Pour apprécier PSYCHOSE III, il est préférable d'avoir vu auparavant
le premier film et surtout PSYCHOSE
II. En effet, l'action prend place quelques temps après le second
opus et un grand nombre d'éléments y font directement référence (Norman
est sorti de l'hôpital, le "personnage" de Spool...). On peut d'ailleurs
voir un morceau du fameux meurtre de la douche du premier film ainsi
que l'une des séquences finales du second. Il y a des recettes qui ne
changent pas et l'on a droit aux figures imposées. C'est à dire la scène
de la douche mais une idée astucieuse du scénario provoque une surprise
de taille. Tout comme dans les deux premiers films, quelqu'un fera une
chute mortelle dans les escaliers... C'est clair, il y a des choses
qui ne changent pas au Bates Motel. Et surtout pas Norman toujours hanté
par la présence de sa mère.
Norman est un jeune homme timide à l'intérieur duquel se livre un conflit perpétuel entre le bien et le mal. Au contact d'une jeune femme, il pourrait bien trouver sa rédemption. Car par la conjonction de plusieurs coïncidences, il croit retrouver dans une ancienne nonne, qui a perdu la foi, sa première victime. Les deux personnages bardés de remords et de désirs refoulés ne peuvent dès lors que s'attirer mutuellement. Un troisième personnage vit au motel : Duke. Un pseudo chanteur qui accepte de bosser avec Norman pour s'occuper de la réception du motel. Un type pas franchement recommandable qui n'inspire pas du tout la sympathie. Grâce au contraste avec ce personnage antipathique, Norman apitoie et en devient encore plus touchant. Un personnage qui souffre de sa condition, aimerait être comme tout le monde et qui n'aspire qu'à une vie normale. En cela, Norman Bates n'a rien du serial killer habituel et encore moins d'un "Slasher".
Dans l'esprit de la plupart des gens, la série de films inspirés de PSYCHOSE est médiocre. Le premier film garde son statut de chef d'oeuvre. Alors que les trois suites ne sont, il faut croire, pas plus que de mauvais films essayant, tant bien que mal, de bénéficier de l'aura du travail d'Alfred Hitchcock. A vrai dire, cela m'étonne toujours d'entendre cela. Il est vrai que le quatrième film du nom n'est pas intéressant. Mais les deux autres films ont su tirer intelligemment leur épingle du jeu. Il n'est pas question ici de vous dire que ce sont des chefs-d'oeuvre. Non, simplement de remettre les pendules à l'heure...
En reprenant les éléments déjà établis, le scénariste insuffle tout un tas de nouvelles idées et situations. Un moyen d'explorer une nouvelle fois les possibilités de ce personnage et de son environnement. Le seul véritable défaut, à ce niveau, est un contre sens. En effet, l'histoire s'adresse à des personnes qui connaissent déjà les films précédents. Alors que d'un autre côté, le spectateur averti aura une impression de déjà-vu pendant la première partie du film. Une petite faiblesse contrebalancée par des effets de réalisation qui auront tendance à semer le doute. On retrouve aussi quelques traces d'humour noir qui aurait très bien pu s'inscrire dans la série ALFRED HITCHCOCK PRESENTS comme les glaçons que suce goulûment le shérif.
Anthony
Perkins a, lui-même, réalisé le film. Si dans un premier temps l'histoire
s'amorce lentement pour poser les bases, la suite n'en sera que meilleure.
L'acteur a sûrement dû apprendre en silence au contact des prestigieux
réalisateurs avec lesquels il tourna tout au long de sa carrière (Orson
Welles, Ken Russell, Sidney Lumet ou même Claude Chabrol). Il ne faut
pas oublier que s'il reste pour un grand nombre Norman Bates, sa filmographie
est plutôt bien garnie ! Avec une belle maîtrise, il signe
là un film réussi en tant que réalisateur.
Qui mieux que Anthony
Perkins connaissait Norman Bates ? Tout en étant derrière la caméra,
il se met une nouvelle fois dans la peau du personnage avec une aisance
déconcertante. Tourmenté, pétant les plombs, timide, terrifié et inquiétant,
l'acteur n'avait pas son pareil pour donner vie à Norman.
Le DVD est honnête considérant qu'il fait partie des disques de la première heure. Le transfert 4/3 présente le film dans son format cinéma respecté avec peut être une image un peu sombre. La présence d'un sous-titrage français facilitera la compréhension de la seule bande-son disponible. Précisons qu'il s'agit d'un sous-titrage avec les indications de bruitages et donc qui peut aussi être utilisé par les malentendants.
PSYCHOSE III clôt de belle manière la trilogie de Norman Bates proposant une sorte de cercle qui ramène directement au premier film (la voiture dans le lac...). De fait, on oubliera volontairement le quatrième film produit pour la télévision.
