Affichant la bénédiction de Mad Movies sur sa jaquette, ce FLESH FOR THE BEAST arrive auréolé de deux prix prestigieux reçus au Festival du Film d'Horreur de New York en 2003 : Meilleur film et Meilleurs Effets Spéciaux. On est alors, logiquement, en droit de s'attendre à quelque chose d'un tant soit peu exceptionnel mais force est de constater que seule la deuxième récompense est méritée. On en viendrait même à plaindre le jury d'avoir assisté à la projection de toutes les autres oeuvres en compétition si celui-ci était vraiment le meilleur…
John Stoker accueille un groupe d'experts en paranormal dans sa somptueuse demeure afin de la purifier des manifestations surnaturelles présentes depuis plusieurs siècles. Les expériences conduites dans la bâtisse vont réveiller divers zombies et succubes, qui n'attendaient que ça, mais aussi mettre en douloureuse évidence les véritables desseins du maître des lieux.
Après une intro pré-générique fort sympathique, l'ambiance prometteuse s'écroule à la manière d'un chateau de cartes soufflé par un courant d'air. Nous assistons d'abord à la présentation des différents personnages, tout droit sortis d'un dictionnaire des clichés. Les acteurs et par extension leurs dialogues sont aussi approximatifs que la mise en scène et on ne ressent à aucun moment une quelconque émotion pour leur destin. De plus, la «surprise» finale venant de l'un des personnages est aussi transparente que les nuisettes des succubes, plantant le film fermement dans la catégorie «Déjà vu, bon sang, innovez un peu !».
Inutile d'insister, le film est prévisible, ennuyeux à souhait et comble de l'ironie, pas érotique pour un sou. Les femmes sont toutes des copies conformes les unes des autres : Visages inexpressifs à la manière des actrices pornos bas de gamme, des corps filiformes de jeune filles prépubères et des mouvements aussi gracieux que l'oiseau qu'on appelle éléphant. Toutefois, elles ont le mérite incontestable de se déshabiller très facilement pour finalement rester dans le plus simple appareil ! Les situations de séduction manquent cruellement d'imagination, d'autant plus qu'elles traînent en longueur et sont doublées d'une photo franchement laide. Le résultat ne fait que rehausser le quotient «pénible» au lieu d'envoûter le spectateur à l'instar des personnages mâles aveuglés par tant de générosité féminine.
La seule chose qui sauve ce FLESH FOR THE BEAST du naufrage est la qualité de ses effets spéciaux. Exécutés à l'ancienne, ils sont nombreux, efficaces et dégoulinant de rouge jusqu'à en recouvrir totalement les corps dénudés de trois succubes durant une scène de cannibalisme rituel qui dure presque quatre minutes (présente uniquement dans la version intégrale du film critiquée ici). Nous assistons même à un vomissage de tripes à la FRAYEURS, en moins réussi quand même. Il est évident qu'une grande partie du budget a été allouée à l'équipe «blood'n'guts» qui a toutefois choisi de ne maquiller que les visages des succubes, leur conférant une apparence pas tout à fait terminée. Si l'on a encore en tête les maquillages impressionnants d'UNE NUIT EN ENFER où les corps entiers des sujets aux transformations subissaient une métamorphose, on ne peut que se demander pourquoi FLESH FOR THE BEAST n'a pas cru bon de suivre la même voie.
Le réalisateur Terry West n'est pas un inconnu du genre érotico-horreur. En effet, son curiculum se pare de films tels que SATAN'S SCHOOL FOR LUST mettant en vedette Misty Mundae ou encore la parodie THE SEXY SIXTH SENSE. Il a également officié en tant qu'acteur, producteur et écrivain, et jusque là, ses réalisations ont été tournées en vidéo. Apparemment, ce n'est pas le cas ici mais ça aurait pu l'être tant cela ne change pas grand chose.
L'image est présentée dans son format 1.77 d'origine avec un transfert 16/9. Elle est de qualité très médiocre, plate, terne et granuleuse. La réalisation frise l'amateurisme ce qui est en parfait accord avec le décor qui n'est somptueux que de l'extérieur. L'intérieur présente des pièces essentiellement vides dont le papier peint pend en lambeaux, sans aucun des éléments décoratifs que l'on imagine dans une bâtisse rappelant plus un château qu'autre chose. Les aspects techniques ou créatifs du côté visuel ne marquent donc aucun point niveau crédibilité.
Du côté des pistes sonores, elles sont au nombre de trois : La version originale aux sous-titres amovibles avec le choix entre le DTS ou le Dolby Digital 5.1, et la version française en stéréo. Les trois se valent avec des dialogues audibles sans être noyés par les différentes ambiances sonores, le tout appuyé par la musique composée par Buckethead, alias Brian Carroll, un guitariste masqué qui a sorti plusieurs albums solo et a aussi officié pendant un temps au sein de Guns N' Roses.
Les suppléments proposent deux bandes annonces identiques à la seconde près. En fait la même puisqu'elle est pourvue de deux pistes sonores : l'une étant en français et l'autre en anglais non sous-titré. La galerie de photo que l'on fait défiler à l'aide de sa télécommande se compose d'une petite poignée d'images de production ou tirées du film, dont plusieurs concernent des gros plans sur les effets gore.
Malgré de bons échos entendus ici et là et la brève apparition de la sulfureuse Caroline Munro, ce FLESH FOR THE BEAST est une déception en dehors de quelques détails. A savoir quelques bons plans sanglants et la généreuse nudité des succubes ce qui est loin d'être suffisant au film pour rester gravé dans les mémoires... en tout cas au rayon des oeuvres de qualité !