? Il dévore le facteur ? Oui. Max a effectivement un petit problème comportemental… En plus d'être d'une jalousie maladive, le labrador baveux est aussi un animal génétiquement altéré afin de pouvoir penser, prendre des initiatives et, au besoin, croquer jusqu'à ce que mort s'en suive. En l'absence de calmants, les pulsions meurtrières de Max refont bien vite surface. Le carnage peut alors commencer et qu'ils soient truands, flics, facteurs ou simples chats, plus personne n'est à l'abri du toutou génétiquement bidouillé.
C'est en 1993, trois ans après avoir donné une suite fort honnête aux aventures de Chucky (CHUCKY, LA POUPEE DE SANG) que John Lafia se voit confié la direction de MAX, LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME. L'objectif est alors de réaliser un TERMINATOR à la sauce canine comme nous le rappelle par exemple l'affiche d'époque reprise depuis sur l'édition DVD Zone 1… Cependant, restrictions budgétaires obligent, la copie sera bien vite revue à l'économie pour traiter finalement le cas d'un chien génétiquement modifié aux agissements bien plus proches de la normale. Que ceux qui pleurent cet étrange concept d'origine se consolent toutefois : Le chien-cyborg se verra propulsé en tête d'affiche en 2004 dans ROTTWEILER sous la direction d'un Brian Yuzna que l'on a connu plus mordant…
Max est donc, selon le souhait de John Lafia, un chien commun et attendrissant doté toutefois de gènes le rendant clairement élitiste. L'animal se voit ainsi pourvu de facultés pour le moins étranges, héritées du patrimoine d'animaux tels que le caméléon, le jaguar pour sa vitesse ou le hibou pour son regard de braise… L'origine des gènes permettant d'uriner de l'acide reste déjà bien plus obscure mais qu'importe, Max est un athlète accompli créé par une science toujours plus folle. A bête d'exception, moyens d'exception. Ainsi ce ne sont pas moins de six acteurs canins qui devront se succéder pour interpréter le rôle du labrador sociopathe. A cette meute velue et baveuse, il faudra bien entendu ajouter une quinzaine d'animaux ou de têtes de Max factices créées par le génial Kevin Yagher à qui l'on doit par exemple la poupée envoûtée de la saga JEU D'ENFANT et les cénobites de HELLRAISER : BLOODLINE. Ces animatroniques prendront très efficacement le relais dans la plupart des scènes clé du film, potentiellement dangereuses ou irréalisables par le commun des toutous. Du travail d'excellente qualité rendu difficilement décelable, si ce n'est par la logique…
Ainsi conçu, Max pourra donc se démarquer sans mal de ses petits camarades honteusement normaux vus dans LES CHIENS FOUS par exemple. Malgré la volonté réaliste affichée par le réalisateur, le meilleur ami de l'homme s'en donne à cœur joie et multiplie les prouesses physiques telles que grimper aux arbres, bondir au-dessus des voitures ou gober le chat de Mamies ronchons. A cela vient s'ajouter une intelligence hors du commun faisant clairement passer Rintintin pour le dernier de sa classe. N'attendez donc pas de MAX, LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME qu'il vous fasse douter des bons sentiments de votre caniche nain. Non, nous sommes bien là en plein film fantastique, volontairement outrancier et parfois même comique comme le démontre la scène de «viol» d'un Colley, faisant ouvertement référence à la désormais célèbre Lassie… Nous tenons là du reste le gros point faible du film. Celui-ci semble en effet rechigner à jouer la carte du film d'horreur méchant. Lafia s'obstine à vouloir faire de son «héros» velu un animal sympathique, attendrissant et agressif malgré lui. Un concept assez proche en fait du saint-bernard enragé de CUJO mais qui, dans le cas de Max, peine à convaincre le spectateur, perdu qu'il est entre l'envie d'aimer la bête et le dégoût provoqué par ses agissements. Constamment désamorcée par l'humour ou des scènes plus «familiales», l'horreur ne parvient donc jamais réellement à s'installer, faisant même de Max une victime en de nombreuses reprises…
Car ne nous y trompons pas, dans le film de John Lafia, c'est l'homme plus que le chien qui incarne la bestialité dans toute sa sauvagerie. Tout d'abord, c'est bien l'homme, en la personne du professeur Jarret qui conçoit cette aberration, cette créature synonyme de puissance, pour elle comme pour son créateur. Qui mieux que Lance Henriksen pouvait insuffler à cet alter-ego du docteur Frankenstein la hargne et la folie nécessaire à le rendre détestable ? Car oui, l'homme que l'on a pu apprécier dans ALIENS ou PUMPKINHEAD trouve ici un rôle sur mesure, suffisamment malsain et irascible pour que l'on guette sa fin avec une vraie impatience… Scientifique aux méthodes radicales et aux idéologies douteuses, il n'hésitera pas une seconde à passer outre la loi, outre Dame Nature même, pour créer puis retrouver sa «chose», son abomination... Il est l'individu par qui le mal arrive et il est sans aucun doute le vrai monstre du film. Un monstre cependant trop outrancier et extrême dans ses agissements pour que l'on puisse y croire réellement. Dommage. Il en sera, du reste, de même pour les autres «méchants» du film comme cet homme qui tente de dresser Max au chalumeau…
Le film se montre tout aussi caricatural avec le personnage de Lori Tanner, gentille à la limite de l'idiote, qui ne prendra conscience des agissements de son chien qu'une fois les dernières 20 minutes de métrage sérieusement entamées… Cette journaliste quelque peu délurée interprétée par Ally Sheedy (WARGAMES, FEAR ou SHORT CIRCUIT dans lequel elle adoptait déjà un bidule qui s'était échappé), libèrera donc le fauve, attendrie par sa masse de poils et son regard tendre de labrador rusé. Elle le ramènera chez elle et situera donc l'action dans un cottage typiquement Américain, un havre de paix trop beau pour être honnête, un contexte a priori idyllique qui devrait devenir bien vite le lieu d'un carnage… Sauf que sur ce point encore et comme cela a déjà été dit, MAX est un film particulièrement timide, avare en sauvagerie et en attaques «chocs».
Reconnaissons toutefois que l'humour fait parfois mouche, qu'il est agréable de suivre les agissements du canidé bondissant et que le rythme général du film est assez soutenu. Les effets spéciaux sont donc de très bonne qualité et à ce titre, certaines scènes comme celle du chat resteront sans aucun doute dans les annales. Notons enfin que la bande originale composée par Joel Goldsmith sait se faire discrète mais agréable…
C'est donc sur un sentiment plutôt mitigé que se termine le visionnage de MAX, LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME. La sensation d'avoir découvert un film hybride, relevant aussi bien de la comédie familiale (Max tirant la chasse d'eau en est un bon exemple) que du film de monstre timoré. Ce problème, nous le retrouverons également dans la production animalière suivante de John Lafia, THE COLONY, qui laissera les amateurs de sang sur leur faim et ce malgré un sujet (des attaques de rats) qui s'y prêtait pourtant bien…
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MAX est déjà sorti aux Etats-Unis chez New Line mais sans doublage français ni sous-titrage dans notre langue. Pour résoudre ce souci linguistique, c'est du côté de la Belgique qu'il faudra chercher. Universal édite en effet un disque au format vidéo 16/9eme (1.85) sur lequel nous pouvons trouver les pistes sonores anglaise (avec sous-titres amovibles) et française dans un mixage 5.1 toutefois peut convaincant. L'image acceptable affiche tout de même des tonalités assez ternes surtout si on compare avec le transfert du DVD américain largement plus coloré. En terme de bonus, nous devrons nous contenter d'une simple bande annonce d'époque… Un DVD au contenu bien trop léger donc mais qu'il vous sera possible de dégotter pour un prix très honnête.
MAX n'est donc pas le film que l'on était en droit d'attendre du réalisateur de CHUCKY, POUPEE DE SANG. Le cul entre deux niches, ce sympathique labrador peine à flairer sa voie et lorgne bien trop souvent du côté de la comédie type BEETHOVEN pour satisfaire l'amateur d'animaux teigneux. Ce dernier préfèrera sans doute se tourner vers les productions antérieures plus agressives comme CUJO, THE PACK (de Robert Clouse) ou encore le téléfilm TRAPPED…