Herman Umgar est un ermite qui entretient de drôles de rapports avec les vers de terre. Il vit sur le terrain que lui a légué son père, un lieu convoité par le maire de la ville qui projette d'y construire un complexe d'habitation. Mais Umgar n'entend pas se laisser déposséder de son bien aussi facilement et va se servir de ses amis les lombrics pour se débarrasser de tous ceux qui le gênent.
Le producteur de cette série Z assumée n'est autre que le bien connu Ted V. Mikels qui tout au long de sa carrière dans le cinéma indépendant, a officié sur de nombreux métrages. A son arrivée à Hollywood au début des années 1950, il a occupé quasiment tous les boulots possibles tout en grimpant les échelons. Il a notamment travaillé sur ORGY OF THE DEAD écrit par le fameux Ed Wood. A l'époque, celui à qui, aux yeux de nombreuses personnes, détient désormais la palme du plus mauvais réalisateur de tous les temps n'était pas encore connu. Et lorsqu'un journaliste posa la question à Mikels bien des années plus tard, le producteur fut incapable de lui parler de cette collaboration avec un homme dont il ne se souvenait même plus du visage ! En 1963, Mikels réalise son premier film, STRIKE ME DEADLY, et enchaînera plus tard avec les titres évocateurs de CORPSE GRINDERS ou ASTRO-ZOMBIES.
Ted V. Mikels appréciait particulièrement les prestations, en tant qu'acteur, d'Herb Robins (THE THRILL KILLERS, SINTHIA...) et il va l'employer sur le très sympathique THE DOLL SQUAD. Il n'en faut pas plus pour que Ted V. Mikels produise THE WORM EATERS qui sera cette fois écrit et réalisé par Herb Robins. Cette nouvelle activité de metteur en scène, Robins n'en abusera pas puisqu'il ne réalisera qu'un deuxième film, THE BRAINSUCKER, en 1988 qui ne rencontra pas un franc succès auprès du public. Pour l'anecdote, il jouera également dans MASSACRE DANS LE TRAIN FANTOME de Tobe Hooper.
Herb Robins écrit, réalise mais interprète aussi REGAL D'ASTICOTS. Dans son rôle de Herman Umgar, il assure plutôt bien. Pour une raison inexpliquée, il se trouve affublé d'un curieux accent allemand – peut-être pour souligner le côté étrange du personnage ? En effet, le pauvre Umgar a toujours vécu seul et sa sociabilité en a grandement souffert. Le voilà qui adopte des kilos de vers de terre, les gardant à l'intérieur de sa cabane dans de grandes boîtes. Ils ont tous leur petit nom et Umgar s'en occupe amoureusement jusqu'à leur faire des bisous. Il leur a même fabriqué une petite maison avec jardin où les lombrics se prélassent tranquillement, tandis que les uns tondent la pelouse et que d'autres s'occupent de nettoyer les vitres de la maison. Non, vous ne verrez malheureusement rien de tel, tout passe par le comportement et le monologue d'Umgar dans une scène où le temps semble s'arrêter pour permettre à l'hallucination de mieux vous gagner.
En ce qui concerne les petites bébêtes à l'aspect peu ragoûtant, elles semblent toutes être on ne peut plus réelles, à l'exception d'une ou deux qui devront garder une forme peu naturelle pour un ver de terre. Pour toutes les autres scènes, y compris celles où les vers se font engloutir par de gourmandes bouches humaines, aucun trucage n'est apparent et c'est franchement dégoutant ! Vous ne mangerez plus de spaghettis de la même façon et penserez à bien vérifier vos hot dogs parce que ces charmantes bestioles ont le don de se fondre dans le décor alimentaire et de se glisser subrepticement au fond de votre gorge afin de vous étouffer par le jus grisâtre s'échappant de leurs petits corps visqueux qui éclatent entre vos dents. Que les défenseurs des droits des animaux se cachent les mirettes !
Mais le plus incroyable reste quand même ces quelques victimes qui se transforment en vers de terre géants (pourquoi ne meurent-ils pas étouffés ? Personne ne se pose la question dans le film alors du coup, nous non plus). Enfin, «se transforment» est un bien grand mot puisque ce n'est que le bas de leur corps qui mute et, là, on ne sait plus si on doit rire ou pleurer devant le trucage. En effet, les acteurs ont les jambes enveloppées dans ce qui semble être de la mousse marron et le tout ressemble plus à un sac de couchage ayant rétréci autour d'eux qu'à un ver de terre ! Ils avancent par contre très vite d'une façon qui peut faire penser que les breakdancers des années 80 ont jeté plus d'un coup d'œil à leurs mouvements gracieux. C'est drôle et, en même temps, pathétique mais, finalement, cela ne dénote en rien dans ce film volontairement kitsch.
Car l'humour vole bas, très bas. Les personnages sont d'un cliché poussé à l'extrême à l'instar de cette famille venant de «la grande ville» qui a choisi de passer des vacances méritées sur les terres d'Umgar. Le père est heureux de se retrouver à la campagne, la mère engoncée dans un tailleur fuchsia est horrifiée tandis que leurs enfants adultes s'en fichent royalement ! Umgar a une amie qui est d'origine allemande comme lui et ils ont l'habitude de se retrouver souvent pour dîner. La belle est affublée d'une poitrine à faire baver Russ Meyer et n'hésite pas à user de ses charmes sur un pauvre Umgar qui se vengera terriblement lorsque son amie tue quelques uns de ses petits amis exprès (il faut dire qu'elle a jeté un coup d'œil dans la marmite et y a découvert quelques bonnes poignées de vers grouillants !). D'autres gens vont passer par là, comme cette anthropologue noire qui sera gardée captive par Umgar, ou le maire et ses amis qui vont tenter de déloger l'ermite par tous les moyens possibles, y compris celui de se déguiser en membres du Ku Klux Klan pour mener une attaque qui manque singulièrement de rigueur et d'efficacité. Il se passe également de drôles de choses dans l'arrière-plan comme cette bagarre entre deux femmes à un arrêt de bus et qui se font frapper par un homme spectateur en même temps.
En dépit de toute cette joyeuseté, il faut bien constater que le métrage ne provoque pas une hilarité constante. La faute à un rythme lent et un trop grand nombre de scènes filmées avec une caméra statique. Le film passe d'une scène rallongée à une autre, ce n'est que vers la fin que les choses s'accélèrent un peu. Le jeu des acteurs très approximatif et de looongs dialogues inutiles usent le potentiel comique qui tourne souvent à vide. Ceci étant dit, le métrage comporte un certain charme rétro qui ravira les amoureux du genre indépendant, mais il aura sans doute un peu de mal à toucher le public d'aujourd'hui, habitué à plus de mouvement et de meilleurs effets spéciaux.
L'image, en plein cadre, ne délivre pas une qualité exemplaire. Elle est globalement très sombre, rendant les scènes de nuit quasi illisibles et la couleur va et vient toutes les secondes sur la durée totale du métrage. Un coup, tout est joli et contrasté, puis un voile semble se poser par dessus. La couleur revient, le voile ne tardera pas lui non plus à faire son retour. De nombreuses petites taches et striures noires apparaissent de façon irrégulière. Mais ce qui sera un défaut pour certains ne fera que rajouter au charme du film pour les autres.
Les pistes sonores sont au nombre de deux : une version anglaise sous-titrée en mono et un doublage français en 5.1. La piste son originale est parasitée par de nombreux grésillements qui disparaissent dans le doublage (curieusement, Umgar et son amie perdent également leur accent allemand). Bien que nous préférons généralement les versions originales, l'on ne peut nier la qualité du doublage qui se prête à merveille à l'ambiance survoltée du métrage. Le bruit que font les vers de terre y est particulièrement efficace dans vos enceintes et ne parlons pas des bruits de mastication !
Cette édition ne propose que deux petits suppléments. Le premier est la bande annonce, proposée au choix en version française ou anglaise, qui reprend de nombreux plans du film bien vomitifs. Le deuxième se nomme "A propos du film" mais il s'agit en réalité d'un texte déroulant écrit par Stéphane Erbisti (collaborateur du site www.horreur.com) et qui présente une mini biographie du réalisateur et du producteur. A noter l'inclusion de l'affiche d'origine dont le trait caricatural résume bien l'esprit du projet. L'édition américaine s'élevait un peu plus avec un commentaire audio de Ted V. Mikels, certes très spécial à l'écoute, mais où l'on apprenait de nombreuses petites choses. Par exemple, on nous dévoilait que les dessins du générique ne sont pas ceux de l'un des enfants de l'équipe mais de Sherri Vernon, actrice récurrente chez Ted V. Mikels (THE DOLL SQUAD, BLOOD ORGY OF THE SHE DEVILS...). La qualité du son et de l'image du DVD américain étant sensiblement la même que celle présentée sur le disque français.
Dans le genre «animaux grouillants», on aura vu mieux, d'autant plus que les lombrics présents ici sont très dociles. L'accent est mis sur la comédie et même si on est parfois tenté d'accélérer le film, on ne peut que sourire devant ce qui, de toute façon, n'est pas destiné à être pris au premier degré.